Un médicament miracle contre
la fièvre patriotique ?

Chiche !

Je sais bien que le régime de bananes qui nous non-gouverne est traversé par des courants, ne dit pas toujours la même chose au même moment, s’oppose parfois sur certaines options de sa mauvaise gouvernance, mais je ne pensais pas qu’il se diviserait sur ce thème-là. Celui de la criminalisation du colonialisme français ! Je suis béatement estomaqué devant le différend qui oppose Saïd Abadou, le patron de l’ONM, l’organisation des moudjahidine, à Mohamed-Chérif Abbas, le ministre de ces mêmes moudjahidine et des cousins à eux au parcours pas toujours clairement établi. Je suis d’autant plus sonné d’étonnement que le ministre trouve l’idée de la criminalisation pas très intelligente, pas porteuse et pas intéressante à creuser. Hew ! Un ministre des anciens combattants qui snobe une proposition de criminalisation des ignominies commises par la France contre ceux qu’il est censé défendre et représenter ? Qu’est-ce que c’est que ce bug ? Un bug historique d’autant plus intrigant que le même ministre est encore dans nos mémoires comme celui qui, tel un taureau sorti de l’enclos, avait foncé tête baissée à la veille de la visite de Sarkozy à Alger pour haranguer les foules et exiger de la France qu’elle se repente de ses crimes coloniaux. D’où cette question légitime : que s’est-il passé entre-temps pour que l’avant-centre de l’attaque algérienne contre le France se reconvertisse ainsi piteusement en défense, pour ne pas dire se fasse porter pâle et se retire du match ? Je sais qu’il s’est fait sonner les cloches lors de sa sortie musclée contre Sarko et le colonialisme, mais tout de même ! Un ministre des moudjahidine, ça a dû en voir d’autres et ça ne devrait pas se dégonfler au moindre «sonnage» de cloches. Des cloches, en plus ! Wallah que j’ai beau étudier la chose sous tous ses angles, même les angles morts, je n’arrive pas à m’expliquer cette soudaine tiédeur de notre ministre des anciens combattants. Et je suis gentil lorsque j’écris «tiédeur», parce que là, c’est carrément de refroidissement, de cryogénie sur la question du colonialisme français dont il s’agit. Complètement refroidi, le gars ! Qu’ont-ils pu lui faire pour qu’il se calme à ce point ? Il est important de le savoir. Pour plusieurs raisons. Dont une prioritairement médicale ! Oui, m’sieur ! Médicale. Il faut que nous sachions si nos dirigeants disposent d’une thérapie inconnue, de choc et forcément hyper efficace pour lutter contre les accès de fièvre. Tous les ans, des milliers de malheureux citoyens, majoritairement des enfants, meurent de fièvre subite et foudroyante. S’il se confirme que dans le Palais ou dans l’une de ses annexes, on a mis au point un médicament ou un traitement pouvant ainsi baisser radicalement tout accès de fièvre, fût-il patriotique, c’est une excellente nouvelle pour la médecine algérienne, et pour la science en général. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.