Après le limogeage du directeur général de l’ONDA, c’était au tour de la ministre de la Culture de démissionner, au  lendemain de la bousculade mortelle survenue à l’entrée du stade du 20 Août à Alger à l’occasion du concert du rappeur algérien Abderraouf Derradji, plus connu sous le nom de Soolking. «Meriem Merdaci a présenté sa démission au chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, qui l’a acceptée», a indiqué, hier, un communiqué de la présidence diffusé par l’EPTV.

Meriem Merdaci était déjà sous le feu des critiques. Son départ du gouvernement a été précipité par cette bousculade, survenue jeudi soir à l’une des entrées du stade du 20 Août d’Alger, laquelle a coûté la vie à cinq jeunes de 13 à 22 ans et causé aussi 23 blessés.

Deux jours après cette tragédie, à l’origine d’une vague d’émotion et d’indignation à travers le pays, les Algériens continuent de réclamer que la lumière soit faite sur ce drame. Sur les réseaux sociaux, des internautes pointent du doigt les défaillances des organisateurs du concert, à savoir l’Office national des droits d’auteur (ONDA), un organisme public.

Le choix de retenir le stade du 20 Août 1955, l’un des plus anciens du pays, pour abriter un événement musical d’une grande ampleur ne passe pas auprès de nombreux Algériens, pour qui cette enceinte ne répond pas aux normes de sécurité. Les internautes reprochent aussi au chanteur d’avoir poursuivi son concert jusqu’à son terme.

Réactions

Dans un texte posté vendredi en fin d’après-midi sur Facebook, Soolking a tenu à démentir les rumeurs qui avançaient qu’il avait continué à se produire tout en étant au courant de ce qui s’était passé : «Ni moi ni les artistes m’accompagnant sur scène n’ont eu connaissance de ce drame et ses douloureuses conséquences avant et pendant le concert, ce qui explique que nous ayons continué notre prestation. Aucun de nous n’aurait mis un pied sur scène en ayant eu connaissance cette funeste nouvelle.» Soolking a supprimé toutes ses photos sur son compte Instagram et laissé uniquement son message de condoléances adressé aux familles des cinq victimes.

Réagissant à ce drame, l’ancien ministre, Abdelaziz Rahabi, a accusé les pouvoirs publics : «La mort tragique d’enfants au stade du 20 Août dans un concert de musique engage la responsabilité directe des pouvoirs publics.» Sur sa page Facebook, l’ancien diplomate a exprimé son souhait que «cette tragédie ne soit pas traitée dans les mêmes conditions que celle de Bab El Oued dans laquelle, à ce jour, les responsabilités n’ont pas été déterminées». «Nous ne tirons pas les leçons de nos dramatiques expériences parce que l’insouciance et l’impunité ont toujours caractérisé l’Etat algérien dans la gestion des crises car, historiquement, nous avons évolué par ruptures violentes, ce qui a produit une culture politique encline à banaliser la mort. On observe aujourd’hui une société qui organise de façon pacifique des marches millionnaires et des pouvoirs publics incapables de gérer un concert de musique», a-t-il souligné.

La veille, Sami Bencheikh El Hocine, directeur général de l’ONDA, organisme public qui a organisé le concert, a été limogé par le Premier ministre, Noureddine Bedoui. Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed a ordonné, le même jour, l’ouverture d’une «enquête approfondie» pour «déterminer les circonstances» et les responsabilités du drame.

Le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, a exigé, quant à lui, un «suivi rigoureux par les autorités compétentes des circonstances de ce drame afin de dévoiler les résultats des enquêtes et de prendre les mesures qui s’imposent, dans les plus brefs délais, pour empêcher la reproduction de tels incidents».

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