Le commandant du groupement de la Gendarmerie nationale dâAlger, le colonel Mostefa Tayebi, a annoncĂ© lâinstallation, par les pouvoirs publics, de camĂ©ras de surveillance sur lâensemble du territoire de la capitale, c'est-Ă -dire de Mazafran jusquâĂ RĂ©ghaĂŻa.
Les bidonvilles pullulent dans la capitale. De 40 000, en 2005 et 2006, ils sont passĂ©s Ă plus de 45 000 constructions illicites, en 2008 et 2009, Ă©rigĂ©s sur des terrains vagues, Ă proximitĂ© des terres agricoles ou des canaux des eaux usĂ©es, aux environs des citĂ©s et autres quartiers rĂ©sidentiels menaçant le Grand-Alger, la sĂ©curitĂ© publique et le cadre de vie de la vitrine de tout un pays. Triste rĂ©alitĂ© due, notamment aux annĂ©es de braise quand lâexode rural nâĂ©tait que lĂ©gitime mouvement des populations, elle devient, aujourdâhui, une problĂ©matique aux multiples Ă©quations. RecensĂ©s puis relogĂ©s, les âhĂ©ritiersâ des baraques âtransmettentâ Ă leur progĂ©niture ce mal pour prendre une ampleur que mĂȘme la psycho-sociologie ne peut prendre en charge au vu des dĂ©gĂąts qui en rĂ©sultent. Hier, foyers du terrorisme et abris pour les populations enclavĂ©es et menacĂ©es de mort, aujourdâhui devenus, par la force des choses, noyaux durs de la criminalitĂ© sous toutes ses formes, les bidonvilles poussent comme des champignons pour dĂ©figurer une capitale qui reprend ses droits aprĂšs plus de 15 ans de terrorisme.
Ă titre indicatif, pas moins de 450 bidonvilles ont Ă©tĂ© rasĂ©s durant lâannĂ©e 2009. Et lâexemple qui demeure le plus choquant est celui de GuĂ© de Constantine oĂč ces haĂŻ bĂątis en parpaing et en zinc ont connu une baisse sensible, alors quâils Ă©taient plus de 2 000 en 2008. Câest que les gendarmes, agissant sous lâautoritĂ© administrative, constatent, informent les autoritĂ©s compĂ©tentes, les accompagnent dans la dĂ©molition avec, en toile de fond, un suivi rigoureux.
En vain. Les âbidonvillistesâ rĂ©cidivent et se font recenser ailleurs tout en louant la baraque totalement rasĂ©e. La descente, la 46e depuis janvier 2009, organisĂ©e par le groupement de la Gendarmerie nationale (GGN) dâAlger, montre on ne peut mieux que les bidonvilles et autres haouch situĂ©s Ă un jet de pierre de zones industrielles et autres villes universitaires sont toujours lĂ pour faire un parallĂšle entre deux mondes : celui oĂč des citoyens vivent et craignent pour leur sĂ©curitĂ© et leurs biens et celui oĂč dâautres subsistent dans des conditions inhumaines. Des conditions quâils ne changeraient pas pour tout lâor du monde puisque la grande majoritĂ© de la population dĂ©linquante vit du racket, de la drogue, des agressions et du meurtre. Et le cas le plus honteux pour la capitale demeure celui dâEl-Kerrouche, entre RĂ©ghaĂŻa et Rouiba oĂč prolifĂšrent les associations de malfaiteurs et les agressions quotidiennes des automobilistes.
Alger sous lâemprise des camĂ©ras de surveillance
Le commandant du GGN dâAlger, le colonel Mostefa Tayebi, a annoncĂ© lâinstallation, par les pouvoirs publics, de camĂ©ras de surveillance sur lâensemble du territoire de la capitale, c'est-Ă -dire de Mazafran jusquâĂ RĂ©ghaĂŻa. Selon ce responsable, il sâagit dâun ambitieux programme en cours dâexĂ©cution et qui connaĂźtra sa mise en vigueur en 2010. âIl sâagit du programme de tĂ©lĂ©surveillance. Il existe dĂ©jĂ dans la capitale, mais il sera Ă©tendu Ă toute la pĂ©riphĂ©rie pour toucher notamment les grands axes routiersâ, dira le colonel Tayebi qui avoue, en revanche, que âAlger a connu une baisse sensible de la criminalitĂ© pour passer Ă la 4e place Ă lâĂ©chelle nationale. Câest trĂšs important pour nous. Notre prĂ©sence effective et dissuasive a payĂ© et nous sommes prĂȘts Ă multiplier les moyens pour maintenir la pression sur ces poches oĂč pullule le crimeâ. Il citera, Ă ce propos, lâidentification, en 2009, de plus de 200 000 personnes, dont 800 ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es en vertu des mandats de justice ou recherchĂ©es par les services de sĂ©curitĂ©. Idem pour le terrorisme routier. Les 12 radars installĂ©s ont portĂ© leurs fruits. Jugeons-en : de 2 555 accidents en 2003 (avec un parc de 1 million de voitures), on est passĂ© Ă 1 112 sinistres en 2009 (avec un parc de 1,3 million de voitures). Un autre chiffre pour rĂ©sister Ă lâargumentation des mĂ©dias : de 23 000 retraits de permis de conduire en 2008, on est passĂ© Ă 40 000 en 2009 (jusquâau 20 dĂ©cembre), sans compter les 625 retraits enregistrĂ©s lors de la descente qui a durĂ© 48 heures et qui a touchĂ© toutes les localitĂ©s qui relĂšvent de la compĂ©tence de la Gendarmerie nationale dâAlger. Du coup, la tĂ©lĂ©surveillance apportera une plus-value au travail du gendarme qui devra ĂȘtre au four et au moulin pour traquer et le criminel et le chauffard. En outre, le colonel Tayebi a saluĂ© la dĂ©cision du gouvernement, Ă travers la loi de finances complĂ©mentaire (LFC-2009), pour avoir suspendu lâexportation des dĂ©chets non ferreux. âJe plaide pour sa suppression et non pour sa suspension. Car, depuis la LFC-2009, nous nâavons enregistrĂ© aucune plainte ni constatĂ© de vol de cuivre ou de cĂąble tĂ©lĂ©phonique et Ă©lectriqueâ, dira-t-il comme pour souligner lâapport salutaire de cette loi Ă lâĂ©conomie nationale.
Réveillon : Alger sous haute surveillance à partir du 25 décembre
Du reste, notre interlocuteur a annoncĂ© que la capitale sera placĂ©e sous haute surveillance Ă partir du 25 dĂ©cembre pour permettre aux AlgĂ©rois dâapprĂ©cier, en famille ou en groupe dâamis, les fĂȘtes de fin dâannĂ©e. âNous mettrons un dispositif exceptionnel. Pour la descente dâaujourdâhui, nous avons mobilisĂ© plus de 1 000 hommes. Ce dispositif sera renforcĂ© car, comme vous lâavez constatĂ©, en 48 heures seulement, nous avons recensĂ© plus de 40 prises de sang toutes positives. Câest trĂšs dĂ©licat ! Les AlgĂ©rois ont le droit de passer des fĂȘtes de fin dâannĂ©e et non de vivre des sinistres. Pour cela, nous occuperons tout le terrain, surtout les voies routiĂšres Ă partir du 25 dĂ©cembre prochain. Toutes les unitĂ©s seront mises Ă contributionâ, clame le colonel Tayebi qui affirme, par ailleurs, que les complexes touristiques comme Sidi Fredj et ZĂ©ralda et autres La PĂ©rouse seront hautement surveillĂ©s. Mais lâavant-goĂ»t de cette opĂ©ration est dĂ©jĂ donnĂ© puisque la descente de dimanche et de lundi aura permis dâidentifier 2 556 personnes, dont 2 347 libĂ©rĂ©es, 180 ayant fait lâobjet dâun PV, 29 placĂ©es en garde Ă vue et 8 arrestations pour immigration clandestine.
Les saisies sont aussi importantes aux yeux du colonel Tayebi qui estime que le but est de sĂ©curiser la capitale et dâavantager la prĂ©vention sur la rĂ©pression.
Lâun fait chanter les prostituĂ©es et lâautre avale du kif devant Melvine
ZĂ©ralda, relevant de la compagnie que dirige le commandant MaĂąlem FarĂšs, a Ă©tĂ© passĂ©e au peigne fin. En compagnie des chefs de brigade de Sidi Abdellah, de Rahmania, de Sidi Fredj et de Staoueli, en lâoccurrence MM. El-Miloud Mohamedi, Nabil Zegad, El-Bahi Kerrache et ChĂ©rif Azeddine, nous pĂ©nĂ©trons deux mondes totalement diffĂ©rents. Lâun suburbain et lâautre pro-urbain.
Des saisies de marchandises sans factures et sans contrĂŽle vĂ©tĂ©rinaire Ă la chasse aux mineurs sur le littoral et autres abus sur la voie publique, les gendarmes nous ouvrent les portes dâun littoral fait dâun cocktail de crimes et de dĂ©lits, mais aussi dâune mosaĂŻque de mentalitĂ©s des populations trop voisines pour sentir la diffĂ©rence. Sur la RN63 et le chemin de wilaya 133, les voitures bĂąchĂ©es â au contrĂŽle technique douteux â font fureur. Pis encore, ni facture ni amĂ©nagement de transport, encore moins de garantie sur les conditions dâhygiĂšne des produits alimentaires, les gendarmes ont du pain sur la planche, surtout que cet axe sensible et stratĂ©gique dĂ©bouche sur Blida, MĂ©dĂ©a, Douera et Alger. Câest le cas au barrage fixe de ZaĂątria, attenant Ă la station de transfert dâeau de Mazafran, reliant ZĂ©ralda Ă MegtaĂą Kheira, autrefois vĂ©ritable coupe-gorge, oĂč les gendarmes veillent au grain. Ă Sidi Fredj et Staoueli, le topo est autre : les deux brigades venaient de finir une Ă©tape de leur descente mixte. 24 heures aprĂšs la dĂ©couverte dâun cadavre sans vie â un nageur aventurier socialement dĂ©sĂ©quilibrĂ© â, nos interlocuteurs reviennent sur les 30 kg de kif traitĂ© âvomisâ au large de la mĂȘme plage de Sidi Fredj. Mais aussi des 11 cas de conduite en Ă©tat dâivresse, il y a quelques heures, contrĂŽlĂ©s positifs grĂące Ă lâalcootest Ă©lectronique. Lâheure est au changement, nous pĂ©nĂ©trons la forĂȘt du Village africain. Autour dâun feu de camp, il est Ă peine 15h, quand trois jeunes dĂ©linquants sont surpris : ils consommaient de la drogue. La preuve ? Aucune, diriez-vous. Pour preuve, lâun des consommateurs avalera, sous le regard des Ă©lĂ©ments de la SSI (Section de sĂ©curitĂ© et dâintervention), un bout de kif alors quâil venait de terminer un joint, selon ses aveux. MultirĂ©cidiviste, repris de justice, il sâadonnera Ă une âdiarrhĂ©e verbaleâ comme pour faire la morale aux gendarmes prĂ©sents. Mais le littoral, câest aussi le trafic humain avec tout ce que cela suggĂšre comme dĂ©tournement de mineurs, prostitution et proxĂ©nĂ©tisme.
Quelques jours avant la descente, en vertu dâun mandat de perquisition pour violation de domicile, les gendarmes ont surpris un maĂźtre chanteur. Et pas nâimporte quel maĂźtre chanteur ! Le dangereux vicieux filmait ses proies et les faisait chanter contre⊠la prĂ©sentation dâautres prostituĂ©es de luxe. Avec zĂ©ro plainte, le mis en cause sera fouillĂ© de fond en comble avant de trouver sur son tĂ©lĂ©phone portable des images et des vidĂ©os. Il avouera mĂȘme devant le procureur de la RĂ©publique que cette maniĂšre de faire est âun gagne-painâ. No comment.
Ă Staoueli, en revanche, ce sont 5 affaires qui ont Ă©tĂ© Ă©lucidĂ©es et ayant abouti Ă lâarrestation de 7 individus pour agression sur lâĂ©changeur de Souidania. Ces derniers sâattaquaient aux commerçants et aux grossistes au moment de leur pause pour les agresser et les dĂ©lester de leurs biens. De vrais professionnels qui recouraient Ă des mĂ©thodes insoupçonnables. Mais encore une fois, ces malfaiteurs sont issus de quartiers chauds et de bidonvilles attenants Ă lâautoroute.
CeinturĂ©e par les nombreux baraquements, la capitale reprend, certes, ses droits aprĂšs les annĂ©es de terrorisme, mais demeure sous la menace dâune population dĂ©linquante rĂ©cidiviste et criminelle mĂȘme si la criminalitĂ© est poussĂ©e dans ses derniers retranchements par les intraitables SSI. Nous quittons tard ZĂ©ralda aprĂšs un point de presse du colonel Tayebi qui promet : âAlger ne sera plus la mĂȘme, jâen suis sĂ»r. Tous les moyens seront consacrĂ©s pour mener une lutte implacable contre le crime, le dĂ©lit et la mort sur nos routes. Notre dĂ©termination est plus forte.â