Algérie - Egypte le 18 novembre à Khartoum
La 3e mi-temps
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l Avec 2 buts assassins, l'un en début de partie l'autre à la fin, les Pharaons ont forcé nos Verts à disputer la «belle» sur terrain neutre. Avec les péripéties dramatiques ayant marqué le séjour des joueurs et des supporters, Le Caire est une page à tourner très vite. Cap sur Khartoum !
De notre envoyé spécial : Djamel Ouaglal
Les Verts, dont les chances de qualification demeurent intactes, ont gagné tout de même la belle, celle de disputer un match d'appui contre ces mêmes Egyptiens, ce mercredi à Khartoum capitale du Soudan, après le tirage au sort effectué par la FIFA pour désigner le pays neutre qui devrait départager les deux nations en cas d'égalité parfaite. Et l'issue du match d'hier a mis justement les deux sélections dans cette situation : l'Egypte rejoint l'Algérie au classement général avec 13 points et une égalité parfaite en différence de buts (+4) et dans les buts marqués (9) et ceux encaissés (4).
Pour parvenir à leurs fins, les Egyptiens, comme à leur habitude et fidèles à leur réputation de grands spécialistes des coups fourrés, ont frappé d'entrée, pas à la deuxième minute du match, mais 24 heures avant le match en laissant une bande d'ultras déchaînés s'attaquer au car des joueurs algériens, blessant trois d'entre eux.
Deux (Halliche et Lemouchia) ont joué hier la tête bandée. Le coup était bien monté dans la mesure où les Egyptiens savaient pertinemment que la plupart des joueurs algériens évoluent en Europe et donc étaient complètement détachés de ce que pourrait être l'ambiance au Caire, c'est pourquoi les frapper au moral en touchant à leur intégrité physique devenait incontournable.
A partir de là , le match avait pris une autre tournure, ce qui explique en partie l'entame de la rencontre avec ce flottement terrible de la défense des Verts et ce gros problème – d'ailleurs récurrent pour lequel Saâdane doit trouver une solution à l'avenir – celui du côté gauche où Belhadj a laissé Amr Zaki dans son dos pour déclencher l'action du premier but. Pour preuve, les statistiques de jeu de l'équipe égyptienne démontre que l'essentiel des offensives étaient accentuées sur la gauche qui, aux yeux de Shehata et ses collaborateurs, est le maillon faible de la défense algérienne. Cela se vérifiera sur le second but encaissé dans un moment fatidique puisque Imad Motâab se trouvait également au poteau gauche pour mettre sa balle piquée hors de portée de l'excellent Gaouaoui. C'est le pire des scénarios que redoutait Saâdane : encaisser d'entrée, alors qu'il fallait résister durant une bonne vingtaine de minutes pour faire douter l'adversaire, et puis encaisser dans le temps additionnel un but qui remettrait en cause la hiérarchie dans ce groupe qualificatif pour le prochain Mondial-2010. Entre les deux buts, qu'ont fait les Verts ? D'abord, ils ont essayé de retrouver leurs esprits et rentrer dans le match comme il le faut avant de reprendre le jeu à leur compte lors de la seconde moitié de la première mi-temps se permettant même de terminer avec une occasion de rétablir l'équilibre par Anthar Yahia suite à une déviation de la tête de Saïfi.
La seconde période débute bien pour les hommes de Saâdane et dans le même prolongement de la fin de la première manche en cantonnant les Egyptiens dans leur moitié de terrain et en amorçant des contres qui ont failli faire mouche à deux reprises lorsque Saïfi, d'abord sur un lob, qui a obligé Al-Hadary à un sauvetage miraculeux puis sur un retrait de Bezzaz dont la reprise passe au-dessus de la transversale. Pour sa part, Mourad Meghni, l'un de nos meilleurs éléments sur le terrain, tentera une bonne frappe cadrée de loin, mais dans les bras du gardien égyptien.
Dans le dernier quart d'heure, les Algériens reculent instinctivement et davantage dans leur territoire pour préserver leur qualification, mais ils se feront surprendre dans le temps additionnel par ce but de Motaâb qui leur donnera un sacré coup au moral.
D'autant que dans trois jours, les Verts seront diminués par les absences de Gaouaoui et de Lemouchia, deux joueurs clés, suspendus, et l'incertitude qui plane sur d'autres éléments blessés.
le match de Khartoum se déroulera dans un contexte différent et à armes égales, aux joueurs donc, qui sont quand même des professionnels, de reprendre le dessus sur le plan moral et physique pour donner ce dernier coup de reins qui nous qualifierait au rendez-vous sud-africain l'été prochain. Les Verts le méritent bien ne serait-ce que pour le parcours étincelant qu'ils ont accompli et au sentiment d'injustice né des agressions qu'ils ont subies au Caire.
L'espoir est donc permis et il y a une grande place pour une victoire face à ces Pharaons qui usent toujours d'actes extrasportifs vieux de 3000 ans !
A. S-B.
Ziani : «La sortie de Halliche nous a été fatale»
Le milieu de terrain Karim Ziani, était, à l'instar de tous les Algériens, très déçu à la fin de la rencontre. Il affirme que son équipe a laissé passer une occasion en or de se qualifier à la Coupe du monde directement, sans passer par le match d'appui. «Croyez-moi, nous sommes très déçus par la tournure prise par les événements. Nous étions presque à Johannesburg, mais le destin en a voulu autrement. C'est frustrant de perdre de la sorte, alors que nous avions créé d'énormes occasions de tuer l'espoir de notre adversaire. Je pense que l'Egypte a été plus chanceuse que nous. Je suis sûr qu'un tel scénario ne se répétera pas dans l'immédiat. Nous avons encaissé un but à la 1re minute et un autre dans le temps idéal, nous ne pouvons qu'être très déçus.
La sortie de Halliche nous a été fatale. Je ne remets pas en cause son remplaçant, mais la défection de Halliche a déstabilisé le compartiment défensif de notre équipe. Dans le jeu aérien, il a été impérial durant toute sa présence sur le terrain. Je suppose que s'il était encore sur le terrain, l'attaquant égyptien aurait eu du mal à reprendre de la tête la balle du deuxième but. Cela dit, nous ne sommes pas encore éliminés. Nous devons impérativement oublier cet échec et nous concentrer sur le match de mercredi. Les éliminatoires ne sont pas encore achevées.
Il reste un match décisif et c'est le moment de sortir tous nos atouts. Je suis désolé pour nos supporters qui se sont déplacés en Egypte et je promets à tous les Algériens que nous allons batailler dur pour arracher la qualification au Soudan», conclura le joueur de Wolfsburg.
Dj. O.
Antar Yahia : «Nous avons perdu une bataille» l Le défenseur des Verts, Antar Yahia, ne trouvait pas les mots pour qualifier le scénario de la rencontre d'hier. Il estime, toutefois, que c'était presque un hold-up parfait tant les Egyptiens n'étaient en rien supérieurs aux Algériens. «D'abord, je dois dire que nous sommes désolés pour ce ratage. Je suis sûr que tous les Algériens sont aussi déçus que nous. C'est pour cette raison que nous avons pris la décision de refaire notre retard et de nous concentrer, dès à présent, sur le prochain match. L'espace qui nous sépare de cette rencontre décisive est court, donc, il est nécessaire d'oublier la défaite du Caire. Nous avons évolué dans un environnement hostile, ce qui nous a empêchés d'être en possession de tous nos moyens. Il ne faut surtout pas se décourager. Nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre. Nous allons jouer une sorte de finale mercredi prochain et là les donnes vont certainement changer. Nous avons réalisé un excellent parcours, il faudra, donc, savoir le clôturer sur une note positive. Nous irons au Soudan pour arracher notre qualification», a déclaré le défenseur de Bochum.
Dj. O.
Saâdane : «On s'attendait à un match difficile» l «Nous nous attendions à un match difficile, où l'adversaire devait inscrire trois buts pour se qualifier. Beaucoup de joueurs revenaient de blessures. La sortie de Halliche a eu un effet négatif sur le rendement de l'équipe. Nous tenterons d'arracher notre qualification au Soudan.»
Raho : «Nos chances sont intactes» l «Nous sommes déçus par le score final de la partie. Nous tenions notre qualification, malheureusement nous avons encaissé un but dans le temps additionnel. Je félicite mes partenaires pour les efforts fournis et je remercie le public qui nous a soutenus. Nous allons donner le meilleur de nous-mêmes pour décrocher notre qualification. Nos chances sont intactes.»
Première défaite après plus d'une année n A l'issue de la rencontre d'hier face à l'Egypte, la sélection nationale a essuyé sa première défaite après plus d'une année. En effet, la dernière remonte à l'été 2007 lorsque les Verts se sont inclinés face à la Gambie pour le compte des éliminatoires de la CAN-2008. Ainsi la belle série des camarades de Saïfi vient de prendre fin.
Raouraoua à InfoSoir :
«Zaher ne mérite pas mon amitié»
Entretien n Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, reconnaît que la défaite des Verts est amère, mais demeure tout de même optimiste pour la qualification de l'Algérie au mondial.
InfoSoir : Que pensez-vous du scénario que vous avez vécu depuis votre arrivée en Egypte ?
M. Raouraoua : Je vous assure que nous sommes sortis d'un véritable guet-apens. Nous avons été malmenés dès que nous avons foulé le sol égyptien. Nous avons été soumis à une pression terrible et j'ai demandé aux joueurs de prendre en considération le match entre l'Arabie saoudite et le Bahreïn. Les Saoudiens marquent un but et j'ai vu l'Emir Soltane aux anges. Il pensait que son pays était qualifié à la Coupe du monde. Mais à la 92e minute, le Bahreïn égalise et le rêve des Saoudiens s'est évaporé en une fraction de seconde. C'est ce qui s'est produit pour nous aujourd'hui.
Les joueurs étaient abattus à la fin du match, que s'est-il exactement passé, alors que l'équipe tenait le billet pour l'Afrique du Sud ?
Nous avons encaissé deux buts dans des moments délicats du match. Mais il faut se mettre dans la tête que nous ne sommes pas encore éliminés. Nous avons un match à disputer et c'est à partir de là que l'équipe qui ira au Mondial sera désignée. Maintenant, même si nous n'allons pas en Afrique du Sud, il faut être fier de cette équipe. Nous avons un bon groupe.
C'est frustrant d'encaisser dans le temps additionnel, n'est-ce pas ?
C'est certain, mais je pense que nous ne méritions pas cela. Nous avons souffert sur le plan de l'effectif. Halliche, par exemple, ne pouvait même pas marcher à la fin du match. Le deuxième but que nous avons encaissé nous a coupé les jambes. Notre gardien de but a manqué de concentration sur l'action. Nous encaissons toujours des buts bêtement à la dernière minute.
Aviez-vous pensé à un éventuel match d'appui avant le match d'aujourd'hui ?
Bien sûr. C'est une probabilité que nous avons bien étudiée et, en ce sens, nous avons pris nos dispositions. Cette fois, ce sera une rencontre entre deux formations qui se respectent et loin de ces responsables qui ont tout fait pour bousiller la relation algéro-égyptienne. Aujourd'hui, nous avons constaté un grand fair-play sur le terrain entre les joueurs. Malheureusement, certains responsables égyptiens n'ont pas été à la hauteur de leur équipe. Ce qui les intéressait, c'était de rester au pouvoir. Ils avaient peur pour leur place.
Soyez plus explicite ?
Je considère que ce match face à l'Egypte n'avait rien à voir avec le sport en général et le football en particulier. C'était comme une sorte de bataille de pierres. Elle a commencé dès notre arrivée en Egypte. Je n'ai pas assisté à la rencontre et vous savez pourquoi je n'ai pas accepté d'être à la tribune d'honneur ? C'est à cause de Samir Zaher. Mon absence à la tribune d'honneur est une sorte de protestation contre le président de la FEF après tout ce qui s'est passé avec l'équipe d'Algérie.
Vous semblez remonté contre le président de la Fédération égyptienne de football…
Je vous dirai une chose. Nous, les Algériens, respectons l'équipe égyptienne de football et nous aimons le peuple égyptien. Mais en même temps, nous méprisons tous ces responsables qui ont préparé le guet-apens dont a été victime notre équipe. Ce ne sont pas des hommes et ils n'ont aucun sens des responsabilités. Dieu nous rendra notre droit. Zaher a failli à sa mission et il a usé de tous les stratagèmes pour préserver son poste.
Mais il est votre ami, n'est-ce pas ?
Il était mon ami, plus maintenant. Un président, qui demande au public de venir et de faire ce qu'il veut des Algériens, à votre avis, est-il irresponsable ? Je n'ai pas besoin de son amitié. Je ne suis pas triste du tout, mais écœuré par l'attitude des responsables égyptiens.
Ne pensez-vous pas que quelques joueurs algériens n'ont pas été à leur niveau habituel ?
C'est certain. Nous avions deux joueurs blessés avant le match dont un n'a pas terminé le match. Malgré leurs blessures, Halliche et Lemouchia ont répondu à l'appel du coach. Il faut, toutefois, savoir que si nous avons accepté de jouer ce match, c'est beaucoup plus pour honorer notre engagement.
Quel est le mental des joueurs après cette amère défaite ?
C'est une défaite amère comme vous le dites et il est difficile de l'accepter. C'est une situation très négative surtout que nous étions tout près de décrocher notre billet qualificatif pour le Mondial. J'espère que nous allons la digérer dans les jours qui viennent afin d'aborder le match de mercredi avec un moral d'acier.
Pensez-vous que quatre jours suffisent pour remonter le moral des joueurs éprouvés ?
Quatre jours sont largement suffisants pour récupérer de cette débâcle. Les joueurs sont des professionnels et ils n'auront pas trop de problèmes pour retrouver leur esprit. C'est une grosse déception, mais nous allons vite l'oublier car nous sommes toujours en course pour le voyage en Afrique du Sud.
Vous semblez optimiste…
Je crois fermement en la qualification de l'Algérie au Mondial prochain. Car cette fois, les donnes vont complètement changer. Il n'y aura pas de place aux formes de pression que nous avons subies depuis notre arrivée en Egypte. J'ai déjà dit au président de la FEF que je suis prêt à jouer là où il veut. Nous allons gagner au stade d'El-Mereikh.
Propos recueillis par Djamel O.
Djamel Ould Abbès : «L'Etat n'acceptera pas qu'un Algérien soit humilié» l Le ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, n'a pas caché sa déception après ce qu'il a vu au Cairo Stadium. «C'est humiliant, indigne et intolérable. Je leur ai fait la remarque et je leur ai demandé si c'est cela la civilisation millénaire égyptienne ? Nous avons toléré beaucoup de choses de la part des Egyptiens, mais nous n'allons pas passer sous silence leurs actes condamnables. Dès demain, à mon retour à Alger, je vais rédiger un rapport sur ce qui s'est passé ici en Egypte et je vais le remettre au président de la République. Une réaction est attendue de la part du gouvernement algérien», nous dira-t-il. Nous avons demandé au ministre quelle a été sa réaction quant au traitement réservé aux femmes, dont certaines ont été entièrement déshabillées lors de leur passage au contrôle. «J'ai entendu parler de cela. Je ne tolère pas que l'on maltraite nos femmes à l'étranger. Elles ont été humiliées et je pense qu'il faut sévir pour leur rendre leur dignité. C'est malheureux de voir ce qui s'est passé aujourd'hui. Même l'hymne national a été copieusement sifflé, mais cela ne m'a pas empêché de saluer l'hymne national égyptien pour leur montrer que nous, Algériens, sommes plus civilisés qu'eux», ajoutera le ministre de la Solidarité nationale.
Dj. O.
Hachemi Djiar : «L'environnement était hostile» l Présent au Caire depuis mercredi dernier, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a constaté de visu ce qu'a enduré la délégation algérienne en Egypte. «Je pense que c'est une pression inacceptable sur nos joueurs. Je peux comprendre l'attitude du public qui encourage son équipe et veut la voir gagner, mais je n'accepte pas d'autres comportements qui n'honorent pas leurs auteurs. Je pense aussi que nos joueurs ont fait le maximum malgré l'environnement hostile. Nous avons perdu, certes, mais nous ne sommes pas encore éliminés. Il reste une chance à Khartoum et nous allons faire le maximum pour revenir avec le billet qualificatif pour le Mondial 2010», nous déclare M. Djiar à la fin du match.
Dj. O.