Les victimes du projet de la Grande-Mosquée !
Liberté-Algérie
En refusant de quitter l'ancienne bâtisse des Pères blancs à Mohammadia, vers une nouvelle structure située à Rouiba, les travailleurs ne s'attendaient point à ce que le temps finirait par leur donner raison. Mais trop tard !

Grève illimitée à l’école des jeunes sourds de Rouiba (ex-Mohammadia)

Les victimes du projet de la Grande-Mosquée !

Par : Malika Ben

Délogés de force de leur ancienne école qui se trouvait sur le terrain que les autorités ont choisi pour y ériger la Grande-Mosquée d’Alger, les travailleurs contestent les conditions de travail au sein de leur nouvelle structure et le non-versement des salaires depuis 4 mois. 

Victimes du projet de la Grande-Mosquée d’Alger, les travailleurs de l’ex-école des jeunes sourds de Mohammadia ne savent plus à quelle porte frapper pour avoir droit à des conditions de travail dignes d’un établissement spécialisé. Leur dernier recours : une grève illimitée entamée mardi dernier pour protester contre “les conditions de travail lamentables et le non-paiement des salaires depuis 4 mois”. 
En refusant de quitter l’ancienne bâtisse des Pères blancs à Mohammadia, vers une nouvelle structure située à Rouiba, les travailleurs ne s’attendaient point à ce que le temps finirait par leur donner raison. Mais trop tard ! Leur école a été démolie et sacrifiée pour un projet probablement utopique ! 
En effet, se trouvant sur le terrain destiné pour la construction de la Grande-Mosquée d’Alger, l’école des jeunes sourds de Mohammadia a été transférée après moult contestations vers une école primaire située à Rouiba. Travailleurs, personnel éducatif et psychologues ainsi que leurs élèves ont rejoint leur nouvelle structure lors de la dernière rentrée scolaire. Le cœur n’y était pas mais les promesses de la Direction de l’action sociale et de leur tutelle (ministère de la Solidarité nationale) de mettre les bouchées doubles pour réaménager la structure en établissement spécialisé pour enfants sourds devaient permettre de rassurer le personnel.
Il n’en fut rien finalement ! Les premiers réaménagements ont été faits dans la précipitation et le reste se poursuit lentement. “L’école, qui est toujours en chantier, n’a pu fonctionner normalement depuis la rentrée. Les contraintes sont telles que toute l’école n’arrive plus à assumer ses missions, notamment celle de la bonne prise en charge d’enfants sourds mais qui ont d’énormes capacités, en témoigne le taux de réussite aux examens scolaires”, témoignent des travailleurs. Un représentant dira que “même l’électricité a été très mal faite et nous avons constamment des coupures alors que les psychologues utilisent des appareils qui risquent d’être endommagés”.
Las d’attendre un quelconque geste de compassion, ne serait-ce envers cette catégorie d’enfants handicapés, les travailleurs ont décidé de crier leur ras-le-bol. Ils étaient unanimes à dire qu’il était temps de passer à l’action. “Le non-versement des salaires depuis déjà quatre mois est la goutte qui a fait déborder le vase”, nous dit un représentant. Et d’ajouter : “Des inspecteurs de la tutelle se sont déplacés sur les lieux lundi dernier et ont promis de verser la première tranche du budget 2012 d’ici 10 jours mais les travailleurs n’ont plus confiance.”