ACTUALITES DU Mardi 14 Mai 2019Â
Mardi 14 Mai 2019
OULD ABBÈS ET SAÏD BARKAT ACCUSÉS DE DILAPIDER 6200 MILLIARDS DE CENTIMES
La facture des prédateurs

La décision a été prise à la demande du ministère de la Justice
Des dizaines de personnes impliquées directement dans cette grosse affaire de corruption ont été auditionnées.
Les deux anciens ministres, Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat sont poursuivis dans une grosse affaire de dilapidation de deniers publics durant ces 10 dernières annèes. D'après des sources médiatiques, les deux hommes sont accusés par le parquet d'avoir détourné plus de 6200 milliards de centimes sous couvert d'aides aux nécessiteux, acquisition de bus scolaires, achats de matériels pour des handicapés, acquisition d'ambulances et aides aux étudiants! Cependant, les destinataires de ces aides de l' Etat n'avaient rien vu venir. Selon un document diffusé sur les réseaux sociaux, Djamel Ould Abbès aurait même accordé des subventions de l'ordre de plus de 100 milliards de centimes à des associations caritatives qu'il présidait lui-même. Idem pour Barkat: il a, à titre d'exemple, octroyé à l'Union nationale des étudiants algériens (Unea) présidé par un cadre au département de la solidarité, une subvention de plus de 550 milliards de centimes en deux ans! «Des dizaines de personnes impliquées dans cette affaire de corruption, ont été auditionnées. Il s'agit, entre autres, de l'ex-secrétaire général du ministère de la Solidarité, des directeurs et des hauts fonctionnaires du même département ministériel ainsi que des responsables d'associations et d'organisations», selon la même source. Toutefois, aucune source officielle n'a fourni de détails sur cette affaires. Les mis en cause devront répondre sur d'importants détournements de fonds au sein du ministère de la Solidarité nationale qu'ils ont dirigé. L'enquête avait été menée par l'Office central de répression de la corruption (Ocrc) qui a été dissous fin 2018 dans le sillage des enquêtes menées contre plusieurs hauts responsables. L'ex-ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, est cité nommément en compagnie de Amar Saâdani, l'ancien président de l'APN, dans l'affaire de dilapidation de 3200 milliards de centimes du Fonds national de développement rural et agricole (Fndra). D'ailleurs, Saâdani demande à la Cour suprême d'ouvrir une enquête sur ce dossier. Par ailleurs, les deux anciens ministres pourraient être également poursuivis dans d'autres affaires scabreuses liées à l'octroi de marchés dans l'importation de médicaments à l'époque où ils étaient ministres de la santé.
Il y a aussi l'affaire de business de candidatures où la vente des places dans les listes FLN pour les législatives de mai 2017, à des entrepreneurs et hommes d'affaires, un scandale impliquant un de ses fils. Des noms d'autres parlementaires, traînant des casseroles, devraient, en principe, connaître la même sort d'autant plus que le Hirak réclame de les traduire en justice et la levée de leur immunité parlementaire.
Il est question, notamment des députés du FLN, Bahaeddine Tliba et Mohamed Djemai, l'actuel secrétaire général du FLN. Pour rappel, le bureau du Conseil de la nation, réuni sous la présidence de Salah Goudjil a enclenché le 25 avril dernier, la procédure de la levée de l'immunité parlementaire de Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat.
La décision a été prise à la demande du ministère de la Justice. Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat, siègent au Conseil de la nation en tant que sénateurs du tiers présidentiel. Toutefois, la levée de l'immunité parlementaire doit être votée lors d'une séance plénière.
La demande de la levée de l'immunité parlementaire des deux sénateurs a été transmise à la commission des affaires légales et administratives du Sénat, pour établir un rapport et le soumettre ensuite au bureau du Sénat et aux membres du la chambre haute du Parlement pour trancher, selon la même source.
Mais on ne sait pas si l'immunité parlementaire a été déjà levée pour Djamel Ould Abbès, ex-secrétaire général du FLN et ancien ministre de la Solidarité nationale, et pour Saïd Barkat, ancien ministre de l'Agriculture. En outre, le parquet d'Alger qui a demandé cette levée n'a pas expliqué les motifs. Il faut dire que la justice peine à communiquer avec transparence sur ces enquêtes sur la corruption. La cour d'Alger n'a jamais communiqué à l'opinion publique les informations nécessaires conformément à la loi.

SCRUTANT LA DIRECTION DU VENT
Les islamistes avancent masqués
Cette donne est vue autrement par les islamistes, le contexte s'y prête pour eux dans le but de se repositionner et faire en sorte de profiter de la conjoncture pour se faire réhabiliter.
Le brouillamini apporte sa couche épaisse à une situation politique qui s'apparente à une espèce de spirale sans issue ni perspective en mesure de ramener des réponses concrètes à ce genre de cacophonie dans laquelle se trouve le pays depuis plus de trois mois, c'est-à-dire depuis l'enclenchement du processus du changement grâce au mouvement populaire du 22 février.
L'imbroglio a pris un sens saillant où toutes les normes politiques avaient été renversées, la pratique politique subit des variations et des changements jamais observés depuis plusieurs décennies.
C'est le cas de la mouvance islamiste dans toutes ses variantes, ladite mouvance affiche une espèce d' «homogénéité» jamais exprimée depuis son introduction dans l'arène politique au sens officiel du terme. Les islamistes voient l'évolution politique du pays comme indice qui favorise une issue «positive» quant à l'instabilité créée après la démission de l'ex-président de la République depuis plus d'un mois après la pression de la rue dans le but de changer le régime et tous ses symboles.
Tout le monde sait que c'est l'institution militaire qui gère la situation de crise dans le cadre de ses responsabilités constitutionnelles consistant à accompagner le pays et le peuple vers une nouvelle étape politique et institutionnelle en mesure de permettre à l'Etat de dépasser le statu quo et renouer avec le fonctionnement normal des institutions dudit Etat.
Les tiraillements se font sentir avec insistance ces derniers temps, la situation politique vit au rythme des mouvements de mobilisation et des marches sans arrêt pour exiger le départ du régime et aussi le rejet de l'échéance électorale de la présidentielle du 4 juillet de l'année en cours. Cette situation prête à confusion dans la mesure où les islamistes ont pris une position claire et nette dans la perspective d'adhérer dans la logique du pouvoir réel et en place maintenant, c'est-à-dire l'institution militaire et sa feuille de route fondée sur la disposition constitutionnelle, à savoir l'article 102 visant à mettre en place un intérim au président démissionnaire pour une durée de 3 mois, le temps d'élire un autre président de la République en convoquant le corps électoral pour la circonstance. Cette feuille de route est rejetée par un nombre important de formations politiques et aussi la société incarnée par le mouvement populaire. Mais les islamistes affichent leur disposition à s'inscrire dans la nouvelle feuille de route proposée par l'institution militaire et ne font pas cas du tout de la démarche qui est adoptée par la majorité des Algériens et Algériennes qui refuse d'aller vers ce qu'elle qualifie de «mascarade» électorale. Les islamistes soutiennent avec une clarté et netteté si rare l'institution militaire dans sa démarche de maintenir l'agenda électoral et ne pas aborder la possibilité d'une dynamique transitionnelle. Même le dialogue politique ne se fera que dans l'ordre délimité, à savoir le maintien du processus électoral tel que défini par la Constitution en vigueur.
Cette donne est vue autrement par les islamistes, le contexte s'y prête pour eux dans le but de se repositionner et faire en sorte de profiter de la conjoncture pour se faire réhabiliter. Certaines sources rapportent que les islamistes subissent des pressions de leurs mentors qui les financent et les aident y compris politiquement. Cette nouvelle donne permet à la mouvance islamiste de se resituer et se rapprocher des sphères du pouvoir même si elle donne l'impression qu'elle est en train de faire des concessions politiques dans le but de réaliser le compromis recherché avec les maîtres du jeu politique du moment.
Les islamistes qui ont montré une docilité si manifeste quant aux forces en présence, essayent de jouer leur dernière carte pour rebondir à nouveau sur l'échiquier politique comme une force qui pourrait négocier sa place en tant que frange politique reflétant l'échiquier politique.
Une chose est sûre, la mouvance islamiste se retrouve dans une posture le moins que l'on puisse dire, opportuniste qui attend aux aguets. Mais la leçon retenue par les islamistes n'a pas fait l'effet d'une expérience où ces derniers devaient changer de stratégie, mais bien au contraire, ils soutiennent le statu quo y compris l'institution militaire rien que pour se maintenir dans l'échiquier politique, mais aussi garder ses chances intactes dans la perspective de se repositionner électoralement et consolider son existence. Pour ça, les islamistes sont prêts à s'allier au diable pour atteindre cet objectif.
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Mardi 14 Mai 2019