Edition du Mercredi 23 Février 2011
Dilem du Mercredi 23 Février 2011 | Vu 518 fois
Chronique Pour ce qui sera, peut-être, la dernière représentation de Kadhafi, le décor était planté : le bâtiment conservant les vestiges de l’attaque américaine de 1986. En se posant ainsi dans son meilleur rôle, celui de cible du puissant ennemi extérieur, il déplace les enjeux du soulèvement populaire loin de la revendication interne de démocratie, de justice ou de liberté. M. H.
Edition du Mercredi 23 Février 2011
Théâtral comme à son habitude, le “Guide” était, cependant, moins à l’aise qu’il ne l’a toujours été du temps de son total empire. Avec à peine quelques collaborateurs et une garde pour auditeurs, Kadhafi n’avait pas la superbe des grands jours.
Et pour cause, son sanglant bilan, d’un côté, et l’acharnement de la jeunesse soulevée, de l’autre, n’autorisaient pas l’arrogance dont il aimait tant se draper.
Dans ce discours d’après-massacre, le roi des… rois se voulant touchant, fut navrant : oscillant entre paternalisme et menace, il fit œuvre effrontée de dénégation d’une fronde nationale et d’une répression sauvage qu’il n’arrive pas à dissimuler, malgré le black-out communicationnel dans lequel il a plongé le pays. Les victimes sont parmi les policiers et, accessoirement, les jeunes manifestants que les traîtres à la nation — et les Tunisiens et les Égyptiens — ont drogués !
Hallucinant tableau d’un pays arraché à sa sérénité par des “rats”, des “malpropres” et des “drogués” que celui dressé par le leader libyen, après quelque quatre cents morts. Au même moment, ses hommes en armes tiraient dans tous les sens, à Tripoli même, tuant presque tout ce qui bouge. Visiblement, il n’arrive pas à concevoir que les Libyens “n’aiment” plus leur Mouammar, il oscillait dans un discours décousu, fait de digressions et de répétitions, entre l’appel au calme, l’ordre de réprimer et la promesse de châtiment.
C’est donc, à une allocution de la vingt-cinquième heure que le Guide libyen s’est livré. Ne dérogeant point à la règle, il a rejeté, comme ses récents prédécesseurs poussés à la fuite par leur peuple, toute idée de démission : “Mouammar Al Kadhafi n’a pas de poste officiel pour qu’il en démissionne.
Mouammar Al Kadhafi est le chef de la Révolution, synonyme de sacrifices jusqu’à la fin de ses jours”.
Livrant, verbalement, l’argent du pétrole aux “comités populaires” et aux “communes”, il invite les peuples à multiplier et à élire, “dès demain”, ces nouvelles institutions. Ensuite, les jeunes se constitueront en comité “de surveillance” des réalisations de la Révolution, la sienne, pendant que ceux qui l’écouteront sortiront à la chasse aux opposants. Réitérant le chantage à la guerre civile émis par son fils Seïf El-Islam, il ne laisse qu’une alternative à ses concitoyens : les Libyens s’occupent de rétablir l’ordre contre les Libyens, sinon, il nettoiera le pays “maison par maison”.
“Aucun fou ne pourra couper notre pays en morceaux”, dit-il. Aucun, sauf lui, peut-être.
musthammouche@yahoo.fr
CONTRE LE RÉGIME DE KADHAFI
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