Texte intégral de la Dictée des Amériques 2009

Texte intégral de la

Dictée des Amériques 2009

Texte d'Ariane Moffatt

Le marché de toutes les solitudes

Le marché des Enfants-Rouges est couvert comme le ciel de Paris. Ensemble, ils valsent entre deux saisons sur un air élégiaque. J'y entre comme une revenante en des contrées familières.

Chacune des échoppes qui l'occupent  protège affectueusement ses arômes et saveurs si recherchés, agrumes colorés ou primeurs juste livrées. Les denrées en rangs serrés bravent le froid et l'humidité. Les commerçants les réchauffent de gestes intuitifs; chaque mouvement prend la forme de ces instants d'éternité que l'on arrache

parfois aux jours insoumis.

[88 mots FIN JUNIORS B]

C'est le marché de toutes les solitudes. Sous la cape silencieuse de cette matinée d'avril, je feins de lire pour m'abandonner à la poésie des lieux.

Debout au centre de l'estaminet avec le vide comme unique public, un quidam chante pour affronter sa déréliction loin des badauds rabat-joie. [136 mots FIN JUNIORS A]

Plus loin, sous le regard presque indifférent du traiteur japonais qui aligne sashimis et ballottines, une femme d'affaires bon chic bon genre s'agrippe à l'oreillette de son téléphone pour éviter de sombrer dans ses abysses intérieurs.

Partout autour, les parfums volatils se font enjôleurs; la fleuriste achève ses bouquets d'héliotropes vanillés qu'elle enveloppera de cellophane irisée. [192 mots FIN

SENIORS B]

Suspendue au temps qui s'écoule goutte à goutte, je laisse mon imagination entrer en scène. Le rire cristallin des orphelins qui vivaient ici même voilà quelque cinq siècles parvient en écho résonnant sans cesse à mes tympans. Ces enfants perdus semblent jouer à colin-maillard, comme le soleil avec les nuages, dans les allées labyrinthiennes de l'imperturbable halle. Ils apparaissent sous mes yeux attendris, tout de rouge vêtus. Fantassins de l'abandon aux couleurs de la Charité, frêles coquelicots aux pétales chiffonnés, ils caracolent et folâtrent, narguant l'immobilité.  Au petit marché des Enfants-Rouges, enjouement et affliction, vague à l'âme et  exacerbation des sens se sont donné rendez-vous.

J'y reviendrai demain sans faute, après-demain, voire tous les jours.

[305 mots FINDE LA DICTEE

http://www.dicteedesameriques.com/dictee.aspx?annee=2009

CORRIGÉ ET EXPLICATION DES DIFFICULTÉS

DICTÉE DES AMÉRIQUES 2009

Texte d’Ariane Moffatt

Le marché de toutes les solitudes

1

Enfants‐Rouges

À Paris, le marché des Enfants‐Rouges a été nommé d’après l’hospice des Enfants‐Rouges, créé au

XVIe siècle pour des orphelins dont l’uniforme était rouge.

élégiaque

Cet adjectif est un dérivé du nom élégie, poème lyrique exprimant une plainte douloureuse, des

sentiments mélancoliques. Est élégiaque ce qui est dans le ton mélancolique et tendre de l'élégie.

contrées

Une contrée est une étendue de pays. Le mot, ici au pluriel, se termine en é, e, s.

échoppes

Une échoppe est une petite boutique. Le mot vient du néerlandais et s’écrit avec deux p.

occupent

Le verbe occuper, lui, ne prend qu’un seul p. Il s’accorde ici au pluriel avec échoppes et se termine donc

en e, n, t.

protège

Ce verbe s’accorde au singulier avec le pronom indéfini chacune. Donc protège, e.

arômes

Ce mot masculin qui vient du latin et du grec s’écrit avec un accent circonflexe sur le o.

recherchés

Ce sont les arômes, nom masculin, et les saveurs, nom féminin, qui sont recherchés, donc accord au

masculin pluriel : é, s.

colorés

Le mot agrumes est masculin pluriel; donc colorés se termine en é, s.

juste

Juste est ici adverbe, donc invariable.

livrées

Les primeurs sont les fruits et les légumes consommables avant la saison normale. Comme primeurs est

féminin pluriel, livrées se termine en é, e, s.

en rangs serrés

2

Il y a nécessairement plusieurs rangs, donc toute l’expression est au pluriel. Rangs et serrés se terminent

par un s.

insoumis

Que ce soit au singulier ou au pluriel, soumis et insoumis se terminent par un s.

feins

Il s’agit de la première personne du singulier de l’indicatif présent du verbe feindre, qui signifie « faire

semblant » : f, e, i, n, s.

estaminet

Un estaminet est un petit café populaire. Le mot vient du wallon et est maintenant vieilli.

quidam

Quidam, q, u, i, d, a, m, qu’on peut aussi prononcer [kui‐dam], est, à l’origine, un mot latin qui signifie

« un certain ». Il a d’abord été employé en procédure pour désigner une personne qu'on ne pouvait ou

qu'on ne voulait pas nommer. On s’en sert maintenant pour parler d’un certain individu qu'on ne peut

ou qu'on ne veut pas désigner avec plus de précision.

affronter

Deux f et un t dans ce verbe.

déréliction

La déréliction est l’état de l'être humain qui se sent abandonné, isolé, privé de tout secours.

badauds

Un badaud est une personne qui s'attarde à regarder, à observer ce qu'il ne connaît pas et,

particulièrement, qui s'attarde à regarder le spectacle de la rue. Le mot vient d’un verbe provençal qui

signifie « regarder bouche bée ». Il se termine en a, u, d.

rabat‐joie

Cet adjectif composé est invariable. Il est formé du verbe rabattre, au présent, à la troisième personne

du singulier, et du mot joie, liés par un trait d’union.

presque indifférent

L’adverbe presque ne s’élide que dans presqu’île. Il n’y a donc pas d’apostrophe entre presque et

indifférent.

sashimis

3

Le sashimi est un mets japonais constitué de poisson cru en tranches fines, généralement accompagné

de raifort et de gingembre. Le traiteur aligne les sashimis, au pluriel : s, a, s, h, i, m, i, s.

ballottines

Une ballottine, deux l, deux t et un n, est une pièce de viande désossée, roulée et ficelée.

d’affaires

Dans les expressions homme d’affaires, femme d'affaires, repas d'affaires, voyage d'affaires, chiffre

d'affaires, etc., le mot affaires est toujours au pluriel. Donc affaires s’écrit ici avec un s final.

bon chic bon genre

La locution adjectivale bon chic bon genre s’écrit sans traits d’union. Elle signifie « conforme à une

tradition bourgeoise, classique, de bon ton ».

s’agrippe

Le verbe agripper, s’agripper, qui dérive de gripper, « saisir, accrocher », s’écrit avec deux p, mais un seul

g.

abysses

Un abysse est une fosse sous‐marine. Au sens figuré, le nom masculin abysse désigne un abîme, une

couche profonde de la personnalité. Il s’écrit avec un y.

intérieurs

Comme abysses est masculin pluriel, intérieurs, qui s’accorde avec lui, se termine en r, s.

volatils

L’adjectif volatil, signifiant « qui s’évapore facilement », s’écrit sans e final au masculin, contrairement au

nom masculin volatile, qui désigne un oiseau de bassecour, et à l’adjectif qui s’y rapporte. Donc, les

parfums volatils, i, l, s.

enjôleurs

L’adjectif enjôleur vient du verbe enjôler. Même si ces mots ont pour origine le mot geôle, synonyme

ancien de prison, ils s’écrivent avec un j, mais ont gardé l’accent circonflexe. Donc, enjôleurs s’écrit e, n, j,

ô, l, e, u, r, s.

héliotropes

L’héliotrope est une plante à fleurs odorantes. Ce nom d’origine grecque est masculin et signifie « qui se

tourne vers le soleil ». Il commence par un h.

Le marché de toutes les solitudes

4

vanillés

Comme héliotropes est masculin pluriel, vanillés, qui s’accorde avec ce mot, se termine en é, s.

cellophane

La cellophane est une pellicule transparente utilisée pour l'emballage. Ce mot féminin est, à l’origine,

une marque de commerce formée avec des éléments des mots cellulose et diaphane.

irisée

L’adjectif irisée, qui signifie « aux couleurs de l’arc‐en‐ciel », s’accorde ici au féminin avec cellophane;

donc é, e.

goutte à goutte

Pas de traits d’union dans cette expression, où les deux goutte sont au singulier!

cristallin

Deux l à cet adjectif dérivé de cristal.

ici même

Il n’y a pas de trait d’union entre ici et même, et même est bien sûr au singulier.

quelque

L’adverbe quelque, qui signifie « environ », est invariable. Donc, q, u, e, l, q, u, e.

résonnant

Deux n dans ce participe présent du verbe résonner. Il s’agit bien du participe présent, puisqu’on peut

dire « ne résonnant pas sans cesse ». L’adjectif résonnant, quant à lui, qui, dans le domaine de la

physique, signifie « susceptible d’entrer en résonance », peut s’écrire avec un seul n, comme le nom

résonance.

tympans

Ce mot qui désigne une partie de l’oreille s’écrit t, y, m, p, a, n et s, puisqu’il est ici au pluriel. Il vient d’un

mot grec et d’un mot latin qui signifient « tambourin ».

colin‐maillard

Le colinmaillard est un jeu où l'un des joueurs, les yeux bandés, doit chercher les autres à tâtons, en

saisir un et le reconnaître. Colin et Maillard sont des noms propres de personnes, qui ont perdu leur

majuscule dans le nom commun. Le mot s’écrit avec un trait d’union.

5

labyrinthiennes

Cet adjectif dérivé du nom labyrinthe s’écrit comme lui, avec un y après le b et un h après le t. Il y a un

autre adjectif dans la famille de labyrinthe : labyrinthique.

halle

Une halle est un vaste emplacement couvert où se tient un marché. Le mot commence par un h.

tout

Ici, tout est un adverbe qui signifie « complètement, entièrement ». Il est invariable : t, o, u, t.

vêtus

Ce sont les enfants qui sont vêtus, donc l’accord se fait au masculin pluriel, u, s. Et il y a un accent

circonflexe sur le e.

chiffonnés

Deux f et deux n à chiffonnés, et comme il s’agit de pétales, mot masculin ici au pluriel, la terminaison est

é, s.

caracolent

Un seul r, un seul c dans la troisième syllabe et un seul l. Caracoler signifie ici « avancer en sautant, en

bondissant, selon une ligne irrégulière ».

folâtrent

Folâtrer, c’est jouer ou s’animer comme un petit fou. Ne pas oublier l’accent circonflexe sur le a.

narguant

Narguer signifie « braver avec insolence, avec un mépris moqueur, défier, provoquer ». Il y a un u après

le g.

enjouement

L’enjouement est la disposition à la bonne humeur, à une gaieté aimable et souriante. Le mot s’écrit e, n,

j, o, u, e, m, e, n, t.

affliction

Deux f dans ce mot qui signifie « peine profonde, abattement à la suite d'un coup du sort, d'un grave

revers ».

vague à l’âme

Le vague à l’âme est un sentiment d'insatisfaction, de tristesse, sans cause discernable, empreint de

rêverie. Cette expression ne comporte pas de traits d’union.

6

exacerbation

C’est l’aggravation passagère d’un phénomène, le fait de rendre quelque chose plus violent, plus acerbe.

E, x, a, c, e, r, b, a, t, i, o, n.

donné

Ce participe passé est invariable, car se donner est un verbe pronominal à sens réciproque, et le pronom

se n’est pas un complément direct. Le complément direct, rendez‐vous, est placé après le participe. Il n’y

a donc pas d’accord. D, o, n, n, é.

sans faute

Au sens de « à coup sûr, immanquablement », sans faute s’écrit au singulier, sans s à faute.

après‐demain

C’est un mot composé. Il ne faut pas oublier le trait d’union entre après et demain.

voire

L’adverbe voire a le sens de « et même ». Il vient du mot latin qui signifie « vrai » et s’écrit avec un e

final.

**********

 



01/05/2009
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