François Hollande prépare sa visite d’État en Algérie

François Hollande prépare sa visite d’État en Algérie

50 ans après l’indépendance de l’Algérie, le président français effectue une visite d’État dans ce pays les 19 et 20 décembre. Décryptage.

Hollande, l’Algérien

Ses liens anciens avec l’Algérie on valu au président français le sobriquet de « Hollande l’Algérien Â». C’est peu de dire que la visite d’État du président en Algérie est préparée avec le plus grand soin. Pas moins de six ministres se sont rendus à Alger ces derniers mois pour tenter de changer la donne des relations entre la France et l’Algérie après l’échec du traité d’amitié voulu par Jacques Chirac il y a près de dix ans.

L’idée consiste dorénavant à promouvoir un « partenariat stratégique Â» selon l’expression du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius. « Un partenariat d’exception Â» , a renchéri le président Abdelaziz Bouteflika dans un entretien accordé il y a quelques jours à l’AFP. Les formes du partenariat « importent peu finalement : c’est sa consistance qui est essentielle Â», a insisté le président algérien.

Si l’Algérie ne réclame pas officiellement de repentance de la part de la France, contrairement à ce qui est souvent affirmé, François Hollande devra toutefois trouver les mots pour évoquer la période coloniale. Il a fait un premier pas en reconnaissant la « tragédie Â» du massacre des Algériens lors de la manifestation du 17 octobre 1961.

Le contexte diplomatique

Une fois n’est pas coutume, l’Algérie s’est félicitée dernièrement du nouveau statut de la Palestine, d’État observateur à l’ONU pour lequel la France a voté favorablement.

D’ordinaire France et Algérie s’opposent sur les questions internationales. Concernant le devenir du Sahara occidental, qui envenime les relations entre l’Algérie et le Maroc, la France soutient ouvertement la proposition marocaine d’autonomie renforcée de la région, tandis que l’Algérie soutient le Front polisario et l’autodétermination du peuple sahraoui. L’intervention contre le régime de Mouammar Kadhafi en Libye portée par la France fut particulièrement mal vécue à Alger. La démission forcée du gouvernement malien en début de semaine aggrave encore un peu plus la crise malienne mais ne devrait pas aplanir la vraie divergence de vue sur le dénouement de la crise. Depuis plusieurs mois, l’Algérie s’oppose au projet d’intervention militaire africaine défendu par la France qui doit en théorie être prochainement adopté par l’ONU. Elle préconise une résolution malienne du conflit, en aidant l’armée malienne à se reconstruire et elle œuvre sur le terrain à l’éclatement des différentes forces islamistes qui ont pris le contrôle du nord du Mali.

Les enjeux économiques

Le voyage de François Hollande se veut d’abord et avant tout politique. Les enjeux économiques seront toutefois du voyage avec, dans la délégation, la présence d’une vingtaine d’hommes d’affaire et de Jean-Pierre Raffarin, le monsieur Algérie nommé par Nicolas Sarkozy pour étoffer les relations économiques, reconduit dans ses fonctions.

Ainsi Carlos Ghosn, le PDG de Renault viendra parachever le projet d’implantation d’une usine Renault près d’Oran. D’autres gros dossiers de partenariat sont en cours de négociation notamment en matière d’infrastructure, d’énergie, de production laitière. Environ 450 entreprises françaises opèrent sur le sol algérien. La France est en pole position. L’Algérie est son premier partenaire commercial sur le continent africain.

Or avec un PIB multiplié par trois entre 2000 et 2011 et des réserves de change qui ont culminé à 182 milliards de dollars en 2011 (en raison de l’accroissement des revenus pétroliers), l’Algérie apparaît plus que jamais comme une terre privilégiée d’investissement d’autant que le pays a d’immenses besoins de développement et qu’il importe massivement biens de consommation et biens d’équipement.

 

Marie Verdier


15/12/2012
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