Ce qui apparaît comme une contradiction serait pourtant une évidence: c’est la fonte des glaces en Arctique qui ferait chuter la température chez nous. Pour les climatologues, ce n’est même pas une surprise.

Avoir bénéficié des 23 et 24 mars les plus froid depuis 1873 et 1883 n’est pas vraiment le genre de record que l’on aime revendiquer. D’autant que la semaine qui commence risque de conserver des températures négatives, avec des maxima de -1 en Hautes Fagnes.

Comme à chaque fois, le coupable est un anticyclone robuste, bien calé au-dessus de la Russie et de la Sibérie. Et qui dit anticyclone dit haute pression. La dépression plus douce venant de l’Atlantique ne faisant pas le poids, elle est stoppée nette par l’air froid, les fortes neiges tombées en Russie renforçant ce blocage. Et les quelques tentatives dépressionnaires humides qui s’insinuent dans l’anticyclone se transforment lamentablement en neige dans nos régions.

L'effet boule de neige de la fonte des glaces

Il y aurait une seconde explication à cette situation inhabituelle: la fonte des glaces arctiques provoquée par le réchauffement général de la planète. Moins la calotte glaciaire (blanche) réfléchit le soleil, plus les océans se réchauffent. Avec comme "effet boule de neige" de transformer l’humidité supplémentaire en nuages qui s'en vont alimenter les précipitation en Sibérie.

En février, une étude climatique révélait que de nombreux phénomènes inhabituels sont les conséquences d’une même perturbation des courants atmosphériques dans l’hémisphère nord.

Prévu depuis octobre

Preuve tout cela répond à une logique climatique, dès octobre 2012, la scientifique Jennifer Francis de la Rutgers University expliquait dans une interview sur Youtube les effets de la fonte de l’Arctique sur les courants de haute altitude Jet Stream. Avant même la vague de froid, elle expliquait déjà très bien ce qui pourrait se produire.

Selon elle et d’autres scientifiques, il y a une corrélation entre les périodes de froid dans l’hémisphère nord et la chaleur de l’Arctique.

Une tendance à long terme

Et si le printemps devrait finalement revenir, les hivers rigoureux pourraient à l’avenir se multiplier. C’est ce que pense notamment le président du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), Rajendra Kumar Pachauri qui, tout en reconnaissant que cette tendance peut connaître des pauses (Il y en a eu une de 17 ans), le réchauffement global se poursuit sur le long terme.

"Ce qui est tout à fait perceptible c’est que, au cours des cinquante dernières années, la tendance est à la hausse. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de haut et de bas – il y en aura –, mais ce dont il faut se soucier, c’est de la tendance, et elle est maintenant influencée dans une large mesure par l’activité humaine. " déclarait-il sur le site Rue89 au début du mois de mars.

En attendant la canicule

L’été nous réserve peut-être d’autres surprises, puisque les écosystèmes et notamment les agglomérations urbaines ne sont guère adaptées à de longues périodes de canicule à 30 degrés. Avec des phénomènes météorologiques extrêmes comme la canicule de 2011 aux Etats-Unis, et de Russie en 2010.

En 2003, lors de la grande canicule qui a touché le France et la Belgique, des scientifiques avaient déclaré que de tels phénomènes se produiraient sans doute à l’avenir une fois tous les quatre ans. On est encore loin du compte, mais pour les hivers polaires en revanche …on a donné, merci.