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Jamais une histoire d'espionnage n'a fait couler autant d'encre en AlgĂ©rie que les supposĂ©s abus sexuels que l'ancien chef de l'antenne de la CIA Ă Alger Andrew Warren aurait commis dans sa rĂ©sidence sur deux ressortissantes algĂ©riennes. Le mĂ©moire introduit auprĂšs du tribunal du District de Columbia (Etats-Unis) par l'agent Scott Banker du «Diplomatic Security Service (DSS)» Ă l'appui d'un mandat de perquisition dans la chambre d'hĂŽtel oĂč Warren a sĂ©journĂ© Ă son retour d'Alger Ă partir du 9 octobre 2008 â au Hilton Washington HĂŽtel, sis au 1919 Connecticut Ave., NW, Washington, DC, dans le district de Columbia â, et diffusĂ© derniĂšrement par le site wikileaks.org, en restitue les faits⊠L'objet du mĂ©moire porte sur la recherche d'un micro-ordinateur portable, un «HP Pavilion Entertainment», bien personnel du dĂ©sormais ex-chef d'antenne de la CIA Ă Alger, ModĂšle : Ordinateur personnel numĂ©ro DV 2500 NumĂ©ro de sĂ©rie : 2CE80929M3. Scott Banker estime qu'il est probable que de septembre 2007 au17 fĂ©vrier 2008, Andrew Warren, ait commis l'«infraction de violences sexuelles aggravĂ©es, en violation de la loi en vigueur» et qu'il est Ă©galement probable «que des preuves et instruments relatifs Ă ces crimes» y soient dissimulĂ©s. Ses deux victimes, souligne l'agent spĂ©cial amĂ©ricain, prĂ©sentent «des symptĂŽmes d'absorption de substances ayant un effet sĂ©datif et utilisĂ©es souvent pour faciliter les agressions sexuelles». Les deux incidents ont Ă©tĂ© signalĂ©s, prĂ©cise-t-il, Ă environ huit mois d'intervalle, et il y a lieu de croire que «Warren stockait ces substances et autres Ă©lĂ©ments associĂ©s Ă la prĂ©paration de ses substances de maniĂšre constante dans sa rĂ©sidence». Le document, qui fait partie des 92 000 sulfureuses piĂšces publiĂ©es par le site wikileaks.org, commence par une autoprĂ©sentation de son auteur. On y apprend ainsi que l'agent Banker est «un agent spĂ©cial du Diplomatic Security Service (DSS) du DĂ©partement d'Ătat amĂ©ricain Ă Arlington, en Virginie», dont les tĂąches consistent en «l'enquĂȘte pĂ©nale sur des crimes violents et agressions sexuelles impliquant le personnel du gouvernement des Ătats-Unis en postes diplomatiques et missions consulaires Ă l'Ă©tranger». A travers ce mĂ©moire, l'agent spĂ©cial Banker sollicite une autorisation de rechercher, dans la chambre d'hĂŽtel de Warren, «des preuves et instruments susceptibles de prouver les allĂ©gations de violences et autres abus sexuels formulĂ©es contre lui. A l'en croire, Banker n'a pas mentionnĂ© dans ce mĂ©moire tous les reproches faits Ă Andrew Warren Ă propos de ses activitĂ©s illĂ©gales, mais «seulement» quelques-unes qu'il croit suffisantes pour justifier le mandat de perquisition sollicitĂ©. Banker tient toutefois Ă prĂ©ciser que les informations contenues dans ce document se basent sur des «observations personnelles, d'informations transmises par d'autres auxiliaires de la justice et sur ce qui rĂ©sulte de l'examen des dossiers, documents et autres Ă©lĂ©ments de preuves concernant Andrew Warren». AprĂšs avoir passĂ© en revue la loi pĂ©nale applicable pour ce genre de crime et Ă©noncĂ© les prĂ©rogatives confĂ©rĂ©es Ă son service, Scott Banker prĂ©sente les protagonistes dans cette affaire, Ă savoir le prĂ©sumĂ© espion violeur et ses deux victimes dont le document ne cite ni les noms, ni la moindre information sur l'Ă©tat civil. «Warren est un citoyen amĂ©ricain recrutĂ© par le gouvernement des Ătats-Unis en septembre 2007 et affectĂ© Ă l'ambassade des Etats-Unis Ă Alger. Il rĂ©side dans une maison sise au 5, chemin d'Hydra, Poirson, El- Biar. Une maison louĂ©e par le gouvernement des Etats-Unis en 2005, pour loger les employĂ©s de son ambassade Ă Alger et tombe donc dans l'espace maritime spĂ©cial et la compĂ©tence territoriale des Etats-Unis. Ses deux victimes sont des ressortissantes algĂ©riennes. La premiĂšre, que le document prĂ©sente sous le code de "V1" dĂ©tient Ă©galement la nationalitĂ© allemande et rĂ©side actuellement en Allemagne, «mais a de la famille Ă Alger qu'elle visite rĂ©guliĂšrement». La seconde, «V2», rĂ©sidant en Espagne, compte Ă©galement des proches et des amis Ă Alger qu'elle visite rĂ©guliĂšrement. Le document prĂ©cise ensuite que «les deux victimes ont rapportĂ©, sĂ©parĂ©ment, les accusations Ă©noncĂ©es dans ce mĂ©moire ,et que rien n'indique que l'une des deux plaignantes soit au courant de l'autre plainte». Les faits Le 1er juin 2008, la premiĂšre victime, la binationale (allemande) rĂ©vĂšle au Commandant du dĂ©tachement de la Garde de sĂ©curitĂ© de la Marine des Etats-Unis (United States Marine Security Guard Detachement Commender), prĂ©sent Ă l'ambassade des Etats-Unis Ă Alger, qu'en septembre 2007, Warren a eu des rapports sexuels avec elle, sans son consentement, Ă sa rĂ©sidence sise au 5, chemin d'Hydra, Poirson, El-Biar, Alger. L'information est aussitĂŽt transmise au «Regional Security Officer», l'agent spĂ©cial de la DSS, Kevin Whitson et, le 25 septembre de la mĂȘme annĂ©e, l'agent spĂ©cial du DSS Jared Campbell est chargĂ© de se rendre en Allemagne pour interroger la plaignante. Lors de cet entretien, «V1» dĂ©clare qu'«entre les mois d'aoĂ»t et septembre 2007, les employĂ©s de l'ambassade des Etats-Unis l'ont invitĂ©e Ă une fĂȘte au domicile de Warren. A cette Ă©poque, elle ne l'avait encore jamais rencontrĂ©. Warren lui a offert une boisson alcoolisĂ©e qu'elle a acceptĂ©e. Il lui a remis un verre qui contenait une boisson mĂ©langĂ©e de cola et de whisky, une boisson prĂ©parĂ©e hors de sa vue et qui lui a Ă©tĂ© remise par Warren. Durant cette soirĂ©e, elle a du consommer plusieurs autres cocktails similaires. Tous Ă©tablis hors de sa vue et offerts par Warren». La soirĂ©e avançant, elle a commencĂ© Ă ressentir les effets de l'alcool et tout en consommant le dernier verre que lui a prĂ©parĂ© le mĂȘme Warren, «V1» ressent des nausĂ©es et Ă©prouve un besoin pressant de vomir. Une nausĂ©e qu'elle dĂ©crit de «brusque» et «violente» et qu'elle affirme n'avoir jamais ressentie en consommant de l'alcool auparavant» Ă tel point qu'elle affirme avoir dĂ» courir vers la salle de bain en se tenant la main contre la bouche pour ne pas vomir sur la moquette. Une version que «W1» â code protĂ©geant l'unique tĂ©moin de la scĂšne â a confirmĂ© lors de son audition par Scott Banker. «V1» poursuit son tĂ©moignage en affirmant qu'elle s'est rĂ©veillĂ©e le lendemain, toute nue, en ne se rappelant de rien. «Ni de comment je me suis dĂ©shabillĂ©e, ni de ce qui s'est passĂ© aprĂšs que j'ai couru vers la salle de bain de Warren». «La porte de la chambre Ă©tait fermĂ©e, et il n'y avait personne d'autre dans la chambre», affirme-t-elle. La victime, souligne le rĂ©dacteur du mĂ©moire, affirme avoir senti, Ă son rĂ©veil, «un mal de tĂȘte et des douleurs au niveau des parties gĂ©nitales, indiquant qu'elle venait d'avoir des rapports sexuels dont elle n'avait aucun souvenir». «V1» affirme Ă©galement avoir aperçu à «une poubelle jaune Ă gauche du lit a cĂŽtĂ© duquel elle a notĂ© la prĂ©sence d'un prĂ©servatif utilisĂ© contenant ce qu'elle croyait ĂȘtre du sperme». TroublĂ©e, elle affirme avoir appelĂ© W1 sur son mobile pour lui demander de venir rapidement. W1 qui se trouvait dans la mĂȘme maison n'a pas tardĂ© Ă rejoindre la chambre Ă coucher, elle lui a montrĂ© le prĂ©servatif utilisĂ© sur le plancher puis, elle s'est rapidement habillĂ©e, et les deux ont quittĂ© la chambre. «V1» a , ensuite, quittĂ© la rĂ©sidence. Elle dĂ©clare qu'elle n'a pas vu, ni eu aucun contact avec Warren depuis cet incident. L'agent ayant interrogĂ© «W1» affirme qu'elle a Ă©galement rapportĂ© avoir vu cette nuit-lĂ Warren muni d'un appareil d'enregistrement vidĂ©o et qu'elle l'a vu en train de filmer sa victime Ă diffĂ©rents moments de la fĂȘte. Cet agent a Ă©galement interrogĂ© un autre tĂ©moin au sujet de «V1», ce deuxiĂšme tĂ©moin (W2) a dĂ©clarĂ© qu'il Ă©tait Ă la fĂȘte avec Warren, et que «V1» Ă©tait lĂ et qu'elle avait abusĂ© de l'alcool avant de ressentir un malaise. Le 15 septembre 2008, la deuxiĂšme victime a dĂ©clarĂ© au numĂ©ro 2 de l'ambassade des Ătats-Unis Ă Alger, Thomas F. Daughton que Warren a eu des rapports sexuels avec elle, sans son consentement, 2 jours aprĂšs, le diplomate a fait part de l'accusation de «V2» au «Regional Security Officer», l'agent spĂ©cial de la DSS, Kevin Whitson. L'agent spĂ©cial Gregory Schossler, de la DSS, est alors chargĂ© d'auditionner la victime en Espagne, oĂč elle rĂ©side. Mission accomplie le 25 septembre de la mĂȘme annĂ©e. Au cours de cette entrevue, «V2» dĂ©clare avoir connu Warren, alors qu'elle se trouvait en compagnie de son mari, plusieurs mois avant l'incident, au Caire oĂč l'espion amĂ©ricain se trouvait alors en poste. Le 17 fĂ©vrier 2008, Warren l'avait invitĂ©e Ă sa rĂ©sidence de Poirson. ArrivĂ©e Ă la rĂ©sidence, Warren a installĂ© sa victime au salon pour «discuter» avant de la prendre en photo, avec son assentiment, Ă l'aide de son tĂ©lĂ©phone portable. Elle indique que Warren lui a, par la suite, offert un verre, un Martini aux pommes prĂ©parĂ© dans la cuisine, hors de sa vue. LĂ aussi, «V2» affirme avoir ressenti des «effets bizarres» qu'elle n'a pas l'habitude d'avoir en buvant de l'alcool. Tout comme «V1», elle affirme avoir ressenti un besoin urgent de vomir et qu'elle se rappelle avoir plongĂ© dans un Ă©tat second qui lui permet de voir et d'entendre sans aucune possibilitĂ© d'agir. Sous prĂ©texte de l'aider, Warren, qui l'a suivie dans la salle de bain, a insistĂ© pour l'«aider» Ă se dĂ©shabiller malgrĂ© ses protestations. «V2» narre alors Ă l'enquĂȘteur des dĂ©tails assez prĂ©cis sur un viol qui s'annonçait dĂ©sormais comme inĂ©vitable. Elle reconnaĂźt mĂȘme que, de guerre lasse, elle s'est montrĂ©e rĂ©signĂ©e et demandĂ© Ă son violeur d'«utiliser un prĂ©servatif ». «V2» affirme qu'elle ne se rappelle mĂȘme plus comment elle s'est rĂ©veillĂ©e le lendemain, ni comment elle a regagnĂ© son domicile d'oĂč elle enverra un SMS Ă Warren lui reprochant d'avoir abusĂ© d'elle. La rĂ©ponse de l'espion amĂ©ricain viendra Ă©galement par SMS, sous la forme d'un laconique «je suis dĂ©solé», rapporte la victime. Au retour aux Etats-Unis Le 9 octobre 2008, Andrew Warren est au Hilton Washington HĂŽtel oĂč il vient d'arriver en prĂ©vision d'une rĂ©union, prĂ©vue le lendemain, avec ses supĂ©rieurs. C'est lĂ qu'il rencontre pour la premiĂšre fois l'agent spĂ©cial Scott Banker qui lui fait part des accusations portĂ©es contre lui par deux ressortissantes algĂ©riennes. Tout en reconnaissant avoir eu des relations sexuelles avec elles, Warren affirme que ses accusatrices Ă©taient consentantes. En signe de bonne volontĂ©, il va mĂȘme jusqu'Ă remettre son tĂ©lĂ©phone portable et son appareil photo numĂ©rique Ă l'enquĂȘteur. L'analyse des deux appareils permettra, par la suite, de retrouver des photos de «V1» et «V2», ainsi que de plusieurs autres femmes probablement victimes des mĂȘmes procĂ©dĂ©s. Warren refuse, cependant, de permettre Ă l'enquĂȘteur de mettre la main sur son ordinateur portable, qu'il lui remettra, «volontairement» par la suite, aprĂšs avoir, certainement, effacĂ© toute trace compromettante de ses agissements. Le rĂ©dacteur du mĂ©moire prĂ©cise que, par la suite, les agents de la DSS ont pu rĂ©cupĂ©rer, lors d'une perquisition le 13 octobre 2008 de la rĂ©sidence de Warren Ă Alger, entre autres, un «Mix Martin Apple», plusieurs pĂ©riphĂ©riques de stockage de donnĂ©es, des disques durs d'ordinateurs multiples, cartes mĂ©moire, du Valium et du Xanax et un manuel sur les enquĂȘtes sur les agressions sexuelles. Scott Banker conclut sa correspondance par une justification de sa demande portant perquisition de la chambre d'hĂŽtel de Warren. «Le 7 octobre 2008, j'ai mis Ă contribution un toxicologue du "Chemistry Unit" du laboratoire du FBI. Cet expert a expliquĂ© que les symptĂŽmes des victimes Ă©taient compatibles avec les mĂ©dicaments utilisĂ©s pour faciliter des agressions sexuelles. Il a Ă©galement indiquĂ© qu'en raison de l'effet sĂ©datif de ces mĂ©dicaments, les victimes «n'ont souvent pas souvenance d'une agression, mais seulement une prise de conscience ou le sens qu'elles ont Ă©tĂ© violĂ©es». Que ces mĂ©dicaments qui sont couramment utilisĂ©s pour faciliter une agression sexuelle sont prescrits, gĂ©nĂ©ralement, comme somnifĂšres, des relaxants musculaires. L'expert explique que ces mĂ©dicaments qui sont mĂ©langĂ©s dans les boissons de la victime, gĂ©nĂ©ralement Ă son insu, ont un effet quasiment immĂ©diat. Les symptĂŽmes de ces mĂ©dicaments apparaissent dans les 15 Ă 30 minutes qui suivent leur consommation, et les effets persistent pendant 3 Ă 6 heures. Et de conclure : «A ma connaissance, les fichiers informatiques ou les restes de ces fichiers peuvent ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©s, des mois et mĂȘme des annĂ©es aprĂšs qu'ils ont Ă©tĂ© tĂ©lĂ©chargĂ©s sur un disque dur, effacĂ©s ou affichĂ©s sur Internet.» La suite est connue : l'analyse des Ă©lĂ©ments saisis par les enquĂȘteurs permettra de dĂ©voiler des pratiques dont les victimes sont loin d'ĂȘtre les seules «V1» et «V2». Lyas Hallas ActualitĂ©s
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