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Emmanuel Macron Ă  El Watan : «Je reviens dans l’état d’esprit d’un ami de l’AlgĂ©rie»

 

Emmanuel Macron à El Watan : «Je reviens dans l’état d’esprit d’un ami de l’Algérie»

le 06.12.17 | 07h00

Emmanuel Macron à El Watan : «Je reviens dans l’état d’esprit d’un ami de l’Algérie»
 
 

Le président de la République française, Emmanuel Macron, effectue aujourd’hui une visite officielle en Algérie. A cette occasion, il nous a accordé une interview dans laquelle il livre sa vision de ce que devront être les relations entre la France et l’Algérie.

«Avec l’Algérie, la France doit construire un axe fort, un axe autour de la Méditerranée qui se prolonge vers l’Afrique», ambitionne-t-il. «Nos deux pays doivent s’enrichir mutuellement de leurs expériences, de leurs savoir-faire et de leurs richesses humaine et culturelle», propose-t-il encore.

Sur le passé colonial et son propos sur «le crime contre l’humanité», il assure que ses convictions «sur ce point n’ont pas changé» depuis qu’il est devenu président de la République. Au plan économique, il estime que «beaucoup de freins à l’investissement existent…» et suggère à l’Algérie de «s’ouvrir davantage».

 

Vous effectuez une visite en Algérie en tant que président de la République après celle de candidat au début de l’année. Avec quel état d’esprit revenez-vous à Alger ? Quel est le message politique que vous comptez transmettre ?    

Je suis venu à Alger à plusieurs reprises à titre officiel et comme candidat. Je suis heureux de revenir en Algérie en tant que président de la République. Nos deux pays partagent une histoire forte et il était important pour moi de faire ce déplacement rapidement en début de mandat pour voir mon homologue, le président Bouteflika, et venir à la rencontre de la société algérienne.

Je reviens dans l’état d’esprit d’un ami de l’Algérie, d’un partenaire constructif qui souhaite renforcer nos liens dans les années qui viennent pour faire fructifier une relation déjà dense. Nos deux pays doivent s’enrichir mutuellement de leur expérience, de leur savoir-faire et de leur richesse humaine et culturelle.

Candidat à la présidentielle, vous avez déclaré que vous voudriez apporter un «regard neuf sur l’Algérie». Quel contenu lui donnez-vous aujourd’hui et quelle forme doit prendre le «nouveau rapport» avec l’Algérie ?

J’ai le regard d’un homme de ma génération, d’un Président élu sur un projet d’ouverture. Je connais l’histoire, mais je ne suis pas otage du passé. Nous avons une mémoire partagée. Il faut en tenir compte. Mais je souhaite désormais, dans le respect de notre histoire, que nous nous tournions ensemble vers l’avenir.
Le nouveau rapport que je veux construire avec l’Algérie et que je propose aux Algériens est celui d’un partenariat d’égal à égal, construit dans la franchise, la réciprocité et l’ambition.

L’Algérie et la France ambitionnent de bâtir un axe fort sur le modèle franco-allemand, mais il semble que les contours de ce projet ne se précisent pas encore. Pourquoi, selon vous ? Existe-il des obstacles ?

L’histoire et la géographie sont différentes, mais l’ambition est la même. Avec l’Algérie, la France doit construire un axe fort, un axe autour de la Méditerranée qui se prolonge vers l’Afrique. Bien sûr, les obstacles existent, mais il nous appartient de les surmonter avec tous les acteurs de nos sociétés.

Pour ce faire, nous devons en particulier travailler ensemble dans les domaines de l’éducation, du développement économique et des échanges culturels. Les objectifs de notre relation doivent être en particulier notre sécurité et notre prospérité commune autour de projets concrets et innovants

. Je suis convaincu que la clé de cet avenir réside dans la jeunesse de nos deux pays, une jeunesse entreprenante, pleine d’initiatives, déterminée à construire l’avenir.

A ce titre, la diaspora algérienne en France est à mes yeux un atout formidable pour nos deux pays. Elle constitue un pont entre les deux rives de la Méditerranée et la plus belle preuve des liens forts et indéfectibles qui unissent la France et l’Algérie.

Il est reproché à votre pays la faiblesse de ses investissements en Algérie, voire un recul par rapport aux années 2000. Quelles en sont les raisons et comment comptez-vous inverser la tendance ?

L’Algérie est un partenaire économique majeur pour notre pays. La France est le premier investisseur étranger en Algérie en dehors du secteur des hydrocarbures. Cela représente un stock d’investissements français de 2,3 milliards d’euros.

Ce stock a augmenté de plus de 4% par rapport à 2015. Nos investissements sont très diversifiés, notamment dans le secteur bancaire et dans l’industrie manufacturière, avec en premier lieu l’industrie automobile, puis l’agroalimentaire et l’industrie chimique. Si les projets en cours de développement se concrétisent, le montant des investissements français en Algérie pourrait afficher une forte augmentation dans les années à venir.

Les entreprises françaises qui investissent en Algérie dans le long terme agissent en convergence avec les priorités de l’Algérie : produire sur place, produire «algérien», c’est-à-dire avec un taux d’intégration local important, apporter des savoir-faire et des technologies pour créer de l’emploi et participer à la diversification et au développement de l’économie algérienne.

La France investit également dans le capital humain, c’est-à-dire dans la formation et le développement des compétences par le biais de ses entreprises. Je pense par exemple à la Renault Académie, au Centre d’excellence de Schneider Electric, ou encore à la formation de la RATP pour la mobilité urbaine…

Mais nous n’entendons pas nous reposer sur ces acquis. Il faut faire plus et répondre aux besoins d’une jeunesse de plus en plus nombreuse qui arrive chaque année sur le marché du travail. Notre coopération doit pouvoir s’étendre à de nombreux secteurs, des secteurs d’avenir comme les énergies renouvelables, tout ce qui relève de la ville du futur ou du numérique.

Dans tous ces domaines, il y a des champs de coopération prometteurs entre nos deux pays. L’Algérie doit aussi s’ouvrir davantage. Il y a encore beaucoup de freins à l’investissement qui existent sur le contrôle des participations et les règles de change en Algérie. Une modernisation de l’économie est indispensable pour que les entreprises algériennes et françaises puissent développer leurs projets.

L’histoire coloniale continue d’impacter le présent et vraisemblablement le futur des relations entre Alger et Paris. Quels sont les gestes nécessaires à faire pour refermer la plaie coloniale ? Maintenez-vous l’expression «crime contre l’humanité» que vous avez employée en février dernier à Alger ?

J’ai dit à Ouagadougou que durant la colonisation, il y a eu des combats, il y a eu des fautes et des crimes, il y a eu des grands événements et des histoires heureuses.  Je suis d’une génération de Français pour qui les crimes de la colonisation européenne sont incontestables et font partie de notre histoire. 

En tant que chef d’un Etat qui a colonisé une partie de l’Afrique mais aussi comme représentant d’une génération qui n’a pas connu cette période, je considère que la France est dépositaire de ce passé. Pour autant, j’ai une conviction profonde, notre responsabilité n’est pas de nous y enferrer, notre responsabilité n’est pas de rester dans ce passé. Elle est de connaître cette histoire et de construire un avenir commun et une espérance. Mes convictions sur ce point n’ont pas changé depuis que j’ai été élu président de la République.

L’Algérie souhaite que la communauté algérienne puisse bénéficier des dispositions du droit commun français en matière de séjour en France, par souci d’apporter une solution globale et durable aux problèmes relatifs à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens sur le territoire français. Est-il question de réviser l’accord de 1968, d’autant qu’il est évoqué par certains, la libre circulation des harkis et leurs familles entre l’Algérie et la France ?

Il n’y a pas de vache sacrée, nous sommes prêts à réviser ce texte. Par ce texte, l’Algérie bénéficie d’avantages plus importants que d’autres pays parce que ces accords datent d’une époque où les problèmes de migrations ne se posaient pas dans les mêmes termes qu’aujourd’hui.

La mobilité des étudiants, des hommes d’affaires, des artistes en particulier est importante pour les échanges économiques et culturels. Je souhaite à ce titre que l’accord de mobilité des jeunes actifs puisse être mis en œuvre le plus rapidement possible. Dans le même temps, je suis déterminé à lutter contre l’immigration clandestine qui n’est bonne ni pour la France ni pour l’Algérie.

Nous travaillerons étroitement ensemble pour essayer de trouver des solutions efficaces pour lutter contre ce phénomène. Je suis enfin très attaché à la réciprocité et il m’importe que les Français qui souhaitent se rendre en Algérie, comme les journalistes et les religieux, puissent obtenir leur visa.

Le phénomène du terrorisme est un défi et un danger, quelle perception avez-vous de l’émergence des groupes armés au Sahel, d’autant plus que vous avez réservé votre première visite en Afrique au Mali ? Pensez-vous que l’option militaire à elle seule est à même de résoudre le problème au Mali, sans risque d’atomiser la région ?

La France et l’Algérie ont un intérêt commun, celui de la stabilité de la région et de la lutte contre les groupes terroristes, qui ont frappé et meurtri à plusieurs reprises nos deux pays. L’opération Serval a permis de sauver le Mali des mouvements terroristes

Ce combat contre le terrorisme au Sahel, nous ne pourrons le gagner que si nous poursuivons le même objectif, celui d’avoir des armées africaines fortes, capables de contrôler leurs frontières et de prendre le dessus sur les groupes terroristes. C’est le sens du soutien que nous apportons à la force conjointe du G5 Sahel qui est en train de se déployer prioritairement dans la région des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Des premières opérations conjointes ont été menées mais il faut aller plus vite. Il faut des gains militaires contre les groupes terroristes mais il faut aussi le retour des écoles, des administrations, des services publics. Ce sera l’objet de la réunion que j’organiserai le 13 décembre à Paris avec les membres du G5 Sahel et ceux qui soutiennent cette initiative.

Au-delà de la lutte sur le terrain il faut gagner aussi le combat contre la pauvreté et pour le développement. C’est l’objet de l’Alliance pour le Sahel que nous avons lancée ces derniers mois.

S’agissant des filières terroristes, je me suis clairement exprimé à ce sujet à plusieurs reprises. Ma position n’a pas changé. J’attends une coopération totale de tous ceux qui partagent l’objectif d’une paix durable au Mali. Et en effet j’attends beaucoup de l’Algérie dans ce domaine.

Autour de la France et de l’Algérie, «nous pouvons créer un axe fort, porteur d’une ambition collective pour la Méditerranée et l’Afrique», aviez-vous assuré en février dernier. Or il se trouve que pour l’heure, la Méditerranée et l’Afrique subsaharienne sont devenues des lieux où périssent les migrants. Qui porte la responsabilité de ce drame ?

J’ai parlé à Ouagadougou de responsabilité partagée. C’est d’ailleurs le sens général du partenariat que je souhaite refonder entre l’Europe et l’Afrique. Cela commence par apporter des solutions concrètes pour mettre fin au drame des populations africaines prises au piège en Libye.

C’est pourquoi, à mon initiative, en marge du sommet d’Abidjan, pour aller au-delà de l’indignation et trouver des solutions, nous avons élaboré un plan avec 9 actions très concrètes que nous sommes en train de décliner.

Un appui va être apporté à l’OIM pour accélérer les évacuations de Libye et les rapatriements vers les pays d’origine. Une partie de ces populations, celle éligible au droit d’asile, pourra bénéficier d’une protection et d’une réinstallation, y compris en France, grâce au dispositif que l’OFPRA a mis en place en lien avec le HCR et avec la coopération des autorités nigériennes et tchadiennes.

La France est pour l’instant le seul pays européen à avoir mis en place un tel dispositif et je souhaite que d’autres Européens puissent le rejoindre. Nous travaillons en parallèle à des actions pour démanteler les réseaux de passeurs qui sont les nouveaux esclavagistes.

Cela commence par des mesures de sanctions, par exemple de gel d’avoirs, qui doivent être discutées au Conseil de Sécurité des Nations unies. Au final, c’est une mobilisation enfin à la hauteur de l’enjeu qui se met en place. Je suis heureux que la France ait pu contribuer à l’accélérer et participe à sa déclinaison concrète.

La réponse apportée pour y mettre un terme n’est que sécuritaire, les Etats sont-ils à ce point impuissants pour n’être pas parvenus à enrayer cette tragédie en mettant en place des solutions durables ?

La réponse qui doit être apportée est multiple. Elle est sécuritaire sans aucun doute mais elle est également politique, comme en Libye où les trafiquants profitent de l’instabilité du pays pour prospérer. Notre action doit conduire à une plus grande stabilité de la Libye.
Il s’agit de travailler sur le long terme sur les raisons qui poussent ces populations à quitter leur pays et risquer leur vie.

Le défi, et c’est tout le sens du discours que j’ai prononcé à Ouagadougou, c’est de créer les conditions pour que la jeunesse africaine puisse se projeter vers un avenir et un destin qu’elle a choisis et non qu’elle subit.

Qu’elle ne soit la proie ni des passeurs, ni des extrémistes.
J’ai formulé plusieurs propositions qui permettront à la France d’accompagner ce projet d’un avenir choisi et partagé. Je pense aux partenariats universitaires que nous allons multiplier pour créer des doubles diplômes et des parcours croisés. Je pense également au fonds d’un milliard d’euros qui viendra en soutien des PME africaines. Ce fonds permettra de développer l’innovation et l’emploi en Afrique.

Sans issue, la crise libyenne va en s’aggravant, notamment avec l’apparition de nouvelle forme de la traite des êtres humains. Jusqu’à quand la solution à cette crise restera-t-elle otage des luttes d’influences des puissances ?

La France comme l’Algérie soutiennent pleinement la médiation des Nations unies. L’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ghassan Salamé, a proposé un plan qui a été approuvé par le parlement de Tobrouk. C’est une bonne chose. Il faut à présent convaincre l’ensemble des acteurs que la seule solution pour résoudre la crise libyenne est politique et que tous ont intérêt à ce que le processus politique, sous l’égide des Nations unies, reprenne.

L’Algérie joue un rôle important sur ce dossier en animant avec la Tunisie et l’Egypte un groupe de travail dont l’objectif est de jouer un rôle constructif et de soutien à la médiation de l’ONU. Nos deux pays continueront à travailler étroitement sur cette question pour contribuer à la résolution de cette crise.

La Françafrique a longtemps dominé les rapports entre la France et le continent africain. Estimez-vous que cette conception «néo-colonialiste» est définitivement bannie dans les faits, autrement dit, quelle est votre propre conception ?

La Françafrique, c’est un monde d’un autre temps, un monde de réseaux et de connivences, un monde du passé. C’est tout l’inverse du partenariat que j’ai proposé la semaine dernière à la jeunesse africaine. J’ai demandé à nos entreprises d’être exemplaires en Afrique. D’agir dans la transparence. De développer l’emploi local. D’être à l’avant-garde en matière de responsabilité environnementale. D’investir dans la formation professionnelle des jeunes. Cela sera la condition du soutien de l’Etat.

Cela signifie de nouvelles méthodes et tout le monde va devoir s’y adapter, nous-mêmes Européens, mais aussi l’Afrique et tous nos partenaires dans le monde car, en matière de gouvernance et grands contrats, il faut éviter les erreurs que nous avons commises ensemble par le passé. Ma conception est celle d’une génération nouvelle qui voit dans l’Europe et l’Afrique un destin commun et des responsabilités partagées.

Le Moyen-Orient est soumis au rythme infernal des conflits violents où l’équilibre ancien semble définitivement rompu. Le Golfe persique est lui aussi en proie à des tensions qui implique en filigrane l’Iran. Qu’est-ce qui se joue dans cette partie du monde ?

Le Moyen-Orient est confronté à de multiples crises qui sont source de déstabilisation importante, que ce soit en Libye, en Syrie, en Irak, dans le Golfe aujourd’hui. La stabilité du Golfe est essentielle et la France soutient la médiation koweitienne pour trouver une sortie de crise par le dialogue et la négociation.

La rivalité entre les pays du Golfe et l’Iran est également une source d’inquiétude. Là encore, seul le dialogue sera en mesure de réduire les tensions. Ma position a toujours été claire. La France souhaite jouer le rôle d’une puissance modératrice et médiatrice. Avec l’Iran, la France a un dialogue ferme et exigeant pour tenter de réduire les tensions dans la région. L’Iran est une puissance régionale, c’est un fait. Mais elle doit jouer un rôle constructif dans la résolution des crises régionales.

La position sur le Sahara occidental est perçue comme étant favorable au Maroc. La France ne devrait-elle pas avoir une attitude plus équilibrée sur cette question pour pouvoir influer sur le règlement de ce conflit en suspens ?

Notre position équidistante sur cette question est bien connue et n’a pas changé. Et elle ne changera pas. Le dialogue entre l’Algérie et le Maroc sur cette question est primordial. Ensemble, avec l’appui de la communauté internationale, vos deux pays doivent œuvrer à la résolution de cette crise. Son règlement constitue un énorme défi pour l’intégration du Maghreb.

Elle représente un blocage économique majeur pour la région. J’espère que le Maroc et l’Algérie sauront dépasser leur divergence pour construire un Maghreb fort, uni et prospère.

Hacen Ouali

07/12/2017
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Graves rĂ©vĂ©lations sur les manƓuvres de Hassan II

 

 

 

   

 

 

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Recueil des mémoires du général Khaled Nezzar

Graves révélations sur les manœuvres de Hassan II

le 06.11.17 | 12h00

Graves révélations sur les manœuvres de Hassan II

 
 

Le général à la retraite et ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, revient, ces jours-ci, avec un livre témoignage des plus palpitants sur beaucoup d’événements qui ont secoué le pays, et particulièrement sur la question du Sahara occidental.

Il raconte dans le détail comment Hassan II  «faisait miroiter, au président Bendjedid, la solution politique alors qu’il avait d’autres arrière-pensées, lui qui a la connaissance parfaite du dossier, la psychologie des hommes, la capacité de feindre et le manque de scrupules qui facilite les volte-face».

Il évoque aussi cette paix que Boumediène voulait faire avec le Maroc, «à l’ombre de la baïonnette», mais aussi, ce plan d’Alger qui devait empêcher le Maroc de construire ses fortifications et l’obliger à dévoiler son jeu, mais qui n’a pas reçu l’ordre d’application de Bendjedid. Ce qui a poussé le général à se poser de nombreuses questions sur la cohérence et la finalité de la politique sahraouie. Le livre ouvre le débat sur cette question en s’interrogeant s’il faut la laisser aux générations futures…

Certains vont dire que le livre est une compilation, d’autres vont l’utiliser pour se lancer dans des polémiques sans fin. La vérité est qu’à travers mon vécu en tant que chef militaire durant des périodes cruciales qu’a traversées mon pays, je m’interroge sur cette politique de la chaise vide adoptée par nos dirigeants en ce qui concerne la question du Sahara occidental et des relations avec le Maroc. N’est-il pas temps d’ouvrir le débat sur ce dossier qui pèse depuis plusieurs décennies et d’éviter de le laisser comme héritage aux générations futures ?» a explique l’ancien ministre de la Défense, le général à la retraite Khaled Nezzar, en évoquant la sortie prochaine du premier tome de son livre Recueil des mémoires du général Khaled Nezzar, chez Chihab Edition.

Un témoignage de première main, qui éclaire le lecteur sur l’agression du Maroc contre l’Algérie une année à peine après une indépendance chèrement arrachée, et «résume des situations complexes, comme les événements de Kabylie, les visions différentes qui ont amené les colonels Chaabani et Zbiri à tenter d’inverser le cours des choses par la sédition militaire, l’intermède Ben Bella, Boumediène et ses priorités, Bendjedid et ses responsabilités, mais aussi ses mérites». Les quelques extraits du chapitre consacré au dossier du Sahara occidental sont palpitants et riches en révélations. L’auteur remonte le temps, à l’époque où Chadli Bendjedid, alors fraîchement placé à la tête de l’Etat, lui confie la 3e Région militaire, en remplacement de Selim Saadi, qui venait de rejoindre le gouvernement. Il plante le décor en présentant cette région.

En plus du secteur sud de Tindouf, Khaled Nezzar est responsable des secteurs de Bordj Lotfi, au centre, et de Béchar, au nord, qui, précise-t-il, fait face aux forces vives marocaines basées au Ksar Essouk. Les trois secteurs comptent des brigades de combat, des unités autonomes, des bases aériennes dont une d’hélicoptères, ainsi que des plateformes pour la logistique, des dizaines de milliers d’hommes qui évoluent sur un terrain qui s’étire sur 1300 kilomètres que manage le lieutenant-colonel Mohamed Touati, nouveau chef d’état-major de la région, présenté par l’auteur comme le «militaire par excellence». Nezzar entre dans le vif du sujet : «Mes rencontres avec les responsables du Polisario sont rares.

Nous recevons de temps à autre des ordres d’attribution de munitions que nous prélevons sur nos dotations. Habituellement, les moyens du Polisario sont assurés par l’échelon central. Nous suivons attentivement ses actions et évaluons leurs répercussions possibles sur notre territoire. Les Mauritaniens, affaiblis par des attaques successives, baissent les bras. Les Marocains, face à la morbidité et à l’audace des Sahraouis, conseillés par les Français, spécialistes en matière de lignes fortifiées (Vauban, Maginot, Morice, Challe ou encore les cols des Alpes et des Pyrénées), imaginent comme parade aux incursions du Polisario la construction de murs. A cette époque, la situation des FAR (les forces armées du royaume, ndlr), est difficile.

Les DIR (Détachement d’intervention rapide), équipés de moyens légers et rapides, sont à bout de souffle. Les prisonniers marocains se comptent par milliers. Un bon nombre d’entre eux sont cantonnés en Algérie, avec l’accord des autorités marocaines. Le roi ne veut pas négocier leur libération avec le Polisario afin de ne pas reconnaître indirectement son existence (ce n’est que dix ans après que ces malheureux, au nombre de plus de 5000, retrouveront leurs familles. L’opération sera conclue discrètement entre les deux chefs d’Etat). Prudent, il ne veut prendre aucun risque. Son aviation a ordre de ne jamais violer notre espace aérien. Pour gagner du temps, afin de construire ses fortifications en paix, Hassan II feint un rapprochement avec l’Algérie. Ce rapprochement est illustré par la rencontre des deux chefs d’Etat grâce aux bons offices du roi d’Arabie Saoudite, sollicité sans doute par le monarque marocain…»

«Six mois avant, nous savions tous que le Maroc ne pouvait construire ses murs»

A la 3e Région militaire, écrit le général à la retraite, tout le monde savait, six mois à l’avance, que le Maroc ne pouvait pas construire les murs au moyen de ses seules forces présentes au Sahara occidental. «Il lui faut nécessairement déplacer ses forces vives blindées et mécanisées qui font face à l’Algérie à Ksar Essouk. Hassan II fait miroiter à Chadli une solution politique. Chadli est sincèrement preneur. Mais Hassan II a des arrière-pensées. Le roi a tout ce qui manque à Chadli : la connaissance parfaite du dossier, la psychologie des hommes, la capacité de feindre et le manque de scrupules qui facilite les volte-face. Chadli n’a pas mesuré, à son juste prix, ce que coûterait à Hassan II, sur le plan intérieur, un abandon de sa politique agressive au Sahara. Tout à son numéro de charme, le roi ne tarit pas d’éloges sur son vis-à-vis.

‘‘Chadli aime les Marocains’’, dit-il. Il a la partie belle avec le militaire mal équarri politiquement qui lui fait face. Redoutable tacticien, il veut convaincre que tout ce qui est arrivé n’est qu’un malentendu. Il rejette la responsabilité sur les Mauritaniens. Les réalités sont souvent plus exigeantes que les ambitions ou les antagonismes entre les personnes. Le fils de Mohammed V veut donner l’impression d’avoir compris ses erreurs et médité leurs conséquences. Dans un mémoire au Président, Mohamed Touati et moi-même attirions l’attention du chef de l’Etat sur les raisons de ce brusque accès d’amitié envers l’Algérie qui a saisi le monarque marocain.

Nous proposons des mesures concrètes à même d’empêcher le Maroc de construire ses fortifications, ainsi il sera contraint de dévoiler son jeu. Nous suggérons d’ouvrir un champ d’action aux Sahraouis, à partir du secteur centre, à travers M’hamid El Ghozlane. Les Sahraouis auront de ce fait des objectifs situés à l’intérieur même du Maroc. Nous prenons toutes les dispositions pour parer à toute éventualité.

Nous proposons de renforcer le secteur centre par des forces motorisées déjà rodées et parfaitement opérationnelles. Des hélicoptères de combat et des MIG23 protégeront notre ciel. Le Président tient une réunion au poste de commandement de Béchar, il approuve le plan. Les renforcements demandés sont accordés et mis en place.

C’est ce plan que les Sahraouis dénomment le ‘‘Plan d’Alger’’ et dont ils ne cesseront de réclamer l’application. Mais l’ordre de déclenchement ne vient pas. Il se trouve auprès du Président des avis opposés, au motif que ce plan pourrait conduire à une guerre généralisée et que le contexte international n’est pas favorable. L’occasion d’interdire aux FAR de construire leurs fortifications est définitivement manquée. C’est à ce moment que je commence à me poser des questions sur la cohérence et la finalité de notre politique sahraouie», écrit l’auteur avec une simplicité qui entraîne le lecteur jusqu’à la fin du récit.

Les peuples victimes de la folie des grandeurs du roi Hassan II

L’auteur révèle qu’on lui a toujours reproché d’enfreindre l’obligation de réserve lorsqu’il évoque le conflit du Sahara occidental et se pose plusieurs questions. «Appréhendant peut-être mieux que les politiques les conséquences de l’enlisement de cette question, je veux savoir quelle est réellement notre politique dans cette affaire. Pourquoi ne pas saisir l’opportunité historique de ce moment où le Maroc se trouve face aux conséquences de son aventurisme et où il est puissamment demandeur, pour le convaincre de mettre fin à sa politique expansionniste et l’amener à conclure un accord avantageux pour les trois pays et les trois peuples de la région ?» Des questions suscitées par certaines réactions des dirigeants de l’époque qu’il détaille aux lecteurs. «Ma rencontre avec Ahmed Taleb, ministre des Affaires étrangères, tourne court.

Je suis étonné de l’entendre dire : ‘‘Nous avons rallié plus de 60 pays à la cause sahraouie. Il vous incombe à vous, militaires, de soutenir nos amis sahraouis en armes, équipements et munitions.’’ Soixante pays ? Combien en restera-t-il une fois que les grandes puissances commenceront à se mêler sérieusement de nos affaires ? La volatilité des voix des pays ‘‘amis’’, Taleb Ibrahimi en tient-il compte ? Des motions et des votes non contraignants, le Maroc n’en a que faire ! Loin de moi l’idée de discréditer l’intelligence de nos diplomates. Ils ont fait un extraordinaire travail d’explication et de persuasion qui a convaincu de nombreux pays de refuser de s’aligner sur les thèses marocaines. ‘‘La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens’’, a dit quelqu’un.

Quelle est notre politique à long terme dans cette affaire ? J’espérais entendre notre ministre me l’expliquer, afin que j’agisse en conséquence. J’en serai pour mes frais. Une idée s’impose à moi, et ne me quittera plus. Puisque nous disons et répétons que jamais nous n’ouvrirons les hostilités les premiers et que dans le même temps ‘‘nous coupons les ailes’’ aux Sahraouis, qu’est-ce qui empêche donc le Maroc de conforter sa mainmise sur les territoires qu’il a envahis, de piller leurs richesses, de corrompre certains chefs traditionnels locaux et de mettre tout le monde devant le fait accompli ?»

Boumediène : «nous ferons la paix avec le Maroc à l’ombre de la baïonnette…»

Nezzar tente d’expliquer aux lecteurs ses questionnements en écrivant : «Le lecteur pourrait s’étonner de voir un militaire chercher à savoir le but exact poursuivi par le pouvoir politique. C’est qu’il y a tant de choses à prévoir et à faire sur le plan militaire, selon ce que nous vivons en définitive. La stratégie de dissuasion statique a été mise en œuvre par Houari Boumediène. Il l’a résumée par une phrase prononcée juste avant mon affectation au SOST. Il était resté un moment pensif, puis tapotant sur la table avec un stylo, il avait dit : ‘‘De toute manière, nous ferons la paix à l’ombre des baïonnettes.’’ L’ombre ! Qu’est-ce que l’ombre en termes militaires? Une menace latente, diffuse, éloignée, une chose en apparence virtuelle mais en fait concrète et brutale se tenant à l’arrière- plan, et qui peut venir, à tout moment, dissiper par le feu son ombre projetée.

Quels sont les facteurs objectifs qui feront qu’elle cessera d’être virtuelle ? Personne, parmi les décideurs politiques, ne peut ou ne veut répondre à la question. La non-mise en application du plan d’Alger illustre parfaitement cette indécision. Je serai tellement harcelé par les responsables du Polisario à ce sujet que je serai contraint de les éconduire d’une façon très peu diplomatique.
 

A un Finlandais à qui on demandait comment faites-vous pour cohabiter avec un voisin aussi puissant que l’URSS, il répond : ‘Nous avons un bon ministre des Affaires étrangères’ ! Malgré ce «bottage» en touche, je ne désespère pas. Je décide de rencontrer Mohamed Cherif Messadia, secrétaire général du FLN, et accessoirement idéologue en chef du régime. Il me reçoit avec beaucoup d’amabilité. ‘Laisse donc les choses aller à leurs cours, cette crise du Sahara va nous permettre de construire le Maghreb arabe’ ! me dit-il.

Comme langue de bois, on ne fait pas mieux. Le Maghreb Arabe est le miroir aux alouettes, l’auberge espagnole où chacun apporte sa soupe. Je pensais qu’après les quatre ou cinq projets qui ont échoué depuis l’invasion française, et dont chaque fois se sont servis, pour nous enfoncer la tête sous l’eau, les responsables politiques algériens en étaient revenus de ces projections utopiques. Cette affaire est celle des occasions perdues. L’équation est maintenant complexe. Ses termes sont les mêmes pour les deux pays : les défis économiques et sociaux, les ruptures stratégiques au Moyen-Orient, l’effondrement de la Libye et les menaces terroristes à nos frontières…».

«Hassan II mime Netanyahou. Il parle de paix et poursuit l’intégration des territoires occupés»

La réalité d’aujourd’hui, note l’auteur de ce recueil est que «bientôt nous nous apercevrons que, dans cette question du Sahara occidental, nos deux pays ont été victimes des phobies, des rancœurs, de l’incompétence et du manque de vision stratégique à long terme des dirigeants des deux pays. Ils ont été surtout victimes de la folie des grandeurs du roi du Maroc. Hassan II, après avoir consolidé sa présence au Sahara occidental et opéré des transferts de population pour fausser les résultats d’un éventuel référendum, mime Netanyahou.

Il parle de processus de paix et en même temps poursuit concrètement l’intégration des territoires occupés». L’ancien ministre de la Défense revient sur le comportement du Maroc à l’égard de l’Algérie, notamment durant les années 90, l’Armée menait la bataille contre les groupes terroristes. «Au cours de la décennie 90, quand l’ANP était sur tous les fronts pour résister au déferlement terroriste, il (le Maroc) a développé en direction de l’Algérie une offensive de délitement de l’intérieur par le déversement, grâce aux réseaux de la contrebande, de quantités colossales de drogue pour ravager notre jeunesse.

Il a mené d’une façon déterminée, cohérente et réfléchie, une désinformation faisant passer nos forces armées pour un ramassis de tortionnaires et de tueurs de villageois. Soudoyant des journalistes, s’assurant l’appui d’opposants algériens, y compris de grands noms du mouvement national, payant des avocats européens très médiatisés, les Services marocains sont derrière les actions anti-algériennes des ONG, de Trial à Human Right Watch, en passant par toutes les associations droit-de-l’hommiste assidument offensives pour obtenir les condamnations des grands responsables militaires algériens à la retraite ou encore en activité…», note l’auteur, avant d’enchaîner : «Le roi, quand les intégristes du FIS étaient au zénith de leur puissance, n’a pas attaqué l’Algérie par solidarité ou par ‘compassion’ mais par crainte de voir le mouvement intégriste, vainqueur, déborder chez lui. Le mimétisme islamiste aurait accouché de mille prophétaillons locaux qui auraient balayé les illusions du ‘commandeur des croyants’ quant au confinement de l’islamisme à l’intérieur de ‘la cuve algérienne’ décrite par lui comme un ‘laboratoire’. Et de promettre «plus de détails» sur cet épisode dans le tome II de son livre, qui paraîtra dans quelques mois.

«Comment me montrer aux côtés du roi dans une de nos bases militaires ?»

L’auteur aborde sa rencontre, à deux reprises, avec le roi Hassan II. La première fois à Oran lorsqu’il a été invité par le président Chadli. «Au cours du dîner donné en son honneur, la conversation que j’ai avec lui tourne autour de la construction du Maghreb arabe. Le point de vue de l’armée algérienne est simple à énoncer: ‘Nous, militaires, ne souhaitons qu’une chose: que les problèmes qui existent soient résolus - et résolus d’une façon pacifique. Ensuite nous aimerions nous engager avec l’armée marocaine dans une coopération pour créer les conditions d’une défense commune. L’Union du Maghreb sera acquise dès lors que les économies et les forces armées des deux pays en seront les piliers et le moteur’. Il me répond : ‘Si c’est comme ça que vous voyez le Maghreb, envoyez, dès demain, une brigade s’installer à Rabat!» Une brigade ? Tiens… Hassan II ne dit ni division, ni bataillon mais brigade. La façon dont est articulée l’ANP n’a pas de secret pour lui.

A la fin du repas, le président Bendjedid me demande d’accompagner son hôte à Mers El-Kebir, et de lui faire visiter nos installations. J’ai dit le point de vue de l’armée à Hassan II, mais je ne veux pas aller plus loin pour ne pas me substituer à l’autorité politique. Et puis, comment me montrer aux côtés du roi dans une de nos bases militaires alors que mes chars sont sur le pied de guerre et que mes unités sont sous pression ? Le risque de démobilisation psychologique des hommes que je commande est présent dans mon esprit. Il y avait quelque chose de tout à fait incongru dans cette initiative de Bendjedid. Je ne m’imagine pas dévoiler aux militaires qui accompagnent le roi les détails de notre principale installation navale. Je plante tout le monde là, et je reprends l’avion pour Alger. Le lendemain, une délégation marocaine me rend visite. Elle est composée du secrétaire général du ministère de la Défense, du commandant de la gendarmerie royale et du directeur des services de sécurité. Le roi m’invite à lui rendre visite à Rabat. Je ne donnerai aucune suite à cette invitation».


Le général cubain…

Le général Nezzar rappelle comment le roi Hassan II, une fois son armée sortie de sa mauvaise passe, se remet à bomber le torse, à travers son interview du 8 novembre 1989, accordée à Jeune Afrique. «Tindouf faisait partie du Royaume…». «Le Maroc, de tout temps, n’a jamais réclamé que ce qui lui appartient. Ainsi, Tindouf faisait partie intégrante du territoire marocain jusqu’au début des cinquante puisque lors des cérémonies de l’Aid El Kebir et de l’Air Eseghir, le pacha de cette ville - je l’ai vu de mes propres yeux - venait faire allégeance à mon père».

Plus loin et à une question posée par le journaliste : «Majesté, puisque c’est l’intrusion de l’Algérie qui est à l’origine de la complication de l’affaire du Sahara, pourquoi le Maroc n’a-t-il pas saisi l’occasion de l’accord frontalier de 1972 pour lier la question des frontières à l’affaire du Sahara, de manière à amener le voisin à tenir ses engagements ? Et lors de la guerre des sables en 1963, l’armée marocaine se trouvait à Tindouf, pourquoi avez-vous ordonné au général Driss Ben Omar de battre en retraite ?». La réponse a été : «Je commencerai par la deuxième question. J’estimais qu’il ne fallait pas créer entre les deux pays un point de fixation morbide. En second lieu, Tindouf en elle-même ne m’intéresse pas.

Elle est intéressante sentimentalement, mais elle ne constitue ni un nœud de voies stratégiques ni un lieu de passage obligé. Vous me direz qu’elle contient du fer et c’est vrai. Mais ce fer est piégé: s’il ne passe pas par le Maroc, il ne peut passer nulle part. Enfin, aucune ville marocaine ou algérienne ne mérite une guerre. Je vous dirais plus, et qui est totalement inédit: je n’ai pas arrêté le seul général Driss, mais également le général Kettani. Il m’a dit : si Votre Majesté veut faire la prière à Oran, vendredi prochain, nous y serons…».

A une autre question: «Cette guerre n’est-elle pas une bénédiction dans la mesure où le Maroc, doté d’une armée désormais puissante, pourrait peser sur la région? Le roi Hassan II a déclaré : «Je peux dire sans forfanterie que, sur le plan de la guerre du désert, (je ne parle pas de la guerre dans les Ardennes ou les plaines européennes), l’armée marocaine est, sinon la meilleure, du moins la seule au monde opérationnelle». Même si on la comparaît à l’armée israélienne ? «Sans lui enlever ses mérites militaires, elle n’a jamais eu à conquérir, occuper et sécuriser l’étendue et la nature des territoires que nous sécurisons. La comparaison n’est pas fondée». Voilà donc ce que pensait Hassan II et ce que pense toujours son successeur. Le désir d’hégémonie et de puissance hante leurs rêves. Il feint d’oublier que, s’il a donné l’ordre à ses généraux de ne pas s’engager plus avant, c’est qu’il s’avait que l’Algérie avait rassemblé à ses frontières des forces bien plus importantes en volume et en nature que les siennes».

Pour l’auteur, l’agression inqualifiable de 1963 à Hassi Beida et Tindjoub avait suscité chez des pays amis un élan de solidarité avec l’Algérie. «Deux forts groupement blindés et mécanisés ont été acheminés vers l’Algérie, l’un par l’Egypte et l’autre par Cuba. Ils se trouvaient en zone d’attente près de la frontière marocaine, prêts à intervenir. Le général cubain, qui commandait les forces, vient d’écrire ses mémoires : ‘Les tanks arrivèrent à Oran en 12 jours, le 22 octobre, le second bateau, le 29 du même mois…l’objectif stratégique visait le centre du Maroc…’. Après une réunion à Béchar entre les directions militaires algériennes et cubaines, le plan de Boumediene fut retenu : «Nous occuperons des territoires frontaliers marocains. En cas de négociations, l’Algérie se trouvera dans de meilleures positions».

Le général Ameijeiras voulait, lui, continuer jusqu’à Casablanca. L’opération fut planifiée pour une attaque simultanée sur trois axes : Laaricha-Bergent, Tlemcen-Oujda, et à partir du sud. Castro disait : «Nous donnerons toute l’aide dont l’Algérie aura besoin». Ce chapitre est aussi palpitant que celui consacré au témoignage qui mènera le lecteur jusqu’en Egypte, pour raconter l’histoire de ces militaires algériens qui ont pris part aux combats contre l’armée israélienne, en attendant l’autre volume, consacré quant à lui «à la période cruciale où l’armée, contrainte et forcée par la faillite des gouvernants et les émeutes nihilistes, est sortie de son rôle traditionnel pour sauver le pays…», explique le général Nezzar. Un livre témoignage à lire absolument….

 

Recueil des mémoires du général Nezzar :

Ma carrière militaire

Edition Chihab, 450 pages, prix : 1500 DA

 

«L’inconscience destructrice»

n L’auteur note avoir rencontré une seconde fois Hassan II, pour obtenir l’extradition du chef du GIA, El Ayada. «En m’accompagnant vers la villa où doit avoir lieu le déjeuner, et alors que nous discutions des modalités de la remise à l’Algérie du chef terroriste, le roi s’arrête : ‘‘Vous vous rendez compte, nous avons récupéré des stocks d’armes !’’ Ses services lui avaient menti. L’emplacement de ces stocks d’armes leur a été indiqué par le général Smail Lamari. Auparavant nos services, qui avaient infiltré le réseau de soutien au GIA, avaient noté les numéros de ces armes pour faciliter leur traçabilité. C’est une de ces armes qui sera utilisée à Marrakech. La preuve que cet attentat a été monté par les services marocains.

Hassan II va se servir de cet attentat comme d’une machine infernale contre l’Algérie.» La parenthèse refermée, le général ramène le lecteur à sa première rencontre avec Hassan II. Pour lui, «la pièce diplomatique qui se joue, et dont je devine les finalités, se poursuivra sans moi.

Ce qui ne m’empêchera pas de donner mon avis. Et de le donner sur cette question chaque fois que j’aurai l’occasion de le faire. Lorsque des années plus tard, je m’exprimai publiquement sur la nécessité de trouver une solution au problème, un fort en thème diplomatique, jouant à l’oracle, parlera d’inconscience destructrice». Une question : où en sommes-nous 40 ans après ? Le statu quo ! «Au-delà des péripéties de l’action de nos deux pays auprès des chancelleries et des instances internationales, avec leurs lots de réussites et d’échecs, un bilan peut être fait.

Des sommes colossales ont été dépensées, des centaines d’hommes sont tombés, des ressentiments durables se sont cristallisés et des murs, au sens propre et figuré, ont vu le jour. Maginot de terre et de sables au sud et de gardes-frontières sur les axes routiers et les chemins de traverse au nord.»
 

 

Salima Tlemçani

http://www.elwatan.com/dyn/imprimer.php?link=http%3A%2F%2Fwww.elwatan.com%2Factualite%2Fgraves-revelations-sur-les-manoeuvres-de-hassan-ii-06-11-2017-356113_109.php


06/11/2017
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0055/- vendredi 24 fevrier 2017


24/02/2017
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ALGERIE: : Expulsion des noirs par Les autorités Algériennes

  Décembre 2016

ALGERIE: Expulsion" sauvage" des noirs

 

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Les attaques des algériens contre les migrants subsahariens  

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28 nov. 2016

Dely Brahim à connu une soirée des plus libératrices ce samedi 26 novembre, que personne n'a connu depuis 1962, date de la libération du territoire.

 

 

 

GROSSE ÉMEUTE EN ALGÉRIE CONTRE LES NOIRS MIGRANTS  

  

 


16/12/2016
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Renseignement : Yahoo aurait accepté de fouiller automatiquement dans les emails

Renseignement : Yahoo aurait accepté de fouiller automatiquement dans les emails

Tiercé gagnant  80
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Crédits : jejim/iStock
SECURITÉ

Yahoo aurait mis en place l’année dernière un logiciel spécifique lui permettant de rechercher dans des centaines de millions d’emails des séquences de caractères. Une « révélation » qui survient alors que l’éditeur fait toujours face aux récentes révélations sur l’ampleur de sa fuite de données.

L’information a été publiée par Reuters : selon trois sources indépendantes proches du sujet, Yahoo aurait accepté en 2015 la demande d’une agence – NSA ou FBI – de mettre en place une solution de recherche automatisée pour débusquer facilement certains mots. La décision aurait été prise par la direction, plus spécifiquement par la PDG Marissa Mayer et le responsable juridique Ron Bell.

Après Prism, la recherche automatisée de mots-clés

L’information peut surprendre, car les révélations d’Edward Snowden autour du programme Prism avaient montré que Yahoo, en 2008, avait refusé d’y participer. En 2014, d’autres documents avaient fourni d’autres détails : l’éditeur avait bien intégré le programme de surveillance de la NSA, sous peine de subir une astreinte de 250 000 dollars par jour de retard dans son application. Pourtant, la société s’était battue, notamment pour remettre en cause le bien-fondé de la loi Protect America Act, qui permettrait d’obtenir certaines informations sans passer par un mandat classique, donc par un juge.

Yahoo, réduite il y a deux ans à donner sa version des faits, doit faire face aujourd’hui à ces nouvelles informations. Toujours selon Reuters, l’acceptation de la demande a été si secrète en interne que la propre équipe de sécurité de l’entreprise n’était pas au courant. C’est en apprenant l’information en mai 2015 qu’Alex Stamos, alors responsable, aurait quitté l’entreprise pour reprendre le même rôle chez Facebook.

Yahoo « respecte la loi »

La demande de la NSA (ou du FBI) n’est pas connue dans les détails. D’après Reuters, le logiciel conçu en réponse permettait de fouiller rapidement dans des centaines de millions d’emails dans le plus grand secret. Elle aurait été transmise au service juridique de l’entreprise sous la forme d’une « directive classifiée ». Yahoo n’aurait pas eu la force de se relancer dans une nouvelle bataille contre le renseignement américain.

Dans la pratique, l’information est évidemment complexe à confirmer. Interrogée, la société s’est contentée de répondre : « Yahoo est une entreprise respectueuse de la loi et obéit aux lois des États-Unis ». Ni confirmation, ni démenti, mais une réponse vague qui laisse champ libre à l’interprétation.

D'autres entreprises ont pu recevoir la même demande

Dans le même temps, et alors même que Yahoo fait face aux précisions sur l’immense fuite de données révélées le mois dernier (plus d’un demi-milliard de comptes concernés), des questions restent. Par exemple – et si ce programme existe bien – est-il toujours en place ? Aucune information n’est disponible sur ce point.

Par ailleurs, si une telle demande a été envoyée à Yahoo, d’autres sociétés, telles qu’Amazon, Apple ou Microsoft, n’ont-elles pas été elles aussi concernées par des programmes équivalents ? Interrogées par la presse anglophone, dont Ars Technica et Reuters, elles ont toutes affirmé que ce n'était pas le cas.

Enfin, on ne sait pas exactement qui aurait envoyé cette « directive classifiée ». Il peut s’agir du FBI pour la NSA, mais la séparation entre les deux agences peut être floue selon qu’il s’agit d’une enquête ou du renseignement en général. Dans un cas comme dans l’autre, il est peu probable qu’une confirmation soit donnée.

Publiée le 05/10/2016 à 11:33

06/10/2016
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