insolite et pourtant c'est arrivé
CHERIE, TU VEUX ESSAYER MES OREILLERS ? | |
Par Hakim Laâlam Email : laalamh@yahoo.fr | |
«Auditions des ministres par le président. Après les oraux du Ramadhan, place à l’écrit après l’Aïd.»
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Je savais que les prix en Algérie avaient flambé. Je savais que le kilo de pomme de terre avait atteint 70 DA. Et je pensais sincèrement qu’au-delà de ce seuil de sciencefiction, on ne pouvait décemment pousser plus loin la flambée. Depuis quelques heures, et la publication aujourd’hui par Le Soir d’Algérie de larges extraits du rapport de l’IGF, l’Inspection générale des finances sur l’affaire BRC, j’en suis revenu de mes croyances et de mes certitudes cartésiennes. En Algérie, quatre (04) oreillers, un (01) traversin et deux (02) lampes de chevet entrant dans l’équipement du tout nouveau siège du ministère de l’Energie ont été facturés en janvier 2006 à soixante-quatre mille cinq cents euros. Pour éviter toute méprise, toute erreur d’interprétation ou quiproquo, je vous redonne la somme en chiffres : 64500 euros. Faisons une simple conversion en dinars. Cela fait un peu plus de six millions de dinars. Là aussi, pour écarter tout risque d’erreur calculons en bons vieux centimes. Cela fait 663 millions. Mazette ! Bigre ! Dine errab ! Mais c’est quoi ces 4 oreillers, ce traversin et ces 2 lampes de chevet ? Ils ont été conçus par Andy Warhol ? Leur tissu en soie a été peint par Picasso ? Les bordures en dentelle des oreillers sont-elles serties de diamants ? Le traversin a-t-il la faculté de diffuser en continu du Viagra dans la bistouquette de celui qui se couche dessus ? Les deux lampes de chevet diffusent-elles la science infuse lorsqu’on s’endort sans les éteindre et éclairent-elles d’un jour nouveau l’avenir de l’Algérie ? Il nous faut des réponses à toutes ces questions légitimement posées par des citoyens qui ne comprennent pas que l’on continue de distribuer des couffins d’aide aux pauvres alors que 4 oreillers, 1 traversin et deux lampes de chevet coûtent 64 500 euros, le prix d’un appartement. Et si nous n’avons pas de réponse, qu’au moins, avant que ces «objets cultes» ne soient saisis pour les besoins de l’enquête, qu’il soit permis aux Algériens de venir en procession, au siège du ministère de l’Energie reluquer, admirer cette literie exceptionnelle, unique au monde. Je ne voudrais pas dire des bêtises, mais même la reine d’Angleterre, même le sultan de Brunei ne doivent pas dormir ni éclairer leurs douces nuits avec des oreillers, des traversins et des lampes de chevet à 600 patates. Mince ! J’ai écrit patates ? De grâce, effacez le mot patates. Qu’est-ce que 70 DA le kilo de pommes de terre à côté d’une literie à 64500 euros ? Rien ! Ou plutôt si ! Une envie folle et furieuse de fumer du thé pour rester éveillé sans oreiller, ni traversin, ni lampe de chevet, le cauchemar continue. http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/10/21/article.php?sid=44713&cid=2 AFFAIRE BRC Sonatrach a confié 27 projets à la société mixte Brown and Root Condor (BRC) pour un montant global de 73 milliards de dinars. Pour l’ensemble de ces projets, le gré à gré a été érigé en règle. Sonatrach a allégrement violé le décret présidentiel N° 02/250 relatif à la réglementation des marchés publics. Le client principal de BRC a en effet signé des contrats clés en main, confiant à la société l’étude du projet, l’acquisition des fournitures, la supervision et la réalisation jusqu’à la réception définitive. En l’absence de bureau d’étude indépendant chargé du suivi, les maîtres de l’ouvrage n’ont pas pu assurer le suivi des projets. Pire encore, les coûts sont fixés de manière forfaitaire et sans cahiers des charges. N’ayant pas la qualification requise, BRC a souvent eu recours à la sous-traitance. Souvent, son rôle s’est limité à faire l’intermédiaire. Pour certains projets, elle s’est octroyé des marges bénéficiaires atteignant 65% du coût global. Souvent, les prix ont été multipliés par 20. Une «règle» souvent appliquée pour l’équipement des deux tours abritant le siège du ministère de l’Energie. L’entreprise nationale a payé des sommes faramineuses pour leur ameublement. Petit exemple : pour l’acquisition d’une salle à manger, de quatre oreillers et d’un traversin, SH a été sommée de payer 64 500 euros… Ce ne sont là que les premières conclusions du rapport établi par l’Inspection générale des finances (IGF). Cette dernière enquête également sur les domiciliations bancaires de BRC, sa situation fiscale. Ce scandale financier qui éclabousse SH risque d’entraîner dans son sillage d’autres institutions. C’est sur instruction du chef du gouvernement qu’en date du 12 février 2006, l’Inspection générale des finances a dépêché deux brigades au niveau de SH. Elles y feront des découvertes effarantes. Selon un premier rapport rédigé par l’IGF, « il est singulier qu’une entreprise mixte créée depuis une douzaine d’années et spécialisée à l’origine en engineering pétrolier se soit orientée vers la réalisation de projets d’infrastructures au profit exclusivement de deux clients». SH n’y a vu aucun inconvénient. Au contraire, ses responsables ont contourné la loi pour favoriser BRC. Le Pdg de Sonatrach évoque à tort l’urgence BRC gagnante même sans soumissionner ! Une surfacturation de 436 % pour la Piscine olympique de Hydra ! Des contrats sur mesure Quelques chiffres - BRC a facturé à Sonatrach des logiciels à 357 millions de dinars sans qu’aucune facture d’achat existe dans le dossier.
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Par Chérif Amayas
Ce que d’aucuns redoutaient vient de se produire. Un chef islamiste, dont le parti (l’ex-Fis) a failli terrasser l’Algérie, revient pour narguer les patriotes de ce pays.
Dans une interview à un hebdomadaire (nedemandez pas comment un personnage de cet acabit a le droit de donner des interview, et comment des journaux les publient), il compare la montée au maquis de ses acolytes sanguinaires, à celle de nos pères pour libérer l’Algérie du joug colonial. “Min Djibalina” que nos valeureux moudjahidine entonnaient dans les montagnes est squatté par l’idéologue de la violence, de l’intolérance et de la théocratie. En 2006, Benhadj redit les mêmes mots et étale les mêmes convictions qui étaient en vogue dans le début des années 90. Pis encore. Constatant le délabrement avancé du camp démocratique, il lance un défi aux démocrates de réaliser une coalition.
Il dit clairement que lui et sa famille politique sont présents plus que jamais et réitère leur volonté de fonder sur la terre de Novembre un Etat théocratique. Face à cette perspective, Benhadj se dit confiant et que rien ne pourra les arrêter. Convaincu que le front démocratique ne pourra pas se construire, il se paie le luxe de lancer un défi et de narguer les patriotes-républicains. Le constat que fait le dirigeant de l’ex-Fis sur l’état des forces démocratiques est malheureusement juste. Il suffit pour le vérifier de voir de près la scène politique nationale, et comparer l’activité des islamo-conservateurs à celle des démocrates. L’exemple le plus criard est probablement le cas Ali Benhadj lui-même. Interdit de politique au vu des conditions qui ont prévalu à sa libération, et que la Charte pour la paix a renforcé et réaffirmé, il continue son agitation comme si rien ne s’était passé. Des journaux regorgeant de “démocrates” traquent la moindre déclaration de Benhadj et l’amplifie. Les institutions de l’Etat, du haut de leurs bureaux, observent tout ce mic-mac et se refusent à toute intervention pour mettre le holà. Alors, un Benhadj à qui l’activité politique, l’activisme, la prise de parole dans les lieux publics... sont censés être interdits et qui les exercent sans que personne n’intervienne, juge qu’il évolue en terrain conquis et que finalement tout lui est toléré, sinon permis. Son intervention devrait provoquer dans toute âme de démocrate un sursaut, ne serait-ce que d’orgueil, pour relever le défi qu’il leur lance.
Les patriotes, qui ont sauvé le pays en soutenant l’arrêt du processus électoral, pris les armes contre le terrorisme et qui l’ont militairement vaincu, ont le devoir - le dernier ? - de ne pas laisser cette défaite militaire du terrorisme se transformer en victoire politique de l’islamisme.
C. A