Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a dénoncé, dans son discours prononcé hier à Téhéran lors du 14e sommet des chefs d'État et de gouvernement du groupe des 15 (G15), “la gestion des gardiens du temple de l’orthodoxie financière qui ont failli à leur tâche”, revendiquant légitimement le droit des pays du G15 “d’impulser la refonte du système monétaire et financier international”.
Le chef de l’État a affirmé que “le monde de ce début du XXIe siècle ne saurait, en effet, continuer à être régi par les institutions et les pouvoirs de décision reflétant les rapports de force issus de la fin de la Seconde Guerre mondiale”. Le président de la République a indiqué que “malgré une timide reprise dont la durabilité demeure hypothétique, le monde et surtout nos pays continuent de subir les contrecoups d’une crise financière mondiale sans précédent depuis 1929 et dont les causes se situent dans les pays les plus riches”. Cette crise, a-t-il ajouté, “a révélé les dérives d’un système voué à l’instabilité et aux crises cycliques et qui est exclusivement orienté vers l’accumulation et l’accaparement des profits par quelques-uns au mépris des intérêts du plus grand nombre”. M. Abdelaziz Bouteflika revendique avec force la participation des pays émergents du Sud dans la refonte du système monétaire et financier international, d’autant plus qu’aujourd’hui, ces pays contribuent pour une part significative dans le commerce mondial. Ils ont sensiblement augmenté leur part dans les investissements directs étrangers. Même leur contribution à l’aide publique au développement a enregistré un net accroissement. Certes, “il est encourageant de constater les progrès de la concertation multilatérale”, a relevé le président de la République. Ces efforts restent malgré tout insuffisants au regard des attentes des pays en développement, mettant en exergue les mesures d’austérité budgétaires et de restriction de la consommation et de protectionnisme en cours dans les pays riches. Le chef de l’État a salué “les quelques orientations très positives tracées par les réunions du G20 de Londres et de Pittsburgh”, en souhaitant que “ces percées conceptuelles trouvent une expression concrète sur le terrain”. C’est que les nombreuses promesses de la communauté internationale, en termes d’APD, sont loin d’être tenues. “On est aussi loin du compte pour les négociations commerciales multilatérales lancées dans le cadre du cycle de Doha au nom d’un engagement proclamé en faveur du développement mais nié dans les faits”, a ajouté le président de la République. En effet, les aléas de ces négociations interminables pénalisent d’abord les plus vulnérables qui voient chaque jour s’éloigner un peu plus les perspectives d’accès de leurs produits aux marchés des pays développés. “Nous déplorons la volonté d’imposer aux pays en développement, candidats à l’accession à l’OMC, des conditions exorbitantes non exigées des pays membres même développés. Nous rejetons l’argument que tel serait le prix à payer par les pays en développement candidats pour leur retard, un retard qui leur a été imposé et qu’ils n’ont pas voulu”, a souligné le chef de l’État. Le président de la République a ajouté que l’accès aux marchés mondiaux des produits des pays du G15 “est encore plus gravement compromis par un nouveau protectionnisme vert” qui transfère par ce biais également des pays du Nord aux pays du Sud la charge de l’ajustement qu’appellent les changements climatiques. Pourtant les pays industrialisés, historiquement responsables des émissions de gaz à effet de serre, se soustraient à leurs obligations en matière de lutte contre ce phénomène. “Le principe de la responsabilité commune et différenciée, consacré par la Convention et le Protocole de Kyoto, doit donc plus que jamais être réaffirmé par nous au lendemain des résultats mitigés de la Conférence de Copenhague”, a souligné le président de la République.
 Edition du Mardi 18 Mai 2010
Actualité
Les cheminots entament les négociations
ILS ONT REPRIS LE TRAVAIL HIER APRÈS UNE SEMAINE DE GRÈVE
Par : MALIKA BEN
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La Fédération nationale des cheminots appelle les travailleurs à redoubler d’efforts en vue de tenter de récupérer les pertes subies au bout d’une semaine de débrayage qui se chiffrent à quelque 64 millions de DA, d’autant que l’entreprise est déficitaire.
Immobilisés à quai depuis une semaine, les trains ont fini par briser le silence des gares fantomatiques. Le train a sifflé, annonçant la reprise du trafic ferroviaire, au grand bonheur des usagers. En fait, c’est dimanche vers 18 heures que le transport ferroviaire a repris ses dessertes. Deux trains, l’un en provenance de Thénia et l’autre partant de la gare Agha ont été mis en service, juste après l’annonce de l’avis des travailleurs, signé par la direction générale de la SNTF et la Fédération nationale des cheminots. L’avis informe les travailleurs qu’“aussitôt la reprise effective du trafic ferroviaire, les négociations sur la convention de branche seront entamées sur la base de l’application de l’article 52 de la convention collective laquelle sera concrétisée sur le mois de mai 2010”. Cinq petites lignes, pour lesquelles les cheminots, venus des quatre coins du pays, ont été tenus en haleine depuis les premières heures de la matinée jusque vers 17 heures. La direction générale a tout fait pour que les cheminots reprennent d’abord leurs postes de travail avant qu’elle ne cède à leur revendication. Mais les travailleurs ne l’entendaient pas de cette oreille. Attendant pendant des heures et ne voyant aucunement les grévistes fléchir, la DG, contrainte de faire un pas, a fini par signer l’avis aux travailleurs en fin de journée. Si certains ont vite crié victoire, d’autres ont contesté cette attitude qualifiée de “méprisante, car la DG aurait pu tout régler dès la matinée et nous éviter de faire le pied de grue”, lance une syndicaliste. En vue de prouver leur bonne foi, les cheminots, notamment les membres de la cellule de crise, ont pris des dispositions pour faire circuler les premiers trains devant mettre fin au mouvement de grève. La reprise a commencé à se mettre en place dimanche soir et hier matin. La présence de plusieurs représentants de travailleurs de diverses régions du pays à Alger a quelque peu ralenti la reprise. “La programmation des trains ne se fait pas en un tour de main. Il nous faut un peu de temps”, confie un chef de gare. Toujours est-il que le trafic ferroviaire a repris progressivement pour atteindre les 100%, selon la Fédération nationale des cheminots. Cette dernière n’a pas manqué de “réitérer ses remerciements à notre frère le SG de la Centrale syndicale pour son soutien et au ministre des Transports pour sa compréhension de la situation socioprofessionnelle des cheminots”. Selon le chargé de la communication du syndicat “des négociations ont commencé hier entre la DG et les membres du bureau exécutif de la fédération”. M. Bichikhi reste “optimiste” et s’attend à ce que les négociations n’aient pas lieu en plusieurs rounds. Estimant les pertes de l’entreprise à 8 millions de DA/jour pour l’entreprise, c'est-à-dire 64 millions de DA pour huit jours de grève, la Fédération nationale des cheminots appelle “les travailleurs à redoubler d’efforts pour tenter au moins de récupérer ce manque à gagner”. Il faut signaler que même du côté de la Fédération des cheminots “les choses sont rentrées dans l’ordre.” La mise en quarantaine des membres du bureau fédéral par les travailleurs appuyée par Sidi-Saïd n’était qu’un nuage d’été. Les membres de ce bureau siègent d’ailleurs aux côtés de leur SG dans les négociations. Pour revenir au trafic ferroviaire, les gares ont renoué hier avec le transport des marchandises, notamment les produits stratégiques mais surtout avec l’afflux massif des usagers du rail qui avaient hâte que le conflit entre les cheminots et leurs responsables trouve son épilogue, pour retrouver leur moyen de transport privilégié. “Je n’arrive pas à croire que c’est fini. J’ai vécu un véritable calvaire pendant cette semaine. C’est le cas pour tous les étudiants de Bab-Ezzouar habitant les régions et quartiers pourvus de gares,” confie Dalia, étudiante en génie mécanique à l’USTHB. Et de plaisanter : “Les cheminots doivent essayer de régler leurs problèmes pendant l’été pour ne pas nous pénaliser.” Un autre groupe d’usagers rencontrés à la gare Agha ne manquera pas de lancer un “ouf” de soulagement car l’arrêt du train les a ruinés. “Nous étions obligés de nous rabattre sur les taxis qui étaient dépassés. Quand on débourse 120 DA le matin pour ne pas être en retard et la même somme à la sortie le tout multiplié par plusieurs jours, la déception est aussi grande que la perte”, regrette Sonia. Enchaînant, sa copine qui habite Alger-Centre et qui travaille à la zone industrielle de Rouiba, nous confie : “Je me suis dit que si les cheminots persistent dans leur grève, je dépose un congé pour stopper mes pertes financières. Et je l’aurais fait s’ils n’avaient pas repris, croyez-moi.” Il est vrai que le transport ferroviaire arrange beaucoup d’étudiants et de fonctionnaires qui, en recourant à la formule d’abonnement, amortissent un peu leurs dépenses et l’arrêt du train les a complètement paralysés et ruinés. “Nous avons payé une prestation dont nous n’avons pas bénéficié” ont fait remarquer certains abonnés. Ces derniers ne réclament point de remboursement mais espèrent que la SNTF mette du sien et règle les problèmes des cheminots pour que le spectre de la grève quitte les gares définitivement. www.liberte-algerie.com | |