Les relations algéro-françaises en quête d’un nouveau souffle

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Nouvelle orientation dans les relations algéro-françaises : depuis l’avènement de Nicolas Sarkozy au Palais de l’Elysée, l’économique semble avoir pris définitivement le dessus sur le politique.
Arrivées à un moment d’impasse après une polémique qui a envenimé les relations entre les deux pays sur des questions liées à l’histoire commune, les deux parties ont convenu de transcender tout ce qui est sujet à controverse et susceptible de raviver les rancœurs et d’alimenter les passions pour se consacrer pleinement à la relance des relations strictement économiques.
L’ambiance qui a entouré la visite d’Etat du président français en Algérie en dernier en donne une parfaite image. Après un constat d’échec, les Français s’étaient rendus compte des retards enregistrés en matière d’investissement en Algérie et semblaient comme déterminés à s’y engager plus massivement et dans les domaines les plus divers de la coopération.
Première préoccupation : augmenter le volume des échanges commerciaux entre les deux pays qui restent en deçà des attentes. Ainsi, de 2000 à 2006, les échanges bilatéraux ont doublé depuis cette date, de 4,4 Mds euros à 8,2 Mds euros en 2006. L’année 2006 était marquée par un retournement du solde commercial bilatéral en déficit pour la France (-105 M euros) alors qu’elle bénéficiait encore en 2005 d’un excédent de 981 M euros. Cette évolution résulte non seulement de l’accroissement de la facture pétrolière, mais aussi de la chute des exportations dans les secteurs aéronautique et automobile, accentuée par l’appréciation de l’euro par rapport au dinar. La France demeure toutefois de loin le premier fournisseur de l’Algérie avec une part de marché de 20,6% en légère érosion. L’Algérie reste donc le premier client au Maghreb et en Afrique.
Par ailleurs, les investissements français connaissent une croissance soutenue et régulière depuis 2003, passant de 51 à 295 M USD en 2006. Après un accroissement de 75% en 2005, les flux d’IDE français ont plus que doubler en 2006 (+111%) : la France renforce ainsi sa position de premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie avec 245 M USD (soit 26% du total des IDE hors hydrocarbures), loin devant l’Espagne et l’Egypte (157 M USD). En flux cumulés depuis 1998, la France constitue le second investisseur tous secteurs confondus derrière les Etats-Unis avec 1,02 Md USD, soit près de 15% du total des flux entrants sur la période.
Les années 2000 marquent le retour des grands groupes français qui investissent dans tous les compartiments du marché algérien : agroalimentaire (Danone, Castel, Bel), industrie (Michelin, Sanofi Aventis), tourisme (Accor), grande distribution (Carrefour) ou encore secteur financier, avec la présence des plus grandes banques françaises (BNP Paribas, Société générale, Natixis, Calyon et le CIC). Les investisseurs français démontrent également leur intérêt pour le vaste programme de privatisation entrepris par les autorités algériennes : après les succès rencontrés par Henkel France, partenaire de l’algérien ENAD, BTK s’est associé en 2006 à la SNVI sur sa filiale carrosserie industrielle ; actuellement, une quinzaine de sociétés françaises sont directement impliquées dans un dossier de privatisation en cours d’examen. D’après des sources françaises, 250 entreprises françaises opèrent aujourd’hui sur le marché algérien, employant près de 20 000 personnes. Le développement des investissements français en Algérie dépend en premier lieu des progrès liés aux réformes économiques, notamment dans les domaines de l’accès au foncier industriel et de la protection de la propriété intellectuelle.
Toujours dans le cadre du partenariat, il est prévu que la France apporte son concours pour le développement de filières industrielles : les industries automobile, pharmaceutique et agroalimentaire ont été identifiées comme prioritaires.
Reste un domaine où les choses étaient presque bloquées jusqu’à cette dernière visite de Sarkozy, celui de la coopération militaire. Il s’agit, comme l’a souligné un observateur averti, «le meilleur signe d’une normalisation entre les deux pays». Encore faut-il que tous les aspects de ces relations soient éclaircis pour une opinion qui se fie plus aux spéculations qu’aux professions de foi des uns et des autres. Car d’un embargo militaire qui ne disait pas son nom, à une course effrénée pour des ventes (concomitantes ?) d’armes, tant d’interrogations restent sans réponse. Une seule réponse, un peu maladroite, viendra de la bouche Sarkozy qui, pour justifier son soutien au «pouvoir d’Alger» déclarait au lendemain de son voyage en Algérie : «Personne ne veut d’un pouvoir taliban en Algérie.»   
Cela dit, l’apport de la France dans le domaine de la lutte antiterroriste reste assez faible devant l’engagement offensif des Etats-Unis dans la région du Maghreb et du Grand-Sud au nom de la guerre contre le terrorisme.
L’époque où le président Chirac répondait à une demande algérienne d’équipements militaires qu’elle serait étudiée «au cas par cas» semble bien dépassée. La confiance entre Alger et Paris est-elle totalement rétablie pour autant ? Le cas de la compagnie publique Air France, qui ne veut pas mettre fin à des années de boycott fâcheux, laisse encore des doutes de ce côté-ci de la Méditerranée.   
Pour vaincre toutes les appréhensions, les nouveaux dirigeants français ont donné des gages de bonne volonté. Le sentiment d’assurance et de stabilité qu’ils s’efforcent aujourd’hui à montrer peut en fin décider les sceptiques du MEDEF, par exemple, à s’engager en Algérie. En promettant «un partenariat d’exception» avec l’Algérie, Sarkozy s’est vite mis au travail en signant à Alger pour 10 milliards de contrats.  

A la reconquête des colonies perdues
Grâce à sa position courageuse dans le débat sur la crise irakienne, la France chiraquienne s’était vue propulser au devant de la scène mondiale et, chemin faisant, aspirait à jouer un rôle déterminant dans la mise en place du nouvel ordre mondial que les Etats-Unis comptent toujours s’y employer seuls. Le président Chirac, «l’homme qui a dit non !», multipliait les rencontres et les déclarations allant dans ce sens, en réclamant haut et fort l’instauration d’un « monde multipolaire». Continuant sur sa lancée, il se montre de plus en plus paternaliste envers certains petits pays, censés être ses «protégés» naturels, à l’image des ex-républiques communistes de l’Europe de l’Est ou ceux de l’Afrique sub-saharienne. Cette position était sans doute dictée par les intérêts géostratégiques de la France ; il n’empêche qu’elle a fait honneur à tous les défenseurs de la paix dans le monde et a fortiori les peuples arabes qui redoutent si fort les conséquences d’une éventuelle guerre en Irak.
Si la France n’avait pas les moyens de s’y opposer de façon décisive, il est acquis que cet élan de sympathie pour le chef de l’Etat français, constaté partout dans le monde et plus particulièrement dans le monde arabe, ne restera pas sans effet. Et la France est la première à pouvoir en profiter en se rapprochant davantage de ses régions difficiles, dans le dessein de les gagner à sa cause et d’y accroître son influence.
Un monde multipolaire supposerait que la France, un pays actuellement à l’avant-garde de l’Europe, ancien empire colonial et cinquième puissance militaire et économique mondiale, puisse espérer recouvrer, un jour, sa place de superpuissance et de tutelle incontestée.
En douze ans, la France a perdu beaucoup d’intérêts dans cette partie du monde ; elle sent aujourd’hui le besoin de les reprendre ou d’en gagner d’autres. Pour y parvenir, une nouvelle politique en direction du monde arabe semble absolument nécessaire. L’occasion s’y prête. Un seul et simple mode d’emploi : ouverture tous azimuts des traités d’amitié, comme celui proposé –avant d’être annulé — à l’Algérie, en est une des formes les plus utiles. Sur ce chemin, Sarkozy suit les traces de son prédécesseur.   Une nouvelle politique, d’abord envers les pays francophones, dont notamment l’Algérie où la France compte peser de tout son poids dans l’espoir de reconquérir sa place «historique» d’ancienne métropole, qu’elle a quelque peu «abandonnée» ces dernières années au profit des Etats-Unis. Un nouveau départ dans les relations bilatérales commence. La visite d’Etat qu’ont programmée Jacques Chirac et son successeur illustrent bien cette option, bien qu’elles viennent couronner un processus de normalisation qui a débuté à l’arrivée du président Bouteflika au pouvoir en 1999 : échanges commerciaux en hausse, rapprochement symboliques et culturels…, en attendant de nouvelles promesses d’investissement.
Au plan militaire, la France a quelque peu perdu de son aura à l’échelle internationale durant la décennie écoulée, notamment dans cette région à hauts risques. En matière d’interventions militaires à l’étranger, l’armée française ne cesse de refluer depuis la première guerre du Golfe en 1991. Elle a perdu, à titre d’exemple, ses seules bases de déploiement dans la région arabe, implantées à Djibouti, immédiatement récupérées par l’armée américaine. Sarkozy tente un redéploiement en installant dernièrement une base navale aux Emirats arabes   
Historiquement, les relations entre la France et une partie du monde arabe – celle ayant subi le colonialisme français — sont passées par deux périodes distinctes : période de colonisation, faites de conflits sanglants et de ruptures, suivie d’une période de décolonisation, jugée comme étant à l’origine de tant de situations chaotiques dans ces pays. Dans les années 1960, le président Charles de Gaulle initia ce qui était alors appelé «la politique arabe de la France», officiellement orientée vers l’aide au développement de ces pays ayant fraîchement recouvré leur souveraineté, mais qui, dans les faits, contribuait à maintenir un certain protectorat sur ces pays même lorsqu’ils étaient alignés au bloc socialiste.
 Puis, les rapports de Paris avec les pays arabes perdaient peu à peu de leur solidité, comme l’atteste son rôle négatif dans la guerre civile au Liban puis dans la crise algérienne.
Dans les années 1990, les échecs se succédèrent en Afrique francophone avec notamment la guerre inter-ethnique au Rwanda, la crise dans l’ex-Zaire, et celle qui continue de ronger le Côte d’Ivoire.
Au temps des socialistes, le président François Mitterrand essayait une politique de prestige envers les pays arabes avec la création en 1987 de l’Institut du monde arabe, établissement relevant de la présidence de la République française. Mais c’est Chirac qui semble avoir eu les faveurs des Arabes. En deux fois, les Algériens lui ont réservé un accueil populaire exceptionnel.

 


27-02-2008
Mussa Acherchour

http://www.lanouvellerepublique.com/actualite/lire.php?ida=61161&idc=4&date_insert=20080227
 

 
     

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 IMMIGRATION
La France accordera plus de visas
27 Février 2008 - Page : 4

Le ministère des Affaires étrangères français a donné des instructions aux représentations diplomatiques et consulaires pour faciliter les procédures d’octroi de visas aux ressortissants africains.
Selon le site officiel du gouvernement français, les personnes ayant une activité professionnelle, à caractère artistique, culturelle, universitaire et de recherche, sont les premiers concernés.
 Ces nouvelles instructions prévoient, ajoute-t-on, la possibilité d’accorder aux ressortissants africains des facilités d’octroi de visas de circulation dont la durée ne dépasse pas les trois mois pour chaque séjour mais dont la validité peut s’étaler jusqu’à (5) cinq ans, précise le département de Bernard Kouchner.
Ces nouvelle mesures d’allègement des procédures de délivrance de visas sont prises dans le cadre du 23e Sommet Afrique-France, tenu à Bamako en décembre 2005, indique la même source.
Un sommet durant lequel la France s’est engagée, à répondre à la demande «légitime» de ses partenaires africains concernant l’octroi de visas aux ressortissants qui ont le «plus besoin» de visas de courts séjours à entrées et sorties multiples. La mise en application de ces facilitations, selon le site du gouvernement, a touché en premier, les entrepreneurs avant qu’elle ne soit étendue, cette fois-ci, aux artistes, enseignants et chercheurs.
Ces nouvelles mesures s’inscrivent naturellement dans la vision sélective de la politique d’immigration adoptée par le président français, Nicolas Sarkozy.
Même si ces instructions ne parlent pas d’immigration, il est toutefois clair que dans la vison française, ce qui est vrai en partie, les déplacements en France sont liés directement à la question de l’immigration.
Autrement dit, les bénéficiaires de ces nouvelles mesures, la crème des sociétés africaines, pourraient, au cours de «courts séjours», faire les démarches nécessaires devant aboutir à leur installation dans ce pays européen.
Il y a lieu d’indiquer pour ce qui concerne l’Algérie, que les modalités d’octroi de visa ont connu un certain assouplissement depuis la dernière visite de Bernard Kouchner, à Alger, en avril 2006. Des allègements considérés comme importants du côté français. Mais qu’on considère, à la limite, draconiens du côté algérien.
Récemment, le ministre français de l’Immigration, Brice Hortefeux, a fait part de discussions entre son département et ses homologues tunisiens et marocains devant mener à la facilitation des conditions d’octroi de visas.
Brice Hortefeux a indiqué, à la même occasion, que ces discussions n’ont pas touché l’Algérie qui bénéficie d’«un statut particulier» signé juste après l’Indépendance. Le ministre français de l’Immigration indiquera que ce statut «peut changer un jour, mais pas dans l’immédiat».

Farouk DJOUADI
http://www.lexpressiondz.com/article/2/2008-02-27/50298.html

 
   



27/02/2008
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