Surprise. Mais aussi douche froide, a été l’effet de l’annonce de la liste des membres du bureau politique adoptée par le comité central du FLN.
De nouvelles têtes, deux femmes font leur entrée dans cette instance et des “ceux qu’on a cru avoir oubliés” qui reprennent du service. Trois ministres en poste également. Première victime du choix de Belkhadem, des membres de l’instance exécutive qui l’ont accompagné ces cinq dernières années. Seul Daâdoua Layachi est rescapé, les autres membres de la commission étant éjectés alors que tout le groupe était donné partant pour le BP. La nouveauté réside dans la présence, pour la première fois, de deux femmes, Alioui, le président de l’UNPA. La grande surprise est certainement le retour de Belayat Abderahmane.
Belkhadem explique ses choix par le souci de l’équilibre régional, la compétence et un zest de subjectivité. Le grand absent, comme dans le Comité central, est évidemment l’élément jeunesse. Il a promis de rectifier le tir en essayant avec les membres du BP de trouver des formules pour leur permettre d’intégrer les instances du parti.
Mécontentement également chez les femmes qui sont sous-représentées. Si initialement Belkhadem en a choisi trois, elles ne seront que deux. Car la troisième a refusé pour des raisons personnelles. Et il ne l’a pas remplacée. Il y a également les prétendants dont les noms avaient circulé pendant un mois qui ont été évités par le SG.
L’argument de Belkhadem est que chaque étape a besoin d’un programme et d’une équipe. “Cette étape nécessite un changement… qui se fait dans la continuité”, a-t-il expliqué. Manière de “calmer” les déçus qui “n’ont pas démérité”.
La mission de ce nouveau BP s’avère délicate puisqu’elle aura à assumer “la priorité cardinale du parti” qui est le redéploiement. Mais c’est surtout les prochaines législatives qui semblent préoccuper le plus le FLN qui a, malgré sa majorité, perdu plus d’un million de voix lors des dernières. Et il fait tout pour “capter” les jeunes. Le poids de cacique ayant joué un rôle dans leur “exclusion” des instances, Belkhadem leur tend la perche avec des formules de rachat.
Ce qui explique, vraisemblablement, les sept nouvelles têtes du BP ; des inconnus qui peuvent jouer ce rôle sous le label du changement qu’ils peuvent incarner.
La composante de ce bureau peut obéir aussi à la volonté de Belkhadem de se défaire de certaines figures dont le poids ou la pression peuvent entraver sa démarche de changement qu’il vient d’amorcer.
Pourra-t-il pour autant réussir à avoir l’adhésion totale à son option ? Il a certes pris la précaution d’équilibrer son choix, région, sexe, figures connues et inconnues, mais surtout celle de la présence d’un représentant des caciques comme gage de fidélité à l’ancienne génération, mais le risque de retournement de situation demeure dans la mesure où les résistances au changement et les changements n’obéissent pas forcément à la pratique politique classique. Bien des responsables ont été débarqués pour une tentative d’un léger changement de cap.
En apparence, Belkhadem semble avoir les coudées franches, mais il serait utile de savoir si l’unanimité qu’il fait autour de lui tiendra longtemps.