DEUX AMIS de l’Algérie NOUS ONT QUITTES: DECES DE PIERRE VIDAL-NAQUET ET MAHFOUD KADDACHE

Actualité (Lundi 15 Janvier 2007)

Il a été inhumé hier en présence d’une foule nombreuse
Le dernier hommage à Mostefa Lacheraf

Par : Ali Farès
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L’illustre penseur est parti à jamais. Il a été inhumé, hier, au Carré des martyrs du cimetière d’El-Alia, dans une atmosphère marquée par la discrétion et l’humilité.

À l’image de celui qui a tout donné pour son pays en gardant une grande dignité jusqu’au dernier soupir de sa vie. Ils sont venus, ils sont tous là. Nombreux pour l’accompagner à sa demeure éternelle. Des vieux et des moins vieux.
Des intellectuels en majorité, mais aussi des gens qui l’ont connu, côtoyé et apprécié sa franchise et sa rectitude. En petits groupes d’affinité, les anciens compagnons n’avaient de répit pour évoquer la vie de cet homme engagé pleinement pour la bonne cause. Des ministres du dernier gouvernement Boumediene dont il a fait partie, des militaires à la retraite, des grandes figures de la Révolution et quelques membres du groupe dit des 22 ont tenu, malgré leur âge avancé, à rendre un ultime hommage à Si Mostefa. Certains ont accepté de parler de lui, une manière de témoigner sur un homme qui n’a, sans doute, pas tout dit. D’autres, émus par la circonstance, ont préféré le silence et la méditation. “Par crainte de dire des bêtises”, aurait dit l’ancien Chef du gouvernement Mouloud Hamrouche, présent à l’enterrement.
Dans son oraison funèbre, l’autre ancien Chef du gouvernement, Rédha Malek, dira que l’homme a apporté à l’Algérie en tant qu’intellectuel, une contribution inestimable pour la lutte de libération. “Si Mostefa a touché à tous les secteurs. Dès qu’il a rejoint le FLN, à sa création, il s’est initié aux contacts, aux missions politiques, de la propagande, de l’information tout en élaborant la doctrine du mouvement de l’indépendance anticolonialiste”.
Né le 17 mars 1917 à El-Kerma, dans la commune de Sidi Aïssa dépendant aujourd’hui de la wilaya de M’sila, Mostefa Lacheraf est issu d’une double culture arabe et française.
Il a fait des études secondaires aux lycées de Ben Aknoun et d’Alger avant de partir à Paris où il s’inscrit  à l’université de la Sorbonne. Très jeune, il se distingue par son esprit nationaliste en adhérant au parti du peuple algérien (PPA), puis au MTLD en tant que rédacteur dans l’Étoile Algérienne. C’est à partir de 1949 que feu Lacheraf commence à manifester son amour pour la patrie d’une manière ouverte en publiant ses premiers écrits sur l’histoire du nationalisme algérien.
En octobre 1956, il fut victime, en compagnie de Ben Bella, Aït Ahmed, Boudiaf et Khider, de la première affaire de piraterie aérienne de l’histoire, lorsque l’avion dans lequel il se trouvait a été détourné par l’armée française. Emprisonné en même temps que ses quatre compagnons, il fut élargi en 1961 au moment des négociations d’Évian pour des raisons de santé. Juste avant l’Indépendance, il est nommé membre du CNRA et chargé de présenter le programme de Tripoli.
Au lendemain de l’Indépendance, il entame une carrière diplomatique dans plusieurs capitales du monde.
Ayant contribué efficacement à l’élaboration de la Charte nationale en 1975-1976, il est nommé ministre de l’Éducation nationale une année avant la mort du président Boumediene.
Connu pour sa franchise et ses positions inébranlables, Mostefa Lacheraf aura été quand même très proche du pouvoir sans en avoir les privilèges.

Témoignages d’anciens compagnons
Rédha Malek
“C’était un ami très proche. Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble à plusieurs reprises, notamment le programme de Tripoli (1962) et dans le cadre de la Charte nationale (1975-1976).
J’ai toujours apprécié ses qualité intellectuelles, sa compétence et son esprit critique extrêmement acéré, mais constructif. Un érudit qui connaît bien l’histoire de l’Algérie et surtout dans sa période coloniale. Ses livres apportent une lumière sur toute une période qui n’est pas bien connue. C’est un apport appréciable pour l’Algérie et pour l’intégration de l’Algérie dans sa personnalité historique.”

 
 
Décès de Mostefa Lacheraf

El Watan - 14 janvier 2007
Une œuvre, un engagement

     La mort de Mostefa Lacheraf est tombée comme un couperet. Hier dans son domicile à Clairval (Alger), une chape de tristesse enveloppait le lieu. Sa femme Souhila, très digne dans sa douleur, reçoit les condoléances. Elle nous raconte l'attaque cardiaque qu'il a eue le 21 décembre 2006 à l'aéroport Houari Boumediène alors qu'ils s'apprêtaient à faire un voyage. Il n'était pourtant pas cardiaque.

     Un accident vasculo-cérébral a fait basculer son destin. « Il a été hospitalisé le même jour et il est resté très lucide jusqu'à la dernière minute, à part quand il est tombé dans le coma à deux reprises. Il a beaucoup souffert. Je lui lisais les journaux et il recevait de la visite », témoigne-t-elle. Durant 21 jours, elle a dormi aux côtés de son mari jusqu'à hier à 11h36 où il a rendu l'âme au CNMS à Ben Aknoun, après « avoir passé une nuit atroce et épouvantable ».
     A notre arrivée, il y avait déjà les amis et quelques proches du défunt qui sont venus, par petits groupes, témoigner leur compassion. Vers 17h51, Khalida Toumi, ministre de la Culture, arrive. Mme Toumi serre dans ses bras la femme de Mostefa Lacheraf, les yeux embués de larmes. C'est un grand moment d'émotion ! Elle venait trois fois par jour le voir. Aujourd'hui, il n'est plus là. Il ne pouvait rien dire, il était torturé, car il se voyait partir.
     « Il n'arrivait pas à s'exprimer. L'Algérie perd un intellectuel immense. Tout le Maghreb le perd. Les ministres, qui étaient présents à l'occasion de la manifestation ''Alger, capitale de la culture arabe 2007'', ont été ébranlés. Ils vivaient la destruction du pilier de la pensée maghrébine moderne. C'était un penseur pur et un cerveau qui fonctionnait à 1000 à l'heure. Il donnait tout le temps des analyses et des points de vue. Lacheraf nous manque déjà : il était une personnalité très attachante. »
     Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été aussi très affecté en apprenant la triste nouvelle en montant dans sa voiture après avoir assisté à l'ouverture officielle de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe 2007 ». Selon Khalida Toumi, « le Président l'adorait. Il était d'une rectitude très difficile à suivre ». Elle nous raconte une histoire que le Président aime bien raconter à son sujet : « Le jour de ses noces en Argentine, où il était ambassadeur, il est allé faire ses courses et acheter les produits de sa poche. Quand on lui a fait la remarque, il a répondu : c'est mon mariage pas celui de l'Etat. »
     Boualem Bourouiba cache ses larmes derrière un visage fermé. Le syndicaliste et ami de Lacheraf affirme : « C'est une journée de tristesse. On se sépare d'un compagnon qui était pour nous un monument. On peut être fiers de l'avoir côtoyé. On a partagé des connaissances dans divers domaines. Il était un intellectuel algérien passionné. Nous l'avons connu dans les camps. Désigné comme ministre de l'Education nationale, cette nomination a été perçue comme un espoir, mais son mandat n'a duré qu'un an et demi. Nous l'avons connu aussi au Conseil consultatif national (CCN) à l'époque de Boudiaf en 1992. C'est une séparation douloureuse. » Si El Hachemi Troudi, un autre membre du CCN, nous déclare : « C'est une grande perte pour l'Algérie. Il laisse une situation déstabilisante politique, sociale et économique. J'espère que son livre Des noms et des lieux sera lu et relu et donnera matière à réflexion. »
Kamel Benelkadi

Le Soir d'Algérie - 14 janvier 2007
Décès de Mostefa Lacheraf

     Mostefa Lacheraf, personnalité politique, historique, homme de lettres et commis de l'Etat, est décédé hier à Alger, à l'âge de 90 ans. Ex-ministre de l'Education nationale dans le gouvernement du défunt président Houari Boumediene et ambassadeur dans plusieurs capitales étrangères, Mostefa Lacheraf s'est éteint à l'âge de 90 ans, a-t-on appris auprès de sa famille.
     Le défunt, connu surtout pour ses essais sur l'histoire du nationalisme algérien, a été admis le 23 décembre 2006 à l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) du Dr Maouche Mohamed Amokrane, (ex-Centre national de la médecine sportive), situé à Clairval, dans la commune de Bouzaréah à Alger, suite à un accident cardiovasculaire cérébral (AVC). Le défunt sera enterré aujourd'hui au cimetière d'El-Alia d'Alger, après la prière du Dohr.

Liberté - 14 janvier 2007
Un m


El Watan - 14 janvier 2007
Une œuvre, un engagement

     La mort de Mostefa Lacheraf est tombée comme un couperet. Hier dans son domicile à Clairval (Alger), une chape de tristesse enveloppait le lieu. Sa femme Souhila, très digne dans sa douleur, reçoit les condoléances. Elle nous raconte l'attaque cardiaque qu'il a eue le 21 décembre 2006 à l'aéroport Houari Boumediène alors qu'ils s'apprêtaient à faire un voyage. Il n'était pourtant pas cardiaque.

     Un accident vasculo-cérébral a fait basculer son destin. « Il a été hospitalisé le même jour et il est resté très lucide jusqu'à la dernière minute, à part quand il est tombé dans le coma à deux reprises. Il a beaucoup souffert. Je lui lisais les journaux et il recevait de la visite », témoigne-t-elle. Durant 21 jours, elle a dormi aux côtés de son mari jusqu'à hier à 11h36 où il a rendu l'âme au CNMS à Ben Aknoun, après « avoir passé une nuit atroce et épouvantable ».
     A notre arrivée, il y avait déjà les amis et quelques proches du défunt qui sont venus, par petits groupes, témoigner leur compassion. Vers 17h51, Khalida Toumi, ministre de la Culture, arrive. Mme Toumi serre dans ses bras la femme de Mostefa Lacheraf, les yeux embués de larmes. C'est un grand moment d'émotion ! Elle venait trois fois par jour le voir. Aujourd'hui, il n'est plus là. Il ne pouvait rien dire, il était torturé, car il se voyait partir.
     « Il n'arrivait pas à s'exprimer. L'Algérie perd un intellectuel immense. Tout le Maghreb le perd. Les ministres, qui étaient présents à l'occasion de la manifestation ''Alger, capitale de la culture arabe 2007'', ont été ébranlés. Ils vivaient la destruction du pilier de la pensée maghrébine moderne. C'était un penseur pur et un cerveau qui fonctionnait à 1000 à l'heure. Il donnait tout le temps des analyses et des points de vue. Lacheraf nous manque déjà : il était une personnalité très attachante. »
     Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été aussi très affecté en apprenant la triste nouvelle en montant dans sa voiture après avoir assisté à l'ouverture officielle de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe 2007 ». Selon Khalida Toumi, « le Président l'adorait. Il était d'une rectitude très difficile à suivre ». Elle nous raconte une histoire que le Président aime bien raconter à son sujet : « Le jour de ses noces en Argentine, où il était ambassadeur, il est allé faire ses courses et acheter les produits de sa poche. Quand on lui a fait la remarque, il a répondu : c'est mon mariage pas celui de l'Etat. »
     Boualem Bourouiba cache ses larmes derrière un visage fermé. Le syndicaliste et ami de Lacheraf affirme : « C'est une journée de tristesse. On se sépare d'un compagnon qui était pour nous un monument. On peut être fiers de l'avoir côtoyé. On a partagé des connaissances dans divers domaines. Il était un intellectuel algérien passionné. Nous l'avons connu dans les camps. Désigné comme ministre de l'Education nationale, cette nomination a été perçue comme un espoir, mais son mandat n'a duré qu'un an et demi. Nous l'avons connu aussi au Conseil consultatif national (CCN) à l'époque de Boudiaf en 1992. C'est une séparation douloureuse. » Si El Hachemi Troudi, un autre membre du CCN, nous déclare : « C'est une grande perte pour l'Algérie. Il laisse une situation déstabilisante politique, sociale et économique. J'espère que son livre Des noms et des lieux sera lu et relu et donnera matière à réflexion. »
Kamel Benelkadi

Le Soir d'Algérie - 14 janvier 2007
Décès de Mostefa Lacheraf

     Mostefa Lacheraf, personnalité politique, historique, homme de lettres et commis de l'Etat, est décédé hier à Alger, à l'âge de 90 ans. Ex-ministre de l'Education nationale dans le gouvernement du défunt président Houari Boumediene et ambassadeur dans plusieurs capitales étrangères, Mostefa Lacheraf s'est éteint à l'âge de 90 ans, a-t-on appris auprès de sa famille.
     Le défunt, connu surtout pour ses essais sur l'histoire du nationalisme algérien, a été admis le 23 décembre 2006 à l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) du Dr Maouche Mohamed Amokrane, (ex-Centre national de la médecine sportive), situé à Clairval, dans la commune de Bouzaréah à Alger, suite à un accident cardiovasculaire cérébral (AVC). Le défunt sera enterré aujourd'hui au cimetière d'El-Alia d'Alger, après la prière du Dohr.

Liberté - 14 janvier 2007
Un monument intellectuel s'en va

     Avec la disparition de ce militant de la cause nationale, intellectuel, homme de lettres, maîtrisant à la perfection les langues arabe et française, c'est une partie de l'histoire du pays qui nous quitte.onument intellectuel s'en va
     Avec la disparition de ce militant de la cause nationale, intellectuel, homme de lettres, maîtrisant à la perfection les langues arabe et française, c'est une partie de l'histoire du pays qui nous quitte.

DÉCÈS DE L'HISTORIEN PIERRE VIDAL-NAQUET
Un ami de l'Algérie s'en va  

    www.lexpressiondz.com

Il aura été un intellectuel très engagé, notamment contre la torture pratiquée par l'armée française durant la guerre de Libération nationale.

                                     

 

L'historien français Pierre Vidal-Naquet n'est plus. Il est décédé dans la nuit de samedi à dimanche dernier à Nice, à l'âge de 76 ans. Il aura été un intellectuel très engagé, notamment contre la torture pratiquée par l'armée française durant la guerre de Libération nationale.
Celui qui se proclame «historien-engagé» avait brillé pour son soutien à toutes les causes justes. Pierre Vidal-Naquet est né le 23 juillet 1930 à Paris. A quatorze ans, le 15 mai 1944, alors que la Seconde Guerre mondiale était à son point culminant, il perdit ses parents. Ils sont arrêtés à Marseille en mai 1944, et disparaissent en déportation dans le camp d'extermination nazi d'Auschwitz. Il étudie l'histoire, et devient docteur es-lettres et agrégé d'histoire. Il consacre ses recherches à la Grèce antique, l'histoire juive et l'histoire contemporaine. Il se spécialise dans la Grèce antique, son domaine de prédilection, mais aussi sur des sujets contemporains comme la guerre d'Algérie. Cette sanglante guerre l'a d'ailleurs touché jusqu'au tréfonds de lui-même. Et c'est, en effet, cette cause qu'il soutient corps et âme. Ce choix il l'a en outre exprimé à cor et à cri. L'on retient, dans ce sens, le rôle influent qu'il avait exercé au sein du comité Audin. L'assassinat, sous la torture, de ce brillant mathématicien, dont le soutien apporté au FLN est inestimable, a inspiré Vidal-Naquet dans l'écriture d'un livre, L'affaire Audin, portant sur ce martyr. Plus tard, en 2001, lorsque le général Paul Aussaresses publia ses mémoires intitulés: Services spéciaux Algérie 1955-1957: Mon témoignage sur la torture, Vidal-Naquet fait une apparition médiatique fracassante, en accordant un entretien au journal Le Monde, dans son édition du 2 mai 2001. L'historien porte des rectifications cinglantes à Aussaresses. Ce dernier a, en effet, dans son livre, sali la personnalité de Ali Boumendjel. Celui-ci, pour rappel, ne s'est pas suicidé, mais il a été bel et bien précipité du sixième étage d'un immeuble à El Biar, sur ordre de Paul Aussaresses. «Boumendjel n'était ni un avocat mondain ni un terroriste, rectifie M.Vidal-Naquet. Certes, il s'était rallié au FLN, mais ce n'était pas un tueur, et ce qu'Aussaresses hait en lui, c'est le notable, disposant d'un important carnet d'adresses.» La défense «post-mortem», de Boumendjel n'est en fait qu'une nouvelle preuve de la position inébranlable de Vidal-Naquet quant à son engagement pour la défense de la Révolution algérienne. Ce geste il l'a d'ailleurs fait bien avant lorsqu'il signa le Manifeste des 121, aux côtés de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Claude Roy, André Breton, Margueritte Duras, Maurice Blanchot...
Ce fameux manifeste, publié le 6 septembre 1960 et signé par 121 écrivains, universitaires et artistes était une véritable déclaration sur le «droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie.»
Le n°4 de la revue Vérité-Liberté qui a eu l'audace de publier le texte, a été saisi et le gérant inculpé de provocation de militaires à la désobéissance. Cet appel vaudra à certains signataires de sévères sanctions. En voici donc un extrait: «Pour les Algériens, la lutte poursuivie, soit par des moyens militaires, soit par des moyens diplomatiques, ne comporte aucune équivoque. C'est une guerre d'indépendance nationale. Mais, pour les Français, quelle en est la nature? Ce n'est pas une guerre étrangère. Jamais le territoire de la France n'a été menacé. Il y a plus: elle est menée contre des hommes que l'Etat affecte de considérer comme français, mais qui, eux, luttent précisément pour cesser de l'être.» Près d'un demi-siècle plus tard, soit en fin 2005, les positions de Pierre Vidal-Naquet n'ont pas changé d'un iota. L'historien refait le même coup que celui commis en 1960 en signant, avec d'autres historiens de renom, la pétition Liberté pour l'histoire, dans laquelle il est question, entre autres, d'abroger la loi du 23 février faisant l'apologie du colonialisme. Il a également soutenu la lutte de libération du peuple palestinien et son droit à la création d'un Etat indépendant en participant, en juillet 2003, à l'appel Une autre voix juive, qui regroupe des personnalités juives solidaires du peuple palestinien. Peu avant sa mort il a signé une pétition condamnant l'agression israélienne contre le Liban.



Hakim KATEB


abelprof

MAHFOUD KADDACHE NOUS A QUITTÉS
Le témoin du siècle

01 août 2006 - Page : 4

http://www.lexpressiondz.com

Ce fut un historien du mouvement nationaliste et un dirigeant des scouts.

Modestie et rigueur sont les qualités essentielles de l'historien Mahfoud Kaddache, décédé dimanche à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja, à l'âge de 85 ans.
Né en 1921 à la Casbah d'Alger, orphelin de père à l'âge de 6 ans, il a exercé différents métiers, dont marchand de légumes et vendeur de produits de beauté dès son jeune âge. Ce qui ne l'empêche pas en parallèle d'effectuer un parcours scolaire brillant, en décrochant successivement un certificat d'études primaires, puis le brevet élémentaire. En accédant à l'Ecole normale, il obtient son brevet supérieur, puis la licence d'histoire, et quelques années plus tard, le diplôme d'études supérieures puis le doctorat d'Etat.
Ce que l'on peut dire de ce brillant élève féru d'histoire, c'est qu'il fut un militant de la cause nationale, puisque dès l'adolescence, on le retrouve aux Scouts musulmans algériens, dont il fut l'un des piliers, en occupant diverses responsabilités au sein de cette école du nationalisme: dont commissaire local, chef de groupe «El Kotb» à Alger, avec lequel il participe aux manifestations du 1er Mai 1945 à Alger, violemment réprimées par la police coloniale.
Il y a une année, alors qu'il nous recevait dans son appartement, situé sur les hauteurs d'Alger, il nous montrait justement ses photos de scout, et nous racontait que le 1er Novembre 1954, il se trouvait justement à El Riadh (centre de Tixeraine) pour un regroupement de scouts musulmans algériens. Toujours est-il qu'il devint en 1953 secrétaire général des SMA avant d'en devenir le président de 1957 à 1962. En tant que militant de la cause nationale, il fut sympathisant actif du mouvement pour les libertés démocratiques (Mtld 1947-1954), et dut subir plusieurs arrestations et détentions tout en faisant l'objet de plusieurs tentatives d'assassinat par l'Organisation de l'armée secrète (OAS). A l'indépendance, il exerce la profession de professeur d'histoire à l'université d'Alger, puis inspecteur général auprès du ministère de l'Education nationale.
C'est en tant qu'historien justement qu'il eut à publier des ouvrages d'une extrême importance pour l'histoire de l'Algérie et du Maghreb. Il se révèle un précieux témoin du siècle. On ne compte pas le nombre de livres qu'il a édités, tous aussi importants les uns que les autres. A ce titre, il est l'un des meilleurs connaisseurs de l'histoire générale de l'Algérie et de celle du mouvement national.
L'un de ses livres phares est intitulé L'Algérie des Algériens (des origines à 1954). C'est un ouvrage monumental qui retrace l'histoire complexe et mouvementée de l'Algérie, depuis son occupation au Paléolithique jusqu'à la domination des derniers envahisseurs, les Français. Des premières sociétés berbères jusqu'à la création du FLN, l'auteur s'attache à montrer comment tous les peuples qui se sont croisés, suivis et mêlés sur ce sol -Phéniciens, Romains, Arabes, Ottomans-, ont façonné une identité originale, celle de l'Algérie moderne. Par ailleurs, l'auteur de l'histoire du nationalisme algérien parachève son oeuvre par un dernier volume consacré à la guerre de Libération nationale (1954-1962). C'est le premier ouvrage de cette ampleur consacré à la Guerre d'Algérie par un auteur algérien, qui a eu accès à toutes les sources disponibles sur la rive sud de la Méditerranée, qui les examine avec la plus grande rigueur et le souci de rendre compte de nombreux faits, de rapporter les actions des multiples combattants, souvent passés inaperçus dans l'historiographie française.
En se basant sur des documents et archives d'époque, appliquant une méthode rigoriste, Mahfoud Kaddache a imprimé un nouvel esprit à l'écriture de l'histoire de l'Algérie, en excluant tout esprit de chapelle. Il avait rappelé, lors de son passage à L'Expression, que Boumediene avait donné l'ordre de ne s'intéresser qu'aux événements, et de ne pas accorder trop d'importance aux personnes. Néanmoins, Mahfoud Kaddache a su rester objectif, complet, et garder une vision d'intellectuel, d'universitaire non marqué par les luttes conjoncturelles, ce qui donne une valeur à ses recherches et ses travaux. Il fut le dernier témoin du siècle.
Par ailleurs, rapporte l'APS, plusieurs personnalités nationales algériennes ont considéré, hier à Alger, le décès de l'historien Mahfoud Kaddache comme «une perte», le qualifiant de «grand militant du mouvement national».
Pour M.Abdeslam, qui s'exprimait au forum d'El Moudjahid, Mahfoud Kaddache «a apporté, sur le plan intellectuel, une contribution dans l'écriture de l'histoire du mouvement national», ajoutant qu'il a laissé une oeuvre écrite «très précieuse» pour les générations futures.
De son côté, le vice-président du Conseil de la nation, M.Abderezzak Bouhara, qui était «un compagnon» du défunt, a affirmé que «c'est une grande figure qui disparaît», estimant que «le monde des intellectuels algériens perd un de ses grands piliers».
Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, a indiqué que Mahfoud Kaddache a consacré toute sa vie à l'écriture de l'histoire du mouvement national, soulignant que «c'était un patriote national connu pour sa rigueur scientifique et ses positions courageuses».

Tarik RAMZI



abelprof

sa petite fille sera assassinée à bab ezzouar


 



01/08/2006
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