Après Kadhafi, Castro?

Après Kadhafi, Castro?

Alors que les soulèvements populaires s’enchaînent dans le monde arabe, le régime castriste manie la carotte et le bâton pour faire taire les opposants. Une ouverture économique et un Congrès du Parti sont annoncés. Mais la répression continue

le 3 Mars 2011                                                      Après Kadhafi, Castro? Alors que les soulèvements populaires s’enchaînent dans le monde arabe, le régime castriste manie la carotte et le bâton pour faire taire les opposants. Une ouverture économique et un Congrès du Parti sont annoncés. Mais la répression continue.

Un "printemps arabe" peut-il faire le printemps aux Caraïbes? Cuba a résisté à bien d’autres soubresauts de l’Histoire, la chute de l’URSS en tête, mais les révoltes populaires des dernières semaines font forcément écho dans ce pays géré d’une main de fer depuis plus de 50 ans. D’autant que les similitudes entre le régime castriste et les pays arabes ne manquent pas: Cuba traverse aussi une grave crise économique, sa jeunesse a peu de perspectives sinon l’exil, son armée, omniprésente, n’est pas des plus hostiles à une libéralisation du pays. Ces ressemblances, mais aussi les spécificités cubaines -son insularité, son accès très limité à Internet, la faiblesse de l’opposition notamment- nourrissent de nombreux échanges dans la blogosphère et la presse alternative.

L’ami Kadhafi

Fidel Castro lui-même n’a pu garder le silence. Dans ses longues réflexions diffusées dans la presse officielle, l’ancien président, analyse les événements sous le prisme d’une habituelle rhétorique anti-impérialiste. Au lendemain de la chute d’Hosni Moubarak, leComandante de 84 ans a d’abord applaudi la révolte du peuple égyptien, car elle a conduit à renverser "le principal allié des Etats-Unis dans la région". Le cas Kadhafi, dont le parcours n’est pas sans rappeler celui de Fidel Castro, l’embarrasse davantage. Comme d’autres dirigeants de la gauche radicale latino-américaine, le Lider maximo s’est rallié à Mouammar Kadhafi dans son opposition à la politique étrangère des États-Unis (ce qui lui a d’ailleurs valu le "Prix Kadhafi des Droits de l’Homme" en 1998). D’où les pincettes prises par Fidel Castro: le dirigeant cubain a estimé qu’"il faudra attendre" de savoir ce qui relève "de la vérité ou du mensonge" quant à la répression des manifestants, et pointe le risque d’une invasion de la Libye par les Américains… La carotte…

Ces propos ont notamment été publiés dans la revue officielle CubaDebate, à côté de photos de rues calmes de la Havane, comme pour montrer que la vague de protestation n’a pas déferlé sur l’île. Il faut dire que le pouvoir prend toutes ses précautions pour circonscrire la contestation.

Face à la crise, Raul Castro, qui a succédé à Fidel il y a trois ans au poste de président, a annoncé en septembre une " actualisation du modèle socialiste ", via une libéralisation du marché de l’emploi, très limitée, mais qui peut laisser espérer à certains Cubains une amélioration, souligne l’économiste Oscar Espinosa Chepe.

Sur le plan politique, un Congrès du Parti communiste, le premier depuis 1997, initialement prévu pour la fin de l’année, a été avancé au mois d’avril. A l’occasion, des nominations sont attendues et Fidel Castro, affaibli par la maladie, pourrait perdre son titre de Premier secrétaire, a-t-on appris ce week-end.                                     Tout un symbole. Sous la pression des pays occidentaux, dont Cuba a plus que jamais besoin, les libérations de prisonniers politiques se sont également accélérées ces derniers mois.

Et le bâton…

 Mais, dans le même temps, la répression continue. Le 23 février, le gouvernement a arrêté ou obligé une centaine de personnes à rester chez elles, les empêchant de commémorer l’anniversaire de la mort d’Orlando Zapata Tamayo, décédé l’an passé au terme de 85 jours de grève de la faim, et considéré comme un martyr par les opposants. Dans un récent post, la blogueuse dissidente Yoani Sanchez avait comparé son acte de désespoir à celui du jeune tunisien qui s’est immolé par le feu. "Les conséquences de son immolation étaient complètement imprévisible (…) et encore plus l’effet domino", soulignait-elle. Dans les rues de la Havane, la présence policière et les contrôles d’identités se sont accentués ces derniers jours, observe aussi Claudia Cadelo, membre active d’une blogosphère cubaine très surveillée. Le 4 février, rapporte The Miami Herald , une vidéo diffusée sur Internet a montré un expert des services d’intelligence cubain exposant les dangers des blogs critiques. Mais, quelques jours plus tard, l’accès à ces mêmes blogs a été débloqué depuis Cuba. Encore une fois, une façon de souffler le chaud et le froid qui pour l’heure semble maintenir le statu quo au pays du socialisme tropical. Alice Pouyat -

 leJDD.fr Mardi 01 Mars 2011

http://www.lejdd.fr/International/Ameriques/Actualite/Revolutions-arabes-Et-si-la-contagion-etait-proche-Apres-Kadhafi-Castro-276851/





04/03/2011
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