EMILIE MINATCHY
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Emilie Lopez : Pourquoi ne pas avoir profité à l’époque de cette notoriété soudaine pour sortir rapidement un disque ? Emilie Minatchy : A Star Academy, j’ai pu toucher à tout et je savais donc ce que je ne souhaitais pas faire musicalement parlant. Je me suis cherchée et je voulais faire de la musique et non un truc commercial. J’ai travaillé avec un arrangeur particulier qui a essayé de m’attirer dans le pop rock, alors que je suis carrément plus jazz. Mon genre de musique est ce que j’appelle « smooth soul », où on se pose et on plane... Emilie Lopez : Comment vous êtes-vous retrouvée au casting de la Baie des Flamboyants ? Emilie Minatchy : Pendant plusieurs mois, j’ai rencontré des gens pour mon projet musical. J’ai eu l’occasion de faire la connaissance de Phil Barney. Un jour, il me dit que Jean-Luc Azoulay cherchait à me contacter. J’ai fait donc la rencontre, entre autres, de Stéphane Joffre (producteur chez JLA, ndlr). J’ai ensuite passé des essais caméras et me suis retrouvée à jouer dans La Baie des flamboyants ! J’ai quand même précisé aux producteurs que je n’ai jamais eu la prétention d’être comédienne, je ne souhaitais pas prendre la place de quelqu’un d’autre. On m’a précisé qu’il y avait des coachs et des répétiteurs et les producteurs ont vraiment insisté pour que je participe à cette aventure. Emilie Lopez : Pourquoi avez-vous accepté de tourner dans La Baie des Flamboyants ? Emilie Minatchy : Quand on m’a proposé La Baie des Flamboyants, je ne connaissais pas les Antilles, et le projet en lui-même m’a également séduite. Et je me suis dit, que pour une fois, je ne vais pas être la métisse du groupe, ou faire partie des quotas. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, à la télé, y a une histoire de quotas ! Et là , qu’une chaîne tenue par des gens de couleur, développée par des gens de tous univers, de tous horizons, propose une série avec des acteurs de couleur, ça m’a plu ! Emilie Lopez : Vous avez déclaré vouloir « proposer une autre image des DOM » pour justifier de votre participation dans La Baie des Flamboyants, mais ces propos ont fait polémique. Qu’avez-vous à répondre à vos détracteurs ? Emilie Minatchy : Des journalistes ont mal interprété ce que j’ai dit, je me suis faite casser, mais je le redis « Oui, on a envie de porter les Dom Tom » ! Quand on m’a proposé cette idée de télénovelas avec des gens métisses, « des gens issus de diverses identités culturelles - de diversités culturelles » comme on dit (voix BCBG), je me suis dit que c’était un super beau projet. Un projet de France Ô, la chaîne d’Outre Mer. Emilie Lopez : Vous semblez être dans la revendication... Emilie Minatchy : C’est une sorte de revendication positive. Mais maintenant dans les rues en France, il n’y a pas que des blancs, y a des noirs, des jaunes, des verts, des rouges. Je suis métisse, ma mère a elle-même eu beaucoup de mal à faire intégrer son mari noir dans sa famille, et pour ma part j’ai, passez-moi l’expression, « le cul entre deux chaises ». En France, quand ce n’est pas ma carte de séjour qu’on me demande, c’est limite si on ne va pas vérifier que ma carte d’identité est vraie ! On voudrait un tout petit peu plus d’ouverture d’esprit de la part notamment des français « de la campagne profonde », peut-être un peu fermés d’esprit, et leur dire que nous aussi, nous sommes français.
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Emilie Lopez : Et que répondez-vous à ceux qui critiquent le jeu des acteurs de La Baie des Flamboyants ? Emilie Minatchy : Le projet s’est monté très vite. Le charme de cette série, c’est aussi de ne pas prendre des gens connus ou des professionnels. Quant à moi, je ne me prétends pas comédienne. Je vois La Baie des Flamboyants un peu comme la Star Ac’ de la comédie : j’apprends sur le tas. Si au bout de quatre mois, on voit que le jeu est encore mauvais, c’est que la personne n’est pas comédienne, point ! Laissez-nous la chance d’apprendre un peu les choses. Emilie Lopez : Tourner dans ce feuilleton va-t-il vous permettre de relancer certains de vos projets musicaux ? Emilie Minatchy : Oui, je prévois de faire des shows cases pour présenter à la presse et aux gens du métier, puis au public, mes chansons. Tout devrait être prêt pour le printemps prochain... Emilie Lopez : Certains de vos titres sont déjà en écoute sur votre blog... Emilie Minatchy : Ce n’est qu’une partie. Il y a une chanson que j’ai entièrement faite : je ne suis pas guitariste, mais j’ai pourtant joué de la guitare. On se débrouille comme on peut (rires). Je suis musicienne et j’ai les possibilités de créer mon univers. Aujourd’hui, je ne peux pas me permettre de dire à des gens de prendre six mois pour travailler sur un projet, sans avoir la garantie que cela va aboutir. Nous sommes tous dans le même cas : il faut bosser, manger et ramener des cachets. Ma grande phrase c’est « que je finisse dans un Cabaret ou à Bercy, je ferais ma musique » ! Emilie Lopez : En quoi votre expérience de la Star Academy vous a-t-elle permis d’avancer musicalement parlant ? Emilie Minatchy : Avant mon entrée dans le château, j’avais une crédibilité en tant que violoniste. J’ai voulu en avoir une en tant que chanteuse en participant à la Star Academy. J’ai beaucoup appris en observant travailler des artistes comme Steevie Wonder. J’ai pris tout ce que j’avais à prendre, et aujourd’hui mon but est de gagner une crédibilité en tant qu’artiste à part entière... Emilie Lopez : N’est-ce pas un objectif difficile à atteindre en sortant de cette émission ? Emilie Minatchy : A l’époque, il y avait le Petit Conservatoire de Mireille et on en faisait pas tout un foin quand des artistes en sortaient. Il se trouve qu’aujourd’hui, la télé-réalité c’est comme des télé crochets. Je préfère La Nouvelle Star à la Star Ac’. Mais je n’avais rien à perdre à participer à cette émission. Ca n’a fait de mal à personne et je m’en foutais totalement d’être cataloguée.
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