| Des mesures pour rĂ©guler les prix des produits agricoles Le gouvernement s'est penchĂ© hier sur le dossier des terres agricoles en adoptant, pour la premiĂšre fois depuis l'indĂ©pendance, l'avant-projet de loi d'orientation agricole prĂ©sentĂ© par M. SaĂŻd Barkat, ministre de l'Agriculture et du DĂ©veloppement rural. Le gouvernement a par ailleurs Ă©tudiĂ© et adoptĂ© un projet de dĂ©cret amendant le code des marchĂ©s publics sur proposition du ministre des Finances. Le dossier du mĂ©dicament a Ă©galement fait l'objet d'exposĂ© Ă travers de nouveaux arrĂȘtĂ©s portant nouvelle liste des mĂ©dicaments remboursables par la SĂ©curitĂ© sociale et ceux soumis Ă la tarification de rĂ©fĂ©rence. Toujours dans le mĂȘme chapitre, le gouvernement a passĂ© en revue la politique d'encouragement du gĂ©nĂ©rique, prĂ©sentĂ©e par le ministre du Travail et de la SĂ©curitĂ© sociale. De son cĂŽtĂ©, Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, a prĂ©sentĂ©, selon M. Boukerzaza, ministre de la Communication, le bilan des festivitĂ©s culturelles «Alger, capitale de la culture arabe», un bilan, dira t-il, qui compte «beaucoup de production culturelle, Ă©dition, films, thĂ©ĂątreâŠÂ» La mĂȘme ministre a prĂ©sentĂ© un rapport sur le marchĂ© de grĂ© Ă grĂ© qui prĂ©voit la rĂ©alisation d'une grande salle d'exposition, un projet qui sera Ă©difiĂ© Ă Ouled Fayet et qui a vu la soumission de 35 bureaux d'Ă©tudes dont 15 Ă©trangers. Pour ce qui est de la loi d'orientation des terres agricoles, ce texte d'ordre gĂ©nĂ©ral dote le secteur agricole de «cadre juridique adĂ©quat et d'objectifs dĂ©finis». Il posera les grands principes du monde agricole pour atteindre «l'autosuffisance alimentaire et le dĂ©veloppement durable du monde rural», a rĂ©sumĂ© le Dr Barkat. Il portera sur cinq axes essentiels, Ă savoir les instruments d'orientation agricole, les prescriptions relatives au foncier agricole, les mesures structurelles de production agricole, l'encadrement des activitĂ©s agricoles, l'encadrement scientifique et techniqueâŠLa concession sera le mode «d'exploitation exclusif des terres du domaine privĂ© de l'Etat», ce qui implique une «conversion du droit de jouissance» prĂ©vu par la loi 87-19 du 8 dĂ©cembre 1987. Par ailleurs, la loi d'orientation devra subordonner tout dĂ©classement des terres agricoles ou Ă vocation agricole «à un texte de nature lĂ©gislative» ce qui implique dĂ©sormais le recours Ă l'ordonnance ou au parlement au lieu d'une simple mesure administrative. Les fellahs bĂ©nĂ©ficiaires de l'aide de l'Etat, pour leur part, devront «contracter une police d'assurance» alors que pour les calamitĂ©s naturelles, ils pourront «recourir au soutien du Fonds des calamitĂ©s et ce au titre de la solidarité», dira M. Barkat. Ainsi, le gouvernement veut mettre fin au morcellement, instituer un fichier national des potentialitĂ©s agricoles et une carte de dĂ©limitation des terres agricoles. La loi d'orientation prĂ©voit le «renforcement de l'autoritĂ© phytosanitaire» par l'ouverture de missions de diagnostic aux laboratoires privĂ©s d'analyses. RĂGULER LES PRIX DES PRODUITS AGRICOLES Le Dr Barkat a, en rĂ©ponse aux questions des journalistes, dĂ©plorĂ© que les prix des produits agricoles varient «d'une wilaya Ă une autre et dans un mĂȘme marchĂ©.» Pour lui, c'est une question de rĂ©gulation qui incombe aux services du Commerce mais aussi qu'aux organismes en charge du stockage, du froid. Il est inadmissible de voir, par exemple, la pomme de terre quatre fois moins chĂšre Ă Oued Souf (rĂ©gion productrice) et qui exporte en Europe. «Le privĂ©, les conseils professionnels, les filiĂšres doivent jouer leur rĂŽle», dira-t-il. Des textes seront Ă©laborĂ©s dans ce sens, ajoute-t-il, et ce pour «mettre le citoyen Ă l'abri des spĂ©culateurs». Le ministre de l'Agriculture s'est dit satisfait sur le niveau de la production de cĂ©rĂ©ales, ces dix derniĂšres annĂ©es, l'extension de la superficie agricole utileâŠ. il ira jusqu'Ă prĂ©dire «une production excĂ©dentaire» qui ne sera rĂ©glĂ©e que grĂące âŠĂ l'export. Toujours dans le mĂȘme registre, M. Boukerzaza a justifiĂ© le refus du gouvernement d'opter pour la suppression de la TVA pour soutenir les prix en considĂ©rant que celle-ci est juste «un avis d'experts» (formulĂ© par le patronat). Le gouvernement a instituĂ© ses «propres mĂ©canismes, de suivi, de subvention», dira-t-il. Il se penche actuellement sur les huiles, prĂ©cise encore M. Boukerzaza. Ce point devrait susciter une question sur le pouvoir d'achat et l'effort du gouvernement tendant Ă l'adoption une nouvelle grille pour la fonction publique. Elle se traduira par «une augmentation de plus de 3500 DA pour tout fonctionnaire et une croissance globale des salaires de 56%», a conclu le ministre. DĂTOURNEMENT DES TERRES AGRICOLES Le Dr Barkat a estimĂ© que les terres de ce qu'on appelle les EAI, EAC, dĂ©tournĂ©es par les exploitants, ont fait l'objet d'une enquĂȘte des services de sĂ©curitĂ©, le dossier actuellement Ă©tant entre les mains de la justice, dira-t-il. Selon lui, «un nombre apprĂ©ciable de terres ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es.» Le ministre, qui veut «mettre de l'ordre dans ce dossier», selon son expression, a mis 50 inspecteurs rien que sur une wilaya mais n'a pas l'intention de «se faire une publicitĂ©.» Il refuse cependant le terme de gabegie qu'aurait utilisĂ© un responsable de l'UNPA (dĂ©menti selon Barkat) dans l'utilisation des fonds publics (PNDRA). Ce Fonds a touchĂ© 428 .000 exploitations agricoles. Il s'agit tout juste de «tricheries» marginales de 2,5% de cas constatĂ©s par les organismes de contrĂŽle. De son cĂŽtĂ©, le ministre de la Communication a expliquĂ© qu'il y a un contrĂŽle de l'Etat Ă chaque fois qu'il y a en jeu les deniers publics consentis sous forme d'aide ou autre. Le renforcement de l'action de l'IGF vise Ă consolider cet objectif, selon lui. NOUVELLE LISTES DES MĂDICAMENTS REMBOURSABLES Le mĂ©dicament a Ă©tĂ© l'autre dossier Ă©tudiĂ© par le gouvernement. Un arrĂȘtĂ© a Ă©tĂ© pris dans le sens de l'Ă©largissement de la liste des mĂ©dicaments remboursables et son actualisation. Ainsi, pour faire face aux nouveaux produits mis sur le marchĂ©, les mĂ©dicaments remboursables (DCI, dĂ©nomination commerciale internationale) seront au nombre de 295, contre 116 auparavant, dira M. Boukerzaza qui note que sur ce total, «34 concernent les maladies chroniques». Il a Ă©tĂ© aussi dĂ©cidĂ© l'Ă©largissement de la liste des mĂ©dicaments au tarif de rĂ©fĂ©rence. Pour ce qui du code des marchĂ©s publics, le gouvernement a, pour lever les contraintes dans la rĂ©alisation des marchĂ©s publics, Ă©tudiĂ©, conformĂ©ment Ă une recommandation d'un atelier lors de la rencontre walis-gouvernement, son amendement par l'Ă©lĂ©vation du seuil des adjudications pour les fournitures et les Ă©quipements de 6 millions DA Ă 8 millions ainsi que la fixation de la commission de soumission Ă 1% du marchĂ©. Il a cependant liĂ© ces amendements Ă une condition qui sera incluse dans les cahiers des charges, Ă savoir «le respect de la lĂ©gislation du travail» ainsi que la protection de l'environnement et «l'encouragement de la main-d'Ćuvre locale», prĂ©cisera M. Boukerzaza. Kaddour D. 1kilo de patates ------>40 DA 5 litres d'huile presque 1000DA Le pouvoir d'achat ne part pas Ă la dĂ©rive:il n'existe pas ou plus .Mais a-t- il seulement existĂ©? FLAMBĂE DES PRIX, ĂROSION DU POUVOIR D'ACHAT A qui se plaindre? 15 Janvier 2008 - Page : 7 Lu 125 fois Les citoyens algĂ©riens n'ont-ils plus que leurs yeux pour pleurer? Face aux impondĂ©rables de la vie quotidienne, ils ne font que subir. Ils ne peuvent que subir. Le prix de la pomme de terre a tournĂ© autour des 70 dinars durant pratiquement toute l'annĂ©e 2007. Ce fut la faute au mildiou. Cette maladie au nom barbare qui veut Ă©radiquer ce prĂ©cieux lĂ©gume des Ă©tals des marchĂ©s algĂ©riens. Le sachet de lait a disparu quelque temps des magasins. Son prix devait augmenter. L'Etat est intervenu. Cela n'a pas suffi. La poudre de lait a encore fait des siennes sur le marchĂ© international. Elle a atteint les 4000 dollars la tonne. On parle maintenant de 6000 dollars. Les transformateurs de la poudre de lait menacent de cesser leur production. Le prix du sachet de lait restera Ă 25DA. Fin du dernier acte. Fin du psychodrame. Les AlgĂ©riens assistent Ă une querelle de spĂ©cialistes. RĂ©voltĂ©s mais impuissants. Les producteurs de lait dĂ©fendent leurs intĂ©rĂȘts. Les pouvoirs publics, le gouvernement sont censĂ©s prĂ©server le pouvoir d'achat des citoyens. Entre eux, le courant ne semble pas vouloir passer. Et la sociĂ©tĂ© civile, que fait-elle? En AlgĂ©rie, lorsque l'on parle de sociĂ©tĂ© civile, on dĂ©signe toutes ces organisations et associations infĂ©odĂ©es aux partis politiques. Faut-il donc ĂȘtre surpris lorsque les formations politiques qui abordent du bout des lĂšvres le sujet finissent par dĂ©signer l'action gouvernementale? Les responsables des dĂ©partements concernĂ©s furent les premiĂšres cibles. Le problĂšme fut personnalisĂ© Ă l'extrĂȘme. El-Hachemi DjaĂąboub, ministre du Commerce, et SaĂŻd Barkat, ministre de l'Agriculture, ont dĂ» faire face Ă une salve de qualificatifs sans prĂ©cĂ©dent. Mauvaise gestion, incompĂ©tence...De quoi rendre paranoĂŻaques nos deux responsables. DiabolisĂ©s, dĂ©signĂ©s du doigt, ils se sont renvoyĂ© la balle. Les dĂ©partements chargĂ©s de gĂ©rer cette flambĂ©e des prix sans prĂ©cĂ©dent sont-ils dotĂ©s d'instruments de contrĂŽle et de rĂ©gulation efficaces? ThĂ©oriquement, oui. Sur le terrain, le citoyen n'en rĂ©colte pas les fruits. Les opĂ©rations de contrĂŽle ne s'ensuivent d'aucun effet. Que se passe-il alors? Les citoyens se posent la question. Ils la ressassent mĂȘme. Ils ne comprennent rien. On a l'impression que tout marche sur la tĂȘte. On se sent seul. DĂ©sarmĂ©. Sans protection. La faute Ă qui? La spĂ©culation, la corruption? OĂč sont passĂ©s les pouvoirs publics, les mĂ©canismes de contrĂŽle et de rĂ©gulation des prix des produits de consommation? A qui s'adresser dans ces cas-lĂ ? A l'association de la protection des consommateurs? Elle n'existe que par le nom. FlambĂ©e des prix-Ă©rosion du pouvoir d'achat. Un couple infernal. Il a mis Ă mal le porte-monnaie de la mĂ©nagĂšre. L'Ă©quipe gouvernementale l'a pris en plein figure. Il s'est abattu sur elle tel un assommoir. En termes de gestion prĂ©visionnelle, elle s'est illustrĂ©e de façon magistrale. Un bien piĂštre Ă©lĂšve qui n'a pas intĂ©grĂ© les rudiments de l'Ă©conomie de marchĂ©. Dans les pays solidement prĂ©parĂ©s Ă ce genre d'inconvĂ©nients, il existe des mĂ©canismes qui se mettent en branle afin de juguler les rĂ©percussions d'une Ă©ventuelle crise. L'AlgĂ©rie, qui importe Ă tour de bras, aurait dĂ» ĂȘtre sur le qui-vive. La crise alimentaire est une menace permanente. Elle guette. Elle peut ressurgir Ă tout moment. Faut-il soigner? Faut-il amputer? Le gouvernement regorge de ministres au titre ronflant de docteur. Docteur, un tel ministre de... Alors chiche! Qu'on le prouve sur le terrain. Leurs tentatives d'explications des origines de la crise n'ont pas convaincu le commun des mortels. Pendant ce temps-lĂ , le marasme continue. Il n'y a qu'Ă faire un tour au marchĂ©. N'importe lequel. La pomme de terre, par exemple. Elle est vendue sans ĂȘtre nettoyĂ©e. Pour 1 kilo de pomme de terre, on a droit Ă quelque 200 grammes de terre. Tout le monde le voit. Tout le monde le sait. Tout le monde l'achĂšte. Que faire? Se plaindre? A qui? Au marchand de lĂ©gumes? La rĂ©plique est toute prĂȘte: «C'est ça le marchĂ©, c'est Ă prendre oĂč Ă laisser.» Quelles perspectives dans pareil cas pour le consommateur? L'Ă©conomie de marchĂ© en AlgĂ©rie est synonyme de faune. Une faune oĂč rĂšgnent des hyĂšnes qui sucent quotidiennement le sang des AlgĂ©riens. Il faut bien que ces derniers arrivent un jour Ă prendre en charge les problĂšmes qui leur sont posĂ©s par de telles conjonctures. Mohamed TOUATI | |