Pour son cinquiĂšme anniversaire, le superviseur judiciaire de lâapplication de la Charte nationale nous a fait les comptes de la rĂ©conciliation nationale. Selon Azzi, la dĂ©marche aurait ramenĂ© quelque sept mille cinq cents terroristes dans âle droit cheminâ durant les cinq ans de sa mise en Ćuvre. Si lâon suit les chiffres du superviseur judiciaire de la charte, celle-ci accueille environ trente ârepentisâ par semaine, soit plus de quatre par jour. MĂȘme si on compte les 2 600 prisonniers unilatĂ©ralement Ă©largis par le pouvoir, et sans quâils nâaient rien demandĂ© ni concĂ©dĂ©, il resterait quelque cinq mille âvrais repentisâ, soit mille par an, soit prĂšs de trois redditions quotidiennes ! Dâabord, il faut que le recrutement suive, pour que le maquis puisse nous restituer ses occupants avec un tel dĂ©bit. Heureusement que beaucoup de jeunes prĂ©fĂšrent la harga au terrorisme et quâAl-QaĂŻda ne recrute pas autant. Ensuite, si les terroristes se bousculaient au portillon du repentir, le pouvoir, qui fait de la promotion du leurre rĂ©conciliateur son unique et constant programme, en aurait certainement profitĂ© pour nous rappeler chaque jour le succĂšs quotidien de sa politique. On le voit : la moindre reddition a son prolongement mĂ©diatique retentissant. Si Ă la moindre dĂ©claration, les rares repentis â au sens large, parce quâils nâen pas vraiment â occupent la une des journaux, câest quâil nây en a pas des tonnes. Si la reddition sâĂ©tait Ă ce point banalisĂ©e, on nâassisterait pas Ă cette âpeopolisationâ du soi-disant processus de rĂ©conciliation qui fait dâanciens chefs terroristes des stars. Le nombre, Ă©norme, de ârepentisâ contraste avec lâautre chiffre Ă©voquĂ© par Azzi : seulement 1 290 terroristes tuĂ©s pour 7 540 repentis ! En dâautres termes, on doit bien plus Ă la rĂ©conciliation nationale quâĂ la lutte antiterroriste. La clartĂ© du message politique est aveuglante : on gagnerait Ă adopter lâattitude passive qui consiste Ă leur ouvrir les bras et Ă attendre que les terroristes se rendent plutĂŽt que de les pourchasser. Le nombre de terroristes abattus est peut-ĂȘtre proche de la rĂ©alitĂ©, mais si lâon excepte ceux qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ©, au sens littĂ©ral, de la mesure dâĂ©largissement, les repentis ne courent pas encore les rues. Au demeurant, ces chiffres nâont pas de sens sans Ă©valuation des troupes dont dispose Al-QaĂŻda. Et les donnĂ©es exprimĂ©es jusquâici, par lâancien ministre de lâIntĂ©rieur, notamment, se sont avĂ©rĂ©es trop contradictoires pour sâapprocher de la rĂ©alitĂ©. Il est surtout regrettable que ne soit pas remĂ©morĂ© le chiffre des victimes, toujours dissimulĂ© comme autant de manifestations honteuses qui discrĂ©ditent la politique de rĂ©conciliation. Il est, dâun autre cĂŽtĂ©, inopportun de chercher Ă suggĂ©rer Ă coups dâarguments quantitatifs la pertinence dâune dĂ©marche qui, depuis cinq ans, piĂ©tine et dont lâĂ©chec sâaccompagne de son cortĂšge de victimes. Coup sur coup, de Zemmouri Ă Ammal en passant par Zekri, des hommes tombent en essayant de contenir le terrorisme pendant quâon tente de commĂ©morer la rĂ©conciliation, dĂ©cidĂ©ment interminable, de lâassassin et de la victime.
M. H. musthammouche@yahoo.fr |