Photo : Riad
Par Nabila Belbachir
L'espace aérien continue de s'ouvrir petit à petit dans les pays européens. L'Algérie, quant à elle, a rouvert hier matin ses principaux
aéroports à destination seulement du sud de l'Europe et de la capitale chinoise, Pékin. Cette nouvelle donne a été confirmée hier par les responsables de la compagnie Air Algérie.
Celle-ci informe les citoyens, notamment ses passagers, de la reprise de ses vols à partir d'hier, lundi, à destination de plusieurs villes du sud de l'Europe et Pékin. Ainsi, Air Algérie a repris ses vols à destination et au départ d'Alger, de Constantine, d'Oran et de Béjaïa, a-t-elle annoncé dans un communiqué. Et d'informer l'ensemble de ses passagers de la reprise du trafic aérien vers ces destinations suite à la réouverture partielle de l'espace aérien du sud de l'Europe. Il faut savoir qu'Air Algérie a dû réorganiser toutes ses dessertes pour le transport de quelque 2 000 voyageurs et tenter ainsi de diminuer le flux des passagers. «Air Algérie va procéder aujourd'hui [hier, ndlr] le transport de 2 000 passagers vers Pékin, Alicante, Barcelone, Marseille, Toulouse, Rome et Nice. Ces vols se feront à partir d'Alger, Béjaïa, Constantine et Oran. Un vol cargo est même prévu sur Marseille.
Ces vols vont se poursuivre jusqu'à 17h, heure locale», a indiqué Boualem Annad, directeur du centre d'exploitation d'Air Algérie, sur les ondes de la Chaîne II de la radio nationale. «Nous continuons de suivre au quotidien l'évolution de l'ouverture des espaces aériens», a-t-il rassuré. A partir de l'aéroport international Houari Boumediene, plusieurs vols ont été programmés.
Le premier, Alger-Toulouse-Alger, est prévu à 9h35, heure locale, et deux autres rotations Alger-Marseille-Alger auront lieu à 10h et 11h. Un autre vol vers la capitale italienne (Alger-Rome-Alger) est prévu à 10h40.
Dans l'après-midi, deux vols concerneront deux destinations différentes, (Alger-Pékin-Alger à 13h50), et en direction de Barcelone (Alger-Barcelone-Alger à 16h45). Pour l'est du pays, Air Algérie a organisé au niveau de l'aéroport international Mohamed Boudiaf de Constantine seulement deux vols à destination de Nice et Marseille. Constantine-Nice-Constantine à 7h55 et Constantine-Marseille-Constantine à 12h15. Outre ces deux aéroports, Air Algérie a programmé à partir de l'aéroport d'Es Senia d'Oran, trois vols : Oran-Marseille-Oran 9h-9h25 et 12h45, Oran-Toulouse-Oran à 9h et Oran-Alicante-Oran à 14h45. Pour ce qui concerne l'aéroport de Béjaïa, il a été a prévu un seul vol vers Marseille (Béjaïa-Marseille-Béjaïa) à 9h30. En revanche, faut-il le rappeler celle-ci a annulé, depuis vendredi dernier, 85 vols, avec une moyenne de 6 500 passagers/jour, dont 21 000 n'avaient pu être transportés jusqu'à dimanche dernier. Il est à souligner que les perturbations du trafic aérien à cause du nuage de cendres qui s'est propagé dans l'atmosphère suite à l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll se poursuivaient hier dans une grande partie du continent européen mais, selon l'UE, la moitié des vols prévus hier en Europe pourrait être assurée.
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Synthèse de Samir Azzoug
Cinq jours après l’éruption du volcan islandais Eyjafjoll, l’Association internationale du transport aérien (IATA) critique sévèrement la gestion de son secteur par l’Union européenne. Les cendres volcaniques ayant traversé la grande majorité des pays européens, elle a procédé à la fermeture des espaces aériens. Les pertes enregistrées par certaines compagnies sont importantes. Le déroutement des avions sur les aéroports ouverts, le logement des passagers ou des équipages bloqués et l’entretien des avions loin de leurs bases, ainsi que l’immobilisation d’autres, ont occasionné un manque à gagner estimé par l’IATA à plus de 200 millions de dollars (148 millions d’euros) par jour. 35 millions d’euros de pertes quotidiennes sont annoncées par Air France-KLM, 17 à 26 millions pour British Airways et 5 à 9 millions pour la compagnie SAS. Ce qui a eu une incidence directe sur le cours de ces compagnies dans les Bourses mondiales, leurs titres ayant connu des régressions d’une moyenne de 4 à 5%.
«L’ampleur de cette crise est désormais plus importante que le 11 septembre [2001, attaque contre le World Trade Center]» a déclaré hier Giovani Bisignani. Un véritable gouffre financier s’est ouvert.
Le directeur de l’association, qui représente 230 compagnies aériennes dans le monde, va encore plus loin en accusant l’UE d’excès de zèle face au nuage de cendres. «C’est un embarras pour l’Europe et c’est une pagaille européenne», s’est-il indigné contre cet excès de précaution imposé par l’instance européenne. Certains médias étrangers sont allés jusqu’à comparer la panique créée par la décision d’annulation des vols pour des raisons de sécurité aux campagnes vivement engagées et qui se sont avérées alarmistes de la grippe A(H1N1) ou sur le danger des produits OGM.
«Les Européens utilisent encore un système basé sur un modèle théorique, au lieu de prendre une décision basée sur des faits et une étude du risque», a-t-il estimé. «La décision [de fermer les espaces aériens] doit être basée sur des faits et soutenue par une étude du risque», a-t-il ajouté. Remontés contre les décideurs de l’Union européenne, et face aux pertes sèches qui pourraient mettre en difficulté plusieurs compagnies aériennes si les mesures imposées durent, les membres de l’IATA appellent à une ouverture de certains couloirs aériens et sollicitent des aides publiques pour pallier les pertes induites par la crise, comme ce fut le cas lors du précédent historique du 11 septembre 2001. La puissance du lobby aérien n’étant plus à prouver, les gouvernements et les décideurs de l’UE n’ont pas tardé pour répondre. La présidence espagnole de l’Union européenne (UE) a déclaré hier que les ministres européens ne partageaient «pas les critiques des compagnies» aériennes à la suite des restrictions de vols, affirmant que la «sécurité est primordiale»”.
D’abord, en rejetant les griefs : «Je ne pense pas que nous prenions trop de précaution : nous appliquons une méthode réglementaire mais avant tout sécuritaire», a fait valoir hier le patron de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), Patrick Gandil, dans un quotidien français. Ensuite, en affirmant que toute décision de réouverture du trafic aérien européen sera conditionnée par «la sécurité» des passagers, a indiqué la présidence tournante espagnole de l’UE avant une visioconférence des ministres européens des Transports. Pour rassurer les compagnies aériennes, le commissaire à La Concurrence de l’UE, Joaquin Almunia, déclare que «l’Union est prête à envisager un dispositif comme celui que nous avons adopté après les attentats du 11 septembre».
La Commission européenne s’est engagée hier à autoriser ses pays membres à venir en aide aux compagnies aériennes affectées par le nuage de cendres volcaniques.
«Si les Etats membres décident de soutenir [le secteur] par des aides publiques et selon les conditions définies pour que les aides publiques ne soient pas discriminatoires, nous sommes prêts à les envisager dans un cadre semblable à celui mis en place après le 11 septembre», a déclaré Joaquin Almunia.
Hier, plusieurs compagnies ont tenté le coup en improvisant des vols non commerciaux, effectués sans aucun problème.
L’Organisation européenne pour la sécurité européenne pour la sécurité de la navigation aérienne (Eurocontrol) annonçait hier matin que 30% des vols prévus dans la journée allaient être assurés, soit 8 000 à 9 000 sur plus de 28 000.
S. A.
UE : réouverture «progressive» et partielle aujourd’hui du trafic aérien
La présidence espagnole de l’Union européenne (UE) a annoncé hier la réouverture progressive et coordonnée du trafic dans une partie de l’espace aérien à partir d’aujourd’hui à 07h00, à l’issue d’une réunion par téléconférence des ministres européens des Transports.
Les ministres européens ont décidé «de l’ouverture progressive et contrôlée de l’espace aérien européen», a déclaré le ministre espagnol des Transports, José Blanco, en conférence de presse.
Cette reprise partielle du trafic entrera en vigueur «mardi [aujourd’hui] à partir de 07h00», a indiqué le ministre, dont le pays assure la présidence semestrielle tournante de l’UE. Les ministres européens ont décidé d’établir trois zones géographiques : l’une proche du centre des émissions de cendres du volcan islandais, dans laquelle les restrictions aux trafic demeureront «absolues», une seconde où le trafic «serait» sans danger et qui
doit fixer définitivement «dans les prochaines heures», et une troisième «ne nécessitant aucune restriction d’aucun type», a expliqué M. Blanco sans plus de précisions.
«Nous avons dit clairement que la sécurité est une priorité absolue» et «cette préoccupation dictera les décisions à prendre dans les prochains jours», a-t-il souligné.