Sarkozy a pesĂ© de son poids pour convaincre Bouteflika de participer au sommet de Nice mais Ă©vite de sâimpliquer davantage dans lâavenir des relations bilatĂ©rales en laissant, semble-t-il, le temps faire les choses.
La participation du prĂ©sident Bouteflika au 25e sommet Afrique France qui vient de se tenir dans la ville française de Nice aurait Ă©tĂ© nĂ©gociĂ©e jusquâĂ la derniĂšre minute. On savait que lâAlgĂ©rie Ă©tait lâun des derniers pays Ă avoir rĂ©pondu favorablement Ă lâinvitation de lâĂlysĂ©e. Mais ce quâon ne savait pas en revanche câest lâinsistance du prĂ©sident Sarkozy qui a dĂ» intervenir personnellement pour convaincre son homologue algĂ©rien de se dĂ©placer Ă Nice. La rĂ©vĂ©lation a Ă©tĂ© faite, hier, par Sarkozy lui-mĂȘme lors dâune confĂ©rence de presse clĂŽturant le sommet.
âJ'ai Ă©tĂ© trĂšs sensible Ă la prĂ©sence du prĂ©sident Bouteflika (...) je lui ai tĂ©lĂ©phonĂ© spĂ©cialement pour lui dire : âJe t'en prie, viens, c'est important que tu sois lĂ et c'est un geste qu'il vienneâ, a-t-il confiĂ© sans donner dâautres dĂ©tails. Lâoccasion Ă©tait Ă©galement propice pour aborder lâĂ©tat des relations bilatĂ©rales qui semblent traverser ces derniĂšres annĂ©es une zone de turbulences. Et sur cette question, le chef de lâĂtat français a Ă©tĂ© moins optimiste. âEst-ce qu'il suffit que le prĂ©sident Bouteflika participe au sommet Afrique-France pour que, d'un coup, tout s'Ă©claire dans la relation entre la France et l'AlgĂ©rie ? Je crains de ne pas avoir exactement le mĂȘme optimisme. Il faudra encore du tempsâ, a jugĂ© Nicolas Sarkozy. Le prĂ©sident français semble reprendre son ministre des Affaires Ă©trangĂšres tout en Ă©vitant les formulations qui fĂąchent. Sarkozy viserait en revanche sur les relations qui le lient Ă Bouteflika pour rĂ©gler un diffĂ©rend qui les dĂ©passe tout en reconnaissant la difficultĂ© de rĂ©gler les problĂšmes nĂ©s de lâHistoire.
âLes problĂšmes qui peuvent exister entre l'AlgĂ©rie et la France, ce ne sont pas des problĂšmes qui existent entre deux prĂ©sidents, ce n'est pas personnel, on s'entend trĂšs bien, on se connaĂźt trĂšs bienâ, a-t-il poursuivi. âIl n'en reste pas moins qu'il y a une Histoire entre l'AlgĂ©rie et la France, que lâHistoire est compliquĂ©e, qu'il y a beaucoup de souffrance, beaucoup d'incomprĂ©hension et qu'il serait tellement important que les historiens puissent faire leur travail librementâ, a encore dĂ©clarĂ© Sarkozy. âPour moi, la guerre d'AlgĂ©rie, c'est une Histoire avec un grand H, ce n'est pas une expĂ©rience puisque je n'avais pas l'Ăąge. De mon point de vue, sĂ»rement, je vois les choses de façon moins passionnĂ©eâ, a-t-il relevĂ© en laissant implicitement entendre que ce nâest pas forcĂ©ment le cas de son vis-Ă -vis.
Sarkozy aura ainsi repris de la main gauche ce quâil a donnĂ© de sa main droite. En attendant, les relations bilatĂ©rales resteront lâotage de la persistance des divergences sur la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux commis en AlgĂ©rie durant les 132 ans dâoccupation. Initialement programmĂ©e pour 2009, une visite d'Ătat en France du prĂ©sident Bouteflika reste reportĂ©e sine die et le dĂ©placement niçois nâa pas permis de lever certaines contraintes qui puissent dĂ©bloquer la situation et fixer une date. Nicolas Sarkozy qui avait dĂ©noncĂ© le systĂšme colonial âinjuste par natureâ, mais refusĂ© toute idĂ©e de ârepentanceâ lors de sa visite Ă Alger, en dĂ©cembre 2007, reste visiblement sur la mĂȘme position.