Sports : FOOTBALL LA VICTOIRE DES VERTS SALUÉE PAR UNE LIESSE POPULAIRE À TRAVERS LE PAYS Comme un jour d'indépendance
Encore une fois, la déferlante des fans des Verts a été extraordinaire. Spontanément, le coup de sifflet libérateur de l'arbitre camerounais a fait exploser de joie des milliers de personnes qui se trouvaient dans les rues, car hier, c'était un jour ouvrable. Le hasard a voulu que cette explosion intervienne avec la sortie des bureaux. La vacance des établissements scolaires a permis d'avoir toute la masse juvénile qui a envahi les rues, les routes, les places publiques. Avec l'expérience de la précédente victoire des Verts sur l'Egypte, des drapeaux, des banderoles sont exhibés par centaines, voire par milliers. Les véhicules prennent possession de la rue. Ils sont bondés de fans vêtus de maillots aux couleurs nationales ou couverts de drapeaux algériens. La musique envahit l'atmosphère et «crève» les tympans. L'arsenal du «Mouloud» réapparaît de nouveau. Alors place aux pétards, aux fumigènes, aux feux d'artifice. De ville morte durant la rencontre où l'activité était au ralenti avec des magasins ayant baissé rideau, des rues désertées, Alger s'est brutalement réveillée moins de deux heures plus tard. Des magasins sont restés ouverts et des téléviseurs ont été installés pour permettre le suivi du match et par le propriétaire et par les rares clients de passage. Comme à leur habitude, les services de sécurité se sont déployés depuis la matinée à travers les principales artères de la capitale pour canaliser la circulation et les vagues de jeunes en liesse. Le premier but algérien libère les gens de leur terrible pression qui les étouffait. La deuxième réalisation, venue après un long, très long suspense, a rassuré définitivement les Algériens. La ville, vue d'un hélicoptère, ressemblait à un patchwork riche en couleurs. Elle l'était vraiment. En sillonnant Alger, nous le constatons de visu. Il faut avouer que, pour une fois, l'empoisonnant encombrement n'avait pas d'impact sur les nerfs des automobilistes. De Dély-Ibrahim à El- Harrach, en passant par El- Biar, Ben-Aknoun, Bab-El-Oued, Bologhine, Zghara, Draria, Baba Hassen, il faut prendre son «mal» en patience. Pour dissiper ce «mal», il faut chanter, crier, mettre à fond la radio, déployer des drapeaux, taper sur la carrosserie. Les refrains sportifs des stades fusent de partout et sont repris par tous, jeunes et vieux, hommes, femmes, enfants. C'est le début de la soirée et la nuit sera blanche, animée à souhait. Bien malin celui qui trouvera le sommeil en cette nuit du 20 juin 2009. Ce qui est sûr, c'est que cette contagion festive n'est pas et ne sera pas l'apanage d'Alger seulement. La kermesse ne fait que commencer. La nuit s'annonçait blanche partout dans les grandes villes et dans les plus petites localités. Cette même joie est née de la fierté d'être Algérien après cette deuxième victoire, combien importante. Il est vrai que nous sommes loin d'avoir décroché le visa pour le Mondial, mais telle une prémonition, nos compatriotes nous ont soufflé à l'oreille que comme ils étaient sortis dimanche avant le début de la rencontre face à l'Egypte, la joie de cette soirée inoubliable nous fait rappeler les senteurs exotiques de l'Afrique du Sud, pour l'année prochaine. O. K.
BOUIRA Des centaines de supporters dans les rues Sitôt le match Zambie-Algérie terminé, en faveur de l'EN sur le score de 2 à 0, des centaines de jeunes qui ont suivi le match à travers le petit écran, qui dans les cafés, qui par groupes, dans les maisons, sont sortis dans les rues de Bouira en arborant comme à l'accoutumée le drapeau national et en scandant «One, two, three, viva l'Algérie», slogan qui semble porter chance aux camarades du revenant Rafik Saïfi. Cependant, si lors de la précédente et historique victoire de l'EN face à l'Egypte, le match s'est déroulé en nocturne et les places publiques étaient prises d'assaut en servant de lieux de détente où l'on chantait et dansait à la gloire de l'EN, cette fois-ci, avec l'horaire du match, ajouté à la canicule qui sévissait en cette journée du samedi, avec une température qui avoisinait les 38°C, les jeunes se sont pour la plupart contentés de sillonner les rues en voiture pour les uns, par camion pour les autres, en criant à tue-tête «One, two, three, viva l'Algérie» mais aussi d'autres chansons à la gloire de l'EN, reprises en chœur ; le tout sous un air de tambours et de bendirs. Cependant, par endroits, au niveau de certains quartiers, des grappes de jeunes se sont constituées, à l'ombre de quelques arbres ou derrière un mur ombragé, pour faire la fête en petits groupes. En tout état de cause, la fête ne fait que commencer et la nuit promet d'être assez mouvementée avec une ambiance festive assurée. Comment en serait-il autrement alors que la majorité des fans de l'EN rencontrés dans la rue sont certains d'être de la fête en Afrique du Sud en 2010. «Désormais, avec cette brillante victoire arrachée de fort belle manière par nos Lions, plutôt que par des Fennecs, on ne parle plus de rêve mais de réalité concernant notre qualification pour le Mondial 2010 en Afrique du Sud», dira Nacer, un fan qui n'est pourtant pas des plus chauvins. «Moi, je pense déjà à la prochaine victoire de l'EN que l'on fêtera par une belle nuit de Ramadan. Quant à la victoire d'aujourd'hui, croyez-moi, c'est à pleurer de joie en voyant cette équipe pétrie de jeunes talents qui ne demandaient que ça pour étaler leur génie. Merci à tous les responsables algériens qui ont su donner les moyens et la chance à nos meilleurs footballeurs en ne faisant aucune distinction entre les émigrés et les locaux ! Le seul critère est la compétence. Merci les gars, bravo et aux deux prochains matchs qui nous assureront la qualification In challah !», dira encore Salem, un autre féru du football. A présent, nous pouvons le dire : la belle épopée pour notre l'équipe nationale d'Algérie ne fait que commencer. Y. Y.
BOUMERDÈS Comme dans un stade Hier, à la mi-journée, les rues de l'ex-Rocher-Noir étaient presque désertes. Ce n'est pas la chaleur estivale qui a empêché les citoyens de sortir de chez eux, mais la rencontre qu'allait disputer l'équipe nationale. Des commerçants ont recouvert les devantures de leurs locaux de l'emblème national, signifiant leur soutien indéfectible à leurs protégés. Même le gouvernement s'est momentanément arrêté de travailler. En effet, le ministre des Affaires religieuses, en visite dans la localité, a marqué une pause pour suivre en compagnie des autorités de la wilaya la rencontre sur le petit écran. Au niveau de la petite placette du centre-ville, une grande foule est agglutinée autour d'un téléviseur installé à l'entrée d'un café. Il y régnait la même ambiance qu'au stade. Ces téléspectateurs réagissaient instinctivement au moindre geste de leurs stars. Puis brusquement, une immense clameur s'élevait dans toute la ville de Boumerdès. Les Verts venaient d'inscrire le premier but. La même joie explosa lorsque Saïfi loge le ballon dans les bois du gardien zambien. La suite ? C'est l'Algérie qui oublie ses soucis et qui, à l'unisson, est derrière son équipe. Cette équipe qui leur montre que les Algériens sont capables de réussir. C'est l'Algérie en liesse et Boumerdès ne pouvait échapper à cette joie collective. Abachi L.
MASCARA Folie non-stop Inimaginable ce qui s'est passé à Mascara comme la fois précédente contre l'Egypte sinon plus car cette victoire signifie un grand pas vers l'Afrique du Sud. Nous avons téléphoné dans plusieurs localités de la wilaya et nos interlocuteurs étaient hébétés, ils n'avaient pas encore réalisé ce qui venait d'arriver. A quelques minutes du coup d'envoi, c'était the day after dans le chef-lieu de wilaya. Circonstances atténuantes peut-être, certains ont déserté leur poste de travail. Sur le premier but, c'était la clameur dans les cafés bondés de monde. Des véhicules sillonnaient déjà les artères de la ville en klaxonnant. Chez notre pote Lahcène, le buraliste, en compagnie de Mahi, la tension montait mais tout le monde affichait un optimisme béat. Des sueurs froides sur cet arrêt de Gaouaoui et puis ce second but qui mit le feu aux poudres. C'était déjà de la folie dehors, de la folie non-stop au coup de sifflet final, c'est tout Mascara qui s'enflammait. La nuit promettait d'être longue. Merci les Verts. Après l'Egypte, nous écrivions que c'était la naissance d'une nouvelle génération. M. Meddeber
TIZI-OUZOU Le foot a vaincu la canicule Il n'y a que le football pour susciter des tableaux tels celui offert par les jeunes qui ont bravé les 35 degrés et le taux d'humidité à assommer un éléphant pour extérioriser leur bonheur de voir les Verts rentrer de Chililabombwe avec les trois précieux points dans leur escarcelle. Il faisait donc chaud, très chaud même, mais cela n'a pas affecté les Tizi-Ouzéens décidés à se payer quelques tours sur le boulevard principal, klaxons hurlants et pied parfois un peu trop appuyé sur le plancher des véhicules qui déambulaient sur la grande rue. Pour une fois, les policiers ont laissé faire et personne ne trouva à redire tant l'ambiance était saine. A. M.
ANNABA Explosion de joie «Ils étaient vraiment onze guerriers sur le terrain. Ils ont honoré l'Algérie et son peuple. Bravo les Fennecs, Cheikh Rabah Saâdane a prouvé son génie. C'est lui le véritable renard», ne cessent de répéter les Annabis, qui sont, comme leurs concitoyens des autres régions du pays, des inconditionnels des Verts. Il a suffi de quelques minutes seulement, après le coup de sifflet final de l'arbitre camerounais du match contre la Zambie remporté haut la main (2 à 0) par les camarades de Bouguerra Le Magic, dans l'enceinte de la mort qu'est le Koukola Stadium de Chililabombwe, pour que Annaba explose de joie. Emblème national au vent, klaxons des automobilistes, youyous stridents des Bônoises, zorna et t'bal, derbouka, «One two three, viva l'Algérie», ne cessaient de scander les habitants de Lalla Bouna. Le tout se déroulait dans une atmosphère de grande fête. Les rues et places publiques, les quartiers et cités du chef-lieu, les autres villes et villages de la wilaya, en premier, le fameux cours de la Révolution, endroit mythique du centre-ville, vibraient sous les applaudissements et les chants à tue-tête des milliers de jeunes et moins jeunes. Il y avait aussi plusieurs femmes qui fêtaient dans la rue cette victoire, outre les dizaines qui le faisaient à partir des balcons, en lançant des youyous sans fin. Une scène émouvante, au cours de laquelle des dizaines ont reconnu avoir eu la chair de poule, a eu pour théâtre le cours de la Révolution. Des milliers de Bônois déployant un gigantesque drapeau d'une vingtaine de mètres de long sur une quinzaine de large, se sont mis, de leur chef, au garde-à-vous pour entamer l'hymne national Kassaman. Certains avaient les larmes aux yeux. «C'est ça l'Algérie des patriotes. Celle qui gagne et qui avance, malgré les crimes et les assassinats des terroristes islamistes. Ils ne pourront rien contre cette jeunesse qui aspire à la liberté et au modernisme», commentaient des personnes à la fin de l'hymne. Plaçant l'Algérie dans une position de favori du groupe 6 pour les éliminatoires combinées de la coupe d'Afrique des nations (CAN) et du Mondial sud africain. «Cette victoire en déplacement nous ouvre grandes les portes du Mondial qu'organise pour la première fois un pays africain, celui de Nelson Mandela», estiment de nombreux fans du Onze algérien, rencontrés durant ce mémorable après-midi. Auparavant, et durant les 90 minutes du match, la ville s'est vidée de sa population pour suivre en direct la rencontre. A. Bouacha
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