Algérie – Canada :De jeunes universitaires reconvertis en cuisiniers ou taxieurs
Algérie – Canada :
De jeunes universitaires reconvertis en cuisiniers ou taxieurs
06/09/2008Vivre et travailler sous des cieux… «cléments» est le rêve de milliers de jeunes Algériens. Dans cette quête du paradis perdu, certains sont prêts à braver le danger, d'autres, tels des caméléons, préfèrent s'adapter à la situation. C'est le cas de ces jeunes qui suivent des formations professionnelles dites «porteuses» d'opportunité d'embauche à l'étranger.
Diplômés de l'université ou de la formation professionnelle, ils sont de plus en plus nombreux à s'inscrire dans des écoles de formations, notamment privées, pour acquérir des connaissances dans des domaines recherchés, et par conséquent s'assurer un permis de travail dans le pays d'accueil.
Ce pays du nord de la planète a besoin de main-d'œuvre diplômé. Et cela, les Algériens l'ont bien compris.
Même si les cours n'ont pas encore commencé, l'affluence est importante au niveau de cette école privée de pâtisserie et de gastronomie à Kouba.
La fin justifie… l'ambition
Si certains veulent apprendre ce métier pour le fun, d'autres sont plus pragmatiques.
«Je suis licencié en histoire. Cette spécialité ne me servira absolument à rien au Canada. J'ai appris que les cuisiniers et les secrétaires sont demandés là -bas. Je veux mettre toutes les chances de mon côté», nous a déclaré un jeune de 24 ans sur un ton convaincu.
Entre secrétaire et cuisinier, son choix semble être fait.
Décidemment, le Canada se présente comme étant la nouvelle terre d'accueil pour ces jeunes. «La France offre peut-être le travail et les études, mais c'est éphémère, vu les difficultés qui vont crescendo pour le renouvellement de la carte de séjour, et les nouvelles circulaires contrôlant de plus près le monde des études et du travail des étrangers et prévoyant de sévères sanctions contre les tricheurs.»
Le Québec a besoin de peupler ses terres et a fortiori par des immigrés diplômés et francophones. La procédure ne dépasse pas 12 mois et le fameux visa à vie est délivré au candidat après un entretien. Le dépôt d'un dossier et le paiement des frais d'études avoisinent les 2 000 euros.
L'information sur les emplois recherchés au Canada circule telle une traînée de poudre. Le mot d'ordre est donné. Certaines écoles sont prises d'assaut.
La directrice d'une école privée de bureautique à Hassiba-Ben Bouali est catégorique.
«La majorité écrasante des jeune stagiaires s'inscrivent pour préparer leur départ à l'étranger, notamment au Canada. Le secrétariat enregistre une affluence record. Ils veulent partir avec un diplôme dans leur bagage.» Toutefois, notre interlocutrice s'est déclarée dans l'incapacité de nous fournir des données chiffrées sur ce sujet. «Nous délivrons les diplômes à la fin du cursus, après nous ne sommes plus responsables.» Le pays du Caribou et du sirop d'érable compte plus de 43 000 Algériens légalement installés, selon les chiffres officiels.
Que veut le Canada ?
A ce sujet, les responsables de Général ICS (Immigration Canada Service) affirment que «nous recherchons avant tout des personnes capables de s´adapter à notre environnement de travail.
La main-d'œuvre étant rare ici au Canada, nous avons ouvert notre marché au reste du monde afin de permettre aux jeunes diplômés d´autres pays qui sont sans emploi fixe de pouvoir toucher à la réalité». Concernant le profil recherché, il a été signalé : «Aujourd´hui, nous sommes à la recherche de personnels expérimentés en particulier en audit d´entreprise, contrôle de gestion, expertise comptable, gestion des ressources humaines, montage de projet marketing, marketing,communication, droit des affaires, commerce international, production agricole, agro-industrie, transformation des aliments, management de qualité, connaissance dans les normes de qualité, transport et logique, secrétariat, secrétariat bilingue, secrétariat informatisé, opérateur bancaire, financements de projets, assurance, brevets, licences, propriétés intellectuelle, hôtellerie, restauration, ingénierie, informatique, service public, agronomie.»
Pour la concrétisation de ce rêve, deux formules sont proposées. Envoyer un message électronique au département de la citoyenneté et de l'immigration ou payer les services d'un bureau de consulting. Rencontrée dans l'un de ces bureaux, Djamila, étudiante en sociologie, s'est confiée : «Je veux partir au Canada pour poursuivre mes études. En parallèle, je suis une formation en secrétariat. De cette façon, j'aurai plus de chance de trouver un emploi.»
L'objectif de ces bureaux est d'éviter «les embûches aux personnes voulant émigrer au Canada».
Cependant, certains sacrifices doivent être faits. «Les ingénieurs algériens doivent accepter le poste de technicien.»
Le Canada utilise le système de pointage. «Plus on a de points, plus on a de chances d'être retenu. Quant aux délais de traitement des demandes de visas permanents, elles peuvent s'étaler jusqu'à trois ans.»
Avant de tenter l'aventure, il est conseillé à ces jeunes «d'apprendre ou de perfectionner l'anglais qui reste le plus grand handicap des Algériens qui croient que le Canada se limite au Québec alors que les autres régions offrent plus de possibilités».
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Gare à l'arnaque !
Par ailleurs, il est important de signaler que l'ambassade du Canada à Alger a mis en garde, à plusieurs reprises, les jeunes algériens désirant émigrer au Canada, contre des «agents non agréés» et des sites illégaux sur Internet qui offrent des services de visa «fictifs». Pour plus de sécurité, les autorités consulaires canadiennes invitent les postulants algériens à l'immigration à consulter le site Web officiel de l'ambassade du Canada. Aussi, il est à noter que l'année dernière, 3500 visas de tourisme et 1 500 visas d'immigration ont été délivrés par l'ambassade du Canada à Alger. Quelque 50 000 Algériens sont installés aujourd'hui au Canada, principalement au Québec.
M. L. B.
Source : Le jeune Indépendant