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ĂĂĄĂĂĄĂĂĂĂ 04 ĂĂŠĂ 2009
MARDI 04 AOUT 2009 Tuesday, August 04, 2009
Mardi 4 août, 216e jour de l'année
Le dicton météorologique du jour:
"Quand mĂȘme la couche serait Ă ton goĂ»t,
Ne dors pas sous le soleil d'août"
Le proverbe du jour:
"Il n'y a pas de fruit qui n'ait Ă©tĂ© Ăąpre avant d'ĂȘtre mĂ»r" (proverbe latin)
La citation du jour:
"La vanité, grande ennemie de l'égoïsme, peut engendrer tous les effets de l'amour du prochain" (Paul Valéry, Suite)
LES CITOYENS ET LA SUSPENSION DU CRÉDIT À LA CONSOMMATION
«Revalorisez nos salaires!»
Tahar FATTANI - Mardi 04 Août 2009 - Page : 2
A dĂ©faut dâacheter, on se contentera de regarder | |
M. NAIMA |
Les citoyens sont dans lâexpectative. Le Ramadhan est dans moins de trois semaines. Le gouvernement vient de supprimer les crĂ©dits Ă la consommation. Trop pour un simple travailleur au pouvoir dâachat limitĂ©. Loin des milieux des spĂ©cialistes en Ă©conomie, des banquiers et des concessionnaires, LâExpression a donnĂ© la parole aux citoyens, Ă travers un micro-trottoir, pour sonder leurs rĂ©actions sur une dĂ©cision qui fait couler beaucoup dâencre. IrrĂ©flĂ©chie, absurde. Tels sont les qualificatifs quâattribuent nombre de citoyens Ă la dĂ©cision supprimant le droit aux banques dâoctroyer un crĂ©dit de consommation Ă leurs clients. Les commentaires sont nombreux et les «analyses» sont diverses. Les personnes interviewĂ©es sont issues de la classe dĂ©favorisĂ©e et de la classe moyenne. RencontrĂ© Ă lâhĂŽpital Parnet dâHussein Dey, O.Abid, 34 ans, mĂ©decin, dĂ©clare: «Que voulez-vous que je vous dise? LâEtat ne cesse de nous surprendre par ses dĂ©cisions. Franchement, je ne comprends pas en quoi un crĂ©dit automobile qui concerne directement les citoyens et les banques et Ă un degrĂ© moindre les concessionnaires automobiles, dĂ©range le gouvernement.» Et pour justifier ses propos, le mĂ©decin soulignera: «Comment font les Occidentaux dans ce cas? LâAlgĂ©rie nâest pas, Ă ma connaissance, le seul pays au monde qui a procĂ©dĂ© Ă ce genre de crĂ©dit. Toutes les capitales europĂ©ennes mettent en place les mĂ©canismes qui peuvent faciliter la vie Ă leurs citoyens, alors que chez nous, le gouvernement tend Ă compliquer la vie aux citoyens. Il suffit juste de regarder le pouvoir dâachat qui se dĂ©grade de plus en plus. Il est urgent dans cette situation dâamĂ©liorer les conditions de vie des AlgĂ©riens. LâEtat doit mettre la main Ă la poche.» Sur la mĂȘme lancĂ©e, Nabila Sami, 29 ans, infirmiĂšre, affirmera: «Franchement, nos responsables cherchent Ă nous pourrir lâexistence. Avec un "salaire minable" je ne pourrai jamais mâoffrir un vĂ©hicule ou meubler une maison» avant de nous faire la confidence: «Avec mon fiancĂ©, on comptait constituer deux dossiers, le premier pour un crĂ©dit afin de meubler notre maison et le second pour lâachat dâune voiture. Et voilĂ que tout sâĂ©vapore, y compris notre mariage que nous avons programmĂ© pour le printemps prochain.» Aussi pour faire face Ă toutes les dĂ©penses et Ă©ventuellement ne pas remettre en cause son mariage, Nabila prĂ©conise une revalorisation du salaire. Le mĂȘme raisonnement est tenu par Amrane, 27 ans, enseignant au lycĂ©e: «Sans qualifier dâirrĂ©flĂ©chie cette dĂ©cision, je dirais: un salariĂ© peut-il se permettre une voiture?» Quant aux arguments avancĂ©s par les responsables pour justifier cette mesure, Amrane dira: «Tout le monde est conscient, y compris nos responsables, quâun logement nâest pas Ă la portĂ©e de tous aujourdâhui en AlgĂ©rie. Car le problĂšme ne rĂ©side pas seulement dans le financement du logement, mais aussi dans sa disponibilitĂ©.» DĂ©veloppant son analyse, Amrane rappellera que «lors de lâintroduction de la taxe automobile, lâannĂ©e passĂ©e, le gouvernement soutenait que les frais de cette taxe seront utilisĂ©s pour amĂ©liorer les infrastructures et les moyens de transport public. Et maintenant? Va-t-on financer les tickets du mĂ©tro et du tramway aprĂšs la suspension du crĂ©dit automobile, puisquâil nây a aura plus de taxe?» Quant Ă Bachir, la quarantaine, simple ouvrier, le problĂšme ne se pose mĂȘme pas. «Moi je nâai pas les moyens dâacheter une voiture mĂȘme par facilitĂ©s. Je demande tout simplement que notre gouvernement nous amĂ©liore le transport en commun.». Cependant cette mesure ne suscite pas lâopposition. En effet, Mahmoud, 48 ans, chauffeur de taxi, approuve la dĂ©cision. «Câest une question qui ne mâintĂ©resse ni de prĂšs ni de loin. Moi je travaille depuis cinq ans comme taxi clandestin. Peut-ĂȘtre que ça va mâarranger un peu. Il y aura moins de vĂ©hicules dans lâavenir et cela contribuera Ă la fluiditĂ© des routes.» A chacun ses ambitions, Ă chacun ses arguments, mĂȘme si toute relance Ă©conomique dĂ©pend de la consommation.