La performance de l'Algérie à l'aune de l'exploit allemand
La performance de l'Algérie à l'aune de l'exploit allemand
L'humiliante défaite du Brésil face à l'Allemagne (7-1) replace la performance de l'Algérie face à ce même pays dans de plus justes proportions. On pourrait même avancer que sa demi-finale, le onze germanique l'a accomplie face aux Fennecs qui ont contraint les camarades de Klose - meilleur buteur avec le record de 16 buts inscrits en quatre participations au Mondial - aux prolongations pour gagner le droit de jouer les quarts de finale. Or, c'est la même équipe allemande qui affronta dans la soirée de mardi dernier le onze brésilien. Que s'est-il passé? Une telle déroute du Brésil personne ne pouvait y songer un seul instant. L'absence de Nyemar et de Tiago Silva, ne peut expliquer à elle seule l'effondrement sur ses terres du super favori brésilien. On ne peut concevoir qu'une équipe comme le Brésil puisse dépendre d'un ou de deux hommes. Le Brésil a évolué au niveau qui était le sien depuis l'entame du Mondial, le 12 juin dernier. Un Brésil moyen qui ne rappelait en rien l'équipe flamboyante qui a écrit en lettres d'or l'épopée du football mondial. De fait, à l'exception de sa large victoire contre le Cameroun, la Seleçao a été plutôt poussive, souffrant autant pour construire son jeu, que pour remporter ses matchs. Des victoires brésiliennes en fait, limites! Cela ne diminue en rien toutefois l'exploit de l'équipe allemande qui tira largement profit de six minutes fatales pour le onze brésilien lors desquelles il encaissa - du jamais-vu - quatre buts. Mais, marquer sept buts au Brésil n'est pas donné, ne sera pas donné, à tout le monde et peu d'équipes rééditeront cette prouesse. Aussi, c'est à l'aune de l'exploit allemand face au Brésil que l'on mesure vraiment la performance de l'Equipe nationale qui a tenu la dragée haute à ce même adversaire. Un match que, d'ailleurs, l'Algérie aurait pu remporter sans que quiconque crie au scandale. En fait, la production globale de l'Algérie lors de ce Mondial a ébahi commentateurs et spécialistes qui ont souligné sa générosité dans le jeu, la technicité de ses joueurs, le tout couronné par une tactique de haut niveau. Outre cela, les footballeurs algériens ont montré qu'ils en avaient dans le ventre, donné une leçon de combativité et aussi d'humilité. Or, sauf contre la Belgique ou les Verts avaient déjoué, l'Equipe nationale a pratiqué le jeu à «l'algérienne», une marque déjà estampillée à Gijon au Mondial espagnol de 1982 par Madjer, Belloumi et leurs copains contre - c'est l'Histoire qui bégaie - cette même Allemagne, battue 2-1. L'Algérie marquait ainsi son territoire. Ce Mondial brésilien aura dès lors constitué un tournant pour le football algérien en général, pour l'Equipe nationale en particulier. On ne pourra plus se contenter d'être présents, désormais, les Verts doivent participer pour gagner. Feghouli et ses camarades ont placé la barre très haut, à eux maintenant de tenir cette promesse en filigrane faite au peuple algérien. En droite ligne de ce qu'ils ont produit au Brésil. Aussi, on ira au Maroc pour gagner, c'est la seule mission envisageable pour le nouveau coach national, probablement, le Français Christian Gourcuff. La donne est désormais autre, qui a totalement modifié les perspectives du jeu à onze en Algérie. A l'entame du Mondial, les spécialistes et les «bookmakers» ont considéré l'Algérie comme l'équipe la plus faible des 32 pays présents au Brésil. On a même dit et écrit que l'Afrique pourrait créer la surprise, citant le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Nigeria qui étaient, estime-t-on, les mieux placés pour rehausser les couleurs africaines; mais pas l'Algérie! Selon ces «spécialistes», non seulement l'Algérie était l'équipe la plus faible des «32» mais aussi, la plus faible de son groupe, se référant sans doute au classement bidon de World football Elo Ratings, qui classe notre pays au 56e rang mondial, loin derrière l'Australie et le Honduras qui repartirent sans un point du Brésil. Or, c'est sur le terrain que l'Algérie a montré sa vraie valeur, démentant des «spécialistes» qui, au final, ne semblent rien connaître au football algérien. L'Algérie? On n'en attendait pas grand-chose, et une agence de presse a même osé écrire que sa présence à un tel rendez-vous mondial du football était déjà une victoire en soi. «Sois belle et tais-toi!» L'Algérie est un beau pays, certes, mais qui a toujours su relever les défis mêmes les plus invraisemblables. Les Allemands ont appris à respecter l'Algérie. Peut-être que l'on respectera désormais un peu plus l'Algérie et son football.