La France entre en guerre au Mali
Des hommes d'Ansar Dine, à l'entraînement, en septembre dernier au Mali. Crédits photo : Uncredited/AP---
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la France entre en guerre au Mali
Mots clés : Ansar Dine, Mali, France, Mopti, François Hollande, Jean-Yves Le Drian
INFOGRAPHIE - François Hollande a annoncé vendredi l'intervention de l'armée française pour contrecarrer l'offensive islamiste.
La prise par des groupes islamistes, jeudi, de Konna, une bourgade de la ligne de front qui sépare le nord du Mali, occupé par la mouvance d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), du sud, contrôlé par l'armée, a précipité le calendrier de l'intervention internationale au Mali. Vendredi, François Hollande a déclaré que la France était intervenue pour apporter, quelques heures plus tôt, son soutien aux forces armées maliennes afin de contrecarrer l'offensive des groupes islamistes. Un engagement qui a notamment pris la forme d'une «intervention aérienne », a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. «L'opération au Mali durera le temps nécessaire », a précisé François Hollande, ajoutant: «J'informerai régulièrement la population et le Parlement dès lundi.»
Le chef de l'État a répondu à la demande d'aide militaire formulée un peu plus tôt par le président malien Dioncounda Traoré. «Les terroristes cherchent à porter un coup fatal à l'existence même du Mali. La France répondra, aux côtés de nos partenaires africains. Elle le fera strictement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.» Le Quai d'Orsay a simultanément demandé aux ressortissants français de quitter le Mali.
Konna, dont l'armée malienne assurait vendredi soir avoir repris le contrôle, est la dernière étape avant Mopti, la capitale du pays dogon. Une avancée significative des islamistes vers cette ville traduirait un basculement du conflit. Elle ouvrirait le chemin de Bamako. C'est pourquoi elle a été bloquée.
Les renforts européens dépêchés sur place pour contenir, dans l'urgence, la progression des extrémistes, seraient composés des formateurs français et allemands, mobilisés dans le cadre d'une mission européenne d'assistance à l'armée malienne. «Nous avions depuis trois jours des informations indiquant la concentration de forces islamistes circulant à moto et en 4 × 4. Ces regroupements ont été lancés par Ansar Dine, mouvement touareg qui se veut à la fois indépendantiste et islamiste, explique un proche du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Ansar Dine entend déstabiliser le Mali et frapper les esprits en entrant dans le pays bambara. Plusieurs centaines de combattants participent à l'opération. Il s'agit d'une agression caractérisée qui a valeur de test.»
Paris a donc immédiatement réagi. Un conseil de sécurité et de défense s'est réuni vendredi à l'Élysée autour du président de la République et du premier ministre pour organiser la riposte. La France a cherché à s'assurer des appuis extérieurs pour une intervention internationale sans délais. Jean-Yves Le Drian s'est entretenu avec son homologue américain Leon Panetta. Il a tenté de convaincre le chef du Pentagone, parfois étonné par le volontarisme français sur ce dossier, de l'importance d'une réaction rapide des forces européennes.
Dans le même temps, le Conseil de sécurité des Nations unies a pris acte de la «grave détérioration de la situation » sur le terrain. Dans une déclaration, l'ONU a appelé les États membres «à aider les forces de défense et de sécurité maliennes à réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés».
Paris considère les résolutions onusiennes comme un blanc-seing. «La survie du gouvernement malien et la protection des civils sont en jeu, il est donc urgent d'agir contre cette menace», a affirmé à New York l'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud. Le déploiement d'une force de 3 000 hommes a été accepté par le Conseil de sécurité le 20 décembre mais prendra dans les faits plusieurs semaines, voire plusieurs mois, si une impulsion particulière n'est pas donnée.
Chantage sur les otages
La France s'appuie également sur les déclarations du président malien, Dioncounda Traoré, pour passer à la vitesse supérieure. Ce dernier, qui avait lancé un appel au secours à Paris pour repousser l'offensive des groupes armés islamistes, a déclaré l'état d'urgence vendredi dans un message à la nation. Le Mali portera «une riposte cinglante et massive » à ses «ennemis», a-t-il déclaré, appelant à «la mobilisation générale» autour de l'armée.Controversé à Bamako, le chef de l'État malien devrait rencontrer mercredi prochain à Paris François Hollande, un rendez-vous prévu de longue date.
L'offensive de la mouvance djihadiste semble liée à un accès de fièvre d'Ansar Dine, le mouvement islamiste d'obédience touarègue dirigé par Iyad Ag Ghalii. Au lendemain de la visite, en décembre, de François Hollande en Algérie, des représentants d'Ansar Dine qui ont des liens avec le régime algérien avaient laissé entendre qu'ils briseraient leurs accords avec les groupes terroristes. Il n'en a rien été. Adeptes du double jeu, ils cherchent à pousser leur avantage afin de négocier en position de force si le vent devait tourner. Ils n'ignorent pas, non plus, que la marge de manœuvre de Paris est limitée par le chantage exercé par Aqmi sur la vie des huit otages français dans la région.
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