Ya-t-il pire, pour un enseignant, auquel sont confiés des enfants innocents et sans défense, que la trahison de la confiance des parents et de l’Etat, en leur faisant subir les pires sévices corporels ? Les exemples que notre journal est allé traquer dans les dédales d’une société en butte à une violence intrinsèque ne sont hélas que la face émergée d’un immense iceberg. Comment une enseignante, que l’on qualifie de « réfléchie », « excellente », sans doute équilibrée, en est-elle arrivée à frapper un enfant de 10 ans sur sa tête avec un bâton, lui causant une plaie qui a nécessité des points de suture et moult traitements, en sus de « lésions » psychologiques que rien ni personne n’arrivera à guérir. Rien ni personne, simplement parce que l’école, et ses « protecteurs, refusent toujours de regarder la vérité en face. Au lieu de prendre à bras le corps ce problème, de le traiter de manière hardie, musclée allait-on dire, l’on a préféré s’en prendre à l’enfant d’abord, et au père ensuite, dans le seul but d’étouffer ce scandale. Comme si c’était le seul. Comme si la justice divine ne devait pas rattraper un jour ceux qui font du mal aux enfants, que la justice des hommes épargne bien curieusement. Que dire de l’histoire toute fraîche, toute récente, de cette autre fillette. 9 ans à peine. Victime des cartables trop lourds de Benbouzid, avec leurs trop nombreux cahiers et livres. Elle a confondu entre un cahier et un autre. Cela lui a valu un déguisement forcé (ou presque) la faisant ressembler au célèbre peintre des « Tournesols ». Mais si les toiles fauvistes de Vincent dorment dans des prisons d’argent, cette fillette, elle aussi traumatisée, ne renouera sans doute jamais avec une scolarité normale. Dire que le ministre de tutelle affirmait tout récemment que la violence n’existe pas au sein de l’école algérienne et que celle-ci sert au contraire à inculquer les principes de paix et de tolérance. Sur quelle planète vit-il donc ! Cet État qui loue les mérites de la réconciliation, ne pourrait-il pas faire quelque chose pour réconcilier les enseignants avec leurs élèves ? Ne pourrait-il pas, surtout, cesser de cacher le soleil avec un tamis, admettre cette amère réalité une bonne fois pour toutes et opérer le grand nettoyage, en cas de besoin, dans les rangs du corps enseignant algérien… La vertu du pardon est certes à développer et à prôner. Mais pas quand il s’agit d’adultes qui torturent des enfants, et qui persistent dans l’erreur. C’est à eux qu’il faudrait… tirer les oreilles !
PAR : MOHAMED ABDOUN
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