Dopage : destination danger Liste produits prohibés+loi
Dopage : destination danger
Liste des produits prohibés, ce que prévoit la loi ...
Synthèse de Y. Bouarfa
On ne sait pas à quel moment précis ces pratiques ont gagné le milieu sportif, mais, ce dont on est sûr, c’est que les hommes ont toujours cherché à améliorer leurs facultés physiques et mentales. Le dopage, c’est l’utilisation de substances, comme les stupéfiants, les anabolisants et les stimulants, qui permettent artificiellement et provisoirement d’augmenter les capacités physiques et sportives d’un athlète. Le dopage n’est pas un phénomène nouveau, et s’il continue d’exister, c’est parce que ça marche. En effet, grâce aux progrès de la science, l’arsenal des substances dopantes s’est progressivement perfectionné jusqu’à produire des amphétamines et des anabolisants. Mais la moralité du sport veut que les concurrents ne comptent que sur leurs muscles, leur tête et leur adresse, rien d’autre. En fait, pour être convaincu de dopage, un athlète doit avoir utilisé l’une des substances interdites par le Comité international olympique (CIO) ou décrétée comme telle par les lois sportives du pays où il concourt et être contrôlé positif. Nous allons étudier les principales formes de dopage afin de connaître leur utilisation et leurs conséquences sur les sportifs qui les utilisent.
Les principales formes de dopage
En premier lieu, nous avons les stimulants dont les plus connus sont les amphétamines, la cocaïne, l’éphédrine ou encore la caféine (à forte dose) qui accroissent l’attention, atténuent la sensation de fatigue et stimulent la confiance en soi avec plus de combativité. Ensuite, il y a les stupéfiants et les anti-douleurs, comme l’opium, l’héroïne, la morphine et la codéine, qui tempèrent l’anxiété, gomment les courbatures et calment la douleur lors d’une blessure, tout comme les anesthésiques locaux, également bannis. Le cannabis est considéré comme un décontractant. Enfin, nous avons le dopage aux hormones qui est la forme la plus utilisée et la plus diversifiée actuellement. Le dopage aux hormones, aujourd’hui le plus pratiqué car difficilement détectable, voire indétectable, lors des contrôles. On a deux familles d’hormones : les hormones protéiques, solubles dans l’eau, et les hormones stéroïdes, dérivées du cholestérol et solubles dans les graisses. Quatre d’entre elles occupent le devant de la scène du dopage.
La lutte contre le dopage
Nous savons que le dopage est illégal depuis 1965. Mais ce phénomène est très difficile à contrôler. Le plus souvent, le contrôle antidopage consiste en un examen sanguin : on demande aux sportifs d’uriner dans deux flacons A et B. Le A est destiné à l’analyse, le B est conservé dans un frigo au cas où une contre-expertise serait demandée. En France, les tubes de verre sont scellés par le médecin préleveur en présence du sportif et d’un témoin. Ils sont transmis sous pochettes plastiques cachetées au laboratoire national de dépistage du dopage accrédité par le CIO. Là , un matériel des plus sophistiqués est utilisé pour déceler la moindre trace de produit interdit. Mais, de plus en plus discrets tout en étant de plus en plus puissants, les nouveaux produits échappent aux outils actuels d’analyse. Pourrons-nous un jour arrêter ces pratiques illégales ? Seul l’avenir nous le dira.
La classe des produits dopants
1. Les stimulants
2. Les analgésiques narcotiques
3. Les anabolisants
4. Les corticostéroïdes
5. Les hormones peptidiques et analogues
6. Les bêtabloquants
7. Les diurétiques
1- Les stimulants
- Les différents stimulants et leurs formes Les stimulants agissent surtout sur le système nerveux central et cardiovasculaire. Ils présentent la particularité psychologique de modifier le self-control, en ce sens que le sujet soumis à leur action surévalue ses possibilités et peut être amené à commettre des actions dangereuses. Il s’agit principalement des amphétamines, de la caféine, de la cocaïne, de l’adrénaline et de l’éphédrine ou autres substances apparentées. Ces produits ont des effets tels que l’excitation nerveuse, l’augmentation du débit cardiaque, la contraction des vaisseaux sanguins, l’augmentation de la pression sanguine et du métabolisme, ou encore le relâchement des muscles viscéraux et l’ouverture des voies respiratoires, etc. Une liste de produits prohibés est publiée par arrêté de la Communauté française et accessible sur son site Internet (ils sont 136 dans la version actuelle de l’arrêté datant de mars 1992). Tous sont interdits, même leurs dérivés ayant les mêmes effets, ainsi que les substances qui, transformées dans l’organisme, vont donner ces produits. Les principaux d’entre eux sont succinctement présentés ci-dessous.
l La testostérone : hormone qui favorise la fabrication des protéines et ayant comme résultat le développement des muscles ; les capacités d’entraînement sont décuplées.
l La gonadotrophine : elle stimule la production des hormones sexuelles, notamment de la testostérone chez l’homme.
l L’hormone de croissance : elle favorise le développement de la masse musculaire, fait fondre les graisses et permet une réparation accélérée des tissus après une blessure.
l L’érythropoïèse, plus communément appelée l’EPO, stimule la production des globules rouges, ce qui entraîne une meilleure oxygénation du sang et des tissus. Le sportif gagne en puissance, en endurance et récupère plus rapidement. Ces CFU-E donnent alors naissance à des érythroblastes qui, eux-mêmes, engendrent une foule de globules rouges. Au cours de leur passage dans les poumons (petite circulation), ces derniers se chargent en oxygène (O2), ensuite, par la grande circulation, se dirigent vers les différents tissus, les muscles notamment, où l’oxygène sert à la production d’énergie. Plus il y a de globules rouges, plus il y a d’énergie. Le sportif gagne en puissance, en endurance et récupère plus vite. L’EPO disparaît rapidement tandis que les effets durent plusieurs semaines. Le danger, c’est qu’en intensifiant le trafic de globules rouges dans le sang, le nombre de plaquettes peut exploser, ce qui augmente les risques d’embouteillage dans les vaisseaux, bref, d’accidents vasculaires. Si le crash se passe au niveau du cœur ou du cerveau, bonjour les dégâts !
l Les amphétamines ont été utilisées pour soigner l’obésité, l’endormissement excessif et les maladies neuropsychiatriques (états dépressifs, par exemple). Elles sont remplacées aujourd’hui par des médicaments plus efficaces et moins dangereux. C’est pourquoi elles ne sont plus prescrites par les médecins, et leur usage n’est donc jamais justifiable. Elles ont été parmi les premiers produits bien connus pour leur usage nocif fréquent dans le sport. Elles peuvent provoquer des lésions cérébrales graves et ont causé le décès de plusieurs sportifs (par exemple, Tom Simpson, mort lors d’une course cycliste).
l La cocaïne se trouve naturellement dans les feuilles de la plante de coca, très répandue en Amérique latine. Elle est connue depuis des siècles pour ses effets psycho-stimulants. Elle a été utilisée comme anesthésique local, et fait plutôt partie (chimiquement) de la classe des narcotiques, cités ci-dessous. La cocaïne provoque assez vite une dépendance très importante. Elle peut fermer des artères coronaires irriguant le cœur. Elle a causé des problèmes cardiaques graves ou mortels à bien des sportifs. Au-delà du monde du sport, la cocaïne est un des produits majeurs sur le marché de la drogue, la «coke», «sniffée» ou injectée, cause de nombreux ravages parmi les toxicomanes.
l La caféine est une substance naturellement présente dans plusieurs plantes (feuilles de thé et de coca, grains de café). Elle est ajoutée dans certaines boissons de type «cola», extrêmement répandues. Elle est aussi contenue dans beaucoup de médicaments (par exemple contre les maux de tête). Comme il est logique que l’on puisse en consommer de façon raisonnable, la caféine sera considérée comme produit dopant seulement si sa concentration dans l’urine (plus de 12 microgrammes par litre) démontre une consommation vraiment excessive.
l L’éphédrine et les produits analogues présentent des mécanismes similaires à ceux des amphétamines. Employés surtout comme décongestif nasal, ces produits sont souvent présents, à faible dose, dans de nombreuses préparations contre le rhume. Il y a donc lieu de vérifier la composition de tout médicament utilisé par un sportif avant les compétitions.
Il existe également un seuil urinaire pour l’éphédrine.
- Substances apparentées chimiquement aux amphétamines.
Dans la liste figurent aussi des substances apparentées chimiquement aux amphétamines, mais sans effet excitant sur le cerveau. Ce sont des substances (les bêta-2 agonistes appartiennent à la même classe chimique que les stimulants, mais ont d’autres effets) utilisées dans le traitement de l’asthme parce qu’elles dilatent les bronches. Un usage abusif comme dopant en a été fait, car ces produits auraient, en outre, des effets anabolisants (provoquant la synthèse de tissu musculaire avec diminution des tissus graisseux). Ils sont, de ce fait, également cités ci-dessous (parmi les anabolisants). Si le sportif est asthmatique, des médicaments qui contiennent certaines de ces substances interdites (le salbutamol) peuvent néanmoins lui être prescrits, mais seulement pris en inhalation sous forme d’aérosol, et en le déclarant préalablement à la participation à la compétition et/ou lors d’un contrôle éventuel. Certaines substances interdites peuvent être présentes dans les plantes chinoises utilisées comme toniques telles que le ginseng et autres. Il y a lieu de se méfier aussi de la composition des boissons à la mode dans les boîtes de nuit, dites «énergisantes» (de type «smart drinks» ou autres dénominations). Elles peuvent contenir des quantités très élevées de caféine notamment.
2- Les analgésiques narcotiques
Il s’agit de produits rangés dans la liste des stupéfiants. En dehors du circuit médecin-pharmacienne, leur distribution est passible de sanctions pénales. Il s’agit principalement de la morphine et de ses analogues dérivés de l’opium, lui-même tiré du pavot. Le principal de ces dérivés est l’héroïne. Mais la cocaïne, déjà citée plus haut, et le cannabis (et autres extraits de chanvre, marijuana, haschisch, etc.) font également partie de ce groupe de substances, appelées aussi stupéfiants. Les morphiniques agissent sur le cerveau, ils diminuent la sensation de douleur et présentent un effet antidépresseur et anti-stress très prononcé. La liste de produits prohibés publiée par arrêté de la Communauté française est accessible sur son site Internet (la version actuelle en comporte 101). Tous sont interdits, ainsi que leurs précurseurs et dérivés ayant des effets pharmacologiques similaires. Quelques informations à propos de certains d’entre eux sont succinctement présentées ci-dessous. Certains de ces stupéfiants, au-delà du monde du sport, sont les produits principaux sur le marché de la drogue, les uns ayant un degré de dangerosité relativement mineur (ceux de la famille du cannabis), les autres, tout à fait majeur (héroïne et cocaïne causent d’énormes ravages parmi les toxicomanes). La méthadone (autre dérivé de la morphine) est utilisée comme produit de substitution de l’héroïne pour aider le toxicomane à se passer de sa drogue. D’autres substances apparentées sont utilisées pour arrêter la toux. Ainsi, la codéine (autre dérivé de la morphine) et quelques autres produits de cette famille sont aujourd’hui autorisés chez nous dans cette indication, même chez les sportifs. Les méthodes modernes de détection chimique peuvent déceler leur usage.
3- Les anabolisants
Il s’agit principalement des stéroïdes androgènes, hormones anabolisantes masculines telles que la testostérone et la nandrolone, mais aussi d’autres anabolisants tels que les bêta-2 agonistes (des antiasthmatiques qui font «pharmacologiquement» partie des stimulants et ont donc été cités ci-dessus). La liste de produits prohibés est publiée par arrêté de la Communauté française (la version actuelle en comporte 57). Tous sont interdits, ainsi que leurs précurseurs et dérivés ayant des effets pharmacologiques similaires. Quelques informations à propos de certains d’entre eux sont succinctement présentées ci-dessous.
Certains de ces produits sont naturellement présents dans le corps et dans l’urine. Ils sont décelables dans l’urine, mais tout dépend du temps de traitement et des mélanges de produits effectués. Détectée par le contrôle antidopage, la quantité présente est jugée exagérée et constitue une infraction si elle dépasse un certain seuil (fixé, par exemple, à six fois plus de testostérone que d’épi testostérone). Un fait bien connu, tant il a été médiatisé, reste très révélateur : le sprinter canadien Ben Johnson, en remportant avec facilité le 100 mètres des jeux Olympiques de Séoul en 1988, a démontré que les anabolisants n’étaient pas «de simples vitamines» mais de très efficaces dopants de la performance. Après avoir purgé deux ans de suspension, lors de son retour à la compétition, il était redevenu un honnête sprinter, sans plus. En 1991, voulant retrouver son niveau mondial antérieur, il reprend des anabolisants, rejoint effectivement les meilleurs et se retrouve à nouveau convaincu de dopage. Les anabolisants qui ne sont pas des androgènes mais des antiasthmatiques de la classe de la bêta-2 agoniste ont été présentés ci-dessus parmi les stimulants. Ils ont pour effets nuisibles possibles : tremblements, excitation, agitation, anxiété, troubles du rythme cardiaque et crampes musculaires.
4- les corticostéroïdes
Les corticostéroïdes sont des substances naturellement sécrétées par les glandes corticosurrénales, ou des substances apparentées à celles-ci mais produites par un procédé synthétique. Parmi les plus connues, citons à titre d’exemple la cortisone, la dexaméthasone et la prednisone. La liste de produits prohibés est publiée par arrêté de la Communauté française (la version actuelle en comporte 37). Sauf pour des indications médicales bien précises, ils sont tous interdits, ainsi que leurs précurseurs et dérivés ayant des effets pharmacologiques similaires.
5- Les hormones peptidiques et analogues
Les hormones peptidiques et glucoprotéiniques sont des substances naturelles qui jouent le rôle de messager à l’intérieur du corps et provoquent la production d’autres hormones, comme la testostérone et les corticostéroïdes. Elles accélèrent la croissance et peuvent augmenter la synthèse de certains tissus, ce sont des «anabolisants indirects». Les quatre hormones principales connues sont : HCG (gonadotrophine), ACTH (adrénocorticotrophine), HGH (somatotrophine) et EPO (érythropoïétine). La liste de produits prohibés est publiée par arrêté de la Communauté française (la version actuelle en comporte 18). Tous sont interdits, ainsi que leurs précurseurs et dérivés ayant des effets pharmacologiques similaires. Quelques informations à propos de ces quatre hormones sont succinctement présentées ci-dessous.
- ACTH = adrénocorticotrophine humaineCette hormone augmente le niveau de corticostéroïdes dans le sang. Elle est parfois utilisée pour essayer d’accélérer la réparation de tissus et de muscles endommagés. L’abus provoque une perte musculaire. L’administration d’ACTH est considérée comme équivalente à celle de corticostéroïdes.
- HGH = hormone de croissance humaine ou somatotrophine.
Cette hormone augmente la croissance en taille de l’enfant jusqu’à sa puberté (moment où les os, en se soudant, arrêtent définitivement leur croissance). L’HGH est parfois utilisée pour améliorer la masse musculaire. Mais l’adulte qui l’utilise s’expose à de gros problèmes de santé.
- EPO = érythropoïétine
Cette hormone augmente le nombre de globules rouges circulant dans le sang. Elle est utilisée en thérapeutique chez les patients hémodialysés, pour restaurer les globules qu’ils ont perdus dans la manipulation extracorporelle de leur sang. Le but de son utilisation abusive dans le sport est d’augmenter la capacité de transport d’oxygène par le sang, ce qui augmente la capacité de produire un effort d’endurance.
N. B. : un séjour en altitude a un effet similaire. Il provoque une sécrétion naturelle d’érythropoïétine, pour qu’avec plus de globules rouges l’organisme puisse compenser la rareté de l’oxygène dans l’air respiré par une augmentation de son transport par le sang. C’est pour cela que le séjour en altitude fait parfois partie de la préparation physique d’un athlète.
http://www.latribune-online.com/suplements/sportsup/2760.html