La suspension des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens, depuis près d’une année, pour cause de poursuite de la colonisation des territoires occupés, n’avait, jusqu’ici, pas inquiété le Quartette. Les constructions continuaient et la neutralisation de la lutte des Palestiniens pouvait dispenser Israël et ses puissances protectrices d’une paix réelle.
Aujourd’hui que Mahmoud Abbas s’apprête à engager une demande de reconnaissance et d’admission de l’état palestinien à l’Organisation des nations unies, le Quartette se démène pour trouver le moyen de l’en dissuader. Pourtant le blocage des négociations n’est pas le fait des Palestiniens qui n’ont fait que reprendre à leur compte une condition émise par Barack Obama dans son discours du Caire. Une condition qu’il n’a pu imposer à Israël et qu’il pourra de moins en moins lui imposer avec l’approche des élections américaines.
Devant l’impuissance de la communauté internationale, la démarche de l’Autorité apparaît comme l’une des rares voies susceptibles de sortir le processus de paix de l’impasse créée par la politique israélienne de colonisation. Du fait même de cette impuissance, et de celle des états-Unis surtout, la menace du président Obama d’opposer le veto américain et de priver les Palestiniens de l’aide américaine n’aura pas suffi à les faire renoncer à leur initiative.
L’Europe, certainement inquiète des divisions que ne manquera pas de susciter en elle le débat sur la position à prendre dans l’hypothèse du vote d’une résolution du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale, “prend acte” de la décision palestinienne tout en souhaitant une “solution plus constructive”.
Il n’y a pas que le soutien de principe des pays de la Ligue arabe et celui annoncé de la Russie qui auraient pu encourager Abbas dans sa détermination à déposer sa requête pour un siège à l’ONU. Aussi, le succès de la demande palestinienne à l’Assemblée générale fait entrevoir un moment de vérité pour l’Europe : contrairement aux états-Unis dont le soutien à Israël constitue une constante indiscutable de politique… intérieure, en Europe, l’unanimité pour le rejet du projet palestinien n’est pas d’avance acquise. En attendant, Bruxelles aussi brandit un chantage à peine retenu en rappelant que “l’aide au développement fournie par les Européens a pour objectif de construire les institutions et l’infrastructure du futur état palestinien”.
En fait, si les Palestiniens n’ont pas d’illusions à se faire sur l’effet de leur démarche sur l’avenir immédiat de leur cause, c’est la communauté internationale, dans ce qu’elle compte de puissances décisives, qui est gênée de devoir se prononcer sur son échec à redresser une injustice historique.
Il s’agit surtout d’éloigner la question qui dérange du débat onusien. Surtout en ces temps où le “Printemps arabe” a, par des raccourcis que l’Histoire nous fait parfois prendre, presque fait de l’Otan “un ami qui nous veut du bien”. Le “processus de paix”, conçu comme un éternel dialogue de sourds encadré par un Quartette ad-hoc, servait à dispenser la communauté internationale d’assumer un des échecs les plus éclatants de la virtuelle “communauté des nations”.
M. H.
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