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Pourquoi Sonatrach préfère le Sheraton Oran ?
Depuis son inauguration en 2005, l’hôtel Sheraton d’Oran a abrité d’importantes activités organisées par Sonatrach. Et pas des moindres. Si certains estiment qu’il s’agit là d’un choix légitime, d’autres considèrent en revanche que cette destination résulte d’une certaine forme de complaisance, sur fond d’intérêts financiers communs.
Parmi les activités importantes que Sonatrach a organisées dans cet hôtel 5 étoiles, l’on peut citer la première Journée internationale sur la recherche et le développement (R&D), qui s’est tenue le 15 novembre 2005. L’année suivante, le 25 juillet 2006, Sonatrach y organise un workshop sur le processus de planification stratégique. Puis, du 25 au 29 juillet de cette même année, ce même hôtel abrite la troisième édition de la Semaine de l’énergie, en sus d’autres manifestations. Et le plus important événement a été la tenue, à l’hôtel Sheraton d’Oran, du 151e Sommet extraordinaire de l’Opep, le 17 décembre 2008, précédé d’une réunion du Comité de surveillance du marché pétrolier, le 16 du même mois. Un événement mondial qui avait vu la présence du président de la République, qui a même séjourné, à cette occasion, dans cet hôtel. Mais la manifestation qui aura suscité moult interrogations est sans conteste celle lancée officiellement le 5 juin 2007, dans le cadre des workshops hebdomadaires du Safe Behaviour Programme (les workshops s’étalent sur deux jours, au cours desquels sont enseignées, illustrées et discutées, en appui à des supports multimédias, les barrières mentales devant être dressées contre le risque d’accident). Car là, il ne s’agissait plus d’un événement devant durer un ou plusieurs jours, mais bien plus que cela. Il doit s’étaler sur six années, dans ce même lieu qu’est l’hôtel Sheraton d’Oran. De quoi se poser certaines questions. Des questions qui ne seront finalement mises au jour que lorsque le scandale de Sonatrach éclatera, il y a de cela un mois. Il ne s’agit pas uniquement du choix porté sur cet hôtel, mais également des sommes énormes octroyées pour la prise en charge de chaque employé de Sonatrach pour seulement deux journées, et qui seraient, selon certaines sources, de l’ordre de 100 000 DA. La première édition des workshops, qui se tiennent en sessions hebdomadaires pour près de 300 participants, a été organisée en juin 2007. Elle a concerné, dans un premier temps, ces trois activités opérationnelles de Sonatrach : AMONT, AVAL et TRC. Les sessions hebdomadaires suivantes, lancées officiellement le 14 juillet 2008, avaient mobilisé six filiales : Naftec, Naftal, Enafor, Enageo, ENSP, STH, Helios, SIHC, ainsi que l’activité Commercialisation (COM) et les structures fonctionnelles (DG) de Sonatrach. Il s’agit ainsi de 300 participants supplémentaires par semaine. Au rythme de 600 participants par semaine au cours du second semestre 2008 (les sessions se sont ainsi poursuivies jusqu’à la fin de l’année 2009), les workshops du Safe Behaviour Programme ont vu une participation cumulée de près de 45 000 travailleurs. Sachant que l’objectif de Sonatrach est de dispenser cet enseignement à 120 000 travailleurs, il est prévu que le Safe Behaviour Programme s’étende jusqu’en 2013. Selon une source digne de foi (il s’agit d’une information qui avait été déjà donnée en 2005), le groupe touristique international Starwood Hotels & Resorts avait alors réalisé son plus juteux contrat avec le workshop du Safe Behaviour Programme, qu’il a conclu avec Sonatrach pour la somme d’un million d’euros. Aujourd’hui - et ce, même si ce contrat avait été décrié par un grand nombre de cadres qui faisaient partie des 120 000 travailleurs concernés par ce programme de formation, car selon eux, cela ne devait en aucun cas occasionner des dépenses aussi disproportionnées -, il suffirait que les travailleurs de Sonatrach suivent cette formation dans leurs villes respectives, ou tout au moins à travers trois ou cinq hôtels des différentes wilayas. Toujours selon cette source, l’hôtel Sheraton n’a pas, à ce jour, cessé d’abriter les cycles de formation entrant dans le cadre des workshops du Safe Behaviour Programme, et ce, malgré ce qui a été rapporté dans la presse au sujet de ce contrat et des frais y attenants. Car, sauf rupture de contrat, ce qui est loin d’être le cas vu la somme engagée, chaque semaine, du mardi au vendredi, près de 230 employés continueront d’affluer au Sheraton pour suivre cette formation. Concernant le coût de la prise en charge, estimée à 100 000 DA par personne, selon une source bien au fait de ce type de frais, l’on saura que pour des clients ordinaires, cela ne dépasse guère les 60 000 DA. Selon une source qui a requis l’anonymat — tous nos interlocuteurs interrogés sur ce qui se rapporte à Sonatrach exigent d’ailleurs l’anonymat —, «ce n’est vraiment pas la peine de se poser trop de questions sur les liens entre Sonatrach et l’hôtel Sheraton, car il suffit de savoir qu’un proche parent d’un haut responsable de l’Etat a des intérêts personnels au niveau de cet hôtel et qu’il est donc tout à fait naturel qu’il privilégie ses intérêts». Ce qui explique, toujours selon la même source, pourquoi «l’enquête exigée par la présidence de la République au ministre de l’Energie et des Mines, concernant précisément ce dossier, n’a jamais eu de suite, du moins à ce jour».
Amel B.
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