5E ANNIVERSAIRE DU DÉCLENCHEMENT DE LA RÉVOLUTION Esprit de Novembre es-tu lĂ ? Ahmed MESBAH - Dimanche 01 Novembre 2009 - Page : 3
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Tout a-t-il été dit sur le 1er Novembre 1954? |
R. BOUDINA |
| Faute de nâavoir pas encore procĂ©dĂ© Ă lâĂ©criture de notre histoire, la question de savoir si lâesprit de Novembre est toujours prĂ©sent mĂ©rite dâĂȘtre posĂ©e.
Les valeurs de sacrifice, de patriotisme et dâabnĂ©gation constituent le legs fondamental des acteurs qui ont dĂ©clenchĂ© la rĂ©volution du 1er-Novembre. Aussi paradoxal que cela puisse paraĂźtre, câest peut-ĂȘtre Ă©galement lâhĂ©ritage le plus lourd Ă porter pour la gĂ©nĂ©ration actuelle, 55 ans aprĂšs lâaffirmation de ces principes. Est-ce Ă dire que lâAlgĂ©rie de 2009 nâa plus rien Ă apprendre des enseignements de la gĂ©nĂ©ration de 1954? Est-ce que tout le potentiel rĂ©volutionnaire des fils de la Toussaint est Ă©puisĂ©? Loin de lĂ . Pourtant, la transmission de lâhistoire Ă la nouvelle gĂ©nĂ©ration nâest pas le chantier le plus facile pour les initiateurs de la guerre de LibĂ©ration. Et la frustration nâest pas seulement du cĂŽtĂ© des moudjahidine soucieux de perpĂ©tuer leurs idĂ©aux. Les jeunes sont tout aussi perplexes de lâusage Ă faire de la rĂ©volution. Ils sâentendent dire, Ă longueur de journĂ©e, quâils ont toutes les raisons de sâestimer moins valeureux que leurs aĂźnĂ©s qui nâont pas hĂ©sitĂ© Ă risquer leur vie pour la libĂ©ration du pays. Ces jeunes, faute dâun idĂ©al post-rĂ©volutionnaire, se mettent alors Ă la recherche de leur propre univers idĂ©alisĂ©. Mais lĂ , il ne sâagit point dâun projet altruiste. Dâautres cultures et de nouveaux modes de pensĂ©e ont fait que toutes les aspirations se sont orientĂ©es vers la satisfaction de desseins individuels. Câest la premiĂšre rupture entre les gĂ©nĂ©rations et câest le premier mal auquel il faut sâattaquer par la proposition dâun nouveau dessein national qui ne fasse pas seulement courir les citoyens derriĂšre le gain facile, mais qui leur permette Ă©galement de rĂȘver Ă une destinĂ©e commune.Mais le rĂȘve a-t-il encore de la place pour toute une partie de la population contrainte Ă un mouvement de rue pour arracher ce qui Ă©tait considĂ©rĂ© avant 1989 comme un droit, comme lâemploi et le logement? Sauf Ă inscrire cette propension Ă tout contester comme lâun des aspects de lâhĂ©ritage de Novembre rejetant toute forme dâinjustice et de privation. La rĂ©volution peut trĂšs bien manger ses fils, mais ses petits-fils refusent de se faire dĂ©vorer. La volontĂ© de vouloir faire de la rĂ©volution une histoire mythique nâa fait que renforcer le sentiment selon lequel cet Ă©pisode, vĂ©cu par lâAlgĂ©rie, est un Ă©vĂ©nement unique non reproductible. Le culte de son souvenir a alors Ă©tĂ© abandonnĂ© Ă une seule catĂ©gorie de la population au point dâen faire les membres dâune seule et mĂȘme famille, Ă lâexclusion de tous les autres. Il faut dire aussi que le fait que de nombreux tĂ©moins de lâĂ©poque aient commencĂ© depuis quelques annĂ©es Ă livrer leurs tĂ©moignages, a contraint de nombreux citoyens Ă chercher des sources non officielles pour connaĂźtre leur histoire. Cela complique davantage la tĂąche de lâhistoriographie, officielle par dĂ©finition. On est encore loin du rĂ©visionnisme, mais la vĂ©ritĂ© gagnerait Ă sortir entiĂšre au grand jour sans quoi lâhistoire risque fort de ne plus ĂȘtre quâune page poussiĂ©reuse, rangĂ©e au fond des tiroirs. Dispensant de lâeffort de se regarder dans un miroir. Pourtant ce regard est essentiel, ne serait-ce que pour ĂȘtre capable de se mesurer Ă lâautre. Dâailleurs, mĂȘme le maintien au beau fixe des relations avec lâex-puissance colonialiste ne peut faire lâĂ©conomie de cet effort.Les demandes incessantes de lâacte de repentance adressĂ©es par lâAlgĂ©rie Ă la France ne sont pas gĂ©nĂ©rĂ©es par un sentiment de haine. Elles proviennent dâun constat ou dâune conviction que le colonialisme ne peut pas ĂȘtre absout de toute responsabilitĂ© dans le sort quâa connu lâAlgĂ©rie. 132 annĂ©es de colonialisme laissent Ă©videmment des stiganats. Les mĂ©moires de deux peuples et de deux nations ont Ă©tĂ© liĂ©es par la force. Et elles nâont pris des voies sĂ©parĂ©es que par les armes. Les accords issus de la guerre nâont pas laissĂ© beaucoup de place au rĂšglement des questions de mĂ©moire. A lâĂ©poque, il fallait agir rapidement pour rĂ©gler les questions liĂ©es Ă la nationalitĂ© et Ă la propriĂ©tĂ© ou encore aux arsenaux militaires de la France qui devaient prolonger leur prĂ©sence en AlgĂ©rie au- delĂ de 1962. Mais une fois que la France sâest dĂ©partie de sa terminologie considĂ©rant que ce qui sâest passĂ© ne dĂ©passait pas une simple opĂ©ration de maintien de lâordre, la voie Ă©tait ouverte Ă lâAlgĂ©rie de penser Ă rĂ©clamer autre chose que des indemnitĂ©s de guerre.
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