La secrĂ©taire dâĂ©tat français au commerce extĂ©rieur a trouvĂ© la formule pour nous dire quâen lâĂ©tat actuel des choses, il ne faut pas sâattendre Ă la ruĂ©e dâinvestisseurs français en AlgĂ©rie. âNous comptons investir Ă long terme.â
Autrement dit, les conditions ne sont pas rĂ©unies pour le faire dans lâimmĂ©diat. Outre que ce nâest pas la fonction dâun ministre du Commerce extĂ©rieur de favoriser les investissements dâentreprises nationales Ă lâĂ©tranger, mais de trouver des marchĂ©s pour sa production locale, il nâest pas nĂ©cessaire de se le faire expliquer par nos potentiels partenaires : nous demandons Ă des Ă©conomies, qui nâont pas de problĂšmes de production ni mĂȘme de matiĂšres premiĂšres mais de marchĂ©, de venir installer chez nous des industries en nous rĂ©servant la majoritĂ© du capital. Elles nâont mĂȘme pas un problĂšme de financement qui nous permettrait de faire valoir, pour cela, lâargument de la disponibilitĂ© financiĂšre !
La secrĂ©taire dâĂ©tat français retient Ă peine la rĂ©plique qui lui brĂ»le les lĂšvres quand elle reprend Ă son compte le slogan national du âgagnant-gagnantâ : que gagnerait un partenaire Ă initier des projets dans lesquels il doit dâemblĂ©e se mettre en minoritĂ© ?
Ă cette problĂ©matique, le ministre algĂ©rien du Commerce rĂ©torque que âles investissements français (en AlgĂ©rie) demeurent trĂšs modestes et restent concentrĂ©s dans le secteur des servicesâ. Cette observation renvoie Ă un discours incantatoire incompatible avec le traitement de questions Ă©conomiques Ă lâheure de la mondialisation. Lâinvestissement nâĂ©tant pas une dĂ©cision politique, mais une dĂ©cision Ă©conomique influencĂ©e par le contexte politique, culturel et rĂ©glementaire.
Dans une Ă©conomie mondialisĂ©e, ce qui vaut pour le partenaire français vaut, bien sĂ»r, pour tous les investisseurs potentiels. Ces Ă©changes improductifs de souhaits et de regrets, dans un langage convenu, cachent mal le constat de carence en matiĂšre dâIDE. Une des tĂąches assignĂ©es au Nepad est dâintĂ©grer lâAfrique au mouvement de mondialisation Ă©conomique, car câest dâintĂ©gration Ă lâĂ©conomie mondiale quâil sâagit, mais il semble que ce que nous prĂ©conisons â sans le mettre en Ćuvre â pour le continent, nous le contredisons dans la pratique nationale !
Si lâAlgĂ©rie a les moyens de se dĂ©marquer, Ă court terme, du contexte international, elle ne fait que se condamner Ă perpĂ©tuer le systĂšme Ă©conomique rentier oĂč lâĂ©tat vend une matiĂšre premiĂšre pour acheter les produits et services correspondants aux besoins de sa sociĂ©tĂ©.
Nous sommes loin de âlâinvestissement Ă long termeâ et encore plus loin du dĂ©veloppement. Au lieu de considĂ©rer les retombĂ©es Ă©conomiques, financiĂšres et sociales des IDE, nos dĂ©cideurs semblent prendre en compte, en prioritĂ©, leur aspect gestion et donc la dimension pouvoir quâils comportent. DâoĂč ce retour tendanciel Ă lâĂ©conomie dâĂ©tat rendu provisoirement possible par la conjoncture Ă©nergĂ©tique.
La question dâune rĂ©elle volontĂ© politique dâattirer les IDE se pose alors. DĂ©jĂ illusoires au temps de âlâouvertureâ, le mirage des IDE, pourtant aujourdâhui refoulĂ©s par choix politique, au moment oĂč Castro revient de ses certitudes Ă©tatistes, continue Ă parasiter les urgentes questions de lâusage de la manne pĂ©troliĂšre conjoncturelle et du passage de lâĂ©conomie de la rente Ă lâĂ©conomie du dĂ©veloppement ?
M. H.
musthammouche@yahoo.fr