Grippe A : polémique sur le vaccin

 


Edition du Lundi 21 Décembre 2009

Actualité

Grippe A : polémique sur le vaccin
ministère de la santé et institut pasteur divergent sur le choix du labo

Le secrétaire général du ministère de tutelle n’a pas voulu donner, hier au Conseil de la nation, une date précise pour le début de la campagne de vaccination contre la grippe A au moment où le doute s’insinue dans les esprits quant à l’innocuité des doses livrées à l’Algérie. Des sources proches de l’Institut Pasteur Algérie disent, néanmoins, que le vaccin sera libéré à la fin de la semaine en cours.


Le retard accusé, par les autorités sanitaires, dans le lancement de la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N, en dépit de l’urgence dictée par une situation pandémique qui menace l’Algérie à l’entame de la phase aiguë de la propagation du syndrome grippal, alimente de grandes spéculations autour de l’innocuité du produit commandé au laboratoire britannique GlaxoSmithKline (GSK).
Un premier lot de 713 000 doses a été réceptionné par le pays il y a plus de deux semaines. D’aucuns s’attendaient donc au démarrage rapide de l’opération de vaccination des populations à risque, dont les personnels médical et paramédical, les femmes enceintes, les nourrissons âgés de moins de six mois et les malades chroniques.
Pourtant, hier au Conseil de la nation en marge des travaux d’une journée parlementaire sur le système de santé algérien, le secrétaire général du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Dr Chakou, a persisté à reculer à une date imprécise cette campagne, se limitant à déclarer aux représentants de la presse nationale, que les doses livrées sont en cours de contrôle par le laboratoire de l’Institut Pasteur Algérie et le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques. “La législation algérienne nous oblige à procéder au contrôle toxicologique et pharmacologique des vaccins introduits dans le pays”, a-t-il affirmé, sans donner de plus amples explications sur le temps, relativement long, imparti à ces contrôles.
Des délais rallongés qui créent indubitablement le doute sur la fiabilité de ce vaccin. D’autant qu’un porte-parole de l’OMS a déclaré, le 24 novembre dernier, qu’“un nombre inhabituel d'allergies graves au vaccin a été enregistré au Canada”. Il a précisé que “des allergies, affectant le cœur et le poumon, ont été causées par un lot de vaccins produits par le groupe pharmaceutique GSK. Des responsables de ce laboratoire ont reconnu qu’un quota de 172 000 doses de son vaccin Arepanrix, sur les 7,5 millions de doses expédiées au Canada, semblait avoir entraîné un pourcentage un peu plus élevé que les 1/100 000 réactions fortes admises pour de tels produits”, tout en rassurant sur l’absence de risque sur leur vaccin dûment qualifié par l’OMS. Il est vrai que le laboratoire GSK a vendu son vaccin à 36 pays, dont la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique, la Finlande, la Suède, le Canada, le Mexique et le Japon, mais fabriqués sur des sites autres que celui du Canada.
A contrario, les doses livrées à l’Algérie proviennent bel et bien de ce pays. Est-ce par excès de précautions que les autorités sanitaires algériennes mettent du temps à certifier les vaccins reçus ou existe-t-il anguille sous roche ? Selon certaines sources, un conflit entre le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et le directeur général de l’Institut Pasteur Algérie — limogé d’ailleurs il y a quelques jours — sur le choix du laboratoire auquel ont été commandés les 20 millions de doses de vaccins contre la grippe A/H1N1, est quelque peu responsable de cette cacophonie qui entoure la campagne de vaccination. Il est établi aussi que la directrice du laboratoire de contrôle de l’Institut Pasteur Algérie s’est trompée sur le dosage du produit servant à analyser le vaccin. Ce qui a conduit à la mort des souris cobayes.
Il aura fallu alors refaire les essais avec ce que cela sous-entend comme retard dans le processus de contrôle. Une source proche de l’Institut Pasteur Algérie nous a assurés que les fameux vaccins seront libérés à la fin de la semaine en cours.
Les 8 000 centres de vaccination, répartis sur l’ensemble du territoire national, seront alors autorisés à l’inoculer aux personnes figurant sur la liste des catégories à risque. Il reste à transcender la controverse liée à la vaccination ou pas des femmes enceintes et des enfants par des vaccins avec adjuvant. Pour l’information, l’Algérie n’a pas jugé utile de commander des vaccins contre la grippe A/H1N1, sans adjuvant.

www.liberte-algerie.com


Edition du Lundi 21 Décembre 2009

Editorial

Cacopohonie

La rumeur et la méfiance que colportent certains supports d’opinion et le silence sidérant du premier responsable du secteur font que la cacophonie devient… le chef d’orchestre.

Au rythme où nous entraînent les procédures, ce n’est pas demain que l’on verrait le ministre de la Santé lancer la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1, en se prêtant aux caméras de la télévision et aux appareils des photographes. Devant cette situation de pandémie qu’on a beau minimiser, le nombre de cas suspects augmente et celui des décès le suit, de façon alarmante, même si, pour le moment, le ministère peut riposter par la parade classique : la grippe saisonnière fait plus de morts. Ce que l’on oublie, c’est qu’elle est saisonnière, donc limitée dans le temps.
Alors que dans d’autres pays, la campagne de vaccination a pris en charge la plupart des populations concernées ou fragiles, chez nous, c’est le moment des règlements de comptes. Si bien qu’on a commencé par limoger le premier responsable de l’Institut Pasteur, personnage important en ces moments de désarroi. Le communiqué annonçant son remerciement ne convainc pas. La véritable question est : qui a l’autorité reconnue pour l’acquisition de vaccins ? Le ministère ou l’institut ? La transparence en matière de communication institutionnelle aurait été de rendre public le nom du laboratoire retenu pour nous livrer ce fameux vaccin, avant qu’une mauvaise publicité ne lui soit faite.
La polémique enclenchée suite au retard incompréhensible pour le simple citoyen pour procéder à des analyses sur des échantillons, la rumeur et la méfiance que colportent certains supports d’opinion et le silence sidérant du premier responsable du secteur font que la cacophonie devient… le chef d’orchestre. En attendant, des personnes meurent, frappées par le sort de l’impéritie de certains irresponsables qui n’ont pas la notion élémentaire du service public et de ce que représente la disparition d’un être cher.
Après la débâcle, il y aura encore une commission d’enquête pour déterminer les responsabilités dont les résultats attendront la prochaine pandémie, qu’on n’aura pas vu venir faute de prévention.

O. A.
abrousliberte@gmail.com


 

 



21/12/2009
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