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À Mascara, plusieurs militants du hirak ont été arrêtés, ce jeudi 12 décembre. Au chef-lieu de la wilaya, les activistes du mouvement populaire n’ont pas pu se rassembler à la place Émir Abdelkader, en plein centre-ville de Mascara, pour manifester contre la tenue des élections ...
La ville a été quadrillée , bien avant l'entame l'ouverture des bureaux de vote, protégés par des forces de l'ordre. Et les électeurs qui ne semblaient pas pressés d'aller mettre leurs bulletins dans les urnes.
Les arrestations se sont poursuivies, ce jeudi 12 décembre 2019, à Sidi Bel Abbès, quelques heures après l’ouverture des bureaux de vote pour l’élection présidentielle.
Cinq candidats briguent le siège de la présidence : Une élection sous tension
(Photo : Lyès Hebbache)
L’élection présidentielle prévue aujourd’hui se déroulera dans un contexte très particulier puisque l’échéance est rejetée par beaucoup d’Algériens depuis plusieurs semaines déjà.
Et la contestation s’est accentuée ces derniers jours avec l’approche de l’échéance. Hier encore, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, dont la capitale. Dans l’immigration, des rassemblements sont organisés au niveau des consulats depuis l’entame, samedi dernier, de l’opération de vote de la communauté algérienne à l’étranger.
Une situation plutôt tendue qui fait naître des craintes chez beaucoup d’Algériens par rapport à la journée d’aujourd’hui. D’où tous les appels au calme et au maintien du caractère pacifique des manifestations, lancés par nombre de personnalités et de partis politiques.
Le sentiment de défiance de beaucoup d’Algériens et de la totalité des partis politiques de l’opposition vient du fait que le pouvoir en place a refusé, dès le départ, de faire des concessions par rapport à nombre de revendications, comme pour ce qui est du départ du chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et de son Premier ministre, Nourredine Bedoui – ce dernier nommé d’ailleurs par Abdelaziz Bouteflika juste avant sa démission.
Ceci, alors que certaines formations politiques – celles regroupés principalement au sein du Pacte de l’alternative démocratique (PAD) – plaident carrément pour un processus constituant. Ainsi, en plus du maintien de ces deux «symboles» de l’ancien système, la manière avec laquelle a été constitué le panel du dialogue, présidé par Karim Younès, et par la suite l’Autorité nationale indépendantes des élections (ANIE), confiée à l’ancien ministre de la Justice Mohamed Chorfi, ainsi que leurs composantes, ont creusé davantage le fossé.
Deux présidentielles déjà annulées
Il est sans rappeler qu’après l’annulation de la présidentielle du 18 avril, qui allait, si ce n’était la mobilisation citoyenne, consacrer le 5e mandat de Bouteflika – ce dernier ayant démissionné le 2 avril après six semaines de manifestations – le pouvoir en place avait tenté d’organiser une première fois une présidentielle dont la date avait été fixé au 4 juillet. Mais cette dernière a été annulée faute de candidat, le Conseil constitutionnel ayant invalidé les dossiers de deux inconnus. Un processus voué à l’échec dès son lancement puisque la «conférence nationale» qu’avait tenté d’organiser Bensalah a été un échec.
Devant mettre en place l’instance des élections, la rencontre, programmée le 22 avril, avait été boudée par la quasi-totalité des partis politiques, y compris ceux de l’ex-alliance présidentielle. Même le chef de l’Etat par intérim avait fait finalement l’impasse. C’est ce qui a fait que le rendez-vous a été tout simplement annulé.
Mais alors que les uns et les autres s’attendaient à la mise en place d’une transition ou d’un processus constituant, chacun selon ses objectifs, d’autant plus que l’intérim de Bensalah devait prendre fin le 9 juillet, le Conseil constitutionnel décidait de proroger son mandat «jusqu’à l’élection d’un président de la République». Finalement, le pouvoir en place n’entend pas faire la moindre concession par rapport aux revendications populaires.
Installation du Panel de Younès et de l’ANIE de Chorfi
Durant le mois d’août, le panel de dialogue et de médiation, dont le coordinateur est Karim Younes, est installé. Les partis de l’opposition refusent de recevoir ses membres. Mais cela ne l’empêche en rien d’établir un rapport dans lequel il adopte la feuille de route du pouvoir en place, mais aussi son calendrier. La remise du rapport s’est faite le 8 septembre, cinq jours après que le chef de l’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, ait «suggéré» la convocation du corps électoral pour le 15 septembre.
C’est ce qui s’est fait. D’où cette date du 12 décembre pour la tenue de la présidentielle. Et c’est ce même jour (15 septembre) que Mohamed Charfi a été «élu» président de l’Autorité nationale indépendante des élections.
Entre-temps, la contestation se poursuit et la mobilisation devient même de plus en plus importante, après la baisse constatée durant l’été. Mais le processus poursuit son court.
Début novembre, l’ANIE valide cinq dossiers de candidature sur 23 déposés. Il s’agit du président du front El Moustakbel, Abdelaziz Belaïd, du président de Talaie El Hourriyet, Ali Benflis, du président du mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina, de l’ancien Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, et du secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Azzedine Mihoubi.
Et au fur et à mesure que l’élection approche, les rassemblements de rejets de l’élection se font de plus en plus nombreux, notamment en marge des meetings organisés par les candidats. En face, les organisations inféodées au pouvoir en place tentent d’organiser des marches «pro-élection» au niveau de certaines villes du pays.
Le 30 novembre dernier, l’UGTA a organisé une manifestation à Alger pour dénoncer la résolution sur l’Algérie adoptée par le Parlement européen, mais aussi soutenir le processus électoral. La marche ne draine pas les grandes foules, comparativement avec celles des mardis et des vendredis, mais elle est largement médiatisée, tout comme bien évidemment les autres rassemblements de soutien à la présidentielle. Ce qui n’empêchera pas le président de l’ANIE, Mohamed Charfi, d’affirmer, le 6 décembre dernier, que «les manifestants pro-élection sont plus nombreux que ceux qui s’y opposent».
C’est dans ce tumulte politique que se tiendra, aujourd’hui, l’élection présidentielle. Qu’en sera-t-il, alors que beaucoup d’Algériens promettent de sortir manifester en ce jour ? Il est clair que cette présidentielle ne se déroulera pas dans un contexte normal, même si différents officiels affirment le contraire. D’où la multiplication des appels de personnalités et de partis politiques pour le maintien du caractère pacifique du hirak.
La journée d’aujourd’hui sera certainement longue et tendue…
Les arrestations se sont poursuivies, ce jeudi 12 décembre 2019, à Sidi Bel Abbès, quelques heures après l’ouverture des bureaux de vote pour l’élection présidentielle.
Selon de nombreux témoignages, six personnes ont été interpellés, vers midi, non loin du théâtre régional de Sidi Bel Abbès alors que d’autres ont été sommées par des policiers en civil de s’éloigner de la place du 1e Novembre (ex-Carnot) sous peine d’être embarquées.
Un dispositif policier imposant a été mis en place, tôt dans la matinée, aux alentours de la place ex-Carnot, a-t-on constaté. Le rassemblement prévu dans la matinée par des activistes du hirak n’a pu avoir lieu face au déploiement d’agents en civil, d’éléments de la Brigade d’intervention (BRI) et de la police antiémeute. « Des descentes de police ont même été opérées dans les cafés du centre-ville », indique un jeune militant associatif.
Des activistes du hirak ont été intimidés et sommés de quitter les lieux.» La police a, pour rappel, procédé à des dizaines d’arrestations depuis mardi et opté pour une démarche répressive à l’encontre des manifestants pacifiques à Sidi Bel Abbès.
Ce matin, dans les bureaux de vote, le scrutin s’est déroulé sans aucun incident. L’autorité indépendante des élections (ANIE) a annoncé un taux de participation de 15% à 11h.
Interdiction de manifester et interpellations d’activistes du hirak par des policiers en civil
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La mobilisation de plus en plus renforcée (Photo : Sami K)
Le décor de l’Algérie post-22 février 2019 ne risque pas de changer pas après cette présidentielle contestée. Le mouvement populaire en cours, depuis 10 mois, n’est pas prêt de céder face au passage en force du pouvoir en place.
Les Algériens qui accentuent les manifestations pour faire barrage au scrutin présidentiel d’aujourd’hui, 12 décembre, se montrent déterminés à poursuivre cette révolution pacifique jusqu’à la réalisation de l’idéal rêvé : l’instauration d’une nouvelle Algérie démocratique. Une aspiration qui ne se réalisera pas, selon eux, avec une «mascarade électorale» imposée pour reconstituer un système en faillite qui risque d’entraîner dans son sillage l’Etat et le pays. Dans l’esprit du hirak qui se poursuit malgré la répression, la désinformation et la propagande, le nouveau cap est déjà fixé. C’est le vendredi 13. Ou peut-être le jour même de l’élection.
Les manifestations organisées hier à Alger et dans de nombreuses villes du pays sont déjà un prélude d’un nouveau départ pour cette révolution pacifique. Les milliers de partisans du mouvement populaire veulent déjà faire du jour de l’annonce des résultats de cette joute électorale qui se déroulera à huis clos le début de la disqualification de ce processus imposé contre la volonté populaire. Ils veulent aussi annoncer leur rejet de celui qui sortira des urnes de l’illégitimité. De nombreux appels à poursuivre la lutte sont déjà lancés.
A commencer par le groupe des 19 personnalités et intellectuels qui ont rendu publique, avant-hier, une déclaration adressée aux Algériens. En effet, les signataires, dont Ali Yahia Abdennour, Taleb Ibrahimi, Ali Benmohamed, Abdelaziz Rahabi, Mustapha Bouchachi, Noureddine Benissad, Arezki Ferrad, Hadi Hassani, Nacer Djabi et Abdelghani Badi, invitent «les partisans du hirak à considérer le rendez-vous du 12 décembre comme une étape parmi d’autres qu’il faut traverser avec succès pour préserver leurs pacifisme après cette date».
D’autres appels invitent également les Algériens à sortir massivement ce vendredi pour exprimer le refus de l’élection et de ses résultats. C’est le cas du Pacte de l’alternative démocratique (PAD) qui, tout en appelant au rejet du scrutin d’aujourd’hui, exhorte aussi le mouvement populaire à rester mobilisé pour déjouer tous les plans du régime en place.
Les Algériens, prédit pour sa part le président du RCD, Mohcine Belabbas, lors de son passage, mardi soir, sur le plateau de Berbère TV, «ne vont pas rentrer chez eux après le 12 décembre». «Les Algériens ont compris que plus on avance dans le temps, plus il faut aller vers d’autres actions de pression sur le pouvoir en place (…) Ils sont en train de dire au pouvoir en place qu’ils ne s’arrêteront pas après ce scrutin. Le peuple algérien est conscient qu’il est nécessaire de tout reconstruire, car on a eu un faux départ dès 1962», souligne-t-il.
En tout cas, la résistance du mouvement citoyen à tous les coups de boutoir du régime, durant 10 mois, confirme qu’il s’inscrit dans la durée. La crise politique ne se règle pas avec un coup de force contre la volonté populaire.
Le mouvement populaire s’inscrit déjà dans l’après 12 décembre : Le Hirak déterminé à maintenir la mobilisation
Des personnalités, des hommes politiques, des intellectuels et des militants multiplient, depuis quelques jours, des appels au calme et à la vigilance face au coup de force électoral du pouvoir en place.
Tout en réitérant leur soutien au mouvement populaire qui rejette massivement le scrutin de demain, 12 décembre, les signataires de ces appels soulignent la nécessité de maintenir le caractère pacifique du hirak pour déjouer toutes les manœuvres du pouvoir en place.
Le dernier appel en date a été lancé, hier, par un groupe de 19 personnalités et intellectuels. Dans une déclaration signée, entre autres, par Ali Yahia Abdennour, Taleb Ibrahimi, Ali Benmohamed, Abdelaziz Rahabi, Mustapha Bouchachi, Noureddine Benissad, Arezki Ferrad, Hadi Hassani, Nacer Djabi et Abdelghani Badi, le groupe appelle les «partisans du hirak à considérer le rendez-vous du 12 décembre comme une étape parmi d’autres qu’il faut traverser avec succès pour préserver leur pacifisme après cette date».
Il invite aussi les tenants du pouvoir «à renoncer aux discours provocateurs, à l’usage du langage de la menace et à cesser d’accuser de trahison tout citoyen porteur d’opinion contraire à celle du pouvoir, dans la recherche d’une sortie de crise». «Nous le (le pouvoir) rendons responsable de tout dérapage éventuel dans les jours à venir», expliquent les signataires de cet appel.
Un autre groupe de militants a également lancé, avant-hier, un «appel à la vigilance» adressé à tous les Algériens. «Depuis 42 semaines, des millions de citoyen(e)s de tout âge et de toute catégorie sociale, dans un bloc unitaire qui relève du miracle comme seules les grandes révolutions savent en produire, se sont engagés dans une confrontation extrêmement dure avec le commandement de l’armée qui refuse de céder la souveraineté nationale à son dépositaire légitime», soulignent les signataires, dont Saïd Khelil, Arezki About, Nacer Haddad et Tarek Mira.
Ces derniers dénoncent, dans la foulée, les manœuvres du pouvoir de fait «qui ne se reconnaît aucune limite». «Au-delà de la reprise en main violente du champ politique et de tous les espaces d’expression, la diabolisation de toutes les formes d’intermédiation, il n’hésite pas à mettre en péril l’unité nationale par la manipulation de la question amazighe, pourtant constitutionnellement réglée, à mettre à terre la symbolique de Novembre par l’emprisonnement de l’une de ses dernières figures emblématiques et à brader les richesses nationales au profit des puissances étrangères», lit-on dans cette déclaration.
Selon les signataires «ce n’est pas un simulacre, une parodie électorale déjà mise à nue par notre diaspora (…), qui va perturber le cours pacifique de la révolution». «Nous refusons la violence. Nous invitons les Algériennes et les Algériens à faire preuve de vigilance et de sérénité. Nous exhortons le peuple révolutionnaire à déjouer toutes les manœuvres et conspirations qui consistent à engager la jeunesse dans une logique de violence et de chaos», soulignent-ils, en appelant les Algériens à sortir massivement le vendredi 13 décembre pour disqualifier cette «parodie électorale».
Des partis politiques, des associations et des personnalités ont également lancé un autre appel au rejet massif de la présidentielle, tout en maintenant le caractère pacifique de la mobilisation populaire.
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Appels à préserver le caractère pacifique du hirak : Le devoir de vigilance
La 42éme marche des étudiants à Sidi Bel Abbès a été violemment réprimée, ce mardi 10 décembre 2019, par la police qui a procédé à plusieurs interpellations musclées à hauteur du Boulevard Mohamed V, en plein centre-ville.
De manière inhabituelle, les services de sécurité ont renforcé leur dispositif, mis en place tôt dans la matinée, pour empêcher les étudiants de rejoindre la place du 1e Novembre (ex-Carnot) où s’étaient rassemblées quelques dizaines de manifestants pro-élection. « Nous avons été bloqués par les forces antiémeutes avant d’arriver au monument aux morts, en face du siège de la wilaya », témoigne un étudiant bastonné par des policiers.
Une interdiction formelle d’avancer leur a été signifié par des officiers de police, vers midi, avant que ne soit donné l’ordre de charger les manifestants pacifique. S’ensuit alors une pluie de coups de poings et coups de pieds au milieu des cris de femmes et de jeunes étudiantes en larmes. « Nous avons été violemment chargés, sans distinction aucune. Des jeunes filles et des femmes ont été malmenées par des policiers », ajoute notre interlocuteur. On signale des interpellations parmi les étudiants dont cinq ont été conduits au commissariat du 3eme arrondissement.
Les manifestants ont finalement été obligés de rebrousser chemin vers la faculté des sciences (site 1), d’où la marche s’est ébranlée. Au même moment, devant le théâtre régional de Sidi Bel Abbès, d’autres manifestants sont arrêtés et embarqués avec violence dans les fourgons et véhicules de police, a-t-on constaté. « Jamais la police n’a agi de la sorte depuis le début des manifestations pacifiques. Les policiers ont reçu l’ordre de réprimer et d’embarquer toute personne soupçonnée d’être un activiste du hirak », témoigne Mustapha, enseignant universitaire.
« C’est scandaleux. La police a réprimé des citoyens qui exprimaient pacifiquement leur refus de la mascarade électorale », nous déclare un avocat qui a assisté aux interpellations opérées aux alentours de la place ex-Carnot. Selon lui, des responsables de la police ont prétexté vouloir éviter la confrontation entre pro-élection et étudiants pour justifier le recours à la force.
Pourtant, le rassemblement de soutien à l’élection présidentielle du 12 décembre organisée par l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) avait pris fin vers 11h30 et n’avait réuni qu’une poignée de personnes, sous haute protection policière. « L’organisation d’une contre manifestation le mardi pour empêcher les étudiants de marcher constitue un grave dérapage », estiment de nombreux citoyens qui dénoncent le climat de tension et de haine entretenu, à la veille de l’élection présidentielle, par des organisations proches du pouvoir.
La 42éme marche des étudiants à Sidi Bel Abbès a été violemment réprimée, ce mardi 10 décembre 2019, par la police qui a procédé à plusieurs interpellations musclées à hauteur du Boulevard Mohamed V, en plein centre-ville.
De manière inhabituelle, les services de sécurité ont renforcé leur dispositif, mis en place tôt dans la matinée, pour empêcher les étudiants de rejoindre la place du 1e Novembre (ex-Carnot) où s’étaient rassemblées quelques dizaines de manifestants pro-élection. « Nous avons été bloqués par les forces antiémeutes avant d’arriver au monument aux morts, en face du siège de la wilaya », témoigne un étudiant bastonné par des policiers.
Une interdiction formelle d’avancer leur a été signifié par des officiers de police, vers midi, avant que ne soit donné l’ordre de charger les manifestants pacifique. S’ensuit alors une pluie de coups de poings et coups de pieds au milieu des cris de femmes et de jeunes étudiantes en larmes. « Nous avons été violemment chargés, sans distinction aucune. Des jeunes filles et des femmes ont été malmenés par des policiers », ajoute notre interlocuteur. On signale des interpellations parmi les étudiants dont cinq ont été conduits au commissariat du 3eme arrondissement.
Les manifestants ont finalement été obligés de rebrousser chemin vers la faculté des sciences (site 1), d’où la marche s’est ébranlée. Au même moment, devant le théâtre régional de Sidi Bel Abbès, d’autres manifestants sont arrêtés et embarqués avec violence dans les fourgons et véhicules de police, a-t-on constaté. « Jamais la police n’a agi de la sorte depuis le début des manifestations pacifiques. Les policiers ont reçu l’ordre de réprimer et d’embarquer toute personne soupçonnée d’être un activiste du hirak », témoigne Mustapha, enseignant universitaire.
« C’est scandaleux. La police a réprimé des citoyens qui exprimaient pacifiquement leur refus de la mascarade électorale », nous déclare un avocat qui a assisté aux interpellations opérées aux alentours de la place ex-Carnot. Selon lui, des responsables de la police ont prétexté vouloir éviter la confrontation entre pro-élection et étudiants pour justifier le recours à la force.
Pourtant, le rassemblement de soutien à l’élection présidentielle du 12 décembre organisée par l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) avait pris fin vers 11h30 et n’avait réuni qu’une poignée de personnes, sous haute protection policière. « L’organisation d’une contre manifestation le mardi pour empêcher les étudiants de marcher constitue un grave dérapage », estiment de nombreux citoyens qui dénoncent le climat de tension et de haine entretenu, à la veille de l’élection présidentielle, par des organisations proches du pouvoir.
Journal d'information du 19H: 07-12-2019 Canal Algérie
Dimanche 08 Décembre 2019
Algérie : Le peuple accentue la pression sur le pouvoir
Journal d'information du 19H: 07-12-2019 Canal Algérie
Vingt années à la présidence algérienne en annihilant toute tentative d’opposition : Abdelaziz Bouteflika aura vécu un règne sans ombrage, capitalisant sur son image de faiseur de paix après la « décennie noire ». Dès son arrivée au pouvoir, en 1999, le président a fait de la fin de la guerre civile une priorité, imposant les conditions de la paix aux Algériens, sans parvenir à instaurer la réconciliation.
Très vite, Abdelaziz Bouteflika a profité de l’envolée des prix du pétrole. Pendant que le pays s’embourbait dans l’économie de rente, la présidence s’enfonçait dans la corruption et l’autoritarisme. Charlotte Bozonnet, rédactrice en chef adjointe du Monde Afrique et spécialiste du Maghreb, analyse ces vingt années de règne et les défis à venir.
Manifestation pour protester contre l’élection présidentielle à venir,
à Alger, le 6 décembre. TOUFIK DOUDOU / AP
Deux Algérie se sont à nouveau fait face vendredi 6 décembre. La première, contestataire, a déferlé dans les rues pour exprimer son refus de l’élection présidentielle à venir ; la seconde a occupé les écrans des télévisions lors du débat qui a opposé les cinq candidats en lice pour le premier tour, prévu jeudi 12 décembre.
Côté rue, les Algérois ont marqué le 41e et dernier vendredi de manifestations avant le scrutin en emplissant les artères de la capitale. Impossible à évaluer, la foule, immense, semblait comparable à celle du 1er novembre – lorsque la marche avait coïncidé avec le 65e anniversaire du début de la guerre d’indépendance – et à celles des plus grands rassemblements de mars, avril et mai.
BENFLIS AFFIRME : "L’Algérie s'achemine vers une sortie de crise"
Le candidat à la présidentielle du 12 décembre, Ali Benflis a affirmé, samedi à Batna, que "l'Algérie s'achemine vers une sortie de crise", estimant que ses positions "dérangent des parties étrangères connues" qui le "ciblent".
Lors d'un meeting populaire animé à la salle omnisports de Batna, au 21ème et avant dernier jour de la campagne électorale, le candidat du parti Talaie el Hourriyet a indiqué que "l'Algérie s'achemine vers une sortie de crise, grâce à l'élection du 12 décembre", se disant "porteur d'un projet d'espoir rassembleur de tous les Algériens, tout en respectant les opinions opposées et en bannissant les discours violents qui n'aboutissent à aucun projet politique". Commentant l'arrestation de l'un des "proches de sa campagne électrode" pour "intelligence avec des parties étrangères", Benflis a déclaré "mes positions, ma détermination à lutter contre la corruption et ma fidélité au serment des chouhada dérangent des parties connues à l'étranger qui me ciblent", précisant que la direction de sa campagne électorale "compte des personnes intègres et d'autres qui veulent comploter contre ma personne, mais ils ne réussiront jamais, car ma maison qui est de verre ne connait point de corruption". Pour le prétendant à la magistrature suprême, être la cible de ces parties "signifie que les coups qu'il porte à la corruption et aux corrompus sont douloureux", estimant que "toute lutte est faite de sang, de sacrifice et abnégation". Apres avoir dit "choisir le parti du peuple", le candidat de Talaie el Hourriyet s'est rendu dans 35 wilayas pour gagner sa confiance, car le peuple est souverain de l'accorder" à qui il veut. Rappelant avoir mis en garde, après la présidentielle de 2014, contre "des parties étrangères en Algérie, alliées à des forces anticonstitutionnelles aspirant à ébranler l'Etat national", le candidat Benflis a salué "la mise en échec, par le peuple, de ce plan, le 22 février dernier, et l'accompagnement par l'armée du processus de recouvrement de la souveraineté nationale et de consolidation du front interne". Pour le candidat, le Front interne "se renforce grâce à l'organisation du peuple, à son attachement à la souveraineté et à la pratique d'une véritable citoyenneté, ainsi que grâce à l'accompagnement du Hirak par l'Armée nationale populaire (ANP), qui a fait tomber la bande", ajoutant que "quiconque visant à attenter à l'unité nationale et aux symboles de l'Etat, devra d'abord faire face au peuple et à l'ANP".
Ismain
Dimanche 8 Décembre 2019 - 15:50
Pourquoi je ne voterai pas à l’élection présidentielle du 12 décembre
Monsieur le chef d’état-major, monsieur le chef de l’État de fait, monsieur le Premier ministre de fait,
Il y a quelques années, j’avais écrit une lettre ouverte au chef de l’Etat de l’époque, Chadli Bendjedid, expliquant pourquoi je n’avais pas voté lors de l’élection présidentielle du 3 novembre 1988. Dans ce texte publié dans la presse algérienne, je développais l’argument que vivre en République imposait un contrat minimal de confiance entre le pouvoir et le citoyen et que l’application effective de ce contrat se mesurait au degré de contrainte que la Constitution exerçait sur toutes les activités de l’Etat, en particulier dans le domaine extrêmement sensible du face-à-face entre le simpleindividu et l’appareiljudiciaire et répressif du pays.
A l’époque, la raison essentielle de mon geste était la constatation, insupportable, que les appareils de répression tant militaires que policiers avaient pu, lors des événements d’Octobre 1988, tuer et torturer des citoyens, sans qu’aucun des coupables nommément mis en cause ne soit le moins du monde inquiété ni par les autorités politiques ni, encore moins, par les juges, pourtant défenseurs en dernier recours du droit et de la justice.
Quelque trente ans après, les choses donnent l’impression d’avoir empiré : les autorités de fait, illégitimes du point de vue constitutionnel, emprisonnent à tour de bras des manifestants simplement coupablesd’avoir clamé haut et fort leur soif de dignité, invoquant contre eux des accusations surréalistes d’atteinte à l’unité du pays, au moral des forces armées, d’appels à attroupement et autres fariboles. Il s’est trouvé malheureusement de trop nombreux juges dont la main et la conscience n’ont pas tremblé de honte à l’instant de ratifier ces atteintes scandaleuses au droit des gens par des peines fermes !
Jamais le mépris pour l’intelligence des Algériens n’est allé aussi loin : il suffit, par exemple, d’allumer la télévision officielle algérienne pour voir s’afficher sans la moindre vergogne lemensonge d’Etat dans sa hideur la plus détestable : toute l’effervescence admirable du peuple algérien qui, depuis le mois de février dernier, entend recouvrer pacifiquement son indépendance politique est purement et simplement niée. Le culte de la personnalité qui s’y installe envers le patron de fait des centres de décision atteint des sommets caricaturaux de larbinisme et de lâcheté, faisant naître en chaque Algérien un profond sentiment de dégoût devant une telle déchéance du métier d’informer dans notre pays !
En ce qui me concerne personnellement, je ne saurais me résoudre à aller voter le 12 décembre dans ces conditions absolument contradictoires avec le principe même de déposer librement un bulletin pour un candidat librement choisi : ce serait accepter l’argument insultant pour les descendants de ceux qui se sont battus pour l’indépendance de l’Algérie que la liberté de penser et de manifester, pourtant inscrite dans la Constitution, ne serait qu’une mascarade pour un pays comme le nôtre, qu’une «décoration» textuelle destinée uniquement à la propagande extérieure, que les Algériens ne seraient que des «indigènes» encore colonisés, incapables par nature de bénéficier des droits et des devoirs politiques des citoyens des pays dits «civilisés» !
Voilà pourquoi je ne participerai pas à l’élection présidentielle du 12 décembre : voter dans ces conditions serait trahir ceux qui croupissent injustement en prison et un acquiescement résigné à l’humiliation.
Il est encore temps, peut-être, pour le pouvoir de fait – «les puissants du moment»… – de revenir à la raison et de respecter enfin la volonté souveraine de son propre peuple. Je l’espère de tout cœur : trop de temps, en effet, a été perdu, douloureusement le plus souvent, depuis le 5 juillet 1962.
Journal d'information du 19H: 07-12-2019 Canal Algérie
Dimanche 08 Décembre 2019
Algérie : Le peuple accentue la pression sur le pouvoir
Journal d'information du 19H: 07-12-2019 Canal Algérie
Vingt années à la présidence algérienne en annihilant toute tentative d’opposition : Abdelaziz Bouteflika aura vécu un règne sans ombrage, capitalisant sur son image de faiseur de paix après la « décennie noire ». Dès son arrivée au pouvoir, en 1999, le président a fait de la fin de la guerre civile une priorité, imposant les conditions de la paix aux Algériens, sans parvenir à instaurer la réconciliation.
Très vite, Abdelaziz Bouteflika a profité de l’envolée des prix du pétrole. Pendant que le pays s’embourbait dans l’économie de rente, la présidence s’enfonçait dans la corruption et l’autoritarisme. Charlotte Bozonnet, rédactrice en chef adjointe du Monde Afrique et spécialiste du Maghreb, analyse ces vingt années de règne et les défis à venir.
Manifestation pour protester contre l’élection présidentielle à venir,
à Alger, le 6 décembre. TOUFIK DOUDOU / AP
Deux Algérie se sont à nouveau fait face vendredi 6 décembre. La première, contestataire, a déferlé dans les rues pour exprimer son refus de l’élection présidentielle à venir ; la seconde a occupé les écrans des télévisions lors du débat qui a opposé les cinq candidats en lice pour le premier tour, prévu jeudi 12 décembre.
Côté rue, les Algérois ont marqué le 41e et dernier vendredi de manifestations avant le scrutin en emplissant les artères de la capitale. Impossible à évaluer, la foule, immense, semblait comparable à celle du 1er novembre – lorsque la marche avait coïncidé avec le 65e anniversaire du début de la guerre d’indépendance – et à celles des plus grands rassemblements de mars, avril et mai.
BENFLIS AFFIRME : "L’Algérie s'achemine vers une sortie de crise"
Le candidat à la présidentielle du 12 décembre, Ali Benflis a affirmé, samedi à Batna, que "l'Algérie s'achemine vers une sortie de crise", estimant que ses positions "dérangent des parties étrangères connues" qui le "ciblent".
Lors d'un meeting populaire animé à la salle omnisports de Batna, au 21ème et avant dernier jour de la campagne électorale, le candidat du parti Talaie el Hourriyet a indiqué que "l'Algérie s'achemine vers une sortie de crise, grâce à l'élection du 12 décembre", se disant "porteur d'un projet d'espoir rassembleur de tous les Algériens, tout en respectant les opinions opposées et en bannissant les discours violents qui n'aboutissent à aucun projet politique". Commentant l'arrestation de l'un des "proches de sa campagne électrode" pour "intelligence avec des parties étrangères", Benflis a déclaré "mes positions, ma détermination à lutter contre la corruption et ma fidélité au serment des chouhada dérangent des parties connues à l'étranger qui me ciblent", précisant que la direction de sa campagne électorale "compte des personnes intègres et d'autres qui veulent comploter contre ma personne, mais ils ne réussiront jamais, car ma maison qui est de verre ne connait point de corruption". Pour le prétendant à la magistrature suprême, être la cible de ces parties "signifie que les coups qu'il porte à la corruption et aux corrompus sont douloureux", estimant que "toute lutte est faite de sang, de sacrifice et abnégation". Apres avoir dit "choisir le parti du peuple", le candidat de Talaie el Hourriyet s'est rendu dans 35 wilayas pour gagner sa confiance, car le peuple est souverain de l'accorder" à qui il veut. Rappelant avoir mis en garde, après la présidentielle de 2014, contre "des parties étrangères en Algérie, alliées à des forces anticonstitutionnelles aspirant à ébranler l'Etat national", le candidat Benflis a salué "la mise en échec, par le peuple, de ce plan, le 22 février dernier, et l'accompagnement par l'armée du processus de recouvrement de la souveraineté nationale et de consolidation du front interne". Pour le candidat, le Front interne "se renforce grâce à l'organisation du peuple, à son attachement à la souveraineté et à la pratique d'une véritable citoyenneté, ainsi que grâce à l'accompagnement du Hirak par l'Armée nationale populaire (ANP), qui a fait tomber la bande", ajoutant que "quiconque visant à attenter à l'unité nationale et aux symboles de l'Etat, devra d'abord faire face au peuple et à l'ANP".
Ismain
Dimanche 8 Décembre 2019 - 15:50
Pourquoi je ne voterai pas à l’élection présidentielle du 12 décembre
Monsieur le chef d’état-major, monsieur le chef de l’État de fait, monsieur le Premier ministre de fait,
Il y a quelques années, j’avais écrit une lettre ouverte au chef de l’Etat de l’époque, Chadli Bendjedid, expliquant pourquoi je n’avais pas voté lors de l’élection présidentielle du 3 novembre 1988. Dans ce texte publié dans la presse algérienne, je développais l’argument que vivre en République imposait un contrat minimal de confiance entre le pouvoir et le citoyen et que l’application effective de ce contrat se mesurait au degré de contrainte que la Constitution exerçait sur toutes les activités de l’Etat, en particulier dans le domaine extrêmement sensible du face-à-face entre le simpleindividu et l’appareiljudiciaire et répressif du pays.
A l’époque, la raison essentielle de mon geste était la constatation, insupportable, que les appareils de répression tant militaires que policiers avaient pu, lors des événements d’Octobre 1988, tuer et torturer des citoyens, sans qu’aucun des coupables nommément mis en cause ne soit le moins du monde inquiété ni par les autorités politiques ni, encore moins, par les juges, pourtant défenseurs en dernier recours du droit et de la justice.
Quelque trente ans après, les choses donnent l’impression d’avoir empiré : les autorités de fait, illégitimes du point de vue constitutionnel, emprisonnent à tour de bras des manifestants simplement coupablesd’avoir clamé haut et fort leur soif de dignité, invoquant contre eux des accusations surréalistes d’atteinte à l’unité du pays, au moral des forces armées, d’appels à attroupement et autres fariboles. Il s’est trouvé malheureusement de trop nombreux juges dont la main et la conscience n’ont pas tremblé de honte à l’instant de ratifier ces atteintes scandaleuses au droit des gens par des peines fermes !
Jamais le mépris pour l’intelligence des Algériens n’est allé aussi loin : il suffit, par exemple, d’allumer la télévision officielle algérienne pour voir s’afficher sans la moindre vergogne lemensonge d’Etat dans sa hideur la plus détestable : toute l’effervescence admirable du peuple algérien qui, depuis le mois de février dernier, entend recouvrer pacifiquement son indépendance politique est purement et simplement niée. Le culte de la personnalité qui s’y installe envers le patron de fait des centres de décision atteint des sommets caricaturaux de larbinisme et de lâcheté, faisant naître en chaque Algérien un profond sentiment de dégoût devant une telle déchéance du métier d’informer dans notre pays !
En ce qui me concerne personnellement, je ne saurais me résoudre à aller voter le 12 décembre dans ces conditions absolument contradictoires avec le principe même de déposer librement un bulletin pour un candidat librement choisi : ce serait accepter l’argument insultant pour les descendants de ceux qui se sont battus pour l’indépendance de l’Algérie que la liberté de penser et de manifester, pourtant inscrite dans la Constitution, ne serait qu’une mascarade pour un pays comme le nôtre, qu’une «décoration» textuelle destinée uniquement à la propagande extérieure, que les Algériens ne seraient que des «indigènes» encore colonisés, incapables par nature de bénéficier des droits et des devoirs politiques des citoyens des pays dits «civilisés» !
Voilà pourquoi je ne participerai pas à l’élection présidentielle du 12 décembre : voter dans ces conditions serait trahir ceux qui croupissent injustement en prison et un acquiescement résigné à l’humiliation.
Il est encore temps, peut-être, pour le pouvoir de fait – «les puissants du moment»… – de revenir à la raison et de respecter enfin la volonté souveraine de son propre peuple. Je l’espère de tout cœur : trop de temps, en effet, a été perdu, douloureusement le plus souvent, depuis le 5 juillet 1962.
Journal d'information du 19H: 07-12-2019 Canal Algérie
Dimanche 08 Décembre 2019
Algérie : Le peuple accentue la pression sur le pouvoir
Journal d'information du 19H: 07-12-2019 Canal Algérie
Vingt années à la présidence algérienne en annihilant toute tentative d’opposition : Abdelaziz Bouteflika aura vécu un règne sans ombrage, capitalisant sur son image de faiseur de paix après la « décennie noire ». Dès son arrivée au pouvoir, en 1999, le président a fait de la fin de la guerre civile une priorité, imposant les conditions de la paix aux Algériens, sans parvenir à instaurer la réconciliation.
Très vite, Abdelaziz Bouteflika a profité de l’envolée des prix du pétrole. Pendant que le pays s’embourbait dans l’économie de rente, la présidence s’enfonçait dans la corruption et l’autoritarisme. Charlotte Bozonnet, rédactrice en chef adjointe du Monde Afrique et spécialiste du Maghreb, analyse ces vingt années de règne et les défis à venir.
Manifestation pour protester contre l’élection présidentielle à venir,
à Alger, le 6 décembre. TOUFIK DOUDOU / AP
Deux Algérie se sont à nouveau fait face vendredi 6 décembre. La première, contestataire, a déferlé dans les rues pour exprimer son refus de l’élection présidentielle à venir ; la seconde a occupé les écrans des télévisions lors du débat qui a opposé les cinq candidats en lice pour le premier tour, prévu jeudi 12 décembre.
Côté rue, les Algérois ont marqué le 41e et dernier vendredi de manifestations avant le scrutin en emplissant les artères de la capitale. Impossible à évaluer, la foule, immense, semblait comparable à celle du 1er novembre – lorsque la marche avait coïncidé avec le 65e anniversaire du début de la guerre d’indépendance – et à celles des plus grands rassemblements de mars, avril et mai.
BENFLIS AFFIRME : "L’Algérie s'achemine vers une sortie de crise"
Le candidat à la présidentielle du 12 décembre, Ali Benflis a affirmé, samedi à Batna, que "l'Algérie s'achemine vers une sortie de crise", estimant que ses positions "dérangent des parties étrangères connues" qui le "ciblent".
Lors d'un meeting populaire animé à la salle omnisports de Batna, au 21ème et avant dernier jour de la campagne électorale, le candidat du parti Talaie el Hourriyet a indiqué que "l'Algérie s'achemine vers une sortie de crise, grâce à l'élection du 12 décembre", se disant "porteur d'un projet d'espoir rassembleur de tous les Algériens, tout en respectant les opinions opposées et en bannissant les discours violents qui n'aboutissent à aucun projet politique". Commentant l'arrestation de l'un des "proches de sa campagne électrode" pour "intelligence avec des parties étrangères", Benflis a déclaré "mes positions, ma détermination à lutter contre la corruption et ma fidélité au serment des chouhada dérangent des parties connues à l'étranger qui me ciblent", précisant que la direction de sa campagne électorale "compte des personnes intègres et d'autres qui veulent comploter contre ma personne, mais ils ne réussiront jamais, car ma maison qui est de verre ne connait point de corruption". Pour le prétendant à la magistrature suprême, être la cible de ces parties "signifie que les coups qu'il porte à la corruption et aux corrompus sont douloureux", estimant que "toute lutte est faite de sang, de sacrifice et abnégation". Apres avoir dit "choisir le parti du peuple", le candidat de Talaie el Hourriyet s'est rendu dans 35 wilayas pour gagner sa confiance, car le peuple est souverain de l'accorder" à qui il veut. Rappelant avoir mis en garde, après la présidentielle de 2014, contre "des parties étrangères en Algérie, alliées à des forces anticonstitutionnelles aspirant à ébranler l'Etat national", le candidat Benflis a salué "la mise en échec, par le peuple, de ce plan, le 22 février dernier, et l'accompagnement par l'armée du processus de recouvrement de la souveraineté nationale et de consolidation du front interne". Pour le candidat, le Front interne "se renforce grâce à l'organisation du peuple, à son attachement à la souveraineté et à la pratique d'une véritable citoyenneté, ainsi que grâce à l'accompagnement du Hirak par l'Armée nationale populaire (ANP), qui a fait tomber la bande", ajoutant que "quiconque visant à attenter à l'unité nationale et aux symboles de l'Etat, devra d'abord faire face au peuple et à l'ANP".
Ismain
Dimanche 8 Décembre 2019 - 15:50
Pourquoi je ne voterai pas à l’élection présidentielle du 12 décembre
Monsieur le chef d’état-major, monsieur le chef de l’État de fait, monsieur le Premier ministre de fait,
Il y a quelques années, j’avais écrit une lettre ouverte au chef de l’Etat de l’époque, Chadli Bendjedid, expliquant pourquoi je n’avais pas voté lors de l’élection présidentielle du 3 novembre 1988. Dans ce texte publié dans la presse algérienne, je développais l’argument que vivre en République imposait un contrat minimal de confiance entre le pouvoir et le citoyen et que l’application effective de ce contrat se mesurait au degré de contrainte que la Constitution exerçait sur toutes les activités de l’Etat, en particulier dans le domaine extrêmement sensible du face-à-face entre le simpleindividu et l’appareiljudiciaire et répressif du pays.
A l’époque, la raison essentielle de mon geste était la constatation, insupportable, que les appareils de répression tant militaires que policiers avaient pu, lors des événements d’Octobre 1988, tuer et torturer des citoyens, sans qu’aucun des coupables nommément mis en cause ne soit le moins du monde inquiété ni par les autorités politiques ni, encore moins, par les juges, pourtant défenseurs en dernier recours du droit et de la justice.
Quelque trente ans après, les choses donnent l’impression d’avoir empiré : les autorités de fait, illégitimes du point de vue constitutionnel, emprisonnent à tour de bras des manifestants simplement coupablesd’avoir clamé haut et fort leur soif de dignité, invoquant contre eux des accusations surréalistes d’atteinte à l’unité du pays, au moral des forces armées, d’appels à attroupement et autres fariboles. Il s’est trouvé malheureusement de trop nombreux juges dont la main et la conscience n’ont pas tremblé de honte à l’instant de ratifier ces atteintes scandaleuses au droit des gens par des peines fermes !
Jamais le mépris pour l’intelligence des Algériens n’est allé aussi loin : il suffit, par exemple, d’allumer la télévision officielle algérienne pour voir s’afficher sans la moindre vergogne lemensonge d’Etat dans sa hideur la plus détestable : toute l’effervescence admirable du peuple algérien qui, depuis le mois de février dernier, entend recouvrer pacifiquement son indépendance politique est purement et simplement niée. Le culte de la personnalité qui s’y installe envers le patron de fait des centres de décision atteint des sommets caricaturaux de larbinisme et de lâcheté, faisant naître en chaque Algérien un profond sentiment de dégoût devant une telle déchéance du métier d’informer dans notre pays !
En ce qui me concerne personnellement, je ne saurais me résoudre à aller voter le 12 décembre dans ces conditions absolument contradictoires avec le principe même de déposer librement un bulletin pour un candidat librement choisi : ce serait accepter l’argument insultant pour les descendants de ceux qui se sont battus pour l’indépendance de l’Algérie que la liberté de penser et de manifester, pourtant inscrite dans la Constitution, ne serait qu’une mascarade pour un pays comme le nôtre, qu’une «décoration» textuelle destinée uniquement à la propagande extérieure, que les Algériens ne seraient que des «indigènes» encore colonisés, incapables par nature de bénéficier des droits et des devoirs politiques des citoyens des pays dits «civilisés» !
Voilà pourquoi je ne participerai pas à l’élection présidentielle du 12 décembre : voter dans ces conditions serait trahir ceux qui croupissent injustement en prison et un acquiescement résigné à l’humiliation.
Il est encore temps, peut-être, pour le pouvoir de fait – «les puissants du moment»… – de revenir à la raison et de respecter enfin la volonté souveraine de son propre peuple. Je l’espère de tout cœur : trop de temps, en effet, a été perdu, douloureusement le plus souvent, depuis le 5 juillet 1962.