Un ministre pakistanais a promis samedi une prime de 100.000 dollars à qui tuera le réalisateur du film anti-islam "L'innocence des musulmans", qui continue de susciter une vive émotion dans le monde musulman sans provoquer toutefois de nouvelles violences.
"J'annonce que je donnerai 100.000 dollars à celui qui tuera ce blasphémateur qui a outragé le saint prophète", a déclaré à la presse à Peshawar, dans le nord-ouest du pays, le ministre pakistanais des chemins de fer, Ghulam Ahmed Bilour.
"J'appelle aussi les talibans et les frères d'Al-Qaïda à participer à cette noble action", a ajouté le ministre en assurant que, s'il en avait l'occasion, il tuerait de ses propres mains le réalisateur de ce film produit aux Etats-Unis. "Ensuite, on pourra me pendre", a-t-il conclu.
Le Pakistan a été le principal foyer musulman des manifestations contre le film américain anti-islam. Vendredi, après la grande prière, une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes a parfois dégénéré en violences, faisant 21 morts et plus de 200 blessés.
Des milliers de personnes ont à nouveau manifesté samedi au Pakistan contre le film, mais dans le calme cette fois.
Dans la capitale Islamabad, plus de 5.000 manifestants ont progressé en direction du Parlement, situé non loin de l'enclave diplomatique très sécurisée qui abrite notamment l'ambassade des Etats-Unis, aux cris de "Nous aimons notre prophète" ou "Punissez ceux qui ont humilié notre prophète".
A Lahore, la grande ville de l'est, environ 500 militants d'un mouvement islamiste radical ont manifesté devant le consulat des Etats-Unis, en scandant "Les Etats-Unis ne méritent qu'une chose: le jihad, le jihad".
En Afrique, au Nigeria, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans le calme samedi à Kano, la plus grande ville du nord musulman.
Selon le journaliste de l'AFP, le cortège s'étendait sur plusieurs kilomètres de cette métropole du nord du pays, et des manifestants criaient "Mort à l'Amérique, mort à Israël et mort aux ennemis de l'islam".
La manifestation était organisée par le Mouvement islamique du Nigeria, un groupe pro-iranien chiite.
Au Moyen-Orient, quelque 500 Palestiniens se sont rassemblés dimanche à Jérusalem-Est pour protester contre le film dénigrant l'islam et contre la publication par un hebdomadaire français de caricatures du prophète Mahomet.
"Nous sommes tous fidèles à Mahomet", "Mahomet le prophète de l'islam", pouvait-on lire sur des banderoles accrochées au côté de drapeaux du mouvement du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas et de son rival islamiste Hamas.
La police n'est pas intervenue lors de ce rassemblement.
Au Liban, des milliers de partisans du puissant mouvement armé libanais Hezbollah ont manifesté samedi à Bint Jbeil, dans le sud du pays.
Des femmes en tchador noir arboraient des drapeaux de l'islam aux côtés d'enfants tenant le Coran, le livre saint des musulmans.
De leur côté, les autorités jordaniennes ont obtenu de Google la suppression de tous les liens conduisant au film "Innocence of Muslims" (L"Innocence des musulmans") dans le royaume, a déclaré samedi à l'AFP un porte-parole du ministère de la Communication.
En Allemagne, quelque 1.500 personnes ont manifesté "sans aucun incident" samedi à Dortmund, dans l'ouest de l'Allemagne, selon la police.
D'autres manifestation s'étaient auparavant déroulées, également dans le calme, à Fribourg et Münster (ouest) tandis que des marches étaient prévues ce week-end à Karlsruhe (sud-ouest) et Hanovre (nord).
Environ 200 personnes ont manifesté samedi dans le calme à Berne, la capitale fédérale suisse, pour exiger une "meilleure protection des sentiments religieux" à l'appel du Conseil central islamique suisse (CCIS) et d'autres organisations musulmanes.
En France, les rues de Paris et des grandes villes sont restées calmes samedi, la police étouffant dans l'oeuf toute manifestation.
Dans le centre de Paris, une vingtaine de personnes, dont plusieurs femmes voilées qui refusaient de présenter leurs papiers, ont été interpellées, selon une source policière.
A Marseille (sud), une soixantaine de policiers, appuyés par un hélicoptère de la gendarmerie, ont fait face à... un seul manifestant qui n'a pas été interpellé.