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Edition du Mercredi 15 Décembre 2010
WikiLeaks, la Cyber War qui ne fait que commencer
Inauguration du centre de recherche stratégique et sécuritaire
Par : Azzeddine Bensouiah
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Le Centre de recherche stratégique et sécuritaire (CRSS) a été inauguré, hier à l’hôtel El-Djazaïr, en présence de nombreuses personnalités politiques et diplomatiques, ainsi que des directeurs de journaux.
Selon le directeur du centre, le docteur Mhand Berkouk, c’est le premier centre indépendant qui s’occupe des questions stratégiques et sécuritaires. estimant que l’Algérie ne disposait pas d’un cadre apte à regrouper les compétences nationales, le centre sera composé de quatre unités de recherche : politique, économique, sociale et de prospective (cette dernière manque cruellement à l’Algérie). Le programme tracé par le centre, durant l’année qui s’annonce, concerne quatre projets : le lancement d’une cellule d’expertise et de consulting, le lancement de quatre revues spécialisées, la formation en collaboration avec les universités et, enfin, l’organisation de conférences. Pour son inauguration, le centre a choisi une conférence sur le thème de l’heure : WikiLeaks, animée par l’expert en informatique, Abdelaziz Derdouri. Ce dernier a disséqué le phénomène WikiLeaks, le plaçant dans son contexte véritable : la cyber War, ou la guerre informatique. Dans un exposé qui donne froid au dos, le conférencier a montré toute la vulnérabilité des systèmes informatiques, que ce soit chez les grandes puissances de ce monde, ou dans les pays comme l’Algérie. Même s’il écarte la thèse selon laquelle les USA seraient derrière cette mégacyber attaque, arguant que les Américains ont beaucoup perdu et risquent de perdre encore plus dans cette affaire, le conférencier dira que les États, qu’ils soient développés ou non, restent impuissants devant cette nouvelle guerre. Il est vrai que des États, des institutions, des compagnies géantes pourraient l’utiliser afin de nuire à leurs adversaires ou concurrents, mais il est surtout vrai qu’avec une simple clé USB on peut déstabiliser tout un pays. L’Américain de 23 ans, accusé d’avoir été à l’origine des fuites pour le compte de WikiLeaks, se serait servi de CD pour télécharger des centaines de milliers de dossiers classés secret, tout en écoutant de la musique ! L’exemple de ce qui vient de se passer en Iran est édifiant, avec le fameux virus qui a infecté tous les ordinateurs du réseau Intranet gérant les stations nucléaires du pays. Les risques de voir des cyberattaques cibler des sites sensibles, comme des réseaux de transport d’hydrocarbures, ou de métro, ou encore d’aéroports, sans compter les banques (exemple des cas Visa, Mastercard et Pay pal, récemment attaqués). N’importe qui (État, institution, ou particulier) peut, actuellement, attaquer des sites de par le monde, infester des milliers, voire des millions d’ordinateurs, grâce à des logiciels disponibles sur Internet. Les États, les institutions et les particuliers sont désarmés devant l’ampleur d’une telle menace. Chacun essaye, à sa façon, de limiter les dégâts. L’Inde, par exemple, a dû annuler un contrat avec les équipementiers chinois des TIC, à cause de soupçons d’espionnage. L’Algérie avait annulé, en dernière minute, un contrat avec une société française qui se proposait d’établir un annuaire téléphonique. Le gouvernement algérien vient de prendre d’autres mesures pour interdire l’importation de certains appareils et logiciels pouvant compromettre sa sécurité. Pour revenir à l’affaire WikiLeaks, d’anciens diplomates présents hier à l’hôtel El-Djazaïr ont minimisé la portée des fuites distillées à travers ce site, estimant que ce sont des informations connues ou attendues, même s’ils avouent que le secret des négociations diplomatiques ne devrait pas être levé. Cependant, ils attendent, comme tout le monde, la suite des révélations, promises pour les jours à venir, pour voir si WikiLeaks ou ses sites miroir vont diffuser des informations plus sensibles et plus secrètes. www.liberte-algerie.com
Edition du Mercredi 15 Décembre 2010
L’initiative d’Alger saluée par les participants
Conférence internationale sur la décolonisation
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La tenue de la Conférence internationale à Alger, célébrant le cinquantenaire de la Déclaration 1514 de l’Assemblée générale des Nations unies, a été saluée par de nombreux participants. Hier, l’universitaire et écrivaine suisse, Christiane Perregaux, a qualifié une telle initiative d’“importante”, car elle concerne “la question de l’autodétermination et de l’indépendance”. Une question qui, expliquera-t-elle, ne trouve pas beaucoup de nos jours de “volonté politique de la communauté internationale”. “La Déclaration 1514 est un levier pour faire respecter le droit des peuples et mon espoir est que cette rencontre nous permette de relancer le processus de respect du droit à l’autodétermination et de l’indépendance”, a soutenu notre interlocutrice. L’appel d’Alger apparaît à ses yeux comme “un nouvel engagement”, résultat d’une “nouvelle conscience” pour pousser la communauté internationale “à l’action”. La militante au Comité suisse de soutien au peuple sahraoui a, par ailleurs, signalé que le fait de revisiter la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux peuples et pays coloniaux “n’a rien de nostalgique”, que bien au contraire il permet de “recentrer la question de décolonisation”, car la résolution 1514 “a été polluée par des questions qui n’ont rien à voir avec le fond du problème”. Mme Perregaux a aussi admis qu’il y a eu “franchement un échange sans hiérarchie particulière entre ceux qui ont vécu dans leur chair la colonisation, ceux qui la vivent aujourd’hui et ceux qui ne l’ont jamais vécue”. Elle a même reconnu que les deux jours de réunion, certes brefs, ont “permis de recréer un espace de préoccupations communes” et suscité de “la réflexion qu’il faut poursuivre”. Le chercheur espagnol, Carlos Ruiz, quant à lui, a abordé la problématique de démocratisation de la citadelle onusienne. Dans ce cadre, il a remarqué que la résolution 1514 “était possible parce qu’elle avait été adoptée en décembre 1960 par l’AG des Nations unies”. Il a ensuite estimé que l’ONU est en train d’évoluer “dans le mauvais sens”, faisant référence notamment au “renforcement” du Conseil de sécurité, et en plaidant pour “le renforcement des prérogatives de l’Assemblée générale” afin de contraindre l’instance dirigeante de l’ONU à “répondre de ses décisions devant l’AG”. La Conférence internationale, qui s’est achevée hier, a été marquée par des débats profonds au sein des quatre ateliers constitués, transformant la rencontre en véritable “espace de parole libre”. Au niveau de l’atelier relatif au rôle des médias et du cinéma, dans l’expression et la défense du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, “la guerre des images et des mots” a été mise en exergue dans le contexte de l’Internet, du facebook et des lobbies satellitaires. Le cinéaste algérien, Ahmed Rachedi, a insisté sur la recherche de l’image percutante, capable de déconstruire des stéréotypes, voire les fausses représentations. Ce dernier a également alerté sur “la guerre d’occupation par les moyens modernes”, qui puisent dans les faiblesses des pays du Sud. De son côté, le directeur général des Archives nationales, Madjid Chikh, a plaidé pour “le devoir de mémoire”, invitant les médias et les cinéastes à venir travailler sur les archives existantes. M. Chikh a aussi observé l’existence de “controverses” dans les histoires africaines, qu’il faut lever courageusement. Quant à la cinéaste, Mina Chikhi, elle a appuyé l’idée de “l’appropriation de notre propre histoire” et celle de “l’ouverture de nos États”. Certains participants, à l’exemple d’Ahmed Bedjaoui, sont revenus sur le concept de “cinéma engagé vis-à-vis de l’être humain”, révélant que celui-ci renvoie à des “cinéastes (qui) ne sont pas des spectateurs, mais des acteurs qui agissent”. Au niveau de l’atelier consacré au rôle de la femme dans l’émancipation des peuples, il a été constaté que l’apport des femmes dans la lutte de Libération nationale est réelle, mais que la contribution de cette partie de la population n’est pas généralement “appréciée à sa juste valeur”. D’où l’insistance sur “le partage de la prise de décision, au niveau des instances nationales et internationales”. |
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