La Libye plonge dans la guerre civile
04/03/2011 À 07H15
La Libye plonge dans la guerre civile
LE RÉCIT DE LA JOURNÉE
Un insurgé lors des combats de Ras Lanouf, le 4 mars. (Goran Tomasevic / Reuters)
L'ESSENTIEL
•Kadhafi a continué ce matin ses frappes aériennes sur les villes stratégiques de Brega et Ajdabiya, à l'est. Ses troupes assiègeraient la ville de Zawiyah, proche de Tripoli, mais seraient en train de perdre Ras Lanouf, un terminal pétrolier stratégique, sur la route de Syrte.
•Selon la Ligue libyenne des droits de l’Homme, la répression a déjà fait 6.000 morts. Plus de 100 000 étrangers ont déjà quitté le pays.
•Washington examine «toutes ses options» et l'Otan se prépare «à toute éventualité».
•L'opposition refuse la médiation de Chavez et de négocier avec Kadhafi.
19 heures. La ville de Zawiyah, à 60 km à l'ouest de Tripoli, est «assiégée par les forces loyales au colonel Kadhafi», rapporte ce vendredi soir une journaliste de la télévision privée britannique Sky News présente dans la ville.
Selon un responsable gouvernemental libyen, l'ouest de la Libye est «totalement» sous le contrôle du régime de Mouammar Kadhafi mais l'est est «problématique».
18h45. Plusieurs dizaines de véhicules transportant des insurgés armés de kalachnikovs, de batteries anti-aériennes et de canons, avançent ce vendredi, euphoriques, d'Ajdabiya vers Ras Lanouf, bastion des troupes pro-Kadhafi à 200 km plus à l'ouest.
Ras Lanouf est un port pétrolier stratégique à une centaine de kilomètres de Syrte, ville natale et fief du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
«Ras Lanouf est tombée. Elle est entre nos mains», clame Heizab, membres des forces de l'opposition au poste de contrôle à la sortie ouest d'Ajdabiya, où s'étaient rassemblées quelque 200 personnes.
«Jusqu'à il y a trois heures il y a eu des combats à Ras Lanouf. Et maintenant Ras Lanouf est propre», déclare pour sa part Idris Abhil el-Magreby, chef du poste, dans l'après-midi.
18 heures. Dans la bataille de Brega. La vidéo ci-dessous montre les affrontements pour le terminal de pétrolier de Brega, jeudi, du côté des rebelles. Les combats ont recommencé ce vendredi, l'opposition a pour le moment réussi à repousser les forces de Kadhafi. Elle s'est même avancée vers la ville de Ras Lanouf, où de nouveaux combats se sont déroulés.
A noter qu'on peut apercevoir à plusieurs reprises sur cette vidéo Jean-Marie Lemaire, journaliste à France 24 (à 3.40 ; 7.20 ; 9.30), comme ont remarqué les Observateurs, un blog de la chaîne.
17h30. Les violents affrontements entre les insurgés et les forces fidèles au colonel Mouammar Kadhafi à Ras Lanouf, dans l'est de la Libye, ont fait «de nombreux morts et blessés», déclare à l'AFP un médecin dans un hôpital de Brega.
(Des rebelles à Brega, le 4 mars, Reuters)
16h45. La compagnie publique de téléphone libyenne a envoyé récemment des SMS appelant à s'en prendre aux étrangers présents en Libye, accusés dans le message de vouloir «semer le trouble» et «détruire» le pays, selon des témoins et un de ces messages consulté par l'AFP.
16h30. La ville de Zawiyah, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, vient d'être reprise par les forces fidèles au colonel Mouammar Kadhafi, selon la télévision officielle libyenne.
Le «chef du groupe terroriste» de la ville, Hussein Darbouk, et son second ont été tués, affirme-t-elle également, en précisant que d'autres chefs rebelles ont été faits prisonniers. «31 chars, 19 transports de troupes, 45 batteries de DCA et d'autres armes ont été saisies».
16h15. Au moins quatre personnes ont été tuées dans des affrontements vendredi entre les forces loyales au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et les insurgés près du port stratégique de Ras Lanouf, dans l'est de la Libye, a annoncé à l'AFP un insurgé sur place.
16 heures. Des journalistes étrangers sons contrôle. Interdiction de quitter les hôtels hors voyage organisé, désinformation et internet coupé: les envoyés spéciaux étrangers à Tripoli sont sous le contrôle étroit du pouvoir libyen.
Ce vendredi, jour de la grande prière et moment clef pour la mobilisation des opposants au régime de Mouammar Kadhafi, la pression s'est encore accrue.
Les portes de l'hôtel Rixos, où résident l'essentiel des journalistes étrangers, sont fermées. Les correspondants ne peuvent sortir qu'en groupe dans un convoi affrété par les autorités, a expliqué à l'AFP un journaliste étranger joint par téléphone.
15h45. Depuis hier soir, Internet a été coupée en Libye. L’accès au réseau était déjà perturbé depuis plusieurs semaines, notamment la nuit, mais c’est la première fois qu’une mesure aussi radicale est observée dans ce pays.
(Mesures de l’entreprise Renesys. DR)
--->Lire plus d'informations sur ce sujet sur Ecrans.fr
15h30. Des affrontements entre une centaine de manifestants scandant des slogans contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et les forces de l'ordre ont lieu à Tajoura, un quartier populaire de l'est de Tripoli, a annoncé.
15h20. Des bombardements intenses et des tirs d'artillerie sont entendus près de Ras Lanouf, contrôlé par les forces du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, alors que des camions avec des insurgés se dirigent vers ce secteur, selon un journaliste de l'AFP.
(Un rebelle, Ã Brega, Reuters)
Ras Lanouf est un important terminal pétrolier, près de Brega. Il est le point de passage obligé vers Syrte, la ville de la tribu de Kadhafi.
(Un chekpoint à Brega, Reuters)
15h15. Des forces fidèles au colonel Mouammar Kadhafi ont mené jeudi soir une offensive à l'arme lourde à Misrata, à l'est de Tripoli, dans une tentative de récupérer le contrôle de la ville, faisant un mort, a rapporté un témoin joint par téléphone.
«J'ai vu deux hélicoptères mais je ne suis pas sûr que les tirs en provenaient. En tout cas, nous avons entendu des tirs à l'arme lourde toute la nuit», déclare ce témoin sous couvert de l'anonymat.
Il assure toutefois que la ville, située à 150 km à l'est de la capitale, est toujours sous le contrôle des insurgés.
15 heures. 117 millions d'euros saisis. Un bateau contenant des billets de banque libyens d'une valeur de 117 millions d'euros destinés à la Libye a été intercepté mercredi dans les eaux britanniques et escorté jusqu'à un port anglais, annonce le ministère de l'Intérieur britannique
«Le bateau a été escorté dans le port de Harwich»(sud-est de l'Angleterre) par le navire HMS Vigilant, a indiqué un porte-parole du ministère.
«Le bateau contenait une quantité importante de devises libyennes, qui sont soumises aux sanctions des Nations Unies», selon le ministère.
Selon les médias, le bateau a été repéré par les autorités britanniques et escorté dans les eaux britanniques après avoir échoué à pénétrer dans le port de Tripoli pendant le week-end.
14h30. Des petits groupes de manifestants, partisans de Mouammar Kadhafi et d'autres hostiles au dirigeant libyen, se battent près de la place Verte, à Tripoli.
Selon un témoin, les forces de l'ordre bouclent le secteur. Elles restent cependant en retrait sans intervenir, tirant simplement en l'air.
Par ailleurs, un journaliste de l'AFP a vu sur la place Verte une centaine de pro-Kadhafi manifestant leur soutien au «Guide de la révolution», et une quinzaine d'autres, également en faveur du régime, sur la place d'Algérie.
13 heures. Les opposants au numéro un libyen Mouammar Kadhafi, qui tiennent l'est de la Libye, s'avancent vers l'ouest en prévision d'une nouvelle attaque de l'armée régulière, selon un journaliste de l'AFP.
Les forces de l'opposition sont à Uqayla, un petit village à 280 km au sud-ouest de leur fief de Benghazi et à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Brega.
12h45. Le prix Pulitzer et journaliste du New York Times Nick Kristof s'inquiète sur Twitter du fait que Kadhafi semble rester puissant.
Il traduit l'impression générale. Depuis plusieurs jours, le dictateur libyen ne perd plus de terrain et est même reparti à l'attaque. Brega et Ajdabiya, des villes contrôlées par l'insurrection, sont bombardées quotidiennement. On est passé d'un soulèvement intérieur des villes libyennes à une guerre de position.
12h30. Face à Kadhafi, l’armée de bric et de bras cassés des insurgés. A lire dans notre zone abonnés le reportage de Jean-Pierre Perrin, à Brega, où chaque jour se déroulent des combats, dans une «ambiance poussiéreuse de ville frontière, telle que l’ont rêvée Sergio Leone et Sam Peckinpah».
(Un insurgé à Brega, le 2 mars, Reuters)
12 heures. L'Italie est prête à mobiliser «près d'un milliard d'euros» pour le développement des pays du sud de la Méditerranée, selon le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.
11h30. Manifestations à Tripoli? L'opposition, qui a tenté déjà la semaine dernière de se soulever dans plusieurs quartiers de Tripoli sans toutefois réussir à créer de mouvement de fond, va essayer de profiter de la prière du vendredi pour se faire entendre dans la capitale.
11 heures. Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) avertit que la frontière entre la Tunisie et la Libye est contrôlée par des "forces pro-régime lourdement armées".
(Des réfugiés traversant la frontière, le 3 mars, Reuters.)
Près de 100.000 personnes, fuyant le chaos en Libye, ont franchi la frontière tuniso-libyenne depuis le 20 février. Quelque 12.500 personnes bloquées à la frontière tunisienne après avoir fui les violences en Libye doivent encore être évacuées.
10 heures. Frappes sur Ajdabiya. Un raid aérien des forces du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a visé vendredi matin une base militaire sous le contrôle des rebelles près d'Ajdabiya (est), sans faire ni victime ni dégât, selon des sources au sein de l'insurrection.
«Il y a eu une bombe à l'extérieur de la base militaire près d'Ajdabiya. C'était vers 08H00 (06H00 GMT)», , a déclaré Mohammad Abdallah, un insurgé au dernier barrage de la ville sur la route menant à Brega (à 70 km plus à l'ouest) où de violents combats ont eu lieu mercredi entre rebelles et forces gouvernementales.
9 heures. L'Italie exprime ses réticences à propos d'une éventuelle intervention militaire en Libye. Elle estime qu'elle nécessiterait de toute façon des mandats précis du Conseil de sécurité de l'ONU ainsi que de l'Otan.
«Seuls ceux qui ne connaissent rien au monde arabe peuvent parler légèrement d'une action militaire occidentale au coeur du monde arabe», selon le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini dans une interview à Radio 24.
8 heures. Frappes sur Brega. Les rebelles essuient un nouveau raid aérien de l’armée à Brega, site pétrolier mais aussi verrou contrôlant l’accès à Benghazi, fief de l’opposition dans l’Est de la Libye secouée depuis le 15 février par une insurrection contre le régime du colonel Kadhafi.
7h30. Barack Obama s'indigne.Le monde entier est «révolté» par la violence contre les Libyens, a déclaré le président américain Barack Obama, réitérant son appel au dirigeant Mouammar Kadhafi à «partir», en prévenant que les Etats-Unis examinaient «toutes (leurs) options» dans cette crise.
Dans la nuit de jeudi à vendredi. Des opposants ont annoncé avoir fait au moins une centaine de prisonniers lors de la contre-offensive mercredi à Brega. Selon les habitants de cet important site pétrolier, au moins cinq personnes ont été emmenées par les forces pro-Kadhafi au cours de l’offensive appuyée par l’aviation et l’artillerie lourde et qui s’est soldée par au moins 18 morts parmi les insurgés selon des médecins.
Jeudi. Carte résumant les derniers mouvements.
Toute la journée, des insurgés sont partis d’Ajdabiya (70 km à l’est), pour aller prêter main-forte à Brega, que l’opposition dit toujours contrôler.
Dans la matinée, «des avions de guerre ont lâché une bombe (…) entre la compagnie pétrolière et la zone résidentielle», a déclaré AbdelFattah al-Moghrabi, un responsable de l’hôpital de Brega, qui n’a pas fait état de victimes. Un journaliste de l’AFP a vu deux cratères près de la raffinerie.
«Il est très important de protéger Brega parce que s’ils (les pro-Kadhafi) occupent cet endroit, ils se dirigeront ensuite vers Ajdabiya. Or Ajdabiya est un point central pour eux car il permet de connecter l’ouest à l’est et au sud», a expliqué un ingénieur sous couvert de l’anonymat.
«S’il s’emparent de la compagnie (pétrolière de Brega), ils peuvent couper (l’électricité) à Benghazi», a précisé Mohammed Khanis, employé sur le site pétrolier.
Seif al-Islam, un des fils du colonel Kadhafi, a déclaré à la télévision Sky News, que la frappe aérienne sur le site pétrolier de Brega «était destinée à effrayer». Selon lui, Brega est «le noeud gazier et pétrolier de la Libye.» «Sans Brega, six millions de personnes n’auraient pas d’avenir, parce que c’est de là que nous exportons notre pétrole», a-t-il assuré.
A Benghazi, un porte-parole de l’opposition a évoqué un renforcement de l’armée régulière en direction de Ras Lanouf, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Brega. «Nous attendons de voir s’ils attaquent ou s’ils renforcent la ligne».
L’Otan ne prévoit pas d’intervention mais se prépare «à toute éventualité», a affirmé son secrétaire général de l’Otan, tandis que Paris et Londres ont annoncé vouloir apporter des «propositions audacieuses» au sommet européen sur la Libye prévu le 10 mars.
Sur le plan politique, l’opposition libyenne a catégoriquement refusé jeudi une offre de médiation du président vénézuélien Hugo Chavez. «Nous avons une position très claire: c’est trop tard, beaucoup de sang a coulé», a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’opposition Moustapha Gheriani.
A La Haye, le procureur de la Cour pénale internationale a ouvert une enquête contre le colonel Kadhafi et de hauts responsables libyens soupçonnés de «crimes contre l’humanité».