|
Dilem du Jeudi 23 Décembre 2010 | Vu 14250 fois
Edition du Jeudi 23 Décembre 2010
Actualité
Saïd Bouteflika, victime d’un escroc politique ?
Le président du RCN avoue que l’annonce de la candidature est une fiction
|
Hallucinantes ! C’est le moins qu’on puisse dire des deux sorties simultanées et foncièrement contradictoires, en l’espace de 48 heures, de celui qui se présente comme étant le président du Rassemblement pour la concorde nationale (RCN non agréé), Sid-Ahmed Ayachi en l’occurrence qui, dans un premier entretien à Djazaïr News, a placé son parti dans la proximité immédiate du frère du Président, Saïd Bouteflika, en prévision de la présidentielle de 2014 pour se rétracter le lendemain et dire qu’il a “tout inventé”.
Pour se déjuger, puisque c’est le cas, M. Ayachi a accordé un second entretien au journal où il déclare tout à fait le contraire évoquant “un acte isolé et personnel”, mais surtout, a-t-il précisé, “toute sa déclaration au sujet de Saïd Bouteflika” est le fruit de son imagination. Alors que dans le premier entretien, il a précisé jusqu’au détail les objectifs du parti, comment il l’a arrimé à Saïd Bouteflika avec ses perspectives de continuité. Cela d’autant que le concerné, qui serait intronisé président d’honneur du RCN, selon Ayachi, a déjà eu des rencontres avec ce mouvement et que le contact est maintenu par le biais de correspondances à la Présidence. Idem pour les personnalités, les officiers supérieurs à la retraite ainsi que les zaouïas qui seraient tous derrière, non pas le parti, mais Saïd Bouteflika. Il y a mis pourtant, semble-t-il, toute sa conviction pour imprimer à ses propos une crédibilité certaine. Des propos qui ont eu l’effet d’une bombe dans les milieux politiques et médiatiques. Et ce fut la déroute le lendemain lorsqu’il avoua avoir inventé tout ce qu’il a dit. Au-delà du comique, M. Ayachi, qui prétend avoir structuré le RCN au niveau national, appelle par son mouvement à une nouvelle pratique politique qui tranche avec ce que connaît la scène nationale, vient ainsi d’étaler sa conception de la pratique politique qui peut se résumer à un jeu. Un jeu où tout est permis. Y compris les scénarios les plus absurdes, fruit de son imagination. Cela dénote par-delà la gravité de la situation qu’il vient de créer, de la déliquescence de la scène politique du pays avec des partis en proie à des mouvements de redressement, une alliance présidentielle qui gère sans partage l’Exécutif, un FLN en crise désormais inhérente à sa vie interne, une opposition recroquevillée sur elle-même, effacée et incapable de renouveler son discours quand elle ne verse pas dans la critique au ton “osé”, qui a perdu le sens de la mesure et surtout l’espoir de prendre le pouvoir. C’est dire qu’avec cet épisode, on a atteint le fond qui donne, malheureusement, l’image de la politique devenue l’apanage de tout parvenu. Et faire son propre désaveu aussi rapidement relèverait du jeu qu’est devenue la politique dont les conséquences se mesureront au niveau de désaffection du citoyen vis-à-vis des élections et de la chose politique de manière générale. Ce qui alourdit également cette situation inédite est le silence du concerné par les propos de M. Ayachi. En effet, depuis sa création, le RCN a été catalogué parti de Saïd Bouteflika et ses initiateurs n’ont pas démenti l’idée de son soutien à sa création et leur soutien à sa candidature à la présidentielle pour succéder à son frère président. Depuis et jusqu’à cette sortie, Saïd Bouteflika, dont le nom a commencé à circuler pendant la période de flottement avant l’annonce de la candidature de Abdelaziz pour un troisième mandat. Présent tout au long de la campagne de son frère, il restera cependant très discret avant de s’éclipser et se cantonner dans son rôle de conseiller. Posture qui encouragera les comités de soutien, les associations à s’afficher publiquement et leur position en faveur de Saïd Bouteflika. L’hypothèse est revenue régulièrement dans la presse sans qu’il ne démente une seule fois les intentions qui lui sont prêtées. Et avec son silence encourageant, assimilé à son assentiment, une sortie comme celle de Ayachi devait fatalement arriver. Car, la précipitation de M. Ayachi à battre “sa carte” dissimule mal une course de plusieurs acteurs “autour” de Saïd Bouteflika. Malheureusement, quand il a dégainé plus vite que les autres, il s’est tiré une balle dans le pied. Et porté, par ricochet, atteinte à la personne du conseiller du Président et terni par la même occasion l’image de la classe politique algérienne. Demeure la question de savoir quelles sont les véritables raisons qui ont poussé Ayachi à se rétracter aussi rapidement. Mystère ! À moins qu’il n’ait reçu instruction de revenir sur ses déclarations. Mais là, ce ne serait pas un jeu ou le fruit de son imagination !
|
www.liberte-algerie.com
Edition du Jeudi 23 Décembre 2010
Chronique
Côte-d’Ivoire : hommage à une commission électorale
|
Les commissions électorales “indépendantes” sont l’apanage des “démocraties” tricheuses et autoproclamées. La Côte-d’Ivoire n’a pas échappé à la règle. Ni à la contrainte, puisque la commission en question était prévue par l’accord de Marcoussis et de Pretoria. Habitués que nous sommes, dans le tiers-monde, à la très relative indépendance de ces institutions, toujours agencées et motivées, de manière à ce qu’elles s’arrangent pour faire jaillir le résultat exigé par le maître à réélire, il ne nous a pas échappé cette entorse à la règle observée dans le cas des récentes élections en Côte-d’Ivoire. Rappelons-nous que l’élection présidentielle ivoirienne devait se tenir, aux termes de l’ultime accord avec les Nations unies, en mars 2010. Mais des soupçons de manipulation de la part de la Commission électorale indépendante, dénoncés par le camp du président Gbagbo et “avérés”, selon le représentant de l’ONU, ont remis en cause l’impartialité de la commission alors présidée par Mambé Beugré. Il a fallu le remplacer par Youssouf Bakayoko, ancien ministre des Affaires étrangères, et se remettre à l’ouvrage, notamment en ce qui concerne la confection des listes électorales. Tous ceux qui l’ont vue devraient se remémorer cette scène, familière pour nous, mais scandaleuse pour une démocratie, où des hommes en costume gris, se présentant comme mandataires du président en exercice — Gbagbo, dans ce cas-ci — s’emparent, devant les caméras de télévision du monde entier, des fiches du président de la CEI qui s’apprêtait à déclarer les résultats du scrutin, les froissent et les jettent par terre. Après un tel “incident”, il fallait certainement une dose d’audace à ce monsieur Bakayoko pour s’en tenir au résultat qu’il devait annoncer, c’est-à-dire la défaite de Laurent Gbagbo. Bien sûr, peut-être est-il assuré d’une protection internationale, mais nous avons vu des “personnalités”, “choisies” pour peupler les commissions, qui couraient bien moins de risques que Bakayoko, et dont la situation requérait bien moins que cela la mansuétude du pouvoir en place, se coucher devant les exigences arithmétiques de l’élu programmé. Il lui suffisait de faciliter la tâche à une Cour constitutionnelle aux ordres pour se préserver de toutes représailles et peut-être s’assurer les récompenses qu’appelle ce genre de services rendus. Au lieu de cela, il n’est même pas “rentré chez lui à dix heures du soir”, comme dans nos CNISEP de triste mémoire ! Ceux qui, chez nous, par exemple, ont eu à militer dans l’opposition savent en effet la violence résolue d’une dictature établie qu’on veut déposer, même par le vote, et la force de persuasion de ses offres. Ils savent aussi la fonction “ustensilaire” généralement dévolue par cette même dictature au président et aux membres de cette commission et de ses démembrements locaux. Peut-être que les résultats des élections ivoiriennes ne reflètent pas la réalité du choix populaire. Mais rien que pour n’avoir cédé ni à la terreur d’un pouvoir arbitraire ni à la tentation de l’arrangement, Bakoyoko mérite, plus que l’Onu, et plus que les suivistes de “la communauté internationale” occasionnellement convertie à la démocratie, cet hommage.
M. H. musthammouche@yahoo.fr |
|
|
|