Le ministre de lâEnseignement supĂ©rieur a reprochĂ© aux Ă©tudiants de prendre au sĂ©rieux des rumeurs et des informations non fondĂ©es et de ne pas ĂȘtre au courant de tout ce qui a Ă©tĂ© fait dans le cadre de la rĂ©forme du secteur. Pour Harraoubia, certaines revendications âont pris une tournure qui est loin du cadre pĂ©dagogiqueâ. Les travaux de la ConfĂ©rence nationale, portant passerelles et correspondances entre le systĂšme classique et le LMD, se sont dĂ©roulĂ©s, hier, Ă lâUSTHB. Tant attendue par la communautĂ© universitaire, notamment les Ă©tudiants, la confĂ©rence a dĂ©viĂ© de son principal objectif. En effet, censĂ©e constituer lâaboutissement dâun processus de dialogue engagĂ© au sein de la communautĂ© universitaire, la rencontre des chefs dâĂ©tablissement Ă lâUSTHB sâest transformĂ©e en tribune, oĂč la tutelle sâest donnĂ© le temps de remettre les pendules Ă lâheure et de faire des mises au point. Rachid Harraoubia, qui est sorti enfin de son long mutisme, a soldĂ© ses comptes pendant toute la matinĂ©e dâhier. Toute la communautĂ© universitaire est passĂ©e Ă la trappe. Les Ă©tudiants Ă©taient en tĂȘte de liste. Le ministre leur reprochera le fait de âsâĂȘtre laissĂ© emporter par de simples rumeurs et informations non fondĂ©es. Pourtant vous ĂȘtes des Ă©tudiantsâ, a-t-il ajoutĂ©. Il semblerait quâen suivant les prĂ©cĂ©dents dĂ©bats et surtout les interventions estudiantines, Harraoubia sâaffairait beaucoup plus Ă noter une liste de critiques contre les Ă©tudiants. Il nâa cessĂ© de rĂ©pĂ©ter lors de la plĂ©niĂšre : âJâai remarquĂ© lors des dĂ©bats que les Ă©tudiants croient que⊠ou pensent queâŠâ, avant de ârĂ©tablirâ la vĂ©ritĂ©. Et la vĂ©ritĂ© âofficielleâ de la tutelle est loin dâĂȘtre celle des Ă©tudiants ou de la communautĂ© universitaire, ou mĂȘme de la presse. En effet, Ă en croire les propos tenus hier par Harraoubia, que ce soit lors de la plĂ©niĂšre ou de la confĂ©rence de presse, la crise, qui a secouĂ© lâuniversitĂ© algĂ©rienne dans toute sa composante, est tout bonnement un non-Ă©vĂ©nement. La raison ? Le facteur dĂ©clencheur de la tension est loin dâĂȘtre lĂ©gitime. âIl sâagit de rumeurs colportĂ©es çà et lĂ et dâinformations non fondĂ©esâ, estime le ministre de tutelle. Et dâajouter que son dĂ©partement ânâa annulĂ© aucun diplĂŽme et nâa procĂ©dĂ© Ă la rĂ©vision dâaucune classification. Tout ce qui a Ă©tĂ© dit sur la classification est fauxâ. ĂchaudĂ©e par cet Ă©pisode âde rumeursâ, la tutelle compte se tourner vers la communication officielle. âNous comptons tenir une confĂ©rence de presse pour vous informer des recommandations de la ConfĂ©rence nationale, et ce, pour Ă©viter toute autre suppositionâ. Revenant sur la contestation estudiantine, lâorateur dira quâau dĂ©part, les Ă©tudiants avaient formulĂ© quelques revendications uniquement, Ă savoir le maintien du diplĂŽme dâingĂ©nieur dâĂtat, lâouverture de plus de postes pour le magistĂšre et lâabrogation du dĂ©cret 10-315. Ce nâest quâaprĂšs que la plate-forme des dolĂ©ances eut Ă©tĂ© Ă©largie Ă dâautres revendications, atteignant un summum qui a failli âprovoquer une cassure entre les Ă©tudiants des deux systĂšmesâ.
Les motifs du silence Le ministre de lâEnseignement supĂ©rieur justifie son mutisme face Ă la crise et aux rumeurs qui, pourtant, âont fait beaucoup de mal au dĂ©partementâ par le fait que âla tutelle Ă©tait convaincue que seul le dĂ©bat au sein du cadre le plus adaptĂ©, Ă savoir lâuniversitĂ©, pouvait changer les choses. On pensait que les Ă©tudiants allaient dĂ©couvrir dâeux-mĂȘmes en voyant que câĂ©tait trop Ă©norme, que ça ne pouvait ĂȘtre que des rumeurs. Il y avait Ă chaque fois une nouvelle rumeurâ. En plĂ©niĂšre, le ministre de lâEnseignement supĂ©rieur avait mĂȘme reprochĂ© Ă âcertains organismes de presse de vĂ©hiculer des informations non fondĂ©esâ. Il reviendra Ă de meilleurs sentiments lors de la confĂ©rence de presse, en affirmant ânâavoir rien dit sur la presseâ. Face Ă lâinsistance des nombreux journalistes qui nâavaient pas de doute sur ce quâils ont entendu et Ă©crit, le confĂ©rencier lancera : âSi jâai dit quoi que ce soit par rapport Ă la presse, je le retire.â Et de solliciter lâaide de la presse pour rĂ©tablir la vĂ©ritĂ© âofficielleâ. Pour ce qui est du refus du ministĂšre de recevoir les dĂ©lĂ©guĂ©s qui sây sont rapprochĂ©s, le ministre dira que nâest pas dĂ©lĂ©guĂ© nâimporte quel Ă©tudiant qui se prĂ©sente en tant que tel. âIl y a des rĂšgles. Nous recevons quotidiennement de nombreux Ă©tudiants qui se disent ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ©s.â Autre argument Ă©voquĂ© par le confĂ©rencier pour justifier le silence de son dĂ©partement a trait au fait que la gestion de lâuniversitĂ© est âdĂ©mocratiqueâ. âLe Mesrs diffĂšre des autres dĂ©partements. Nous assurons la coordination entre 90 universitĂ©s qui ont leur autonomie. Ells sont en mesure de prendre en charge les dossiers pĂ©dagogiques et scientifiques. Savez-vous que mĂȘme le recteur ne peut pas annuler une dĂ©cision prise par les conseils scientifiques des universitĂ©s ? Il faut savoir aussi que les chefs dâĂ©tablissement du supĂ©rieur ne sont pas des administrateurs, comme lâont dit les Ă©tudiants, mais des professeurs universitaires.â Question : doit-on comprendre par-lĂ quâil Ă©tait du devoir des recteurs et directeurs des Ă©coles de dĂ©battre avec leurs Ă©tudiants et de prendre les mesures adĂ©quates pour mettre fin aux contestations ? Nombreux lâont fait mais les Ă©tudiants exigeaient que les explications soient fournies par la tutelle.
Le dĂ©cret 10-315 abrogĂ© nâa pas touchĂ© les Ă©tudiants Selon le ministre de lâEnseignement supĂ©rieur, le dĂ©cret 10-315, qui a suscitĂ© remous et paralysĂ© lâuniversitĂ© et les Ă©coles, nâa pas touchĂ© les Ă©tudiants. âLe texte ne les a pas touchĂ©s. Ils nâont Ă©tĂ© ni lĂ©sĂ©s ni avantagĂ©s par le dĂ©cret. Et câest pour cela que nous lâavons abrogĂ©.â Pourquoi avoir promulguĂ© un texte puis lâabroger sâil ne concernait personne et nâapportait rien de nouveau ? âNous lâavons abrogĂ© pour rĂ©pondre Ă la volontĂ© des Ă©tudiantsâ, se contente de rĂ©pondre Harraoubia. Il faut signaler Ă ce propos que les explications fournies hier par le directeur des finances et des moyens du Mesrs confirment que certaines donnĂ©es ont probablement Ă©chappĂ© aux Ă©tudiants car justement, ni la tutelle ni leur administration ne sont allĂ©es au fond des revendications. Selon M. Saba du Mesrs, le changement de la catĂ©gorie et de lâĂ©chelon ne veut pas dire baisse des salaires, puisquâil aboutit Ă la hausse des points indiciaires. Il donnera lâexemple des architectes qui, de la catĂ©gorie 16, sont passĂ©s en 2008 Ă la 13 âet ont, par consĂ©quent, eu 578 points au lieu des 482. Idem pour les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes, les ingĂ©nieurs et mĂȘme les enseignants universitairesâ. Les recommandations applicables immĂ©diatement âJe suis optimiste car 90% des points dĂ©battus lors des dĂ©bats Ă divers niveaux ont abouti Ă un consensusâ, sâenorgueillit Harraoubia lors de la confĂ©rence de presse. Il ne sâagit en fait que de trois points : maintien de lâancien systĂšme jusquâĂ son extinction normale, ouverture de plus de postes pour le magistĂšre et ouverture de postes supplĂ©mentaires pour le mastĂšre. Le reste des propositions concernant les passerelles et la pĂ©dagogie nâa pas fait lâunanimitĂ©. Deux commissions chargĂ©es de les Ă©tudier ont Ă©tĂ© installĂ©es hier et devaient rendre leurs recommandations en dĂ©but de soirĂ©e. Lors de son intervention en plĂ©niĂšre, le ministre de lâEnseignement supĂ©rieur a insistĂ© pour que âles propositions soient dâordre pĂ©dagogique uniquement, loin de toutes supputations ou intĂ©rĂȘts personnels. Câest un acte sacrĂ© que lâhistoire retiendraâ, fera remarquer lâorateur, prĂ©cisant : âJe ne vise personne.â Enfin, Ă propos de la marche que compte organiser les Ă©tudiants le 12 avril prochain, Harraoubia dira : âSâils ont des prĂ©occupations pĂ©dagogiques, on pourra discuter.â
Edition du Lundi 28 Mars 2011
Etranger
La débùcle militaire de Kadhafi
Lâopposition a repris Ajdabiya, Brega, Ras-Lanouf et Ben-Jawad
Par : Merzak Tigrine
Lâintervention militaire de la coalition a fini par produire son effet, avec ce retour en force des insurgĂ©s qui reprennent lâune aprĂšs lâautre les villes retombĂ©es sous le contrĂŽle des forces de Kadhafi quelques jours auparavant.
Rien ne va plus pour les forces loyales Ă Mouammar Kadhafi, qui subissent de plein fouet un retour en force de lâopposition, qui regagne le terrain perdu grĂące au soutien de la coalition. Les derniĂšres frappes aĂ©riennes semblent avoir rĂ©duit Ă nĂ©ant lâarmĂ©e du leader libyen, qui ne cesse de subir des revers depuis 48 heures. En effet, les rebelles, qui ont repris samedi les villes stratĂ©giques d'Ajdabiya et Brega dans l'est de la Libye, sont Ă©galement maĂźtres depuis hier de Ras-Lanouf et Ben-Jawad. Le rythme des opĂ©rations aĂ©riennes de la coalition, qui n'a pas faibli samedi avec 160 sorties recensĂ©es contre 153 la veille, a fini par revigorer lâopposition de plus en plus entreprenante. Des avions de chasse français ont dĂ©truit sept appareils militaires libyens pour venir en aide aux rebelles assiĂ©gĂ©s. Ainsi, forte de ce soutien international, lâopposition a repris coup sur coup samedi le contrĂŽle du verrou stratĂ©gique d'Ajdabiya, Ă 160 km au sud de Benghazi, fief de l'opposition, puis de la ville pĂ©troliĂšre de Brega, Ă 80 km plus Ă l'ouest, selon des journalistes sur place. Les forces du colonel Kadhafi, confrontĂ©es depuis le 15 fĂ©vrier Ă une insurrection sans prĂ©cĂ©dent quâil a tentĂ© de rĂ©primer dans le sang, ont battu en retraite, dĂ©sertant leurs positions. Ă Ajdabiya, les combats ont fait neuf morts et neuf blessĂ©s, selon la rĂ©bellion, alors qu'Ă l'extĂ©rieur de la ville, les corps d'au moins 21 combattants pro-Kadhafi ont Ă©tĂ© ramassĂ©s, selon une source mĂ©dicale. En fin d'aprĂšs-midi, les rebelles ont affirmĂ© avoir repris Brega. â Nous sommes dans le centre de Brega. Les forces de Kadhafi ont battu en retraite et seraient dĂ©sormais Ă Al-Bicher (Ă 30 km plus Ă l'ouest) et nous avançons vers cette zoneâ, a dĂ©clarĂ© l'un des combattants Abdelsalam Al-Maadani. Les raids ont donc âprĂ©parĂ© le champ de batailleâ, et des officiers et soldats ayant rejoint la rĂ©bellion ont jouĂ© un rĂŽle majeur, a expliquĂ© un porte-parole des insurgĂ©s Ă Benghazi, Chamseddine Abdoulmolah. Ces militaires ont coordonnĂ© leurs attaques avec la coalition, entrant en action entre les salves de tirs aĂ©riens. Hier matin, le terminal pĂ©trolier de Ras- Lanouf, dans l'Est, Ă©tait aux mains des rebelles, selon des journalistes de l'AFP. Un peu plus tard dans la journĂ©e, les insurgĂ©s ont ensuite pris la localitĂ© de Ben Jawad, Ă 30 km Ă l'ouest de Ras-Lanouf. Les forces pro-Kadhafi se replient en direction de Syrte, Ă 200 km plus Ă l'ouest, le long d'une cĂŽte plate et dĂ©sertique difficile Ă dĂ©fendre sans aviation ni artillerie lourde. Dans leur fuite, les soldats du colonel Kadhafi ont tout abandonnĂ©: munitions par caisses entiĂšres, missiles alignĂ©s sur le sable, Ă©quipement. Ă Ras-Lanouf, face Ă l'avancĂ©e des insurgĂ©s, ils n'ont tenu que quelques heures. TrĂšs affaiblis par les frappes de l'aviation alliĂ©e, harcelĂ©s par les rebelles, ils ont Ă©vacuĂ© Ă la hĂąte, dans la nuit de samedi Ă dimanche. Deux semi-remorques gisent au bord de la route. RĂ©duits en miettes, calcinĂ©s, ils ont visiblement Ă©tĂ© pris pour cible par des missiles air-sol. Le terrain, noirci sur des centaines de mĂštres, est jonchĂ© de douilles d'armes de gros calibres, de la mitrailleuse aux missiles lancĂ©s par les orgues de Staline. Devant cette situation, le rĂ©gime Kadhafi s'est dit prĂȘt Ă accepter un plan africain prĂ©voyant la cessation des combats et un dialogue en vue d'une âtransitionâ dĂ©mocratique. Les rebelles ont cependant rejetĂ© cette initiative. âLa seule façon de rĂ©soudre ce conflit est que Kadhafi et ses fils soient dĂ©fĂ©rĂ©s devant la justice pour crimes contre l'humanitĂ©â, a dĂ©clarĂ© un porte-parole. Par ailleurs, Ă lâapproche d'une premiĂšre rĂ©union du groupe de contact mardi Ă Londres, le prĂ©sident français Nicolas Sarkozy a annoncĂ© une initiative franco-britannique en vue d'une solution politique. L'Italie a annoncĂ© qu'elle aussi y prĂ©senterait un plan.