le 28.05.18 | 12h00
Le coup de starter sera donné aujourd’hui pour les épreuves du Brevet d’enseignement moyen qui concerne près de 600 000 candidats.
Les chiffres officiels indiquent que 599 846 élèves passeront les épreuves du BEM qui débutent aujourd’hui et dureront trois jours. Les épreuves, dont les résultats seront diffusés le 18 juin, concernent 11 matières, dont tamazight, faisant de cet examen «une session trop chargée», estime Nabil Ferguenis du Satef.
L’examen comporte 4 matières essentielles avec des coefficients élevés et le reste s’étale sur des épreuves d’une heure chacune. Un appel est d’ailleurs lancé pour l’allégement de cet examen en ne gardant que les matières essentielles et en prenant en compte l’évaluation continue pour les matières secondaires, préconise M. Ferguenis.
Actuellement, pour accéder en 1re année secondaire, la moyenne du passage est obtenue en additionnant la moyenne du BEM et celle de l’année scolaire, le tout divisé en deux. Selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Education nationale, 595 865 candidats sont inscrits pour cette session, soit 5,9% de plus qu’en 2017.
Les filles représentent 52,45% des candidats, répartis sur 2324 centres d’examen. L’encadrement de cette session compte 161 408 fonctionnaires et travailleurs. Le ministère de l’Education, qui a renforcé son dispositif antifraude depuis quelques années, a interdit, pour la session de 2018, l’accès aux délégations officielles des directions de l’éducation et autres responsables aux salles d’examen pour l’ouverture des enveloppes contenant les sujets.
Dans une publication sur ses comptes sociaux (Facebook et Tweeter), la ministre de l’Education a écrit : «Le lancement des examens scolaires nationaux enregistre des visites officielles aux centres d’examen pour superviser l’ouverture des enveloppes contenant les sujets des épreuves et donner le coup d’envoi, allant parfois jusqu’à l’inspection des classes, ce qui déstabilise les candidats et suscite un climat défavorable à un bon début de l’épreuve.» La ministre précise d’ailleurs que «de telles situations sont à même de détourner l’attention du chef du centre, au moment où il a le plus besoin d’être le plus concentré possible et sa vigilance sur les sujets conformément aux strictes exigences du guide de gestion du centre d’examen».
Cette année encore, tolérance zéro pour tout retard après le début des épreuves. Une mesure qui s’ajoute à la mise en place des brouilleurs de réseau, d’interdiction des appareils de communication ou encore d’accès des véhicules à l’intérieur des centres d’examen.
Depuis quelque temps, on assiste au phénomène de la diffusion des sujets quelques minutes seulement après le début des épreuves, ce qui suppose que des personnes en contact avec les candidats réussissent, malgré le dispositif draconien, à garder leurs appareils numériques connectés sur les réseaux sociaux. Le Cnapeste, dont les représentants se sont prononcés sur cette question à travers El Watan, estime que la diffusion de ce document n’est pas l’œuvre des enseignants chargés de surveiller les épreuves, mais des parties proches des centres de distribution et d’acheminement des sujets.
Ce syndicat a appelé la tutelle à plus de vigilance pour éviter la réédition du scénario du bac 2016 qui a vu la diffusion sur les réseaux sociaux des sujets avant le début des épreuves et qui a nécessité l’organisation d’une deuxième session.
le 30.06.17 | 13h01
La session spéciale au profit des candidats du baccalauréat, exclus de la première session pour cause de retard, est prévu du 13 au 18 juillet 2017, a annoncé vendredi le ministère de l'Education nationale, précisant que le vendredi 14 juillet sera jour de repos pour les candidats.
Le ministère a indiqué dans un communiqué que les périodes proposées pour cette session étaient : à partir du 7 juillet 2017 ou à partir du 13 juillet 2017 et, à la fin, c'est la deuxième proposition (du 13 au 18 juillet) qui a été retenue.
le 30.06.17 | 12h00
«Si deuxième session il y a, je veux que mon fils en fasse partie. Je ne vois pas pourquoi on privilégierait les retardataires.
Au dernier jour de l’examen, mon fils était complètement exténué. Tel un alcoolique, il se déplaçait en s’appuyant sur les murs. Pourquoi lui n’aurait-il pas une seconde chance ?» Mohamed, 52 ans, est un papa en colère. Ce dernier estime que cette deuxième session n’arrange qu’une certaine catégorie de candidats. Son fils, Redouane, partage son avis. «Je n’ai pas assuré mon examen. En apprenant cette décision, je me dis que j’aurais dû arriver en retard.»
Aujourd’hui, rien n’est encore tranché. C’est le conseil ministériel restreint qui devrait trancher quant à la date de déroulement de l’examen. Le nombre exact des candidats concernés n’est toujours pas annoncé d’une manière officielle. La ministre de l’Education nationale, apprend-on, annoncera certains détails la semaine prochaine lors d’une conférence de presse qu’elle organisera. Qui est concerné ? Seulement les retardataires ? Sur quels critères l’Onec se basera-t-il pour convoquer à nouveau les candidats à cette session spéciale ? Comment pourra-t-on faire la différence entre les retardataires et ceux ayant carrément abandonné les épreuves au milieu de la semaine.
Absents
«Cette session concernera les retardataires ainsi que les absents», assure Kamel Nouari, directeur d’un collège. Une information confirmée par Meziane Meriane du Snapest qui souligne : «Il faut savoir que cette décision n’avantage pas uniquement les retardataires mais également les absents étant donné qu’il est impossible de déterminer qui est absent et qui est retardataire.» Selon lui, cette décision est dramatique étant donné que désormais, même un candidat absent va réclamer et personne ne pourra le contredire puisqu’il n’y a aucun moyen de vérifier. Suite à cette décision présidentielle, les cartes ont été redistribuées, mais pas de façon égale. Ainsi, la majorité demande à ce que le bac soit repassé par tout le monde, ou alors par les retardataires et les recalés. «On doit refaire le bac pour les retardataires et pour être plus juste, qu’on le refasse pour les retardataires et pour ceux qui auront échoué, sauf pour les tricheurs qui doivent être sanctionnés», soutient Bachir Hakem. En attendant les détails, la polémique enfle. «Où est l’égalité des chances promise pour le bac ?» interroge Yasmine, une candidate qui a passé son bac. Cette dernière poursuit : «Nous avons passé le bac en pleine canicule. Le refaire pour une certaine catégorie est injuste. Ils auront plus de temps pour réviser.»
Ponctualité
Mounir la rejoint et soutient : «Je ne comprends pas pourquoi on avantage les retardataires. Le bac est l’examen décisif dans la vie de tout candidat. S’il n’a pas conscience de cela, il n’a qu’à le repasser. En étant exclu, il aurait eu une année pour revoir ses priorités et arriver à l’heure le jour J.» La maman de Yasmine a une autre crainte par rapport à cette nouvelle session : «Ils vont repasser les épreuves à un grand nombre. Ces derniers auront plus de temps pour réviser et auront sûrement de meilleurs résultats. Logiquement, ils auront les meilleures orientations pour l’université, ce qui est injuste.» Pour Meziane Meriane, du Snapest, la deuxième session est une atteinte à la discipline et la rigueur. On aurait aimé que le gouvernement laisse l’Education donner des leçons de rigueur à la société concernant l’application des lois de la République.
«C’est un bac basé sur l’inégalité des chances, car passer le bac en plein Ramadhan et le passer en septembre ou en dehors de Ramadhan n’est pas favorable à l’une comme à l’autre sessions. Les sujets n’auront pas forcément d’égales difficultés. Le temps de préparation pour l’une des catégories sera plus long. Les résultats obtenus ne seront pas équivalents», affirme-t-il. Un avis largement partagé par Nabil Ferguinis du Snapap, qui estime que la deuxième session est une «aberration pédagogique. Du pur populisme».
Selon le syndicaliste, il s’agit d’une grave dérive et d’une décision politique qui rentre dans la stratégie du pouvoir et qui va juste mettre la première responsable du secteur dans une position de faiblesse. «Le débat politique a omis le programme du gouvernement et vire vers une organisation qui n’a aucun argument psycho-pédagogique. Au lieu de penser à la rigueur pédagogique dont notre école a tant besoin en ces moments, le pouvoir politique impose une autre forme de ‘‘seuil’’», poursuit-il. L’activiste Kamel Nouari est aussi contre cette deuxième session.
Victimes
«Le principe de l’égalité des chances n’est pas respecté. Comment peuvent-ils expliquer le fait d’interdire l’accès à l’établissement si un candidat est en retard, mais qu’on lui redonne la chance de repasser tout le bac, si ce n’est encourager la médiocrité», soutient-il. Il affirme aussi que même dans le cas d’organiser une autre session, il y a des règles à respecter : «Une autre session, ça se prépare avec l’accord de tous les partenaires sociaux, les parents d’élèves. Il faut aussi déterminer qui est concerné ou pas en précisant la date exacte.» Ce dernier confie qu’il serait pour une deuxième session uniquement si elle est organisée pour les retardataires mais aussi pour les recalés. n
La réforme du baccalauréat a pour objectif de réduire la pression sur les candidats, mais aussi les dépenses de l'Etat.
La commission chargée de l'élaboration du programme de la réforme du système d'organisation de l'examen du baccalauréat devrait remettre, aujourd'hui, sa copie au gouvernement. L'examen du baccalauréat dans sa nouvelle forme sera applicable dès la rentrée scolaire de septembre, avec l'objectif de réduire la pression sur les candidats, mais aussi les dépenses de l'Etat. En effet, le projet de la réforme de cet examen national tel que présenté par ses concepteurs fera l'objet de discussions lors de la prochaine réunion du Conseil des ministres. Même si le contenu du rapport en question n'est pas encore dévoilé au public, quelques points sur quoi portera cette nouvelle réforme dite «globale» du système d'organisation de cette épreuve sont déjà connus.
En quoi consiste la réforme?
La réforme du système d'organisation du baccalauréat consiste en premier lieu en la réduction de la durée de l'examen du baccalauréat et l'organisation des épreuves anticipées dans les matières secondaires. Parmi les points soulevés dans un rapport préparé sur la base des recommandations des participants à la Conférence nationale d'évaluation du système éducatif du mois de juillet 2015. Lors de cette rencontre, les participants ont appelé la tutelle à la réduction du temps d'organisation de cet examen de cinq jours à trois jours ainsi que l'allègement du programme avec une organisation anticipée des examens dans les matières secondaires en deuxième année secondaire. Mais l'entrave majeurs que rencontrent les experts et les pédagogues chargés de l'élaboration du document final de la réforme réside dans l'identification des matières concernées par les épreuves anticipées. Le ministère de l'Education comme le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ont écarté la possibilité de la suppression de l'éducation islamique, l'histoire-géographie dans le programme de l'examen du baccalauréat, sous prétexte que ces deux matières sont importantes pour la préservation de l'identité nationale et les constantes de la nation. Le projet cher à la ministre de l'Education nationale et aux défenseurs de la réforme, celui de l'instauration du baccalauréat «spécialité» risque-t-il de tomber à l'eau? Pas si sûr. En tout cas, l'intervention du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a apaisé la situation, mais cela ne signifie pas, aux yeux de nombreux observateurs, un quelconque recul face aux islamistes qui ont brandi la menace de la perturbation de l'année scolaire au cas où le gouvernement adopterait cette option. L'Exécutif se trouve à la croisée des chemins, dont celui emprunté est parsemé d'embûches. Sacrifier la réforme en cédant face aux exigences des islamistes ou bien engager une réforme globale du baccalauréat pour répondre aux aspirations des millions d'élèves qui rêvaient d'une formation de qualité. Pour l'instant, le gouvernement a choisi d'éviter les récifs qui perturberaient une rentrée sociale et scolaire. Son but est d'entamer cette rentrée avec calme et sérénité.
Une «réforme économique du bac»
Les islamistes expriment publiquement leur intention d'utiliser la mosquée pour la mobilisation de leurs fidèles si le gouvernement ne cède pas à leurs doléances. Ils jugent nécessaire d'examiner tous les candidats dans l'éducation islamique et l'histoire-géographie. Une situation qui suscite tant d'interrogations et remet en cause la réforme «globale» du système d'organisation du baccalauréat. La question qui se pose est: à quoi servira une réforme du baccalauréat si on continue à insister sur le caractère généraliste de cet examen? Lors de la précédente rencontre, avec ses partenaires sociaux consacrée à l'évaluation du système d'organisation du baccalauréat, les syndicats de l'éducation ont refusé de soutenir une réforme technique du baccalauréat qualifiée par le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) de «réforme économique du baccalauréat», le gouvernement voulant seulement réduire le budget alloué à l'organisation de cet examen national.
La réforme, telle que défendue par le gouvernement, ne peut résoudre l'équation du baccalauréat, en se basant seulement sur la réduction de la durée de l'examen pour des considérations économiques.
Pour ce syndicat, il est temps de penser à engager des réflexions sur une réforme globale du système d'organisation de l'examen du baccalauréat à travers des décisions courageuses permettant de garantir la crédibilité de ce diplôme en favorisant la formation et l'encouragement de l'enseignement des mathématiques. Enfin, pour espérer la réussite de toute réforme du système éducatif, il faut garder l'école en dehors du combat idéologique, en remettant cette institution entre les mains des spécialistes chercheurs et des pédagogues pour hisser le niveau de l'école algérienne et améliorer la qualité de la formation.
http://www.lexpressiondz.com/actualite/248397-la-reforme-du-bac-face-au-peril-vert.html
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le 20.08.16 | 10h00
On lit souvent que les Assises de la Soummam, les premières de l’histoire du Front de libération nationale, sont venues pour obvier au débriefing manqué de janvier 1955, prévu le 24 octobre 1954, par la réunion décisive des «Six». Ultime rendez-vous de ces pères fondateurs, qui s’est déroulé dans la demeure de Mourad Boukechoura, ancien chef scout de Bologhine et membre de l’OS, située au 24, rue Comte Guillot (aujourd’hui Bachir Bedidi), à Raïs Hamidou (Alger).
Mais, l’Histoire nous apprend qu’il en va de certains événements, comme des phénomènes physiques ou chimiques.
Ainsi, par exemple, les chimistes nous expliquent les déflagrations par ce qu’ils appellent savamment : les limites d’explosivité. Un gaz ou une vapeur parvient à ce niveau quand leur concentration dans l’air atteint le stade critique de l’inflammation ou de l’éclatement. Le phénomène est borné par la Limite inférieure d’explosivité (LIE) et la Limite supérieure d’explosivité (LSE).
Sous la LIE, le mélange est trop pauvre en combustible pour amorcer une réaction. Au-dessus de la LSE, c’est le comburant qui manque. «L’heure, c’est l’heure ; avant l’heure, ce n’est pas l’heure ; après l’heure, ce n’est plus l’heure», aurait dit Jules Jouy auteur de cette célèbre maxime.
Le Congrès de la Soummam est un événement capital dans l’histoire du pays. Il constitue la fin de la période de maturation politique animée par le mouvement national dans toutes ses composantes depuis, pratiquement, le début du XXe siècle. Le départ de la lutte armée était le point d’orgue de ce mouvement. Ses initiateurs avaient le courage et l’audace de lancer à l’Etat français - et au colonialisme qu’il défendait - un défi qui le marquera à jamais, puisque c’est en Algérie que s’effondrera son empire.
Toutefois, le vaste mouvement indépendantiste né avec l’Etoile nord-africaine (ENA) en 1926, avait certes un objectif qui était l’Istiqlal, mais pas de programme quant à l’après-colonialisme et la construction de l’Etat, pas plus que de stratégie militaire à mettre en branle le moment de la lutte venu. L’histoire s’étant brutalement accélérée à la fin du premier trimestre de l’année 1954 avec la création du CRUA, il a fallu faire et réagir au cas par cas, selon les situations qui allaient naître de la décision de déclencher.
A la différence de ses rivaux, particulièrement les libéraux de l’UDMA et les communistes du PCA, qui eux avaient des programmes. Peu rassembleurs, il est vrai, avec des perspectives de songe-creux, pour ne pas dire utopistes, mais qui entretenaient néanmoins l’illusion d’une solution aux problèmes sociaux de la majorité algérienne, mais assurément pas de terminaison à la domination colonialiste. Cela ne suffisait pas pour allumer des espérances parmi les colonisés qui, dès leur naissance, comptaient les jours qui leur restaient pour mourir de faim, de froid, de maladie ou de violence, du fait du bon vouloir du colon qui avait sur le colonisé le droit de vie ou de mort.
C’est la radicalisation des positions des membres de l’OS, anciens ou qui ont échappé au coup de filet de 1950, qui est à la base du formidable soulèvement. Ils ont invité le fusil de chasse au balthazar, pour déboucher l’ouïe de l’occupant. Celui-ci a répondu par la guerre totale. Tout le monde se souvient quand, le 12 novembre 1954, à la tribune de l’Assemblée nationale, François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur avertissait d’un ton comminatoire : «La rébellion algérienne ne peut trouver qu’une forme terminale : la guerre.» Le ministre de l’Intérieur, qui deviendra président de la République française de 1981 à 1995, a été le premier homme politique à prononcer le mot «guerre», lequel, pourtant, sera banni du langage et presque de la langue français, pour lui substituer une foultitude d’euphémismes les uns plus grotesques que les autres. Il ajoutait dans la foulée, brandissant un titre de propriété : «L’Algérie, c’est la France. Et la France ne reconnaîtra pas chez elle d’autre autorité que la sienne.»
Il aura donc fallu que cette longue et impitoyable guerre, voulue par l’Etat colonialiste français et exigée par le colonat en Algérie, s’installe à demeure et provoque un véritable cataclysme dans la population autochtone, éreintée par 126 ans d’assujettissement et d’oppression impérialiste, avec son terrible décompte morbide, pour que les occupants entendent les plaintes des occupés.
A Ifri, ce fut la toute première fois que des Algériens se réunissaient afin de délibérer sur le devenir de leur entreprise émancipatrice historique et ouvrir de grandes voies qui les canaliseront, de même que les principes qui les guideront vers la restauration de l’Etat national. Un Etat qu’ils ont voulu, ainsi que le proclame l’Appel du 1er Novembre, «démocratique et social».
Tout cela s’est passé dans une masure où étaient rassemblés six politiques et militaires, assis sur des tabourets de fortune. Pourtant, ces décisions majeures, considérables d’importance, qui feront la transmutation de l’insurrection en une Révolution véritable et qui constitueront le levain, auraient aisément pu se dérouler dans un pays voisin frère qui aurait offert son hospitalité à des Révolutionnaires qui faisaient, depuis 22 mois, la fierté des peuples du Tiers-Monde.
Mais «c’est ici qu’est la rose, c’est ici qu’il faut danser», aurait dit Karl Marx. C’est au cœur de l’Algérie, elle-même, au cœur de la guerre, que s’est forgé le destin de son peuple. Ce Congrès d’abord prévu comme une simple réunion de coordination et, dans certains cas, l’occasion pour les uns et les autres de se découvrir et de faire connaissance, a trouvé dans l’expérience et la pratique sur le terrain ce dont il allait se nourrir. En d’autres termes, il s’est agi de théoriser une pratique, de tirer de l’acquis, des règles et de créer des normes et des formes d’organisation pour en assurer la pérennité, ou à tout le moins la durée, en tous les cas le succès.
Nous ne disposons pas, ou pas encore, de documents en quantité ou en qualité suffisantes qui permettraient au chercheur ou à l’historien d’analyser les débats qui se sont déroulés dans la maison forestière d’Ighbal, et encore moins de données qui rendraient fidèlement compte sur «qui a dit quoi» ou encore «qui a proposé quoi».
Aussi, attribuer aux seuls Larbi Ben M’hidi et Abane Ramdane l’exploit, car c’en fut un et un grand, serait une gageure, mais aussi cela équivaudrait à minimiser l’importance de personnages comme Krim Belkacem, Zighoud Youssef, Amar Ouamrane, Lakhdar Bentobbal. Ces personnalités de légende ayant été les seules admises aux débats. La règle en était que chaque zone, dont l’appellation deviendra «Wilaya», serait représentée par son responsable, son responsable seul, à l’exception de la zone 2, pour laquelle Bentobbal, l’adjoint de Zighoud, participera.
Chaque chef conférait après chaque séance avec ses adjoints pour les informer de l’évolution des travaux et prendre leurs avis. L’axiomatique révolutionnaire dégagée par les travaux du Congrès nécessitait la mise à plat de la praxis de chacun des responsables et la discussion pour élaborer une stratégie commune. Pour un certain nombre de chapitres, le texte qui a été rédigé au préalable et présenté aux congressistes (voir le document ci-après), ne pouvait pas préfigurer des travaux de l’assemblée. Il est de notoriété publique que deux points ont fait l’objet d’empoignades électriques et d’explications querelleuses.
Des propos drus ont opposé Krim et Abane à propos de l’opération «Oiseau Bleu», laquelle aurait «traîné en longueur», de l’avis du second, mais qui s’est soldée par un «un franc succès», selon le premier. Il y eut aussi l’insurrection généralisée du Nord Constantinois décidée par Zighout Youssef après avis de ses adjoints et collaborateurs, de l’année précédente, qui aurait soulevé des critiques d’Abane qui allait imposer son leadership à l’issue de ce rendez-vous avec l’Histoire. Certaines sources citent aussi les soldes consenties par les états-majors locaux à leurs djounoud. La très forte personnalité du tandem Abane-Ben M’Hidi va peser sur le Congrès au point peut-être pas d’atrophier, mais assurément d’étrécir le rôle tout aussi important des autres dans la tradition populaire et les exégèses des spécialistes.
D’aucuns parmi les analystes et les commentateurs ont estimé aussi que l’on a assisté à Ifri à un compromis historique qui a donné naissance à la Plate-forme de la Soummam. Qu’un certain nombre de concessions aient été accordées par l’une ou l’autre des personnes présentes, quoi de plus naturel lors d’une réunion d’une telle importance et d’une telle portée historique ? On peut arguer que les participants, tous issus de la même matrice politique, pour le coup, le PPA-MTLD, tous patriotes nationalistes et tous indépendantistes, quels auraient pu être les points d’achoppement sévères susceptibles de raidir les pentes au point de nécessiter des compromis ? Tout plaide pour le contraire si on considère le sort qui fut celui de l’équation que l’on attribue à Abane, qui préconise «la primauté du politique sur le militaire et la primauté de l’intérieur sur l’extérieur». Une formule qui traduit on ne peut mieux sa pensée de politique méfiant à l’égard des militaires, qui sera balayée d’une chiquenaude, une année après jour pour jour, lors de la rencontre du Caire.
Certaines sources affirment que Krim Belkacem aurait proposé au Congrès une direction militaire intérieure unifiée et pourquoi pas sous le commandement synoptique d’un général en chef. Abane lui aurait opposé sur un ton amusé : «Et bien entendu tu serais ce général.»
Ce qu’il redoutait était en fait le bicéphalisme de l’exécutif qui entraînerait la déchirure au sein du commandement de la Révolution et donc de la Révolution elle-même. Le Congrès s’en est tenu au CNRA et au CCE. Un Parlement qui siège et qui décide et un exécutif qui applique
L’histoire lui donnera raison, connaissant le conflit de compétence entre l’Etat-major général (EMG) et le GPRA, cinq ans après, au vu des lésions profondes que ces divergences ont laissé, et dont la gouvernance du pays n’est pas encore guérie.
Quoi qu’il en soit, la rébellion de 1954 s’est métamorphosée en une lame de fond qui allait foudroyer l’ordre colonial établi, bousculer sérieusement l’Etat colonialiste dans ses fondements. Un putsch militaire va installer de Gaulle, présenté comme le fils prodige, sur le trône de France. Il fera adopter une Constitution qui instaurera la Ve République. L’armée, colonne vertébrale de la République depuis Napoléon Bonaparte, est déstabilisée au point qu’une partie va désespérément tenter un coup de force pour garder l’Algérie française. Les prisons militaires se peupleront de généraux présentés jusque-là comme des «héros».
D’un autre côté, c’est l’Esprit de la Soummam qui gardera serrés et unis les rangs de la Révolution et cimentera à jamais la Nation algérienne.
le 20.08.16 | 10h00
Deux vieilles montres cassées, des insignes de sous-officier de l’ALN, une boîte d’agrafes et un sifflet. Le tout est soigneusement emballé dans du coton au fond d’une boîte en carton, comme s’il s’agissait de bijoux de famille.
A côté, un minuscule drapeau algérien fait main et une carte de moudjahid de l’ALN. Deux autres exemplaires de l’emblème national un peu plus grands. Ils sont pliés en quatre et portent des impacts de balles et des traces de sang. Du sang des martyrs qui sont tombés pour ce pays et pour ce drapeau. Ces objets pour le moins hétéroclites ont été retrouvés sur les corps des derniers martyrs tombés au champ d’honneur, dans la vallée de la Soummam, quelques mois avant l’indépendance, lorsque l’abri dans lequel ils se cachaient avait été découvert.
Récupérées sur le corps des chouhada par des harkis et confiées à un officier de l’armée française, ces reliques ont passé un peu plus d’un demi-siècle au fond d’un tiroir, quelque part en France. Dans la maison de l’officier auquel elles avaient été confiées. Le hasard des choses, ou bien le destin, a fait que cet officier a fini par rentrer en contact avec Rachid Adjaoud. Au bout de plusieurs échanges épistolaires qui vont durer des années, l’officier français finit un jour par se décharger de ce secret qui dormait chez lui et pesait sur sa conscience. Dans l’une des lettres adressées à son ex-ennemi, devenu ami, voici ce qu’il écrit à l’intention, comme il le précise, de «ceux qui se poseront des questions sur cet envoi venant de France».
«Français, j’ai participé à cette guerre. Je croyais sincèrement défendre la bonne cause. Je suis rentré, marqué à jamais. Pendant des années, je me suis tu. Je ne voulais pas parler de cette triste période de ma vie. Je croyais pouvoir oublier. L’âge venant, le passé m’a rattrapé. Oubliant ce qui m’avait été enseigné à l’école puis au lycée, j’ai étudié l’histoire de votre pays. Depuis, tout me paraît plus clair. La lutte du peuple algérien en vue de son indépendance était inévitable. Alors, tout de suite, ces reliques ayant appartenu à des combattants de l’Armée de Libération Nationale m’ont parues déplacées, indécentes chez moi. Elles devaient retrouver le sol de leur partie. Encore fallait-il trouver l’homme digne de les recevoir».
Cet homme, il finira par le trouver en la personne de Rachid Adjaoud, ancien officier de l’ALN, avec lequel il entretient une longue correspondance. S’il connaît l’identité d’au moins un des trois martyrs qui ont perdu la vie dans cet abri et auxquels, logiquement, ces reliques doivent appartenir, Rachid Adjaoud a décidé de garder le secret sur leur identité. Le nom de l’officier français ne sera pas révélé au grand public non plus. Ce qui importe dans cette émouvante histoire, ce sont surtout ces reliques, appelées à intégrer un jour un musée, et le très fort symbole qu’elles véhiculent.
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le 20.08.16 | 10h00
On lit souvent que les Assises de la Soummam, les premières de l’histoire du Front de libération nationale, sont venues pour obvier au débriefing manqué de janvier 1955, prévu le 24 octobre 1954, par la réunion décisive des «Six». Ultime rendez-vous de ces pères fondateurs, qui s’est déroulé dans la demeure de Mourad Boukechoura, ancien chef scout de Bologhine et membre de l’OS, située au 24, rue Comte Guillot (aujourd’hui Bachir Bedidi), à Raïs Hamidou (Alger).
Mais, l’Histoire nous apprend qu’il en va de certains événements, comme des phénomènes physiques ou chimiques.
Ainsi, par exemple, les chimistes nous expliquent les déflagrations par ce qu’ils appellent savamment : les limites d’explosivité. Un gaz ou une vapeur parvient à ce niveau quand leur concentration dans l’air atteint le stade critique de l’inflammation ou de l’éclatement. Le phénomène est borné par la Limite inférieure d’explosivité (LIE) et la Limite supérieure d’explosivité (LSE).
Sous la LIE, le mélange est trop pauvre en combustible pour amorcer une réaction. Au-dessus de la LSE, c’est le comburant qui manque. «L’heure, c’est l’heure ; avant l’heure, ce n’est pas l’heure ; après l’heure, ce n’est plus l’heure», aurait dit Jules Jouy auteur de cette célèbre maxime.
Le Congrès de la Soummam est un événement capital dans l’histoire du pays. Il constitue la fin de la période de maturation politique animée par le mouvement national dans toutes ses composantes depuis, pratiquement, le début du XXe siècle. Le départ de la lutte armée était le point d’orgue de ce mouvement. Ses initiateurs avaient le courage et l’audace de lancer à l’Etat français - et au colonialisme qu’il défendait - un défi qui le marquera à jamais, puisque c’est en Algérie que s’effondrera son empire.
Toutefois, le vaste mouvement indépendantiste né avec l’Etoile nord-africaine (ENA) en 1926, avait certes un objectif qui était l’Istiqlal, mais pas de programme quant à l’après-colonialisme et la construction de l’Etat, pas plus que de stratégie militaire à mettre en branle le moment de la lutte venu. L’histoire s’étant brutalement accélérée à la fin du premier trimestre de l’année 1954 avec la création du CRUA, il a fallu faire et réagir au cas par cas, selon les situations qui allaient naître de la décision de déclencher.
A la différence de ses rivaux, particulièrement les libéraux de l’UDMA et les communistes du PCA, qui eux avaient des programmes. Peu rassembleurs, il est vrai, avec des perspectives de songe-creux, pour ne pas dire utopistes, mais qui entretenaient néanmoins l’illusion d’une solution aux problèmes sociaux de la majorité algérienne, mais assurément pas de terminaison à la domination colonialiste. Cela ne suffisait pas pour allumer des espérances parmi les colonisés qui, dès leur naissance, comptaient les jours qui leur restaient pour mourir de faim, de froid, de maladie ou de violence, du fait du bon vouloir du colon qui avait sur le colonisé le droit de vie ou de mort.
C’est la radicalisation des positions des membres de l’OS, anciens ou qui ont échappé au coup de filet de 1950, qui est à la base du formidable soulèvement. Ils ont invité le fusil de chasse au balthazar, pour déboucher l’ouïe de l’occupant. Celui-ci a répondu par la guerre totale. Tout le monde se souvient quand, le 12 novembre 1954, à la tribune de l’Assemblée nationale, François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur avertissait d’un ton comminatoire : «La rébellion algérienne ne peut trouver qu’une forme terminale : la guerre.» Le ministre de l’Intérieur, qui deviendra président de la République française de 1981 à 1995, a été le premier homme politique à prononcer le mot «guerre», lequel, pourtant, sera banni du langage et presque de la langue français, pour lui substituer une foultitude d’euphémismes les uns plus grotesques que les autres. Il ajoutait dans la foulée, brandissant un titre de propriété : «L’Algérie, c’est la France. Et la France ne reconnaîtra pas chez elle d’autre autorité que la sienne.»
Il aura donc fallu que cette longue et impitoyable guerre, voulue par l’Etat colonialiste français et exigée par le colonat en Algérie, s’installe à demeure et provoque un véritable cataclysme dans la population autochtone, éreintée par 126 ans d’assujettissement et d’oppression impérialiste, avec son terrible décompte morbide, pour que les occupants entendent les plaintes des occupés.
A Ifri, ce fut la toute première fois que des Algériens se réunissaient afin de délibérer sur le devenir de leur entreprise émancipatrice historique et ouvrir de grandes voies qui les canaliseront, de même que les principes qui les guideront vers la restauration de l’Etat national. Un Etat qu’ils ont voulu, ainsi que le proclame l’Appel du 1er Novembre, «démocratique et social».
Tout cela s’est passé dans une masure où étaient rassemblés six politiques et militaires, assis sur des tabourets de fortune. Pourtant, ces décisions majeures, considérables d’importance, qui feront la transmutation de l’insurrection en une Révolution véritable et qui constitueront le levain, auraient aisément pu se dérouler dans un pays voisin frère qui aurait offert son hospitalité à des Révolutionnaires qui faisaient, depuis 22 mois, la fierté des peuples du Tiers-Monde.
Mais «c’est ici qu’est la rose, c’est ici qu’il faut danser», aurait dit Karl Marx. C’est au cœur de l’Algérie, elle-même, au cœur de la guerre, que s’est forgé le destin de son peuple. Ce Congrès d’abord prévu comme une simple réunion de coordination et, dans certains cas, l’occasion pour les uns et les autres de se découvrir et de faire connaissance, a trouvé dans l’expérience et la pratique sur le terrain ce dont il allait se nourrir. En d’autres termes, il s’est agi de théoriser une pratique, de tirer de l’acquis, des règles et de créer des normes et des formes d’organisation pour en assurer la pérennité, ou à tout le moins la durée, en tous les cas le succès.
Nous ne disposons pas, ou pas encore, de documents en quantité ou en qualité suffisantes qui permettraient au chercheur ou à l’historien d’analyser les débats qui se sont déroulés dans la maison forestière d’Ighbal, et encore moins de données qui rendraient fidèlement compte sur «qui a dit quoi» ou encore «qui a proposé quoi».
Aussi, attribuer aux seuls Larbi Ben M’hidi et Abane Ramdane l’exploit, car c’en fut un et un grand, serait une gageure, mais aussi cela équivaudrait à minimiser l’importance de personnages comme Krim Belkacem, Zighoud Youssef, Amar Ouamrane, Lakhdar Bentobbal. Ces personnalités de légende ayant été les seules admises aux débats. La règle en était que chaque zone, dont l’appellation deviendra «Wilaya», serait représentée par son responsable, son responsable seul, à l’exception de la zone 2, pour laquelle Bentobbal, l’adjoint de Zighoud, participera.
Chaque chef conférait après chaque séance avec ses adjoints pour les informer de l’évolution des travaux et prendre leurs avis. L’axiomatique révolutionnaire dégagée par les travaux du Congrès nécessitait la mise à plat de la praxis de chacun des responsables et la discussion pour élaborer une stratégie commune. Pour un certain nombre de chapitres, le texte qui a été rédigé au préalable et présenté aux congressistes (voir le document ci-après), ne pouvait pas préfigurer des travaux de l’assemblée. Il est de notoriété publique que deux points ont fait l’objet d’empoignades électriques et d’explications querelleuses.
Des propos drus ont opposé Krim et Abane à propos de l’opération «Oiseau Bleu», laquelle aurait «traîné en longueur», de l’avis du second, mais qui s’est soldée par un «un franc succès», selon le premier. Il y eut aussi l’insurrection généralisée du Nord Constantinois décidée par Zighout Youssef après avis de ses adjoints et collaborateurs, de l’année précédente, qui aurait soulevé des critiques d’Abane qui allait imposer son leadership à l’issue de ce rendez-vous avec l’Histoire. Certaines sources citent aussi les soldes consenties par les états-majors locaux à leurs djounoud. La très forte personnalité du tandem Abane-Ben M’Hidi va peser sur le Congrès au point peut-être pas d’atrophier, mais assurément d’étrécir le rôle tout aussi important des autres dans la tradition populaire et les exégèses des spécialistes.
D’aucuns parmi les analystes et les commentateurs ont estimé aussi que l’on a assisté à Ifri à un compromis historique qui a donné naissance à la Plate-forme de la Soummam. Qu’un certain nombre de concessions aient été accordées par l’une ou l’autre des personnes présentes, quoi de plus naturel lors d’une réunion d’une telle importance et d’une telle portée historique ? On peut arguer que les participants, tous issus de la même matrice politique, pour le coup, le PPA-MTLD, tous patriotes nationalistes et tous indépendantistes, quels auraient pu être les points d’achoppement sévères susceptibles de raidir les pentes au point de nécessiter des compromis ? Tout plaide pour le contraire si on considère le sort qui fut celui de l’équation que l’on attribue à Abane, qui préconise «la primauté du politique sur le militaire et la primauté de l’intérieur sur l’extérieur». Une formule qui traduit on ne peut mieux sa pensée de politique méfiant à l’égard des militaires, qui sera balayée d’une chiquenaude, une année après jour pour jour, lors de la rencontre du Caire.
Certaines sources affirment que Krim Belkacem aurait proposé au Congrès une direction militaire intérieure unifiée et pourquoi pas sous le commandement synoptique d’un général en chef. Abane lui aurait opposé sur un ton amusé : «Et bien entendu tu serais ce général.»
Ce qu’il redoutait était en fait le bicéphalisme de l’exécutif qui entraînerait la déchirure au sein du commandement de la Révolution et donc de la Révolution elle-même. Le Congrès s’en est tenu au CNRA et au CCE. Un Parlement qui siège et qui décide et un exécutif qui applique
L’histoire lui donnera raison, connaissant le conflit de compétence entre l’Etat-major général (EMG) et le GPRA, cinq ans après, au vu des lésions profondes que ces divergences ont laissé, et dont la gouvernance du pays n’est pas encore guérie.
Quoi qu’il en soit, la rébellion de 1954 s’est métamorphosée en une lame de fond qui allait foudroyer l’ordre colonial établi, bousculer sérieusement l’Etat colonialiste dans ses fondements. Un putsch militaire va installer de Gaulle, présenté comme le fils prodige, sur le trône de France. Il fera adopter une Constitution qui instaurera la Ve République. L’armée, colonne vertébrale de la République depuis Napoléon Bonaparte, est déstabilisée au point qu’une partie va désespérément tenter un coup de force pour garder l’Algérie française. Les prisons militaires se peupleront de généraux présentés jusque-là comme des «héros».
D’un autre côté, c’est l’Esprit de la Soummam qui gardera serrés et unis les rangs de la Révolution et cimentera à jamais la Nation algérienne.
le 20.08.16 | 10h00
Deux vieilles montres cassées, des insignes de sous-officier de l’ALN, une boîte d’agrafes et un sifflet. Le tout est soigneusement emballé dans du coton au fond d’une boîte en carton, comme s’il s’agissait de bijoux de famille.
A côté, un minuscule drapeau algérien fait main et une carte de moudjahid de l’ALN. Deux autres exemplaires de l’emblème national un peu plus grands. Ils sont pliés en quatre et portent des impacts de balles et des traces de sang. Du sang des martyrs qui sont tombés pour ce pays et pour ce drapeau. Ces objets pour le moins hétéroclites ont été retrouvés sur les corps des derniers martyrs tombés au champ d’honneur, dans la vallée de la Soummam, quelques mois avant l’indépendance, lorsque l’abri dans lequel ils se cachaient avait été découvert.
Récupérées sur le corps des chouhada par des harkis et confiées à un officier de l’armée française, ces reliques ont passé un peu plus d’un demi-siècle au fond d’un tiroir, quelque part en France. Dans la maison de l’officier auquel elles avaient été confiées. Le hasard des choses, ou bien le destin, a fait que cet officier a fini par rentrer en contact avec Rachid Adjaoud. Au bout de plusieurs échanges épistolaires qui vont durer des années, l’officier français finit un jour par se décharger de ce secret qui dormait chez lui et pesait sur sa conscience. Dans l’une des lettres adressées à son ex-ennemi, devenu ami, voici ce qu’il écrit à l’intention, comme il le précise, de «ceux qui se poseront des questions sur cet envoi venant de France».
«Français, j’ai participé à cette guerre. Je croyais sincèrement défendre la bonne cause. Je suis rentré, marqué à jamais. Pendant des années, je me suis tu. Je ne voulais pas parler de cette triste période de ma vie. Je croyais pouvoir oublier. L’âge venant, le passé m’a rattrapé. Oubliant ce qui m’avait été enseigné à l’école puis au lycée, j’ai étudié l’histoire de votre pays. Depuis, tout me paraît plus clair. La lutte du peuple algérien en vue de son indépendance était inévitable. Alors, tout de suite, ces reliques ayant appartenu à des combattants de l’Armée de Libération Nationale m’ont parues déplacées, indécentes chez moi. Elles devaient retrouver le sol de leur partie. Encore fallait-il trouver l’homme digne de les recevoir».
Cet homme, il finira par le trouver en la personne de Rachid Adjaoud, ancien officier de l’ALN, avec lequel il entretient une longue correspondance. S’il connaît l’identité d’au moins un des trois martyrs qui ont perdu la vie dans cet abri et auxquels, logiquement, ces reliques doivent appartenir, Rachid Adjaoud a décidé de garder le secret sur leur identité. Le nom de l’officier français ne sera pas révélé au grand public non plus. Ce qui importe dans cette émouvante histoire, ce sont surtout ces reliques, appelées à intégrer un jour un musée, et le très fort symbole qu’elles véhiculent.
METEO En ALGÉRIE Pour Le Vendredi 19 Août 2016