Photo : Riad
Par Samir Azzoug
L’Algérie connaît un pic ascendant de la pandémie de grippe A(H1N1). «A la fin de la soirée de mardi dernier, nous avons enregistré 16 décès et confirmé la contamination de 389 personnes par ce virus, dont 102 enfants», annonçait hier, le secrétaire général du ministère de la Santé lors d’une conférence de presse animée au siège de cette institution. Trente-trois wilayas sur les 48 que compte le territoire national ont été touchées par cette pandémie. Selon une étude épidémiologique, ce sont les femmes enceintes et les jeunes adultes qui représentent la plupart des cas de décès. «Contrairement aux pays de l’hemisphère nord de la planète, comme les Etats-Unis et le Canada, qui sont au début de la phase descendante de la pandémie, l’Algérie connaît une ascension fulgurante en nombre de contaminations par le virus et en virulence. C’était prévisible», explique M. Abdessalem Chakou. Selon les experts internationaux, le taux d’attaque initial de la grippe A(H1N1) serait de 20 à 40% de la population avant de décroître. Ce qui veut dire que pendant la
première vague d’attaque du virus, il y a un risque de voir entre 8 et 16 millions d’Algériens être contaminés durant l’automne 2009 et l’hiver 2010. Devant la virulence de l’attaque initiale, le ministère de la Santé a dû actualiser le système de surveillance de la grippe. Au départ, les efforts étaient concentrés sur la vigilance aux frontières pour prémunir contre la propagation de ce fléau. A partir de l’annonce des premiers décès et de cas confirmés de transmission autochtone, la prise en charge a changé de profil. «A partir du mois de décembre nous avons adapté le système de surveillance sur la base des recommandations des experts internationaux», explique M. Chakou. Les nouvelles mesures consistent à ne pas s’attarder sur le dépistage tous azimuts, mais de consacrer ses efforts sur les sujets atteints des formes sévères de la maladie. «Effectuer des prélèvements chez les cas présentant un ou plusieurs symptômes graves ou sujets aux risques de complications.» «Les populations à grands risques comme les personnes présentant un surpoids morbide ou les femmes enceintes», informe le secrétaire général du ministère de la Santé. C’est pendant ce changement de stratégie que le virus a gagné du terrain.
De la nouvelle orientation, le responsable dessine les différentes phases de prise en charge des personnes atteintes «sévèrement» de la grippe A(H1N1). Tout cas prélevé est automatiquement mis sous traitement avant les résultats du prélèvement. «Nous avons standardisé le traitement et automatisé l’utilisation du Tamiflu ou le Saiflu (produit par Saidal). On a défini les critères de confinement à domicile des sujets contacts qui sont également mis sous traitement, systématisé l’utilisation de masques dans les établissements scolaires où des cas ont été confirmés ainsi que pour le personnel soignant, doublé les lignes du numéro vert 3030, élaboré des affiches dans différentes wilayas pour informer sur les centres de prise en charge et la sensibilisation des citoyens, élaboré des dispositifs de prise en charge au niveau de chaque wilaya», énumère-t-il. Ainsi, grâce à la coopération entre le ministère et les différents services de santé au niveau local, 1 400 lits de réanimation et de soins intensifs ont été mis à la dispositions des enfants, des parturientes et des personnes atteintes par des formes graves de la maladie. Quant à la campagne de vaccination, le secrétaire général reste évasif. Pourtant, il assure que «les vaccins sont en Algérie». «Nous avons reçu 450 000 doses au cours de la première semaine de décembre. Le reste arrivera suivant un calendrier établi avec le fournisseur et en coordination avec la compagnie Air Algérie.» M. Chakou, qui insiste sur la nécessité de respecter les délais de contrôle du vaccin par les services compétents, ne fixera aucune échéance sur le début de la campagne. Par rapport aux risques que représente le vaccin par ses effets secondaires, le SG rassure que «l’ensemble des experts sont unanimes. Tous les vaccins, adjuvants ou pas, indiqués par l’OMS, sont d’égale innocuité. Ils n’ont aucun effet indésirable sur les femmes enceintes ou autres. Ceci dit, tous les vaccins présentent des effets indésirables.»