Le plus difficile, ça va être de rester bogoss

Le plus difficile, ça va être de rester bogoss

sam janv 30 13:22

 Par Aldo Mourousi

 

Grâce soit rendue à Endemol, société philanthropique unique en son genre, qui nous aura permis de vivre hier soir un assez jouissif et salutaire moment d'humiliation. Une leçon de choses : quand on veut à tout prix être, on n'est... rien du tout. Et on le paye toujours (ou presque). Le pauvre blondinet Mickaël Vendetta, qui ne sortira certainement pas indemne de « l'aventure Â» La Ferme, en a fait l'amère expérience.

Tout commence à la fin de l'émission (plutôt lénifiante, malgré quelques bonnes saillies de Francky Vincent et, sur le plateau, de l'ineffable Philippe Candeloro), quand les quatre « chefs Â», à peine élus par le public, sont chargés de leur première mission : sélectionner, parmi leurs collègues fermiers, les deux qui ont le plus besoin de se déconnecter « de la jet-set et du luxe Â». Vous voyez le genre...

Conseil des chefs, donc : Adeline Blondieau, Aldo « la classe Â» Maccione, Francky « la classe aussi Â» Vincent et David « pas trop la classe, en fait Â» Charvet. À part ce dernier, assez falot pour un patron, le choix du public est cohérent. D'ailleurs Adeline fait une très bonne porte-parole, et le consensus est rapide. Quand elle dit : « Je ne sais même pas ce qu'il fait, Mickaël  Â», on commence à trembler pour le bogoss. Il fait l'unanimité en cinq secondes. Il ne fallait pas s'habiller comme un gigolo avant d'arriver dans la brousse ! Francky, étonnamment, choisit Velvet d'Amour, mannequin très en formes, pour accompagner Vendetta. Ça commence relativement fort.

Adeline annonce ensuite les deux noms aux douze « fermiers de base Â» (qui n'en mènent pas large, surtout Vendetta) avec une pointe d'esprit pas complètement déplacée : « On nous a demandé de former un couple... Â» Pendant l'annonce, un plan cruel montre Vendetta s'écraser un moustique dans le cou, passablement énervé... Adeline : « Alors, il y a ce jeune homme, là, qui regarde ses chaussures. Mickaël, c'est ça ? Â» L'humiliation commence. Le « jeune homme Â» apprend ensuite qu'il va devoir quitter la ferme et passer quarante-huit heures chez ses voisins, les zoulous ! Voilà le prétexte à une belle leçon de choses, dépourvue de tout relent colonialiste, de Jean-Pierre Foucault sur la culture locale. Benji, quant à lui, chambre « Monsieur Vendetta Â» qui n'aime pas trop ça.

Avant cette merveilleuse scène finale, nous aurons suivi un premier prime classique. La formule est on ne peut plus rôdée depuis les premiers Loft Story : présentation successive des candidats, blagues pas drôles et assez lourdes (une spécialité de Castaldi, qui aura bien honoré sa réputation), « interviews Â» des copains et copines présents sur le plateau... Tout pour faire grimper le suspense et donner envie de suivre la saga. Hier, c'était réussi. L'épisode Vendetta-zoulous est même un excellent cliffhanger et on a hâte de savoir comment le bogoss va survivre à son immersion totale.

Alors, qui sont donc finalement ces seize fermiers ? Aucune surprise : les rumeurs étaient bonnes. La ringardise est au rendez-vous, mais elle va s'effacer devant les nécessités quotidiennes.

Brigitte Nielsen arrive la première, avec un accent danois prononcé. On suppose qu'elle est obligée par contrat de causer français dans le poste, mais ça va être probablement assez difficile pour elle... De façon très surprenante, le portrait de l'ex-femme de Stallone est illustré par la musique de Rocky III... L'Å“il du tigre, bien sûr ! L'accompagne David Charvet, le beau gosse d'Alerte à Malibu, parfaitement lisse, « très content d'être là Â». Brigitte porte une robe rouge ultra-courte et moulante, très « fermière Â». Avec un trémolo dans la voix (un seul), elle annonce qu'elle joue pour son fils « qui est très malade Â» (en anglais dans le texte). Eh oui : dans La Ferme, les « stars Â» jouent pour des causes, des associations. Et on va nous le faire lourdement savoir. Les trois quarts de ces associations sont consacrées aux « enfants Â», aux gentils enfants. Ça dégouline de niaiserie, comme il se doit.

Le plus élégant, dans tout ce décorum, c'est la double haie d'honneur accueillant les candidats : des zoulous en costumes traditionnels qui hurlent, chantent et dansent... Une certaine idée de l'Afrique, sans doute...

Troisième fermière : Jeane Manson. Comme le dit Foucault, « elle a su rester simple Â», et « elle aime communier avec la nature Â». Comme le dit Castaldi : « Ah ça pour communier elle va communier ! Â» Rires gras de rigueur.

Quatrième : Mickaël Vendetta. On aura tout l'occasion d'en reparler et je vais donc ici l'épargner. Disons qu'il a très mal commencé l'aventure, et n'en parlons plus. Il me donne quand même le titre de cet article. Merci, Mickaël !

Cinquième : Kelly, la Miss France défroquée, sans mauvais jeu de mots, bien sûr - je ne m'appelle pas Castaldi, moi. Dans le montage qui présente la belle, l'incontournable Geneviève a cette pensée fulgurante : «  Les jambes écartées : quand une femme a sa dignité, elle fait pas ça Â». Je m'étrangle de rire sur mon fauteuil, elle me surprendra toujours... Quant à Kelly, sans rire, elle se considère comme « la Brigitte Bardot des temps modernes Â». Ça ou peigner la girafe, hein... (Oui, il y a une girafe, une vraie, dans la cour de la ferme. Une girafe !)

Petit interlude, avec une séquence « les dangers de la brousse Â», nous permettant de constater que 1) les imitateurs de Patrick Bouchitey embauchés par la prod' sont nuls et 2) la voix off surjouée est tout bonnement insupportable.

Sixième fermière : Claudette Dion, la sÅ“ur de qui vous savez. Elle chante aussi. Bon.

Septième, et non des moindres : le délicat « zoukeur coquin Â», Francky Vincent, qui ne pense qu'à ça. Aux gazelles. Je me demande s'il a essayé de draguer Claudette dans la limousine. Adrien Lemaître, qui accueille tous les fermiers à leur arrivée, ne fait pas dans la dentelle et demande carrément à Francky si « Claudette est à [son] goût Â». Moue indécise du susdit... Benji en rajoute une couche épaisse : « Francky, on a compris vos inquiétudes quant aux possibilités féminines de la ferme Â». Francky, prudent : « Je vais y aller à tâtons Â» (du verbe tâter).

Les fermiers découvrent alors qu'ils vont se doucher à l'ancienne, avec une pompe actionnée à la main par un second congénère. Charvet et Vendetta, le beau gosse et le bogoss, s'interrogent. Ça ne fait que commencer, les gars...

Huitième fermier : Christophe Guillarmé, styliste maniéré qui adore habiller les femmes. Rien à signaler.

Neuvième : Velvet d'Amour ! L'égérie de Jean-Paul Gaultier qui finira chez les zoulous avec Vendetta, on l'a vu. Je ne le savais pas, mais elle a tenu le premier rôle dans Avida, le film de Benoît Delépine et Gustave Kervern. Elle a l'air marrante, et sort avec un culturiste : « Mon petit ami il a une cÅ“ur aussi grosse que ses muscles Â». Très bien. Lemaître, l'homme au micro, lui demande de quoi elle a peur dans la ferme : « Les serpents... et les hommes. Â»

On apprend alors que la girafe est un girafon, qu'il va falloir nourrir. Je propose de coller en permanence Brigitte Nielsen à cette corvée.

Enfin arrive Olivier, le ranger, « l'homme qui murmure à l'oreille des guépards Â». Il a l'air consterné de se retrouver en face d'une telle assemblée de branquignols. Il ne fait aucun effort pour se rendre sympathique. Ça me le rend plutôt sympathique.

Il n'empêche, l'ambiance est assez tendue ; Francky, notamment, n'est pas à la fête, il semble se demander pourquoi il a signé...

Dixième fermier : Aldo Maccione, incroyablement populaire. La preuve, il finira chef. Un peu largué, Aldo... Les fins de mois sont sans doute difficiles.

Onzième : Farid Khider, champion de tout ce qui fait mal. Rien à signaler, le bonhomme a l'air élégant, poli, même s'il se présente comme une « machine de guerre Â», en finesse, quoi. Très bien. On verra ça.

Douzième (c'est bientôt fini, je vous libère dans quelques secondes, ne faites pas de bruit en sortant) : Surya Bonaly, qui sera humiliée par Benji et sa technique de la fausse bonne nouvelle, au moment de l'annonce des chefs. Elle se vengera, soyons-en sûrs. L'insondable Philippe Candeloro est sur le plateau depuis le début, uniquement pour dire ceci, à propos de Surya, qu'il connaît bien : «J'espère qu'elle va pas se faire bouffer par tous les zouaves, là. J'ai un petit peu peur du père Francky. J'espère qu'il va se la mettre sur l'oreille quelque temps avant d'attaquer Â» : la grande, la très grande classe. C'est à ça que sert cet homme : à détendre l'atmosphère.

Treizième : Hermine de Clermont-Tonnerre. « Princesse rock'n'roll Â» et creuse.

Quatorzième : Adeline, l'ex de Johnny, entre autres. Sera élue chef par le public (normal, elle campe sur TF1 depuis des lustres).

Quinze : Greg « pas le millionnaire Â» Basso, qui fait semblant, dans son portrait, de se mêler du mixage de ses chansons, derrière la console : « Et avec plus de basses, comment ça fait ? Â» Ça fait bien, mais personne n'est dupe, Greg.

Enfin, la seizième et dernière fermière est la pulpeuse Célyne Durand, en bikini, il fallait y penser. Je ne sais pas qui est cette jeune femme.

Les téléspectateurs votent ensuite pour élire les quatre premiers chefs de l'aventure, ceux qui donneront des ordres et dormiront confortablement.

On connaît le coup du suspense, je vous l'épargne, d'ailleurs je vous ai dit dès le début qui étaient les chefs, et de toute façon vous avez certainement vu la même émission que moi. Non ?

Allez, à la prochaine !



30/01/2010
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