Le Mexique frappé par un séisme d’une violence historique

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Le Mexique frappé par un séisme d’une violence historique

 

Alors que 64 personnes sont mortes vendredi, l’inquiétude se porte désormais sur le sud-

 

est du pays, où l’ouragan Katia se renforce, avec des rafales à plus de 165 km/h.

 

Le Monde |  • Mis à jour le  | Par 

La panique a envahi les rues de Mexico, dans la nuit de jeudi à

vendredi 8 septembre, lorsqu’un tremblement de terre de 8,2 sur

l’échelle de Richter a frappé le sud-ouest du Mexique,

, provoquant

des secousses ressenties jusqu’à la capitale. Depuis 85 ans, le pays

n’avait pas connu un séisme d’une telle violence qui a fait, en

province, au moins 64 morts et des centaines de blessés. Le bilan

préliminaire s’alourdit d’heure en heure alors qu’un ouragan – Katia

–, s’apprête à   toucher le sud-est du pays.

 

 

 

  

 

De longues secondes de terreur pour les 22 millions d’habitants de la capitale, qui sont sortis avec précipitation des immeubles, jeudi à 23 h 49, certains en pyjama, avertis par le son strident des alertes sismiques. Malgré les murs écroulés, le bitume fissuré et les bâtiments évacués, la mégalopole ne comptait pas, vendredi, de victimes. La catastrophe a beaucoup plus affecté le sud du pays, où l’épicentre du séisme a été localisé à 133 km de la côte pacifique de l’Etat du Chiapas (sud-est), selon le Service sismologique du Mexique. « C’est le tremblement de terre le plus fort depuis un siècle », a déclaré dans la foulée le président Enrique Peña Nieto, oubliant sans doute celui de 1932, d’une magnitude de 8,4.

Les « Topos » (les taupes), des équipes spécialisées dans les secours, recherchent des victimes parmi les bâtiments ruinés à Juchitán par le tremblement de terre qui a frappé la côte Pacifique du Mexique, le 8 septembre.

Vendredi, les efforts des secours se concentraient sur les Etats limitrophes du Chiapas et de Oaxaca (sud-ouest), touchés de plein fouet par les secousses, ressenties par 50 millions de Mexicains dans onze des 32 Etats du pays. Celui de Oaxaca reste le plus meurtri, avec au moins 45 morts, dont 36 à Juchitán. Dans cette ville de 75 000 habitants, des dizaines de maisons se sont écroulées ainsi que la mairie et un hôpital.

Dans l’Etat voisin du Chiapas, le bilan est aussi très lourd : douze morts et 350 000 sinistrés. Le séisme a détruit 428 maisons, affectant 1 700 habitations, 792 écoles, 4 hôpitaux et 18 bâtiments publics. Trois corps ont été découverts dans la ville touristique de San Cristobal de las Casas, aux rues jonchées de pierre et de bois. Des routes et des ponts sont bloqués par des fissures et des glissements de terrain. De l’autre côté du pays, l’Etat de Tabasco (sud-est) compte trois morts, dont un nourrisson sous assistance respiratoire victime d’une coupure de courant dans un hôpital.

 

Le Mexique enregistre une forte activité sismique, liée à sa situation géographique entre cinq plaques tectoniques qui s’entrechoquent. « Mais cette fois, le séisme a été provoqué par la fracture interne d’une plaque, a commenté dans les médias, Vala Hjorleifsdottir, membre de l’Institut Géophysique de l’Université autonome du Mexique (UNAM). Cet événement peu commun explique la force exceptionnelle du séisme. » Sa puissance a ravivé le traumatisme du tremblement de terre du 19 septembre 1985. Ce jour-là, un séisme de magnitude 8,1 avait ravagé une grande partie la capitale, faisant près de 10 000 morts. « En comparaison, le séisme de jeudi a fait moins de dégâts à Mexico car la profondeur de son épicentre et sa distance ont épargné la capitale, située à 700 km de là », a précisé Mme Hjorleifsdottir.

Trois jours de deuil national

Depuis trente-deux ans, la mairie de la capitale a renforcé les normes de construction et a installé 8 200 mégaphones aux coins des rues, qui se déclenchent 60 secondes avant un fort séisme grâce à des capteurs placés le long de la côte pacifique. Mais les petites villes du Chiapas ou de Oaxaca ne sont pas équipées de ces alertes sismiques. D’autant que ces régions sont les plus pauvres du pays. Les nombreuses maisons en torchis et en taule n’ont pas résisté aux secousses.

Le président du Mexique Enrique Pena Nieto (avec un micro) s’adresse aux habitants de Juchitán, le 8 septembre.

Vendredi, le président Peña Nieto s’est rendu à Juchitán, dans l’Etat de Oaxaca, avant de déclarer trois jours de deuil national. Il a aussi alerté la population sur « les risques de répliques durant 24 heures ». Plus de 450 se sont déjà fait sentir, dont une de magnitude 6,1. Des milliers de militaires ont été déployés dans les zones endommagées, en coordination avec les membres de la protection civile, découvrant peu à peu de nouvelles victimes, bloquées dans les bâtisses éventrées ou détruites. Des refuges accueillent les sinistrés, dont ceux de la côte pacifique évacués par l’alerte au tsunami, qui avait été déclenchée au moment du séisme, avant d’être levée. Vendredi, le courant était rétabli pour la plupart des 1,5 millions d’usagers, privés d’électricité. En revanche, les écoles sont restées fermées dans les onze Etats ébranlés par les secousses.

Au total, six bâtiments scolaires se sont écroulés et 1 140 affichent des séquelles. Sur la place principale de Mexico, le maire a mis en place un centre de collecte de vivres pour les réfugiés.

Mais l’inquiétude des autorités se porte désormais sur le sud-est du pays, où l’ouragan Katia, de catégorie 1, se renforce dans le Golfe du Mexique, avec des rafales à plus de 165 km/h. Son œil a touché, dans la nuit de vendredi à samedi, la côte de l’Etat de Veracruz, affecté lui aussi par le séisme. Des débordements de fleuves et des glissements de terrain sont à craindre dans au moins sept Etats. Dans l’attente du bilan de Katia, des vidéos du séisme tournent en boucle sur les chaînes de télévision et les réseaux sociaux. Parmi elles, celle d’un sauveteur bénévole, qui plante un drapeau mexicain sur les décombres de la mairie de Juchitán, est vite devenue l’emblème d’un peuple meurtri par les éléments.

 
 
 
http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/09/09/le-mexique-frappe-par-un-seisme-d-une-violence-historique_5183152_3244.html
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10/09/2017
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