Les autorités viennent de publier les décrets instituant et délimitant le périmètre de protection de plusieurs aéroports, principalement au sud du pays. La réglementation, réactivée en 2008 par l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a concerné dans un premier temps l’aéroport d’Alger, à cause du risque terroriste accru autour de cette infrastructure importante. Le décret 08-375 du 26 novembre 2008, qui institue le périmètre de l’aéroport international d’Alger Houari Boumediène, a interdit «toute nouvelle réalisation, installation ou construction permanente ou temporaire», et voue celles déjà réalisées à la démolition.

Ce décret n’a pas connu, de l’avis des autorités locales, une vraie application. Des constructions ne sont pas démolies et des commerces visibles n’ont toujours pas été fermés après la protestation vigoureuse des gérants. Les autorités ont opté pour la régularisation des constructions situées dans le périmètre qui se trouve à cheval entre les localités des Eucalyptus, Rouiba, Oued Smar, El Harrach et plus particulièrement Dar El Beida.

«Les lotissements de Krim Belkacem, Communal, Haï chouhada, Abdouni, Mohamed Seddik Benyahia, Abane Ramdane, Salah Dib, Mouhdjar se trouvent sur le périmètre de protection de l’aéroport. Le décret de 2008 interdit toute nouvelle construction à l’intérieur de ce périmètre. Au lieu de démolir les habitations, les autorités ont décidé de régulariser les constructions déjà existantes qui seront réglementées au niveau de la direction de la wilaya», a indiqué Lyes Gamgani, président de l’APC de Dar El Beida.

Quelque 200 dossiers de régularisation des constructions du périmètre ont été réceptionnés par les services de l’urbanisme de l’APC. Cette opération, prévue dans la loi 08-15 fixant les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement, n’a pas connu un engouement parmi les habitants des nouvelles localités de l’aéroport. «L’opération est freinée. Les autorités vont certainement prolonger le délai arrêté pour juillet 2013», estime M. Gamgani, qui assure que pour toute la commune le taux de prise en charge de l’opération au niveau de la wilaya (DUCH) ne dépasse pas 5 ou 6%. Quelle est la raison de cette situation ? Le président de l’APC met en avant la mauvaise compréhension du texte.

«La loi, quand elle a été mise en application n’a pas été bien comprise. Les citoyens ne s’empressent pas pour régulariser leur situation. Comment un habitant qui a construit une villa de 3 milliards rechigne à payer le plan d’architecte d’à peine 5 millions ? Des gens voudraient qu’on régularise à leur place», s’étonne l’élu. Il s’interroge, par ailleurs, sur l’application de l’arrêté du wali portant sur l’interdiction d’exercer des activités artisanales et commerciales légales et illicites autour de l’aéroport Houari Boumediene. «Selon le décret, toute activité commerciale qui porte préjudice à l’activité aéroportuaire est interdite. Mais, il y a une mauvaise lecture du texte et, selon moi, c’est le petit commerce d’épicier qui doit être concerné», relève-t-il.

La situation réglementaire des lotissements construits autour du périmètre de l’aéroport nécessitera, semble-t-il, la prise d’une décision politique. «Les services de la DSA ont pris en compte nos décisions pour l’interdiction de toutes les cultures arboricoles et les céréalicultures ou toute autre culture pouvant constituer une menace pour l’aéroport. Par contre, la démolition de toutes les bâtisses est impossible et l’indemnisation des occupants, comme le précise l’article 6 du décret 08-375 nécessiterait l’allocation d’une enveloppe conséquente. Les autorités seront amenées à terme à régulariser l’ensemble de ces quartiers nouvellement créés», estime une source à la wilaya.