Dimanche 22 Novembre 2009 |une semaine de calvaire

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Dilem du Dimanche 22 Novembre 2009 | Vu 5350 fois






Edition du Dimanche 22 Novembre 2009

Actualité

Nos journalistes racontent une semaine de calvaire
Du caire Ă  khartoum

Par : Nabila Afroun/Rachid BELARBI


- Les heures interminables des supporters algĂ©riens au Caire :  Un retour mouvementĂ©
Ils Ă©taient une centaine d’AlgĂ©riens supporters et rĂ©sidents au Caire Ă  vouloir quitter le sol Ă©gyptien pour se rendre en AlgĂ©rie quelques minutes avant le match du 18 novembre qui a eu lieu Ă  Khartoum. En attendant leur vol, ils ont suivi le match dĂ©cisif AlgĂ©rie-Égypte dans la salle d’embarquement de l’aĂ©roport du Caire.

Les yeux Ă©taient rivĂ©s sur le match dĂ©cisif AlgĂ©rie-Égypte, qui s’est dĂ©roulĂ© Ă  Khartoum, que ce soit en AlgĂ©rie, au Caire, ou au Soudan
 Les AlgĂ©riens ont vĂ©cu des moments intenses de joie, de passion et de tension. Alors que la plupart fixaient l’écran de tĂ©lĂ©vision et vivaient ces instants mĂ©morables en famille ou encore avec des amis, d’autres — une centaine d’AlgĂ©riens — ont suivi le match dans la salle d’embarquement de l’aĂ©roport international du Caire. Le 18 novembre. Il Ă©tait 11h. Les navettes des hĂŽtels, Midel-Est et Pyramide, transportant les derniers touristes algĂ©riens au Caire, ont dĂ©marrĂ© en direction de l’aĂ©roport. Un important dispositif sĂ©curitaire est installĂ© devant ces deux sites d’hĂ©bergement. AprĂšs une vĂ©rification intense des papiers, la police Ă©gyptienne a escortĂ© l’autobus jusqu’à l’aĂ©roport. ArrivĂ©s au terminal Afrique, les AlgĂ©riens apprirent la nouvelle : le vol a Ă©tĂ© annulĂ©. 
AprĂšs deux heures d’attente, la panique s’empara des ressortissants algĂ©riens. “Il n’est pas question de rester ici au Caire aprĂšs le match, c’est une question de sĂ©curitĂ©â€, se plaignent-ils. Des voix s’élĂšvent, l’officier Ă©gyptien tente de les calmer et de les rassurer, en vain. Ils exigent la prĂ©sence d’un responsable diplomatique algĂ©rien ou encore un reprĂ©sentant de la compagnie Air AlgĂ©rie. AprĂšs avoir joint l’ambassade d’AlgĂ©rie au Caire, un reprĂ©sentant de notre compagnie aĂ©rienne aĂ©rienne s’est dĂ©placĂ© vers 16h.
AprĂšs une discussion trĂšs animĂ©e avec les responsables de l’aĂ©roport, les AlgĂ©riens ont Ă©tĂ© conduits Ă  la zone sous-douane. L’attente Ă©tait longue, il Ă©tait 19h30 heure Ă©gyptienne. Le match a commencĂ© depuis quelques minutes. Les AlgĂ©riens n’ont eu aucune nouvelle sur le choix des joueurs de l’équipe nationale. Ils s’agitent dans tous les sens. Ils passent des coups de fil et tentent de voir le match via Internet sans succĂšs. 
AprĂšs plusieurs tentatives, Mohamed, informaticien installĂ© Ă  Oran, a pu capter la radio sur son tĂ©lĂ©phone portable. Il donne des nouvelles du match Ă  une minute prĂšs. De temps Ă  autre, on entend pousser des cris avant de dĂ©clarer : “C’est rien. Le speaker a criĂ© et j’ai fait de mĂȘme.”.
Le stress et la peur d’une autre dĂ©faite rongent les supporters ainsi que les rĂ©sidents algĂ©riens au Caire venus renforcer les rangs des supporters qui fuient l’Égypte. L’enregistrement pour le vol AH 4038 a dĂ©butĂ©.
Le reprĂ©sentant d’Air AlgĂ©rie au Caire a annoncĂ© que tout le monde allait ĂȘtre embarquĂ©. “Pas de panique ! Vous allez rentrer chez vous ! Doucement !”, rassure-t-il. Les premiers passagers n’ont pas encore atteint l’escabeau du Boeing d’Air AlgĂ©rie, lorsqu’un Ă©norme “hourra” a rĂ©sonnĂ© Ă  des centaines de mĂštres de la salle d’embarquement. Alors que certains criaient Ă  tue-tĂȘte, d’autres ont pleurĂ© de joie.
Il y a eu mĂȘme un Ă©vanouissement de bonheur. “Super ! Les Égyptiens ont entendu notre cri de victoire. Maintenant, je peux quitter le Caire avec la dignitĂ© retrouvĂ©e”, a dĂ©clarĂ© Tarik. Afin de s’assurer de la bonne nouvelle, les passagers ont demandĂ© aux hĂŽtesses de l’air et aux stewards de la confirmer. Quelques instants aprĂšs, l’avion a dĂ©collĂ© s’envolant vers l’AlgĂ©rie, Ă  son bord une foule de passagers algĂ©riens chantant Ă  gorge dĂ©ployĂ©e l’hymne national.
L’équipage de bord avait du mal Ă  calmer les passagers qui ne tenaient plus en place. Quelques minutes aprĂšs, on annonce que l’équipe nationale a Ă©tĂ© qualifiĂ©e au Mondial-2010. “GĂ©nial, on a appris la nouvelle Ă  11 000 mĂštres d’altitude en survolant le territoire libyen. DĂšs que j’arriverai Ă  Alger, je marcherai Ă  pied de l’aĂ©roport jusqu’à El-Biar en criant : “Viva l’AlgĂ©rie”, a dĂ©clarĂ© Rafik.

Nabila Afroun


Supporters humiliĂ©s et journalistes matraquĂ©s lors du retour vers Alger :  Calvaire Ă  l’aĂ©roport de Khartoum

Il ne faisait pas bon d’ĂȘtre algĂ©rien, en ce jeudi caniculaire, Ă  l’aĂ©roport international de Khartoum, d’oĂč devaient ĂȘtre embarquĂ©s, Ă  destination de la capitale, les milliers de supporters venus prĂȘter main-forte Ă  l’équipe nationale dans sa quĂȘte de billet donnant droit Ă  une inespĂ©rĂ©e mais ardemment souhaitĂ©e participation au Mondial-2010.

Pour les plus chanceux qui n’y ont pas passĂ© la nuit mais qui l’ont quand mĂȘme prise d’assaut dĂšs les premiĂšres lueurs du jour, l’enceinte aĂ©roportuaire de la capitale soudanaise ressemblait davantage Ă  une Ă©norme muraille quasi infranchissable qu’à une porte de sortie.  Au nombre impressionnant d’inconditionnels des Verts qui se sont constituĂ©s en une interminable chaĂźne Ă  ramifications ainsi qu’au dĂ©sordre, dĂ©sorganisation et anarchie typiquement algĂ©riens, est, malheureusement, venue s’ajouter la brutalitĂ© d’un service de sĂ©curitĂ© soudanais trĂšs prompt Ă  manier la matraque. 
À la moindre contestation ou rĂ©clamation, somme toute comprĂ©hensible eu Ă©gard aux conditions de “dĂ©tention” inhumaines dans lesquelles se trouvaient ces supporters pris entre le marteau d’un dĂ©part annoncĂ© comme imminent et l’enclume d’une police soudanaise trĂšs violente, les services de sĂ©curitĂ© du pays hĂŽte rĂ©agissaient avec une brutalitĂ© Ă  l’extrĂȘme limite de la sauvagerie.

“Les gendarmes soudanais nous ont demandĂ© de nous agenouiller” 
Les mouvements de foule fuyant les matraques des forces antiĂ©meutes soudanaises et crĂ©ant une Ă©norme panique parmi les rangs des supporters des Verts se sont rĂ©pĂ©tĂ©s, ainsi, plus d’une dizaine de fois en Ă  peine quelques heures. 
“Ils nous matraquaient Ă  la moindre occasion. Ils ont fait preuve d’une cruautĂ© incroyable et injustifiable. Il y a Ă  peine une heure, ce service de sĂ©curitĂ© composĂ© de gendarmes et de policiers en tenue a poussĂ© mĂȘme les limites de l’indĂ©cence jusqu’à exiger que l’on s’agenouille en un seul rang au lieu de rester debout. Bien Ă©videmment, nous nous sommes Ă©levĂ©s Ă©nergiquement contre cet excĂšs de zĂšle que rien n’explique. Tout cela sous les yeux de quelques membres du corps diplomatique algĂ©rien prĂ©sent ici Ă  Khartoum, restĂ©s inactifs et insensibles Ă  nos souffrances”, tĂ©moignait, sur place, un des supporters des Verts. 
Les supporters algĂ©riens n’étaient, toutefois, pas les seuls Ă  avoir souffert le martyre devant la cruautĂ© et l’insensibilitĂ© des services de l’ordre locaux puisque les reprĂ©sentants des diffĂ©rents organes de presse en mission Ă  Khartoum en ont, Ă©galement, eu pour leur compte.  EmpĂȘchĂ©s d’accĂ©der Ă  l’enceinte aĂ©roportuaire, bousculĂ©s, insultĂ©s et mĂȘme tabassĂ©s avec une fĂ©rocitĂ© rarement vue, les envoyĂ©s spĂ©ciaux de la presse nationale ont, ainsi, vĂ©cu un calvaire qui a durĂ© toute une journĂ©e et jusque tard dans la nuit. 
Face Ă  l’impuissance d’un corps diplomatique dĂ©passĂ© par la tournure des Ă©vĂ©nements, et qui a, contre toute attente, abandonnĂ© les journalistes et autres reporters photographes Ă  leur triste sort, avant qu’un de ses reprĂ©sentants fasse, enfin, sa rĂ©apparition vers 5h du matin (3h, heure algĂ©rienne), les confrĂšres de la plume ont Ă©prouvĂ© mille et une difficultĂ©s Ă  passer le seul seuil de la porte d’entrĂ©e dudit aĂ©roport.   

Au minimum, quatorze heures d’attente 
Quelques-uns des reprĂ©sentants des supports mĂ©diatiques algĂ©riens ont mĂȘme dĂ» passer par
 la salle d’embarquement destinĂ©e aux voyageurs en partance pour La Mecque, MĂ©dine et DubaĂŻ, pour espĂ©rer ensuite ĂȘtre (re)dirigĂ©s vers l’un des points de dĂ©part pour l’AlgĂ©rie. 
Ce parcours du combattant Ă©tait, toutefois, loin d’ĂȘtre fini puisqu’il fallait encore patienter quelques heures avant d’avoir, enfin, accĂšs Ă  l’avion tant attendu. 
En tout et pour tout, quatorze longues heures d’attente (de 15h Ă  5h du matin), d’incomprĂ©hension, de fatigue et d’incertitude pour les “chanceux” journalistes et le double, sinon le trilple en volume horaire pour les supporters et inconditionnels des Verts qui se souviendront, trĂšs certainement, autant qu’ils vivront, de ce “cauchemar de Khartoum”. 
Un supplice de plus pour ces AlgĂ©riens revenus, pourtant, du “front” soudanais avec de belles images plein la tĂȘte, celles d’une historique qualification au Mondial dans une ambiance de folie mais Ă  l’épilogue terni en raison d’un retour qui n’avait (absolument) rien d’une fĂȘte annoncĂ©e.

Rachid BELARBI

www.liberte-algerie.com 
     
     
     
     
     
     
     
     


22/11/2009
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