Le ras-le-bol des parents d’élèves
Le ras-le-bol des parents d’élèves
le 02.02.14 | 10h00
Le secteur de l’éducation bouillonne. Alors que la colère des enseignants n’est toujours pas atténuée, les parents d’élèves ont du mal à maîtriser leur mécontentement face au gel des établissements scolaires.
Pour rappel, la grève dans le secteur de l’éducation, enclenchée la semaine dernière par deux syndicats, l’Unpef et le Snapest, a tendance à s’élargir avec le Cnapest qui observera, lui aussi, un autre débrayage au cours de la semaine. Il convient de préciser que les revendications de ces syndicats relèvent des prérogatives du Premier ministère et de la Fonction publique. L’abrogation de l’article 87 bis et la révision du statut particulier des travailleurs de l’éducation nationale sont les principales revendications.
Cependant, la grève «n’est pas une solution» pour de nombreux parents d’élèves, qui ne cachent pas leur déception. Certains ont chargé à la fois les syndicats et le ministère de tutelle. «Les syndicats sont responsables dans une large mesure de ce qui leur arrive. Si le statut particulier contient des lacunes, c’est parce qu’ils ne l’ont pas bien négocié au départ. L’annulation de l’article 87 bis ne relève pas du ministère de l’Education nationale. Les syndicats se sont trompés de porte», estime un père de deux enfants scolarisés. Ce cadre d’une institution publique invite les syndicats «à jouer leur rôle pleinement dans le changement social au lieu de se cacher derrière les enfants et de les prendre en otages». «Le rôle d’un syndicat est beaucoup plus social», considère-t-il.
Bien que les syndicats autonomes soient toujours exclus des grands rendez-vous où sont débattues les questions sociales, notre interlocuteur insiste sur le fait qu’«un syndicat le plus représentatif pourrait contraindre les autorités à ouvrir le dialogue sur les dossiers qu’il soulève». Ce père charge bien évidemment le ministère du fait qu’il n’honore pas ses engagements.
D’autres parents d’élèves, à l’instar de ceux encadrés par l’Union des parents d’élèves d’Alger-Est, montent au créneau et menacent d’entamer une action à l’encontre des enseignants. «Les enseignants utilisent nos enfants comme une carte de pression sur leur tutelle», dénonce Ali Benzina, président de l’Union des parents d’élèves d’Alger-Est. Ce père de trois enfants scolarisés dans les trois paliers (primaire, moyen et le lycée) s’est montré très critique à l’égard des enseignants grévistes et dénonce : «Mes enfants n’ont toujours pas récupéré les cours perdus durant le premier trimestre.» Et de poursuivre : «Il est quasiment impossible de récupérer les cours répartis sur trois semaines en une seule semaine.» Cette mesure de rattrapage des cours «n’est qu’une astuce pour calmer la colère des élèves et de leurs parents», estime-t-il.
Au sujet de la limitation des cours qui était pourtant une revendication des élèves et de leurs parents ces années dernières, M. Benzina soutient que la limitation des programmes pour les classes d’examen est l’une des arrière-pensées de cette grève. «Avec la limitation des programmes, on ne peut pas évaluer le niveau des enseignants. Ce sont eux qui se cachent dernière cette mesure», explique Ali Benzina, affirmant que les parents sont contre cette mesure. «Avec cette mesure, les diplômes de nos enfants ne sont pas reconnus. En plus, les conséquences de cette mesure sont très visibles à l’université», souligne-t-il, en suggérant aux enseignants de tenir des sit-in devant le ministère de l’Education nationale durant les week-ends au lieu d’opter pour des choix qui pénalisent les élèves.
«Si cette grève continue, nous allons envoyer ces enseignants au chômage technique en retenant nos enfants à la maison pendant un ou deux mois», menace-t-il. Mais encore une fois, ce sont les élèves qui payeront les frais. En l’absence d’une action commune des syndicats, de la participation active des parents d’élèves et des mesures concrètes de la tutelle, les enfants d’Algérie sont plus que jamais pris en otages. Tous ces problèmes s’ajoutent à ceux qui sont déjà là : programmes trop lourds, surcharge des classes, méthodes pédagogiques incompréhensibles et limitation des cours qui devient la tradition de l’école algérienne.
Fédération de l’éducation (Snapap) : appel à une semaine de grève à partir du 5 février
La fédération nationale de l’éducation, qui exerce sous l’égide du Syndicat national des personnels de l’administration publique (Snapap), a lancé un préavis de grève d’une semaine à partir du 5 février pour des revendications socioprofessionnelles. La fédération exprime des revendications liées à la refonte du statut particulier, mais aussi à la protection contre la violence scolaire.
Dans un communiqué diffusé hier, la fédération interpelle la tutelle sur la nécessité de débloquer des quotas de logements sociaux au profit des enseignants ainsi que la régularisation de la situation des travailleurs contractuels. F. A.
La déperdition scolaire à l’origine de l’augmentation de la criminalité :
«Les auteurs de crimes tels que les homicides, les vols et le trafic de drogue, enregistrés durant les années 2011, 2012 et 2013, font partie de la catégorie des jeunes touchés par la déperdition scolaire», souligne une étude publiée hier par le groupement territorial de la Gendarmerie nationale d’Alger, rapporte l’APS. «La prolifération de la criminalité en milieu juvénile est due aux conditions sociales qui ont marqué le pays durant la décennie noire, à l’exode rural et à l’impact négatif des chaînes satellitaires et de l’internet sur les jeunes», estiment les auteurs de l’étude. Selon ces derniers, «la déperdition scolaire à un âge précoce est la cause principale de la prolifération de la criminalité parmi les jeunes qui se retrouvent sans formation ni occupation, ce qui les encourage à user de la violence pour survivre».
Djedjiga Rahmani
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