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Les électeurs algériens étaient convoqués aux urnes jeudi, pour élire leurs élus communaux et départementaux, à l'issue d'une campagne sans enthousiasme menée dans un contexte économique et social maussade.
Les Algériens se sont rendus aux urnes jeudi 23 novembre, pour désigner leurs élus communaux et départementaux, dans un contexte économique et social morose et dans un pays où le système politique apparaît figé, impliquant les mêmes acteurs depuis plusieurs décennies.
Pour les 22 millions d'électeurs appelés à voter, les bureaux fermaient à 19 h 00, et les résultats officiels sont attendus vendredi.
Sans surprise, le principal enjeu du scrutin sera le taux de participation, puisque le Front de libération nationale (FLN), au pouvoir depuis 1962, et son allié du Rassemblement national démocratique (RND) disposent seuls d'une assise nationale et sont assurés de l'emporter, selon les observateurs.
Lors du précédent scrutin local en 2012, la participation avait été de 44,27 % pour les communales et 42,84 % pour les départementales. En début d'après-midi, la participation était meilleure qu'il y a cinq ans, mais demeurait inférieure à 20 % (19,76 % pour les communales et 19,10 % pour les départementales).
Appel de Bouteflika
Une cinquantaine de partis politiques et quatre alliances, auxquelles s'ajoutent de nombreuses listes indépendantes, s'affrontent pour les sièges des 1 541 conseils municipaux et des 48 conseils départementaux. Conscients du peu d'intérêt suscité par la campagne, certains d’entre eux ont multiplié ces derniers jours les appels aux urnes. Ce, alors qu’aucun des principaux partis d'opposition n'a réussi à présenter des listes dans plus de la moitié des communes du pays, faute d'un maillage national et, selon eux, à cause d'obstacles bureaucratiques à la constitution et à l'enregistrement de leurs listes.
Très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, le président Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, dont les apparitions publiques sont rares, a voté en fin de matinée à Alger, avant de repartir sans faire de déclaration. Flanqué comme à chaque scrutin de ses deux frères et de ses deux jeunes neveux, le président, en fauteuil roulant, a glissé lui-même ses bulletins dans l'urne et apposé son empreinte digitale sur la liste d'émargement.
La veille, dans un message diffusé par les médias publics, il avait exhorté les Algériens à "participer massivement". Les législatives de mai avaient été marquées par une très forte abstention : seuls 35,37 % des électeurs s'étaient déplacés, contre 42,9 % cinq ans auparavant.
Peu d'enthousiasme
La campagne s'est surtout concentrée autour de considérations comme "la situation économique difficile ou encore la présidentielle" de 2019, avec la candidature attendue du président Bouteflika pour un cinquième mandat, a affirmé à l'AFP Belkacem Benzenine, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran.
"Les questions relatives au développement local, au rôle des collectivités locales, n'ont été abordées que superficiellement". La campagne a suscité peu d'enthousiasme dans un pays jeune, où près de 45 % de la population a moins de 25 ans et 30 % de ces jeunes sont au chômage.
L'Algérie souffre en outre économiquement de la chute, depuis 2014, des prix du pétrole, source de 95 % de ses devises, qui a notamment entraîné un ralentissement de la croissance, une hausse de l'inflation et du chômage qui touche près de 12 % de la population active.
Les assemblées communales et de wilayas qui se dégageront...
Taux de participation et contrôle de la majorité des assemblées locales (APC/APW) sont les principaux enjeux du scrutin d’aujourd’hui.
En effet, les partis et les candidats indépendants engagés dans cette compétition électorale, qui ont eu l’occasion de s’adresser aux électeurs pendant trois semaines de campagne, attendront le verdict des urnes qui sera connu, au plus tard, vendredi matin. Mais l’attente sera stressante pour eux.
Avant le résultat final, les candidats, toutes tendances confondues, resteront attentifs, durant toute la journée, au comportement des électeurs qu’ils avaient appelés à voter massivement durant la campagne. Cependant, ils gardent en tête le scénario des législatives du mois de mai dernier, où le taux d’abstention était trop élevé. Certes la nature de l’élection d’aujourd’hui est différente, et généralement l’engouement des votants est plus important. Mais le contexte économique actuel et les expériences du passé concernant la gestion des communes risquent de jouer un mauvais tour aux candidats.
L’autre enjeu de cette élection concerne le contrôle de la majorité des Assemblés populaires communales (APC) et des Assemblées populaires de wilaya (APW). Et ce sont les deux partis au pouvoir, le FLN et le RND, qui se font le plus la concurrence sur plan. L’ex-parti unique, majoritaire à l’APN, veut consolider sa position au niveau local. Mais son frère-ennemi, le RND, le bouscule et parvient, parfois, à l’évincer. Serait-ce le cas cette fois-ci ? En tout cas, les chefs de ces deux partis ne se sont pas ménagés lors de cette campagne électorale. Djamel Oud Abbès, secrétaire général du FLN, et Ahmed Ouyahia, patron du RND, ont tenté de défendre «la suprématie» de leurs formations respectives en mettant en avant «le bilan du pouvoir».
Les sénatoriales en ligne de mire
Le contrôle des APC et des APW renvoie aussi à une autre bataille : celles des sénatoriales. Le RND qui détient la majorité dans cette assemblée ne veut pas perdre son leadership. Pour cela, il veut maîtriser un plus grand nombre d’APW et d’avoir une réserve de grands électeurs qui lui permettront gagner plus de siège que son rival, le FLN, à l’occasion du prochain renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation. Cet objectif concerne aussi plusieurs autres formations qui ont aussi, dans leurs agendas, cette élection qui leur permettra de placer au Parlement de nouveaux représentants.
Toutefois, la course aux assemblées locales pourrait connaître des surprises, notamment avec l’émergence de nouvelles formations et des listes indépendantes, qui se sont multipliées à l’occasion de ce rendez-vous. Outre la participation et le contrôle des assemblées, la transparence du scrutin. Ayant toujours crié «à la fraude», les partis de l’opposition mettent, cette fois aussi, contre «la trituration des résultats de l’élection» et le «bourrage des urnes».
Le P/APC élu à la majorité des voix
Les dernières déclarations du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, concernant la taille du corps électoral, risquent d’augmenter les soupçons sur la transparence de cette joute. De ce fait, Abdelwahab Derbal et sa Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) seront attendus au tournant…
Contrairement aux élections précédentes, la question de l’élection du président de l’APC ne devrait pas se poser. Il n’y aura plus de place aux alliances habituelles et aux blocages des assemblées, comme ce fut le cas par le passé. Et pour cause, l’amendement de la loi électoral en 2016 et le code communal ont résolu cette problématique.
Désormais, le candidat tête de liste qui obtient la majorité des voix est désigné automatiquement à la tête de l’APC. Il n’aura pas besoin d’une majorité absolue des sièges ou d’un alliance avec les candidats d’une autre liste pour présider aux destinées de sa commune. C’est ce que prévoit d’ailleurs le code communal dans son article 65. «Est déclaré président de l’Assemblée populaire communale le candidat, tête de liste, ayant obtenu la majorité des voix. En cas d’égalité des voix, est déclaré président le (la) plus jeune des candidats», stipule le texte.