Actualité | dimanche 8 avril 2012
Urgent : Mali : Les diplomates algériens libérés
le 08.04.12 | 13h55
Les sept diplomates algériens enlevés jeudi à Gao viennent d’être libérés par leur ravisseurs, avons nous appris de notre envoyée spéciale au nord du Mali,
salima Tlemçani.
Boualem Sias, consul d’Algérie, cinq de ses fonctionnaires et le représentant de la communauté algérienne à Gao ont été libérés dimanche, en milieu de matinée.
Les diplomates algériens ont été enlevés jeudi à Gao, ville du nord-est du Mali, par un groupe islamiste qui a pris d’assaut le consulat d’Algérie de cette ville.
Elwatan.com
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Pour libérer les otages algériens : des négociations avec Belmokhtar sont en cours
le 08.04.12 | 10h00
Les sept otages de la mission consulaire algérienne sont sains et saufs. L’auteur de l’enlèvement n’est autre que Mokhtar Belmokhtar, celui qui fut l’émir de la zone du Sud pour le GSPC, puis d’AQMI. Des négociations autour de la libération des otages avancent. Elles seraient menées par Iyad Ag Ghaly, une connaissance de Belmokhtar.
De notre envoyée spéciale
à Achebrache (nord du Mali)
Alors que des rumeurs font état du départ, vendredi, de nombreux éléments du groupe Ançar Eddine, de Kidal vers Mopti et Bamako pour «protéger les familles des musulmans et instaurer la chariâ», des sources sûres parlent de négociations avec Mokhtar Belmokhtar pour la libération des sept otages algériens, parmi lesquels le consul, le vice-consul, les chargés des transmissions, de l’état civil, de la sécurité, ainsi que le représentant de la communauté algérienne à Gao. Selon nos interlocuteurs, c’est Iyad Ag Ghaly, en personne, qui s’est chargé de servir de «négociateur», étant donné les relations qu’il entretient avec l’émir de la phalange Al Mulathamine (Les enturbannés), Mokhtar Belmokhtar, en dissidence avec Abou Zeid, l’émir de l’AQMI dans la région du Sahel.
Selon nos sources, il s’agirait d’un véritable test pour Iyad qui, acculé par le MNLA, doit résoudre «cette dérive» sans «aucune» effusion de sang. «Il a pris contact avec Belmokhtar et les négociations se poursuivent. Nous avons de bonnes raisons de croire que les otages seront relâchés le plus rapidement possible», déclare le commandant Aïssa Ag Akli, chargé de la sécurité de la zone d’Achebrache, non loin de Tin Zaouatine (au nord du Mali). Cette sortie de Iyad pourrait être expliquée par ces déclarations de témoins présents lors de l’enlèvement des diplomates, qui impliquent directement des éléments de Ançar Eddine dans le rapt.
«Très gêné et surtout acculé par les dirigeants du MNLA, Iyad s’est senti obligé d’intervenir, en allant lui-même à la recherche des otages. Il est entré en contact avec Mokhtar Belmokhtar, le chef du groupe et auteur de l’enlèvement pour négocier la libération de tous les otages. Selon notre interlocuteur, le commando qui a assiégé le consulat était dirigé par Belmokhtar en personne. Il était composé d’une vingtaine de personnes au moins, en majorité des Algériens, mais soutenu et appuyé par des membres de Ançar Eddine. Ces derniers leur ont ouvert la route en protégeant leur retraite. L’opération a eu lieu en plein jour, aux environs de 11h, et en plein centre-ville.
Personne ne peut dire que ça s’est passé dans la discrétion. Ils ont eu le temps d’entrer dans les locaux et de fouiller les bureaux à la recherche de tous les occupants. Ils ont emmené tous ceux qu’ils ont trouvés à bord d’une dizaine de Toyota Station, qui les attendaient dehors et à bord desquels il y avait des hommes puissamment armés. Avant de partir, Belmokhtar a baissé le drapeau algérien qu’il a brûlé devant tout le monde. Il a par la suite hissé une étoffe noire sur laquelle on pouvait lire : ‘’La Ilah ila Lah, Mohamed rassoul Allah, Allah Akbar’’ (il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mohamed est son prophète, Allah est grand). Il l’a laissé flotter une bonne dizaine de minutes pour filmer la scène et quitter les lieux», raconte, un Targui de Gao. Cette opération est en quelque sorte un «affront» pour les dirigeants du MNLA, qui étaient beaucoup plus occupés par l’organisation des rangs que par la sécurisation des villes. Des casernes entières ont été vidées et les quantités importantes d’armement sont toujours dans la nature.
Le rapt des diplomates algériens a suscité de lourdes craintes, mais également des divergences au sein du mouvement. «Au MNLA, nous sommes conscients de la dérive de Ançar Eddine et de Iyad, mais certains de nos dirigeants ne veulent pas ouvrir un front intérieur. AQMI est une organisation bien structurée et puissante. Elle a de l’influence sur certaines tribus. Il sera très difficile de la chasser du territoire avec les moyens que nous avons mais aussi durant la conjoncture actuelle. Des Etats avec leurs puissantes capacités n’ont pu la neutraliser. Toute la direction du mouvement est maintenant braquée sur la libération des sept otages que détient AQMI. Nous misons fortement sur leur retour, sains et saufs», explique un commandant du MNLA.
Ses déclarations se confirment sur le terrain, où des divergences commencent à apparaître entre les cadres du mouvement qui veulent à tout prix régler le compte à Iyad et «éloigner toute suspicion d’appartenance ou de lien avec Al Qaîda» et ceux qui ne voient pas les groupes islamistes armés comme un danger mais plutôt comme des partis islamistes qui doivent avoir le droit d’exister. «Cette dernière tendance n’est pas majoritaire, mais elle reste influente du fait de son appartenance à des tribus dites nobles. Néanmoins, au sein de la base, la majorité des combattants sont contre la sortie de Iyad. Il n’est pas exclu que des mesures soient prises contre lui, d’autant que la plus haute direction du MNLA a déjà pris la décision de désarmer tous les groupes. Aucune arme ne circulera en dehors de celles détenues par les combattants du MNLA», explique le commandant Moussa Ag Ahmed.
Pour lui, l’enlèvement des membres de la mission consulaire algérienne est «une grave dérive qui nous a donné à réfléchir. Nous ne pouvons accepter que d’autres forces que le MNLA puissent agir sur notre territoire. Nous sommes en train de nous organiser. La situation d’insécurité qui a suivi l’occupation des villes était prévisible. Notre Etat vient de naître, il lui faut du temps pour maîtriser la situation», note Aïssa Ag Akli.
En tout état de cause, le rapt des membres de la mission consulaire algérienne à Gao a suscité de lourdes inquiétudes chez la population, qui, faut-il le préciser, l’a unanimement dénoncé. Pour beaucoup, cette opération «devra pousser le MNLA à se mobiliser contre les salafistes armés qui pour la majorité sont des étrangers, des Algériens, Tunisiens, Marocains, Pakistanais, Nigérians, Ethiopiens et Somaliens». En bref, avec la présence des groupes d’AQMI, tout le monde craint une «talibanisation» du nord du Mali. Une réaction légitime, quand on sait qu’AQMI utilise les mêmes pratiques, les mêmes moyens et le même système d’endoctrinement que ceux des talibans en Afghanistan…
Salima Tlemçani
L’ANP doit-elle intervenir au Mali ?
le 08.04.12 | 10h00
L’ANP doit-elle intervenir au Mali ?
L’Algérie interviendra-t-elle militairement pour libérer ses diplomates kidnappés par les terroristes d’AQMI ? Si la tentation est forte et justifiée, les risques d’une intervention en terre malienne sont néanmoins incommensurables.
Pour l’heure, la «religion» du gouvernement algérien semble toute faite : l’Algérie privilégie, dans le conflit malien, la «voie du dialogue», une «solution politique» et s’oppose à toute intervention étrangère au Mali. La «sienne» y compris. Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, l’a réaffirmé, jeudi, sans ambages, quelques heures seulement après l’enlèvement des six diplomates algériens. «A chaque fois, dit-il, qu’un acteur étranger joue un rôle essentiel, c’est un dérapage programmé, immédiat ou six mois plus tard (lire Le Monde de jeudi passé, ndlr).»
Les représentants de l’Etat algérien (au Mali) seront-ils pour autant abandonnés à leurs ravisseurs ? Le «précédent» créé, en 2005, lorsque deux diplomates algériens, Ali Belaroussi, et Ezzedine Ben Kadi, en poste en Irak avaient été kidnappés et exécutés par Al Qaîda, risque en effet de faire tache d’huile. L’armée algérienne envisage-t-elle une intervention «chirurgicale», dans un pays en conflit, et avec qui l’Algérie partage un «ventre mou», près de 1000 kilomètre de frontières ?
A-t-elle les moyens, logistiques et technologiques pour intervenir dans un des plus grands déserts du monde, le Tanezrouft en l’occurrence, avec ses 600 kilomètres d’immensités, du nord au sud ? L’Algérie a-t-elle par ailleurs intérêt à se faire «va-t-en-guerre», à sous-traiter une intervention militaire au Sahel pour le compte de ses alliés occidentaux ? Des «alliés» qui rechignent à toute perspective d’une intervention militaire lourde dans la région infestée par Al Qaîda. Signe avant-coureur d’une intervention imminente, le quotidien El Khabar rapportait dans son édition d’hier que des troupes d’élites de l’armée et du DRS sont déjà à pieds d’œuvre à Tamanrasset. Les bases aériennes du Grand Sud, lit-on dans le même quotidien, ainsi que toutes les unités aéroportées de l’armée – plus de 3000 éléments –, et de la Gendarmerie nationale ont été mise en état d’alerte maximum, et ce, dès jeudi.